Elle était au départ mon assistante personnelle. Elle bossait bien, et je dois dire que je n'ai jamais eu à me plaindre. Mais un jour, j'ai eu la désagréable surprise d'apprendre que je risquais d'être rapatrié chez moi en Irlande, à cause d'oublis divers de paperasse à remplir... Je devais trouver une solution pour rester sur le sol américain. Puis l'illumination ! Un mariage blanc. Je n'ai pas réfléchi longtemps avant de lui proposer. Elle a eu du mal à accepter, mais après quelques compromis, nous sommes arrivés sur un terrain d'entente. A l'extérieur et devant sa famille, on se comporte comme le parfait petit couple amoureux, c'est le deal, mais en privé, c'est tout autre. Je continue de lui donner des ordres, on se lance des piques, bref rien de très joyeux. Puis, moi qui aimais sortir pour ramener des filles chez moi... ça me handicape dira-t-on... A l'heure actuelle, je la considère un peu comme un boulet que je dois trainer, mon alternative pour obtenir les papiers dont j'ai besoin...

Rae, c'est la petite tornade brune qui débarquait à la maison avec ses parents, en Irlande, quand on était petit. Nos parents et les siens étaient des amis de longue date et chaque année, leur famille venait passer des vacances à la maison ou inversement. Nous étions nombreux chez les O'Ceallaigh, eux, ils n'étaient que trois. Et pourtant, la petite Rae prenait la place de dix personnes. Un vrai ouragan. Elle est adorable, je ne dis pas le contraire, je l'apprécie beaucoup. Je me souviens d'ailleurs qu'elle courait souvent nue dans mon jardin, à cinq-six ans. Elle était amusante. Tellement insouciante. Puis, elle a quitté le pays pour rejoindre de la famille à Hawaï et nous avons perdu contact. Quelques années plus tard, elle a réussi à me retrouver sur les réseaux sociaux. Malheureusement, on ne pouvait toujours pas se revoir, elle toujours à Hawaï, et moi à New York. Et je dois dire aussi, que je n'avais pas le temps de quitter mon travail. Récemment, j'ai dû suivre ma femme à Los Angeles pour rencontrer sa famille - ô joie - et là, miracle. J'ai retrouvé ma petite Rae, dans un café. Ça m'a fait plaisir de la revoir. Rares sont les personnes de mon enfance que je côtoie encore.

Ellen est l'une de mes soeurs, la première en fait. Je suis l'aîné de la fratrie, elle arrive juste après moi. Du coup, c'est elle que j'ai connu le plus longtemps parmi notre tribu. Evidemment, c'est ma soeur, alors je l'aime. Quand on était petit, on était tout le temps fourré ensemble. Alors ma décision de quitter le pays à 18 ans a pu lui sembler égoïste, ça l'était d'un sens, mais elle sait que je me devais de partir, même si je ne lui ai jamais réellement révélé la raison de mon départ. Je sais qu'elle comprend, j'espère. On est du même sang, on a les mêmes valeurs familiales. La famille est importante, je le conçois, mais je ne pouvais plus rester. Elle ne l'a pas accepté sur le coup, et suite à ça, elle a eu un accident de voiture. Je ne l'ai su que des années plus tard, et je m'en suis voulu d'être parti. Si j'étais resté, il ne lui serait rien arrivé... A chaque fois que je la regarde, je ne peux pas m'empêcher d'y penser et je culpabilise automatiquement, même si elle ne m'en veut pas. Je suis content d'ailleurs d'avoir l'occasion de la revoir puisqu'on vit à présent dans la même ville. Enfin... il ne reste plus qu'à lui expliquer que je suis marié...

J'ai rencontré cette jeune femme à New York, pendant la Fashion Week il y a quelque temps. C'est lors d'une soirée de célébration dans un bar que j'ai fait sa connaissance. Etant donné que je me faisais royalement chier - n'ayons pas peur des mots - j'ai décidé d'aller carrément la draguer, histoire de passer le temps et de la ramener éventuellement chez moi. Je ne sais pas pourquoi, mais elle n'était pas réellement réceptive, sans doute n'était-elle pas de ce bord là... Quoi d'autre? Enfin, un gros lourd est ensuite venu prendre le relai et je l'ai viré comme il se doit. Je ne tolère pas qu'on me pique la place pendant que j'ai le dos tourné. Chacun son tour. Bref, je l'ai fait partir. Et la voilà qui m'invite à sa table, avec ses amies. Il semblerait que j'aie gagné le gros lot ce jour-là, parce que ses amies - mannequins de surcroît - étaient carrément pompettes et fans de mon accent irlandais. Elles étaient réceptives elles ! Au final, je suis rentrée avec elle pour coucher dans le lit de sa copine de chambre. Il s'est avéré ensuite, qu'elle était la fameuse blogueuse que son éditeur devait me présenter le jour suivant. Le monde est petit. Elle a ensuite passé le reste de la semaine à me dégoter des mannequins et autres connaissances à me mettre sous la dent. Je ne pouvais décemment pas lâcher mon filon ! Surtout en découvrant l'incroyable succès et le nombre considérable de fans qu'elle avait. Je sentais qu'il y avait un moyen que j'en tire profit. Et l'illumination m'est apparue ! Je devais lui faire écrire un livre sur ses voyages, sur la mode, sur sa vie de blogueuse. Elle a le talent, elle a le succès, elle a les fans, elle a tout. Il ne lui manque plus qu'un livre et je m'en mettrai plein les poches, mais surtout, je serai l'éditeur qui l'aura publiée. Et ça, ça fera monter ma popularité dans le milieu.

J'ai rencontré cette jolie blonde dans un bar une fois. Evidemment et comme à mon habitude, je l'ai rapidement abordé pour la draguer. J'étais clairement là pour ça. Quoi d'autre? A quoi bon perdre son temps dans des bars pour trouver des amis? Non, ce n'était clairement pas mon objectif. Elle semblait plutôt réceptive, puisque la température ambiante est montée rapidement. On s'est embrassé plusieurs fois, on commençait réellement à se chauffer bien comme il faut. J'aurais pu la ramener chez moi. C'est ce qui était prévu. Mais c'était sans compter sa culpabilité. Ben oui, forcément, il y avait un autre mec dans l'équation. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'une fille trompait son copain avec moi, mais il faut croire qu'Ash, ce n'était pas son genre. J'étais plutôt dégouté, en sachant qu'elle avait vachement joué le jeu juste avant. Elle s'est confondue en excuses, elle se sentait mal de m'avoir chauffé comme une allumeuse pour rien. Et pour se faire pardonner, elle est devenue ma copilote de la soirée. En gros, elle m'a aidé à trouver une nouvelle proie. Apparemment elle connaissait du monde et a ainsi facilement pu m'aiguiller pour me trouver une femme qui en valait la peine. Par la suite, et bien longtemps après, j'ai découvert qu'elle connaissait le fameux mec avec qui Leo-le-boulet voulait caser ma femme. Cette information est cruciale, surtout quand on sait comment ce fameux mec réagit en sa présence... elle est donc devenue mon plan de défense contre ce parasite.

La petite Candy, la plus jeune de la fratrie Penrose je crois? Ou l'une des plus jeunes, je ne sais pas combien ils sont exactement. Trop nombreux. Comme ma famille en fait. Enfin bon, toujours est-il que je ne la connais pas vraiment. Je sais juste qu'elle est la petite soeur et qu'elle est étudiante. En droit il me semble. Enfin peu importe. Le fait est que je n'ai pas trop de discussion avec elle. D'une part parce qu'elle est trop jeune et d'autre part parce qu'on ne la voit pas souvent. Lorsqu'elle vient à la maison, je la laisse avec sa soeur. Bon, comme avec tous les Penrose, je dois me montrer le plus sympa possible pour me faire accepter. Et je pense qu'avec elle, ce n'est pas le plus difficile. Les jeunes sont vite influençables non? Oh et puis, chose que je ne supporte pas chez elle, sa curiosité.

Owen et Maddison se rencontrent en fin d'adolescence, vers 16-17 ans. Ils sympathisent rapidement, flirtent et sortent ensemble très vite. Maddison est folle amoureuse de lui et n'envisage pas de vivre sans lui. Owen quant à lui a plus d'ambition, il aimerait atteindre son rêve de se lancer dans le domaine littéraire. Mais sa copine, entre autres, l'étouffe. Alors, il met un terme à leur relation et quitte, le jour même, le pays pour se rendre aux Etats-Unis. Maddison ne voit que par lui, il est devenu une obsession. Il a rompu, mais elle ne l'a jamais accepté et dans sa tête, ils sont toujours ensemble. Lorsqu'il est partie, elle lui a dit qu'elle l'attendrait et qu'elle le rejoindrait un jour. Depuis des années, elle vivait dans l'attente de son retour en Irlande. C'est une folle obsessionnelle de cet homme, qu'elle place constamment sur un piédestal.

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Killian est et a toujours été la grosse feignasse de la famille, celui qui en faisait le moins, qui passait son temps affalé dans le canapé, qui ramenait des notes plutôt mauvaises à la maison. Quand on était jeune, on passait beaucoup de temps ensemble, avec Ellen, étant les trois plus grands de la fratrie. J'ai même appris via les réseaux sociaux ou par ma soeur qu'il enchainait les boulots sans jamais en garder très longtemps. Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas? Parce que c'est du Killian tout craché. A côté de ça, je l'aime mon frère, c'est un mec génial. Je serai même heureux de le revoir, mais à l'instar d'Ellen, je ne le vois pas quitter le cocon familial pour venir aux Etats-Unis. Surtout qu'il n'a pas un rond.

Alors lui... Je ne peux pas le voir. C'est un parasite. Un boulet. Un fouteur de merde. Oh, il ne m'a rien fait à moi personnellement non. Disons plutôt que cet imbécile s'est mis en tête de recaser Olivia avec son ex, à savoir l'un de ses frères. Il fait tout pour y parvenir et ça m'agace fortement. Il se met en travers de mes plans. Il est un obstacle entre moi et mes papiers... Quiconque se met en travers de mon chemin le regrette amèrement. A chaque fois que je vois son visage de crétin, j'ai envie de lui en mettre une, une vraie tête à claques ! Olivia est à moi, c'est MA femme et la clé de mon problème de passeport. Tant que je n'ai pas la nationalité américaine, elle m'appartient. Il pourra manigancer son petit manège autant qu'il le veut, je parviendrai toujours à lui mettre des bâtons dans les roues.

Jack est un auteur qui bosse pour moi depuis des années maintenant. A New York j'étais déjà son éditeur. C'est un bon écrivain, c'est indéniable, il m'a pondu quelques bons bouquins par le passé. Même si je devais le secouer pour qu'il se bouge à temps pour respecter les délais. Mais depuis quelque temps, plus rien. Le calme plat. Le néant. Ou plutôt la page blanche... Il n'est absolument plus rentable et pourtant il a le talent. Cependant, depuis un petit moment, une idée me trotte dans la tête pour le remettre sur les rails... Il faut que j'y réfléchisse encore, mais si mon plan fonctionne, je vais gagner au moins deux bouquins... A méditer.

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