Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
La colère et la frustration étaient longtemps restées enfoncées dans la gorge d’Alan. Pendant plusieurs jours il n’avait été que mauvaise humeur pour les gens qu’il s’efforçait de voir. Il essayait de ne pas sombrer sous le flot tentateur de la solitude, il ne voulait pas retomber au travers des terribles vagues de l’abandon qu’il connaissait si bien. Au lendemain même du départ d’Alex, pour ce qu’il espérait sincèrement être un monde meilleur, Alan s’était enfermé. Sur lui-même et contre la Terre entière. Il avait fallu tant de temps pour qu’il ressorte de cet isolement. Et l’interminable attente d’oser se croire heureux l’avait si fragilisé qu’il s’était promis et s’était donné pour seul objectif de ne plus y succomber. Et pour cela, il avait drastiquement changé. Jetant au Diable ses habits d’enfant aimable et plein de compassion, il était devenu une ordure. Et cette ordure, il l’était devenue sans le moindre souci, presque avec la plus grandes facilités ; presque naturellement. Tout cela, bien sûr, après qu’il ait finalement réussi – du moins, en grande partie – à faire son deuil. Mais il lui était tout bonnement impossible de véritablement dire au revoir à son premier amour ; malgré la gravité du drame qui les avait séparés, Alex était indéniablement devenu l’homme de la vie de ce pauvre Alan. Il ne l’oublierait malheureusement jamais. Tout était gravé dans son crâne à tout jamais. Il avait essayé de trouver le réconfort dans la chair de jeunes femmes de son âge, pour oublier les méfaits du manque masculin d’Alex. Mais ça n’avait pas marché. Il avait ensuite essayé de se noyer dans d’autres hommes, peut-être pour retrouver cette saveur perdue et si agréable qu’Alex lui avait fait découvrir. Mais ça n’avait pas marché. Ses pensées étaient naufragées par la faute de cet infini manque et au fil du temps, il oublia ce que c’était que d’être heureux. À ce trou dans son cœur, il s’était habitué.
Tant il s’y était habitué qu’à la fin il oublia que ce n’était pas comme ça qu’il était véritablement heureux, les conquêtes temporaires d’une nuit accumulée, l’alcool le long de sa gorge, les brûlantes effluves de fumées dans ses poumons. Tout ça, ce n’était pas lui. Et du jour au lendemain, tout bascula. Sawyer avait refait surface, comme le plus terrible de tous les spectres, et les ténèbres s’étaient éclairées un instant. Illuminées par d’incessants flots de colère et de violence, pour s’éteindre dans la silencieuse passion animale qui les avait fait se rencontrer. Il était la seule chose qui pouvait encore lui rappeler Alex, et avant qu’il ne refasse surface, Alan n’y avait plus vraiment pensé. La terrible sensation d’un retour dans l’adolescence le rendit si faible qu’il n’avait plus les mots pour décrire tout cela. Il était une ordure et il le savait, mais il ne voulait plus changer. Il voulait rester cet enfoiré qu’il détestait tant. Il ne voulait plus redevenir ce qu’il avait fui avec la plus grande hâte. S’il redevenait ce garçon innocent et trop bienveillant, il retrouverait la fragilité qui l’effrayait tant. Et de colère, il s’était insulté au lendemain de leurs retrouvailles. Il se haïssait d’avoir cédé à de nouvelles tentations, il se détestait d’avoir osé retrouver le contact des lèvres de Sawyer. Et il ne voulut plus croiser son chemin. Il le détestait tant, il se détestait tant. Sawyer avait ravivé la brûlure qui avait scellé son cœur, depuis Alex, depuis tout ça. À cause de lui, Alan s’était retrouvé à penser une nouvelle fois à son passé. À ce semblant de vie qu’il avait eu avant Los Angeles, quand New York était son foyer. Quand il avait tout là-bas. Quand il était, tout simplement, heureux. Pourtant, il aurait dû lui être reconnaissant, il aurait dû le remercier. Mais ce n’était pas possible, à cause de lui, il n’avait pas simplement réalisé qu’il était malheureux, mais il avait aussi pris conscience qu’il était toujours aussi pitoyable et pathétique que le jour du départ d’Alex. Il s’était rendu compte à quel point il était faible et misérable.
Dans un certain sens, il lui était reconnaissant. Mais ce n’était pas encore suffisant. C’est quelque jour plus tard qu’il retrouva la sensation de bonheur qu’il n’avait éprouvé qu’auprès d’Alex. Lorsqu’ils se retrouvèrent chez Alan et qu’ils passèrent la nuit ensembles. Dans une si simple et ordinaire discussion, l’un contre l’autre, il s’était enfin retrouvé heureux. Mais tout avait été effacé lorsqu’au petit matin du lendemain, Sawyer avait disparu. Alan l’avait entendu et vu partir, mais il n’avait pas trouvé le courage de lui demander de rester un peu plus longtemps. Il était trop faible, et l’avait laissé partir. Ne laissant que son numéro de téléphone, que le jeune homme s’était efforcé de garder et de chérir presque trop. À plusieurs reprises, il avait essayé de l’appeler pour lui demander d’expliquer sa disparition, mais n’avait jamais trouvé le courage de dépasser le bip infâme du répondeur, ou quoique ce soit d’autre. Au final, il s’était trouvé la force suffisante de lui envoyer un message. Lequel engendra une courte dispute, qui avait tous des plus ridicules et des plus pathétiques. Et ça, il ne le remarqua qu’après qu’elle cessa. Il s’en voulut ensuite de plus belle, il était minable. Enfermé dans sa dépendance à si peu de choses, au contact. Au final, ils continuèrent de s’éviter. Et au fil des nombreux jours qui s’écoulèrent de cette presque séparation, Alan commença à se remettre dans son égo blessé et vexé d’avoir été abandonné de cette façon. Il pardonna, encore et toujours, il était faible et s’en était rendu compte. Il n’osait plus se l’admettre, mais au final, il était peut-être plus que simplement attiré par Sawyer. Il avait retrouvé ses parents pendant Hanukkah et avait pu s’interroger sur tout cela. Il avait réfléchi longuement et s’était avant tout confié à sa mère, qui lui offrit de bien nombreux conseils, qu’il n’écouta finalement pas. Il ne pouvait pas l’oublier, il ne pouvait pas oublier Sawyer autant qu’il était forcé de se souvenir d’Alex toute sa vie.
Finalement, ivre, il avait percuté en voiture un poteau et s’était brisé le bras droit. Ce qui, ironiquement, lui ferait une excuse pour éviter Sawyer un peu plus, il n’était plus en mesure de retourner à l’université avec ce plâtre, puisqu’il était droitier et ne pouvait pas écrire de l’autre main. Evidemment, l’excuse était minable, mais ça lui suffirait pour rester loin de lui et ne pas trébucher une nouvelle fois dans cette sombre aura qui l’affaiblissait chaque fois qu’il lui parlait, qu’il se confiait, ou même qu’il l’aimait. Pourtant, dans sa naïveté, il espérait pouvoir tomber sur lui à tout hasard. Et lorsqu’on lui demanda par sms s’il serait présent pour le nouvel an, il ne put s’empêcher de répondre présent. Après tout, il était de ceux qui avait voulu organiser une fête entre étudiants, et même s’il n’avait rien fait pour les aider – le bras cassé en était responsable – il viendrait. Et dans son esprit d’abruti, il continuait d’espérer que Sawyer serait présent. Il lui avait pardonné d’être parti si vite et sans prévenir, il espérait le revoir, quand bien même ce n’aurait été pour rien de particulier. L’aide et la présence d’Alan avait été réquisitionnée par les gens organisateurs, notamment parce qu’il correspondait – ironiquement – au cliché du juif fortuné. Et par conséquent, la majorité des choses avait été financées par sa poche (ou du moins, celle de ses parents) et un peu moins par celles des autres. Du reste de la journée, et surtout l’après-midi, il avait été là à aider les gens à tout mettre en place. Sans vraiment pouvoir faire grand-chose, il était surtout là en tant que soutien moral puisqu’ils ne voulaient pas le forcer à soulever les caisses ou organiser le reste, de peur de lui faire mal à cause de son bras. Mais au final, il les força quand même à le laisser faire. Ils s’inquiétaient pour peu de choses. Il aurait pu rester pour passer le temps, mais ça ne l’intéressait pas, laissant les autres il décida plutôt de rentrer.
Il commençait à être tard, et les gens devaient sûrement déjà commencer à s’amonceler pour rejoindre l’Hinano ; plusieurs groupements d’étudiants en cinéma ou en arts, de quoi ne pas trop ébranler les habitués du bar au final – après tout, ce n’était pas rare que les garçons de ces filières en particuliers soient portés sur les autres hommes. Des gens étaient déjà à l’extérieur comme à l’intérieur, et chacun faisait ce qu’il avait à faire. Alan fut arrêté en chemin par les quelques amis qu’il avait toujours autour de lui ; visiblement ils s’étaient inquiétés pour lui, et sans trop entrer dans les détails il s’était contenté de tout mettre sur le dos de son bras cassé. Ils y crurent et se fut bien suffisant, il n’avait pas à leur raconter les choses dans leurs détails, ça ne les concernait pas, d’autant qu’ils n’étaient pas si proches que ça de lui. C’était juste une pseudo-clique dont les principaux atouts étaient d’être sassy et de pouvoir sans limite se moquer des autres par d’infinies remarques pointues et parfois insultantes. En bref, une belle bande d’enflures. Et au final, Alan aimait un peu trop ça, c’était amusant de se moquer des autres, ça gonflait son égo et lui permettait d’oublier ses propres problèmes. Et c’était peut-être une bonne chose au final. Être une ordure. Et ce groupe de pseudo-princesses et pseudo-princes, tous plus salauds les uns des autres, comptait Alan comme un de ses membres les plus assidus. S’il s’était agi d’un film pour adolescents, ils auraient été le groupe des mean girls que tout le monde déteste adorer. Et pour cette soirée, ils avaient bien prévus de rester ensembles, sauf qu’au final tout le monde serait parti dans son coin se faire culbuter ou s’assommer à coup de boissons trop fortes, comme à chaque fois qu’ils sortaient, en fait. Au final, ils ne passaient pas tant de temps tous ensembles, c’était - comme leur amitié - une façade pathétique qu’ils employaient les uns comme les autres. Le groupe ne se fit pas attendre pour entrer une fois que ceux qui fumaient avaient terminés, et tous ensembles ils s’engouffrèrent dans l’Hinano, où la fête battait déjà son plein. Et aussitôt, ils s’étaient déjà séparés, chacun dans son coin à chercher un partenaire pour la nuit ou autre chose. Alan et l’un d’entre eux étaient restés ensembles, ils se dirigèrent vers le comptoir et commandèrent l’un comme l’autre un verre, qu’ils s’échangeraient de temps à autre parce qu’ils en auraient sans doute envie. Bras dessus, bras dessous ils se dirigèrent à l’écart des gens bruyants et levés pour s’asseoir quelque part et discuter de choses ennuyeuses, mais qui les liaient si bien. Sans la moindre gêne, ou le moindre sentiment derrière, ils étaient presque assis l’un sur l’autre, leurs jambes tendues sur celles de l’autre. Et sans trop hausser la voix ils discutaient, pour passer le temps. En attendant que quelque chose de plus intéressant ait lieu.
electric bird.
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Mer 31 Déc - 13:45
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alan & sawyer
Parti. Tu étais tout simplement parti. Tu avais fui, comme un lâche. Tu t’étais réveillé dans son lit, l’esprit encore embrumé de sommeil et tu avais aperçu ses cheveux bruns parfumés, tu avais entendu sa respiration lente et régulière. Et votre nuit t’était revenue comme un véritable poignard enfoncé dans ton ventre. Violente, crue. Les images ont défilé comme un film sur ta rétine et ton souffle s’est coupé. Une main a compressé ta cage thoracique et tu as paniqué. Comme un enfant de cinq se retrouvant devant son pire cauchemar, tu as paniqué. Tu ne pouvais pas rester, tu ne pouvais pas être encore présent quand il se réveillerait. C’était au-dessus de tes forces. Alors tu es parti. Tu as ramassé tes affaires éparpillées un peu partout dans sa chambre, tu as griffonné un vague et pitoyable ‘désolé’ sur une feuille de papier au dos de laquelle tu as laissé ton numéro de téléphone – comme une excuse, comme un geste vers lui. Tu savais très bien que ce que tu faisais était minable, indigne de toi. De lui. De ce que vous aviez partagé. Mais tu n’avais pas le courage d’affronter son regard au petit matin, tu ne pouvais pas. Tu avais peur. Tellement peur que le goût acide de la nausée se déposait sur tes lèvres asséchées. Comment étais-tu censé te comporter désormais ? Toutes les cartes venaient d’être redistribuées. Et tu étais tout simplement perdu. Perdu entre ta raison et ton cœur, ton éducation et tes désirs. Perdu dans ce que tu ressentais vraiment et ce que tu t’obligeais à faire pour simplement faire plaisir. Mais faire plaisir à qui, à quoi ? À ton père absent que tu avais décidé de fuir également ; à tes restes de bonne conscience qui t’interdisaient d’être un homme déviant ? Pourquoi ? Tant de questions qui t’assaillaient et tu n’avais pas les réponses. Tu avais peur des réponses. Tu as alors seulement jeté un dernier regard à la silhouette allongée sur les draps froissés et tu t’es enfui le plus silencieusement possible en priant pour ne pas le réveiller. Alan. Un prénom qui te hante et t’obsède. Un prénom qui est comme gravé en toi à l’encre indélébile. Et depuis que tu as fermé la porte de ce loft qui renfermait désormais les souvenirs de ton péché, tu n’arrivais pas à te défaire de l’odeur de sa peau, du goût de ses lèvres. De la mélodie de ses gémissements. Tout était encore si frais à ton esprit, si vivant. Ton corps semble réclamer le sien à nouveau, comme ce soir-là. Comme lors de votre première fois. Et reste au fond de ta gorge une sorte de boule chaude, brûlante qui t’irradie la poitrine à chaque pensée qui lui est dédiée. Faut-il seulement qu’il t’attire autant ? Lui, l’ex petit-ami de ton meilleur ami décédé. Celui que tu étais censé détester. Celui que tu as retrouvé dans un couloir de ton université alors que tu croyais les pages de ton passé définitivement tournées. Et par sa faute, tout est à refaire. Tout est à reconstruire. Parce qu’en une nuit, une seule nuit, tout avait été tout simplement anéanti. Et, maintenant, tu ne sais plus où tu en es. Ce que tu es, ce que tu veux, ce qu’il faut faire. Perdu et seul à la croisée des chemins, c’est comme si une décision cruciale devait être prise mais que chaque possibilité t’effrayait. Si bien que tu restes là, paralysé et les bras ballants, sans comprendre comment faire. Depuis cette nuit, tu es comme un lion en cage, à tourner et virer. Tu fais beaucoup de sport pour t’occuper l’esprit, te fatiguer le corps. Pour t’obliger à plonger dans un sommeil sans rêve. Tu ne penses plus, tu ne le vois plus. Tu ne ressens plus. C’est plus facile quand il n’y a que le vide et le néant qui t’entourent, quand il ne reste rien sinon le silence à l’intérieur. C’est tellement plus simple comme ça. Plus simple d’agir comme si de rien n’était, comme si rien de tout ça n’était arrivé. De faire comme si ton cœur ne palpitait pas à sa seule pensée. Comme si tous ces appels manqués ne te tordaient pas le ventre d’une façon agréable et nouvelle, rafraîchissante. Non, tu ne veux pas penser à tout ça ; tu ne veux pas analyser tout ça. Trop compliqué, trop effrayant. Alors tu te perds dans la fête et l’alcool, tu te perds dans des plaisirs éphémères qui ne durent qu’un temps. Le temps d’une nuit, le temps d’une heure. Le temps d’un battement de cils. Tu ne te rappelles même pas pourquoi tu as accepté d’aller à cette soirée du nouvel an. Tu n’avais pas envie d’y aller, au départ. Ou plutôt, tu avais bien envie de faire la fête pour célébrer la nouvelle année mais certainement pas dans une fête pour étudiants, organisée par la section Arts du Spectacle – et surtout pas dans la boîte gay la plus branchée de tout Playa del Rey. Tu t’empêches de grincer des dents alors que la foule environnante est déjà emportée par le son de la musique. Jamais tu n’aurais dû te laisser embarquer dans cette soirée, à croire que tu ne sais pas dire non même à tes amis. Comme souvent depuis que tu es arrivé à l’Hinano, ton regard balaye la salle bondée, espérant apercevoir une chevelure brune que tu ne connais que trop bien. Tu t’exaspères. De mauvaise humeur, tu te tournes vers Kendall pour te pencher à son oreille. « Je vais me prendre un verre, tu hurles et elle acquiesce en réponse. » Au bar, tu commandes un whisky-coca et, alors que le serveur prépare ta boisson, tu aperçois un étudiant qui te gratifie d’une œillade appréciative. Serrant les dents, tu t’empêches de grimacer et l’ignores. Est-ce que c’était marqué sur ton front que tu avais couché avec Alan ? Tes joues te chauffent soudainement et l’autre doit prendre ça pour une marque de timidité puisque tu le vois qui s’approche en ta direction. À peine le barman a-t-il déposé ton verre devant toi que tu l’empoignes et fuis à travers la masse mouvante sans un regard en arrière. Tu te mets à l’écart de la foule, dans un coin plus reculé de la salle comme pur reprendre ta respiration. Tu n’aurais définitivement pas dû accepter de venir à cette soirée. Avalant une longue rasade d’alcool, laissant le liquide te brûler la gorge, tu t’appuies contre le mur et fermes les yeux pendant un instant. Tout ça est juste pitoyable. Est-ce que ta vie allait ressembler à ça désormais ? Une simple fuite en avant ? Tes pensées sont dérangées par des ricanements et tu redoutes soudainement que le blondinet du bar t’ait suivi jusque là. Ouvrant les paupières, tu tombes finalement sur deux silhouettes rapprochées, presque cachées dans un recoin, et c’est sans peine que tu reconnais Alan en compagnie d’une personne que tu ne connais pas. En cet instant, tu ne sais pas exactement quoi penser ni quoi ressentir. Tout est bien trop confus – tout l’était déjà avant, de toute façon. Tu restes un instant à les observer, à remarquer avec colère cette proximité entre eux. Elle te renvoie à cette intimité qui s’était instaurée entre le brun et toi cette nuit-là et un éclair te foudroie la poitrine. Te tord le ventre. Ça ne devrait pas être si douloureux. Ça ne devrait pas te troubler autant. Et pourtant, le goût d’amertume qui envahit ta bouche est désagréable. Tu devrais pourtant être indifférent. Alan ne représente rien, rien qu’un démon du passé, rien qu’un péché. Tu devrais juste tourner les talons, t’en aller et oublier tout ça aussi vite que l’image t’avait percuté en pleine cage thoracique. Mais tu ne peux pas bouger. Tu restes là, à les observer avec cette grimace haineuse sur les lèvres. Tu finis ton verre d’un trait, les rejoins en deux enjambées, fixant ton regard sur Alan comme par pur automatisme. « Vous savez qu’il y a des chambres pour se faire des papouilles, tu craches volontairement assez fort pour qu’ils t’entendent. Inutile de faire partager ça à l’ensemble des clients. »Tu hausses un sourcil, la mine revêche. Tu ignores les battements trop rapides et trop douloureux de ton cœur qui cogne contre tes côtes. Tu t’attendais à quoi ? Tu avais fui son lit, sa maison. Tu l’avais fui, lui. Tu l’avais ignoré depuis cette nuit-là. Tu avais peut-être espéré qu’il comprendrait pourquoi. À croire que tu t’étais lourdement trompé. À croire que tu étais stupide. « Je vois que tu t’es vite remis finalement, tu assènes, tes grands yeux assombris toujours plongés dans ceux du brun. Ta scène ridicule était inutile, dans ce cas-là. » Et la tienne, de scène, est absolument pitoyable. Si tu n’étais pas aussi en colère contre le brun, tu aurais probablement l’envie de te cacher dans un trou de souris. De sortir de cet endroit et de ne plus jamais croiser leur route. Ne plus jamais croiser ce regard qui t’électrifie et ramène à l’intérieur de ton corps toutes ces sensations que tu voudrais oublier pour de bon. Est-ce que c’est de la jalousie ? Sans doute. Ça ne devrait pas. Mais tu n’arrives pas à empêcher cette pointe dans ta poitrine et tu es comme ces animaux blessés qui mordent pour se défendre malgré la douleur. C’est pathétique et tu te détestes mais tu ne peux pas l’empêcher. Parce que tu te sentais vivant. Tu te sentais bien. Entre ses bras, cette nuit-là, tu as été en paix avec toi-même comme jamais auparavant. Par peur, par stupidité, tu as tout gâché mais ça n’enlève pas le fait que tu n’avais jamais été aussi apaisé de toute ta vie. Aussi heureux aussi. Parce que tu avais eu l’impression, pour la première fois depuis des années, que tu avais finalement trouvé ta place. L’endroit auquel tu appartiens. Et même une foutue éducation qui te hante, et même un père violent ne pouvaient strictement rien contre ça.
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
Le tumultueux vacarme des gens et de la musique résonnait autour d’eux, si bien qu’ils étaient presque blottis l’un contre l’autre pour pouvoir s’entendre, les jambes entrecroisées comme s’ils s’efforçaient dans une étreinte qui n’avait rien de naturel. Charlie et Alan discutaient et riaient. Il était bien l’un des seuls gens qu’Alan pouvait considérer comme un de ses amis les plus proches, et cela le rassurait en quelque sorte, il se serait senti mal de rester seul un soir, ce soir. Charlie n’haussait pas la voix, et Alan non plus, ils se contentaient de marmonner dans l’oreille de l’autre, c’était plus agréable et moins éreintant que de devoir presque hurler pour se faire comprendre par l’autre, et quand bien même tout n’était pas si bruyant que ça, les foules peuplées de jeunes adultes et d’adolescents contribuaient à ce vacarme ambiant, c’était plus vif et plus animé qu’en temps normal, même si l’Hinano n’était pas pour autant l’exemple du calme. Le contact d’Alan contre Charlie semblait rassurer celui-ci, il se plaisait à l’évidence beaucoup trop dans cette proximité platonique aux allures pourtant romantiques. Les deux garçons étaient très souvent, peut-être trop, tactiles. S’ils étaient l’un à côté de l’autre, l’un ou l’autre allait toujours s’efforcer de chercher le contact de l’autre, en lui tenant la main, en se blottissant contre lui, ou comme en ce moment, en joignant ses jambes entre celles de l’autre. S’il n’y avait que ça, qui restait relativement discret, puisque sous une table et sur leurs sièges, Charlie avait pris la main libre d’Alan dans la sienne et n’en faisait rien d’autre qu’apprécier sa chaleur. Et tout était mieux pour lui, puisque le jeune brun ne s’y opposait pas, il le laissait faire sans rien dire et sans rien objecter. Glissant son visage contre le cou d’Alan pour rire avant de répondre à une plaisanterie douteuse que le brun avait lâché en observant deux personnes qui passaient devant eux, il marmonna dans l’oreille du jeune homme et Alan ne put s’empêcher de sourire bêtement, amusé.
Les joies sont éphémères et le bruit de la voix de Sawyer vint percer les tympans d’Alan, il parlait fort d’un ton mauvais. Et visiblement de mauvaise humeur, c’était bien dommage. Alan aurait voulu le retrouver dans des termes moins épris de barbarie ou de fureur, il s’efforça cependant de ne pas relever et de simplement poser ses yeux étonnés de le voir – et ils l’étaient vraiment – sur lui. « Les quoi ? » S’était-il étouffé à prononcer en reposant son verre tandis que Charlie retirait son regard d’Alan pour observer Sawyer et le détailler en tous sens, visiblement vexé par la remarque colérique du garçon. « Oh. Non, non non, c’est pas du tout ça. » avait-il continué en retirant sa main de celle de Charlie, visiblement au déplaisir du garçon qui eut l’air d’être arraché à une bulle de perfection, le regard vide et posé sur sa main seule quelques instants, avant de reposer ses yeux au tour à tour sur Alan puis Sawyer, et ainsi de suite. « Tais-toi, Sawyer… » Avait-il marmonné lorsqu’il avait lancé un pic, supposant qu’Alan s’était remis de leurs rapides adieux impromptus au matin. « Tu sais pas ce que tu dis. » S’il y avait bien une chose qu’Alan était incapable de faire, c’était de se remettre aussi vite de ses chagrins. Et Sawyer n’échappait pas à la règle, quand bien même la relation des deux garçons avaient tout d’une haine interrompue par quelques rapides amours, Alan l’appréciait beaucoup trop pour oser faire ça, pas aussi vite ; il ne s’en était pas remis. Il avait accepté la fuite de Sawyer, mais son égo souffrait toujours d’avoir été abandonné sans rien d’autre qu’un mot sur un morceau de papier. Il avait baissé un instant les yeux vers le sol en se faisant réprimander pour cette scène qu’il avait fait par sms, et quand bien même il se trompait sur la nature de sa relation avec Charlie, Sawyer avait raison sur ce point. Cette suite de messages avait été inutile, et redressant les yeux, il l’observa un instant et se mit à esquisser un sourire. « Ouais. T’as raison. C’était inutile. Marquant une pause pour retirer ses jambes d’entre celles de Charlie, il s’était redressé sur son siège par la même occasion et continua Mais t’es en train de faire la même chose, pour absolument rien en plus. »
Charlie roula des yeux en le regardant et n’ouvrit cependant pas les lèvres, laissant le brun continuer ; Alan avait plongé ses yeux bleus sur Sawyer, et entre le boucan il rétorqua quelques mots, sur un ton tout à fait calme, son bras emplâtré posé sur la table, « Sawyer, lui c’est Charlie. Mon mei— Non, il ne pouvait pas l’appeler comme ça. C’était trop lourd comme titre. Il ne le savait que trop bien. Et ravalant ce mot, il en trouva rapidement un autre Mon ami le plus proche. C’était plus correct. C’était un terme plus juste, il n’était pas son meilleur ami, Alan n’en avait pas. Il n’osait pas en avoir depuis qu’il savait le sort qu’avait eu celui de Sawyer, et désigner Charlie ainsi n’était pas un mensonge sur leur relation. Ils étaient amis et étaient incroyablement proches, comme un couple sans l’être. Et non, il n’y a rien d’amoureux entre lui et moi. C’est juste comme ça, on aime bien la présence de l’autre, rien de sexuel ou d’amoureux. » Mais ça n’était vrai que dans la bouche d’Alan. Charlie se pinçait les lèvres et grimaçait d’un air mécontent, ses yeux écartés du visage d’Alan, il avait posé son regard sur Sawyer et l’observait dans sa colère. Charlie avait une silhouette développée, il n’était pas laid et semblait parfaitement entretenir sa musculature, de quoi rendre n’importe qui jaloux. Et il avait bien cru apercevoir de la jalousie dans sa voix, quand celui-ci était venu se plaindre de la proximité entre lui et Alan, et croisant les bras dans son siège, puisqu’Alan ne voulait plus lui tenir la main, il se mit à sourire d’un air narquois et provocateur. « En revanche, entre vous deux. Ça a l’air d’y aller. » Il observait Sawyer et semblait ouvertement se moquer de lui, sans faire éclater le moindre rire, Alan avait tourné la tête vers lui en toute hâte et l’avait réprimandé d’un regard aux sourcils froncés et d’un moue grimaçante. À laquelle Charlie n’eut rien d’autre à répondre qu’un lourd « Quoi ? Il est pédé comme un chien en chaleur ce gars. Tu vois pas comme il t’regarde ? Même moi ça m’écœure. Et tu sais à quel point j’suis ouvert.
— Tais-toi, Charlie. Tu sais pas de quoi tu parles. » Le garçon s’était contenté de hausser les épaules et de rouler des yeux, Alan s’était levé et s’était approché de Sawyer, une main pressée contre le poignet du garçon, comme pour l’implorer de garder son sang-froid, il avait plongé son regard sur lui et ses prunelles bleues brillaient de supplication. Il marmonna contre l’oreille du garçon, « S’il te plaît, laisses-le, il est con des fois. C’est juste pour t’énerver qu’il fait ça, il sait pas ce qu’il dit. » Alan avait reculé, priant qu’il ne lui saute pas dessus, et tournant la tête vers Charlie, il l’attaqua d’un nouveau regard furieux mais qui demandait quelque chose par la même occasion. Charlie se contenta de grogner et se redressa, pour s’approcher de Sawyer et lui tendre la main, d’un air désintéressé. « Charlie, 'enchanté'. » Avait-il dit dans un souffle ; il ne faisait cela que pour faire plaisir à Alan, ça semblait évident, mais le brun n’y prêtait pas attention, ses yeux fixaient Sawyer, il ne voulait pas que ça dérape. Il ne voulait pas se retrouver à devoir choisir un camp entre deux personnes qui lui étaient très chères. Charlie était un garçon arrogant au premier abord, mais un rien – comme la présence d’Alan – le faisait se tenir, et peut-être même que c’était une bonne chose. Il était du genre à emmerder le monde pour s’amuser, et comme Alan, il prenait souvent un malin plaisir à se moquer des autres. Tout cela n’était qu’un mécanisme, pour l’un comme pour l’autre, afin de se défendre et de se persuader qu’ils étaient plus forts que leurs infinis problèmes, et finalement, lui et Sawyer n’étaient pas si différents. Il fallait simplement réussir à voir au-delà des apparences. Et ce contact qu’Alan et Charlie entretenaient n’était peut-être au final pour le brun qu’un moyen de pallier au manque de la présence de Sawyer, ce garçon pour lequel il ressentait tant de choses contradictoires. Et peut-être le faisait-il consciemment, peut-être pas, mais Alan profitait ouvertement de ces contacts trop importants entre lui et Charlie. C’était rassurant, au final. Ça lui permettait de s’imaginer auprès de Sawyer, d’Alex, de qui-que ce soit qui eut pu être un rappel de ce que le bonheur et la tranquillité étaient. C’était nécessaire pour le jeune homme. Presque vital. Il avait besoin de se sentir apprécié, désiré ; et avant toutes choses, il avait besoin de sentir la chaleur d’un autre, et d’être rassuré. Parce qu’au final, il avait peur. Peur d’être à tout jamais seul, depuis Alex, plus personne n’avait été là pour lui de la même façon. Et il voulait que cela cesse, mais il était incapable de trouver comment faire.
electric bird.
Invité
Lun 5 Jan - 1:52
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alan & sawyer
Tu ne sais pas ce qui te déplaît le plus – voir Alan en compagnie de ce gars que tu ne connais pas ou ressentir cette violente jalousie au fond de ton ventre à la seule vue de leurs corps trop proches. Peut-être un peu des deux. Tu aimerais pourtant ne pas te sentir aussi mal pour quelque chose de futile mais tu n’y parviens pas. C’est plus fort que toi. Parce qu’il s’agit d’Alan, tout simplement. Et même si tu ne l’avouerais pas à haute voix, tu le sentais dans ta poitrine. Tu n’aimes pas leur proximité ; tu n’aimes pas leur intimité. Et tu ne sais pas pourquoi. Ou, plutôt, tu refuses de savoir pourquoi. Alors que le regard d’Alan se plonge dans le tien, des images indécentes de votre dernière nuit te frappent la rétine et tu sens ton ventre qui se noue. Tu as chaud. Et ton cœur bat trop vite, trop douloureusement. Tu aperçois la lueur de confusion mais tu ne veux pas y prêter attention parce que tu sais que ce n’est qu’une vaste comédie. Tout n’a toujours été qu’une vaste comédie avec le brun. Ta vie elle-même est une spectacle dont tu es le personnage principal – et le bouffon qui se fait battre. Serrant les poings, tu restes autant impassible que tu le peux. Tes nerfs déjà complètement en pelote te laissent à l’état de bombe à retardement. Tu sentirais presque la minuterie faire ‘tic-tac’ à l’intérieur de ton crâne et tu ne sais pas combien de temps il te reste avant l’explosion – mais seulement quelque menues secondes, tu en as bien peur. Tu sens le regard inconnu qui glisse sur toi, qui t’observe et rien n’est plus désagréable. Tu te refuses à lui accorder la moindre importance et tu ne peux cependant pas t’empêcher de lui lancer quelques œillades à la dérobée, comme pour l’observer. Tu ne sais pas qui il est mais tu sais déjà que tu vas le détester. Tu détestes son visage trop attrayant, son sourire un peu narquois. Son air ennuyé. Tu détestes son être tout entier et pourtant tu ne le connais même pas. Tu n’as pas besoin de le connaître, en réalité – il est juste bien trop proche d’Alan, ça te suffit pour ne pas le porter dans ton cœur. Quelque chose dans cette situation t’échappait. Tu te souviens avec précision de ces messages échangés, de cette sorte de dispute puérile qui avait éclaté suite à ton départ précipité de sa chambre. Tu ne t’étais pas attendu à ce qu’il l’accepte ou bien le prenne avec le sourire mais tu avais cru qu’il comprendrait. Mais il n’avait pas compris. Et c’est sûrement ce qui t’avait le plus blessé, rendu aigri et nerveux – il n’avait pas compris. Malgré tout ce qui s’était dit cette nuit-là, malgré tout ce que vous aviez partagé, il n’avait pas compris. Il n’avait pas compris que tu ne pouvais pas rester, que c’était encore trop tôt. Il n’avait pas compris que tu avais juste besoin de temps pour accepter tout ça. Pas compris que ça n’avait rien à voir avec lui mais tout te concernait, toi. Comment te serait-il possible de te sentir totalement bien en sa présence si tu ne t’acceptais pas tel que tu étais ? Il n’y était pour rien, il n’était fautif de rien sauf peut-être de ne pas avoir assez réfléchi aux raisons de ton comportement. Et c’était sûrement ça qui te blessait le plus. Tu t’en fiches de ses mots, tu t’en fiches de son attitude puérile – tu aurais juste voulu qu’il te comprenne comme il semblait l’avoir fait ce soir-là. Qu’il voit en toi, comme cette nuit-là. « De ce que j’ai vu, ça n’avait pas l’air d’être rien selon moi, tu rétorques d’un ton mauvais alors que ton regard passe d’Alan à son ami. » Mais le brun essaye de se justifier, il te parle d’une simple amitié. Depuis quelques années, ce mot te révulse et t’exècre. Tu as du mal à l’entendre, à l’employer. C’est comme si une main agrippait ton cœur à l’intérieur de ta cage thoracique et le serrait entre ses doigts jusqu’à ce qu’il implose. La sensation est douloureuse, elle laisse un goût amer sur tes lèvres. Tu ne sais plus vraiment ce que ça signifie, l’amitié. Tu ne veux plus savoir, en vérité. Personne ne peut remplacer Alex, personne ne le remplacera. Cette idée te retourne l’estomac. Et tu captes bien la flamme dans le regard de ce Charlie. Tu y vois cette étincelle au fond de ses iris, tu reconnais cette brillance – ce même éclat qu’il y avait dans les pupilles d’Alex quand il te parlait de son petit-ami. Avalant ta salive, tu tentes de refouler la vague glacée des souvenirs, la poigne haineuse de la colère. Mais c’est de plus en plus dur, parce qu’il te cherche. Parce qu’il te nargue. Ses mots te heurtent et tu serres les dents. C’est violent. Il te met face à une réalité que tu préférerais oublier. Et la violence fait céder le barrage à l’intérieur de toi, tu sens la colère qui coule dans tes veines comme un poison brûlant. Il te calcine les organes. « Toi, tu vas… » Tu fais un pas en sa direction, les mâchoires serrées de rage mais Alan te retient, sa peau te foudroyant. Sa main se pose sur ton poignet et c’est comme un courant électrique qui te parcourt. Et il y a son souffle contre ton oreille. Un souffle chaud, un souffle humide. Ta mémoire te ramène à la sensation de ses lèvres sur ta chair dénudée. Déglutissant, tu es paralysé. Ton regard est toujours fixé sur Charlie mais tu ne sens que l’odeur d’Alan qui se mélange à la tienne et aux effluves d’alcool et de sueur de la discothèque. Tu n’entends que ses mots qui tourbillonnent à l’intérieur de ton crâne, tu ne vois plus rien sinon comme un brouillard épais qui s’est déposé sur ton cerveau. Et tu détestes le brun de te faire sentir comme ça, d’arriver à te rendre faible comme ça. Et tu te détestes bien plus d’être si fébrile à sa seule proximité de toi. Dans un mouvement presque amorphe, tu hoches la tête et il se recule automatiquement. « Je dois te donner raison sur un point, tu acquiesces, yeux fixés sur lui. Ton pote est con. » Et tu aimerais juste oublier sa présence ; tu aimerais juste oublier où tu es. Tu aimerais revenir à ce matin-là et ne pas t’enfuir comme un voleur, avoir le courage de rester avec lui – mais c’est impossible. Tu sais que la vie n’offre qu’une seule chance et que tu n’as que ce présent-là à disposition – un présent où tu te trouves dans un night-club de gays en face de ton ex-amant, à défaut de l’appeler autrement, et de son soi-disant ami à l’allure exécrable qui s’avance vers toi. Tu fixes un instant sa main tendue avec une moue dégoûtée, sans réellement savoir si c’est là une plaisanterie. Son air désintéressé te fait grincer des mâchoires et tu empoignes les doigts avec les tiens, serrant aussi fort qu’il t’est possible de serrer. « Sawyer, tu réponds avec un sourire affable. Pas enchanté du tout. » Puis tu utilises ta main libre pour le frapper à la joue de ton poing, le faisant reculer de quelques pas. « Et ça, c’est pour t’apprendre à ne pas parler sans savoir, tu éructes avec humeur. La prochaine fois que tu voudras utiliser le mot ‘pédé’ en ma présence, tu y repenseras à deux fois. » Tu renifles avec dédain avant de te tourner vers Alan, de mauvaise humeur. Tu lâches un petit soupir, déplies tes doigts avec lenteur comme pour les dégourdir – tu as eu le maladresse de frapper juste sur l’os de la pommette et ça a dû être malheureusement plus douloureux pour toi que ça ne l’a été pour lui. « Désolé, tu râles avec un haussement d’épaules. Pas pu m’en empêcher. Et il m’a cherché. » Intérieurement, tu exultes plutôt. Tu n’es pas le moins du monde désolé. Bien au contraire, tu aurais été capable de faire bien pire si tu ne t’étais pas contrôlé. Si tu t’étais laissé aller à la fureur qui grondait en toi. Tu sais que tu aurais pu lui réduire le visage en bouillie si le brun n’avait pas été présent. Tu ne veux pas qu’il puisse te voir dans cet état. Tu ne veux pas voir la peur et le dégoût au fond de ses grands yeux couleur d’océan. Ce serait pire que tout. Ce serait une douleur, une autre douleur dont tu ne pourrais pas te remettre. Tu ne mériterais pourtant que ça et tu le sais. Tu en es conscient. Tu passes une main nerveuse dans tes cheveux blonds, baisses le regard et fronces les sourcils en voyant le plâtre sur le bras du brun. « Qu’est-ce que tu as fait à ton bras ? demandes-tu d’un air concerné alors que tu remontes ton regard vers le visage aux traits fins. Tu as eu un accident ? » Cette pensée laisse une sorte de nœud au creux de ton estomac, sensation que tu ne comprends pas vraiment. Après tout, il est grand et semble tout à fait en forme alors ça ne devait pas être si grave que ça. Mais tu ne peux t’empêcher de revoir le corps inerte de ton ancien meilleur ami. La mort qui a pâli son visage adolescent, les yeux clos sur la vie. Tu avales ta salive, mal à l’aise. Tu ne devrais pas penser à tout ça. Alan va bien, Alan est là juste en face de toi. Ce n’était qu’un vulgaire plâtre, ce n’était rien du tout tu en étais persuadé. Il n’avait pas l’air d’être gêné par son bras quand il était encore collé à ce Charlie. « C’est grave ? » Non que ça te regarde en réalité, tu étais juste curieux. Ça n’avait rien à voir avec cette inquiétude irraisonnée qui te tordait le ventre. « C’est en te frottant d’un peu trop près à ton ‘ami’ que tu t’es fait ça ? tu lâches avec un haussement de sourcils suggestif dans un sourire narquois. »
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
L’ambiance quoique festive avait rapidement revêtue des tons de haine et de furie, Alan n’en était pour une fois pas la malheureuse victime, du moins pas directement. Mais il ne pouvait pas dire qu’il n’était pas fautif, d’abord il s’était énervé après avoir perdu Sawyer au petit matin, et depuis, ils s’étaient convenablement et silencieusement évités l’un et l’autre. À la limite, tout cela était acceptable, presque prévisible en connaissant les deux garçons, mais tout de même. Le jeune homme avait été insulté, pas blessé - peut-être pas -, il était trop fier pour l’admettre de toute façon, mais son égo en tous les cas avait pris un sacré coup quand il avait finalement réalisé qu’il avait laissé partir quelqu’un d’aussi important pour lui. Quelqu’un qui aurait dû rester auprès de lui ; pourtant, il ne pouvait pas véritablement lui en vouloir, au final, il savait très bien à quoi s’attendre. Et ils en avaient parlés pendant quelques instants, avant de finalement s’endormir. Sawyer avait avoué, il n’était pas prêt pour tout cela, et pourtant Alan avait continué de naïvement espérer le contraire. Oh, il aurait voulu se réveiller avec lui dans ses bras, il aurait apprécié de le sentir contre lui lorsqu’ils ouvriraient les yeux, perturbés par le début de la matinée. Il avait tout simplement voulu passer quelques temps de plus avec lui, pas grand-chose, à peine quelques minutes, une heure au plus grand maximum. Mais ça s’était estompé beaucoup trop tôt, et comme un mirage tout s’était effacé et il s’était retrouvé seul dans son lit, avec ses regrets et ses appréhensions. Comme un terrible spectre qui avait flotté au-dessus de lui cette sensation ne l’avait plus quitté pendant de nombreux jours, tellement qu’il avait emporté avec lui cette terrible impression d’avoir raté quelque chose, d’être un échec. Ses épaules pesaient des tonnes et il sentait son âme s’affaisser de ce creux béant qu’avait laissé Sawyer et qu’il aurait pu être le seul à combler. Autrefois, c’eut été la place d’Alex, mais c’était révolu. Et c’était bien attristé qu’il avait perdu espoir de retrouver cette douce et indescriptible sensation qui avait teintée sa gorge et ses sens l’espace de quelques très courts instants. Ce sentiment de bien-être qui n’avait rien de très naturel. Pourtant, il était parfait, c’était une once de tranquillité dans le monde de tempêtes et de tourments qu’était la vie d’Alan.
Et c’était ainsi qu’il avait retrouvé ses parents et le reste des siens, mais rien n’avait été aussi agréable qu’il l’aurait espéré, et se faisant au fil des premiers jours il était resté silencieux ; simplement cherchant conseil auprès de sa mère qu’il aimait tant. Mais rien n’y faisait, tout était aussi gris qu’avant. Tout avait retrouvé le ton grisâtre et uniforme de cette vie qui n’en n’était plus une quand Alex vint à disparaître. Tout avait perdu de sa saveur, et cette infinie tristesse n’avait rien de bruyant ou de visible, elle était juste devenue la terrible absence de la moindre sensation ; et sa mère ne le savait que trop bien. Si bien qu’elle s’en était inquiétée et avait tout fait pour comprendre la peine du jeune homme. Il avait eu beaucoup de mal à exprimer ses peines, d’autant qu’il ne voulait pas mentionner la réapparition de Sawyer, elle était sienne, personne d’autre ne devait le savoir. Sawyer était à lui, personne d’autre. Et peut-être était-ce simplement cela ; peut-être était-ce bien plus, au fond il avait la terrible crainte d’être incapable de le revoir ensuite. Comme s’il craignait qu’on le lui interdise, qu’on lui fasse promettre de ne plus jamais le revoir, qu’il ne fallait pas qu’il retombe dans cette terrible tristesse qu’était le manque. Alex lui manquait, et depuis toujours. Même avant qu’il ne disparaisse, l’absence de sa présence était la plus terrible des peines qu’Alan avait jamais ressenti, aussi jeune qu’il était et aussi naïf. Sawyer était revenu, et il avait tout chamboulé. Cette impression qu’Alan n’avait pas pensé ressentir un jour une nouvelle fois avait refait surface en même temps que Sawyer, et comme s’il était chargé par le terrible spectre d’Alex, que tous les deux portaient comme la plus lourde des épées de Damoclès, il était là. Et les mots qu’il tenait en cet instant présent avaient le terrible goût cinglant de la colère. Cette impression brûlante et terrifiante qui lui glaçait le sang. Il l’écoutait, mais ne le croyait pas. Répondait d’un ton toujours aussi sifflant de malfaisance et au plus profond de son être, Alan brûlait de douleur. « Bien sûr que si, c’est rien. Crois-moi. » Insistait Alan, tandis qu’il s’efforçait de garder son courage entre sa gorge pour ne pas se mettre à pleurer devant lui, si heureux et si triste à la fois de le revoir.
La violence naissait une nouvelle fois, encore une fois, en le cœur de Sawyer, et d’un geste, Alan avait tout fait pour l’arrêter, si simple. Son poignet pris dans la main, le regard posé sur lui, perçant et implorant le garçon de rester calme, de ne pas partir dans d’horribles esclandres qu’ils regretteraient tous plus tard. Insistant dans un murmure contre son oreille, ne voulant pas lui crier dessus, ne voulant jamais s’époumoner à lui parler, ni même à hurler pour qu’il ne l’écoute, priant que ce qu’il fit fut suffisant. Et c’eut l’air de l’être. Il avait soufflé sa demande, avait essayé de réduire la colère du garçon par l’aveu de la stupidité de son ami ; lui expliquant à quel point Charlie ne faisait tout cela que pour le provoquer, que c’était dans sa nature. Il avait par la même occasion profité de cette proximité pour plonger son regard dans la nuque du garçon, et avait savouré cette si simple perception, il n’y avait rien de trop imagé, et peut-être était-ce pour la première fois qu’il regardait Sawyer sans les moindres obscénités en tête. Tout était calme, pourtant la violence électrique dans laquelle ils baignaient tous les trois. Charlie était silencieux outre ces pics qu’il lançait à Sawyer. Finalement, il retrouva sa sérénité, du moins ce qui semblait l’être et commenta la demande du jeune homme en approuvant la stupidité de Charlie. Et retirant son poignet avec lenteur, comme pour savourer un peu plus longtemps ce contact qui lui manquait tant, Alan eut du mal à reculer, il ne voulait plus se détacher de lui, il voulait rester proche de lui, presque contre lui, il y avait cette impression de proximité malsaine en eux ; et c’était peut-être sans doute lié au lieu dans lequel ils se trouvaient, mais Alan semblait détendu par le parfum du garçon, cette odeur qui lui avait tant manqué ces quelques jours lui rendait la respiration plus facile. Et une fois qu’il vint faire ces quelques pas en arrière, il eut un instant de regret de les avoir faits. Espérant qu’il fut resté plus longtemps aussi près de Sawyer, pour se noyer dans son odeur et sa chaleur. Comme s’il pouvait s’exprimer au travers de son visage, Alan avait fait signe à Charlie et celui-ci s’était approché d’un air dépité, il ne voulait pas le faire, mais l’insistance d’Alan était suffisante pour le faire chavirer. Et peu importe les demandes du garçon, il aurait sans doute tout fait pour les satisfaire.
Ce ne fut donc pas vraiment motivé qu’il s’était approché et avait tendu sa main, mentant de manière évidente sur son enchantement de rencontrer Sawyer, dont il ne savait rien puis-qu’Alan avait tenu sa promesse échangée entre quelques baisers qu’il ne dirait rien à personne d’eux deux. Alan eut rapidement l’air rassuré de les voir ‘sympathiser’, même si le cœur n’y était pas, et manqua d’esquisser un sourire avant d’être coupé dans son élan par le poing virulent de Sawyer qui vint s’écraser contre la joue de Charlie avec tant de force que le jeune homme fut contraint de reculer de quelques pas, se serrant le visage d’une main. Alan avait sursauté et s’était jeté dans la direction de Charlie, pas par amour ou par instinct de protection, mais simplement parce qu’il était son meilleur ami et que sa détresse était plus forte que quoi que ce fut qu’il ressentait pour Sawyer, inquiet il avait d’abord marmonné quelques mots à Charlie, lui demandant s’il allait bien, avant de regarder sa blessure, qui n’était pas si grave que cela, ce n’était qu’un coup de poing. Et ça, Charlie savait les encaisser. Il avait marmonné un horrible « Fils de pute. » En lançant un regard noir de haine à Sawyer, tandis qu’Alan le faisait taire dans un soufflement, et lui priant d’aller chercher de quoi se rafraichir le visage au comptoir. Il avait d’abord refusé, serrant le poing et s’approchant de Sawyer pour lui rendre sa colère dans de nouveaux gestes de violences, lesquels furent cessés net par les mains d’Alan contre la taille du jeune homme. « S’il te plaît, Charlie… » Avait-il insisté dans un murmure. Lequel parut suffisant pour apaiser la colère du garçon, qui avait retiré son terrible regard de Sawyer pour observer Alan avec la plus grande des compassions. Soupirant et défronçant les sourcils, il s’était redressé et s’était séparé d’eux. « T’adores ça, hein ? Passer pour un connard. C’était nécessaire de le frapper, tu te fous de ma gueule ? » Avait tempêté le jeune homme en se tournant vers Sawyer qui prétendait qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. « Est-ce que moi j’vais voir tes amis et les tabasses ? T’avais pas besoin de faire ça. T’aurais pu simplement l’insulter, j’aurai rien dit. C’aurait été moins stupide. » Soufflait-il en serrant les dents, les sourcils froncés et le regard planté dans Sawyer, colérique et fulminant.
Il avait changé si rapidement de sujet qu’au final on eut l’impression qu’il ne s’était rien passé plus tôt, mais Alan n’avait pas oublié, et il était toujours enragé par ce geste qu’il avait osé faire contre son plus proche ami. « Pardon ?! » S’était-il offusqué en fronçant de plus belle les sourcils, « Tu viens de frapper mon… » Il s’était tut, et avait soupiré. Agacé. Sawyer était comme ça, il ne pouvait rien y faire. Et cherchant à garder son calme, il avait serré le poing, celui dans son plâtre. Et ce si simple geste fut douloureux, si bien qu’il contracta mécaniquement, dans un genre de sursaut, le bras. Serrant les dents et gardant ses sourcils froncés de colère. Il avait reculé, tourné les talons, presque comme s’il était sur le point de partir, trop énervé par Sawyer qui ne semblait pas comprendre la gravité de ce geste ; il avait frappé un des amis d’Alan, ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait simplement oublier comme si c’était sans importance. Et ça l’était peut-être pour Sawyer, mais certainement pas pour Alan. Comme pour retrouver son calme, il avait attrapé son verre encore posé sur la table et en avait bu le contenu d’une traite, avant de le reposer sèchement contre leur table. Puis il s’était tourné à nouveau vers Sawyer, l’air moins contrit par la rage, mais toujours colérique. Il avait lâché un grand soupir, la tête baissée, avant de relever la figure vers lui, et pour le regarder d’un air cherchant à le pardonner. « Un accident de voiture. » Avait-il simplement répondu, d’abord, la voix presque tremblante. Comme s’il cherchait à cacher quelque chose. « Rien de grave. Juste un poteau dans ma voiture. J’aurai pu crever, c’pas grave. » Soufflait-il ensuite, la gorge serrée par ses propres mots. « Non. N’essaie pas de plaisanter. Ne crois pas que j’vais te pardonner de l’avoir frappé aussi simplement, ‘parce que t’es comme ça’. Je peux te pardonner un tas de choses, et Dieu sait que je l’ai déjà fait un nombre incalculable de fois ; je suis quelqu'un de très patient Sawyer. Mais quand tu t’en prends à mes amis, ça ne passera certainement pas aussi facilement que si c’était moi que tu avais frappé. » Avait-il ruminé en tremblant sur place. La voix fragile et le regard vagabond.
electric bird.
Invité
Jeu 8 Jan - 20:43
a touch’s detail.
alan & sawyer
Ce serait si facile de le croire, surtout quand il te regarde avec ces grands yeux-là. Ce serait si simple de lui faire confiance et de te dire qu’il ne ressent véritablement que de l’amitié à l’égard de Charlie. Mais c’est encore plus facile de te dire qu’il ment, de penser qu’il l’apprécie un peu. C’est plus simple de ressentir de la colère plutôt que de la tendresse. La violence est innée chez toi, mais pas la douceur. Tu n’es pas né pour être doux. Tu es né dans un univers fait de dureté et de restrictions. C’est ça, ton monde – la noirceur des ténèbres et la colère de la haine. Alors oui, c’est plus facile de te persuader qu’il t’a menti. Parce qu’alors tu ne faiblis pas, tu ne romps pas. Tu restes droit et fort comme on t’a toujours appris à l’être. Peu importe ton cœur de glace et tes poings de feu, il est toujours moins rude de vivre derrière des barricades plutôt que d’offrir son cœur au premier venu. Alors les voir là, aussi proches l’un de l’autre, a le don de te faire fuir, te retranchant derrière les remparts de cette forteresse qui t’entoure. « Évidemment, tu lâches dans un grognement avec dédain tout en le regardant de haut. » Comme dans un geste de protection, tu croises les bras contre ton torse. Oui, il sera plus simple de le détester. Et alors tu oublieras cette attraction mal venue, superflue. Tu oublieras son joli minois et ses sourires pleins de tendresse. Tu oublieras que tu quémandes sa présence, sa compagnie jusque dans tes rêves. En fait, tu n’aurais jamais dû t’approcher. Tu aurais dû les laisser dans leur coin à leurs petites affaires et tourner les talons avant de replonger dans ce gouffre bien trop noir et trop brûlant. Mais le désir avait été trop fort, la jalousie trop puissante. Et tu étais tombé, tête la première dans ce piège vieux comme le monde – le piège des sentiments. Tu te sens un peu idiot, tu te sens immature. Tu te sens comme exposé au regard du monde, comme nu. Cette situation te met mal à l’aise et ta seule réaction est d’attaquer avant d’être assailli, de mordre avant d’être un peu plus blessé. Quand tu vois ce Charlie qui s’avance vers toi, c’est pareil à une intrusion dans ton univers, dans ton espace personnel. Il est l’ennemi franchissant tes frontières et tu te dois de défendre ta forteresse de solitude. Le coup de poing est parti sans que tu y réfléchisses, comme si tes plus bas instincts primaires avaient alors pris possession de ton être et s’étaient manifestés. Est-ce que tu le regrettes ? Non, absolument pas. Il n’a que ce qu’il méritait, en vérité. Mais à voir la lueur agacée dans le regard d’Alan, tu supposes que ce n’était pas la bonne attitude à adopter. Buté, tu roules des yeux avec une moue sur les lèvres. Tu as juste l’envie de lui dire que c’est l’autre qui a lancé les hostilités. Bêtement, sauvagement. Puérilement. Alors tu pinces les lèvres pour t’empêcher d’être encore plus ridicule et tu hausses les épaules. Qu’est-ce que ça peut bien te faire qu’il ait mal, que tu aies réagi de la mauvaise façon ? Tu es encore plus énervé lorsque tu vois le brun se précipiter au chevet de son ami qui te regarde comme si toutes les flammes de l’Enfer brûlaient dans ses prunelles. Cette vision te donne envie de rire jaune, tu as envie de lui rétorquer que ça ne te fait pas vraiment peur – l’enfer, tu connais déjà. L’enfer, tu y vis chaque jour que Dieu fait. Tu le vois qui fais un pas vers toi, poings serrés et mâchoires contractées, mais Alan le retient et murmure quelque chose à son oreille que tu n’entends pas. Les mots semblent le calmer un tant soit peu puisqu’il se détend, certainement grâce à ces mains qui entourant la taille svelte – ces mêmes mains qui calcinaient ta peau, brûlaient ton corps voilà quelques jours à peine. Tu repousses tant bien que mal le frisson qui te parcourt et tu pinces les lèvres, irrité. « Il m’a cherché, il m’a trouvé, tu répliques, les sourcils haussés alors qu’Alan est revenu auprès de toi et Charlie est parti tu ne sais où. Je suis comme ça, que ça te plaise ou non. » Tu n’avais pas l’indécence de mentir sur la marchandise. Évidemment, la raison aurait voulu que tu ne bronches pas, que les insultes glissent sur toi comme l’eau de pluie sur un imperméable mais tu as vu rouge lorsqu’il s’est mis à parler de ta potentielle homosexualité. Comme s’il avait vu en toi, comme s’il mettait à découvert ta plus grande honte, ton plus gros mensonge. Et tu ne l’as pas supporté. Mais Alan ne pourrait pas comprendre ça. Il n’a jamais eu aucun souci à accepter cette part de lui-même, lui. Il a toujours vécu libre et heureux de ce qu’il est, sans se poser de questions. Alors comment lui faire entendre que ce n’est pas ton cas, qu’il existe des gens pour qui ça ne peut pas ? Des gens comme toi. Des gens qui se regardent dans la glace le matin et détestent le reflet que leur renvoie le miroir. Des gens qui se dégoûtent eux-mêmes. Et ce n’était sûrement pas facile à vivre. Ce poids sur ta poitrine t’étouffe et t’empêche de respirer. Tu courbes le dos, essayes d’avancer mais tu manques à chaque fois de tomber. Tu baisses un instant les yeux, remarques le plâtre et ta première réaction est de poser des questions, parce que parler de tout ça, t’aventurer sur ce chemin trop escarpé ne servirait à rien. Parce qu’il ne pourrait pas comprendre – pas te comprendre. Alan ne semble pas apprécier ce brusque retournement mais tu ne desserres pas les lèvres. Tu restes à le fixer cependant qu’il commence à s’emporter, puis part se calmer en buvant une longue gorgée de son verre. Si la situation n’était pas ce qu’elle était, tu aurais peut-être pu en rire. Parce qu’il est drôle à s’exciter comme ça, parce que ça le rend mignon malgré lui. Et même si tu préférais mourir plutôt que de l’avouer tout haut, tu sais que c’est ce que tu ressens vraiment tout au fond de ta poitrine. Tu te serais même permis un sourire si Alan ne t’avait pas parlé de l’accident. Il t’annonce ça comme si ce n’était rien, comme si ça n’avait rien de grave. Comme si c’était banal, d’avoir un accident de voiture. Tu fronces les sourcils, la cage thoracique implosant sous les coups de cœur frénétiques. Est-il seulement possible qu’il soit aussi inconscient ? Tu imagines la scène, tu le vois qui perd le contrôle de son véhicule. Tu le vois qui percute le poteau. Ta respiration siffle et tes oreilles bourdonnent. Ta gorge s’assèche. C’est comme si tu revenais des années en arrière et que l’on t’annonçait la mort d’Alex une nouvelle fois. « Tu te fous de ma gueule ? tu éructes, en colère. Rien de grave ? Tu aurais pu y laisser la vie et il n’y a rien de grave ? Mais tu es con ou tu le fais exprès ? » Et tu te fiches de son propre agacement face à son attitude, tu te fiches de la lueur malveillante au fond de ses iris. Tu ne penses qu’à une seule chose – tu as manqué de le perdre, lui aussi. Avalant ta salive avec difficulté, tu empoignes férocement son bras encore valide et l’amènes furieusement à toi. « Mais qu’est-ce qui t’a pris, bon sang ? tu reprends, le ton complètement fou. Tu veux mourir, ou quoi ? Tu ne pouvais pas faire plus attention ? Tu as pensé à tes parents ? Tu crois que c’est un cadeau à leur faire pour la nouvelle année ? » Au fond, ses parents sont le cadet de tes soucis. Bien sûr, tu sais la peine et la douleur que sa mort leur aurait causés mais tu ne penses qu’à toi, là. Égoïstement. Tu ne penses qu’à ce que tu aurais toi-même ressenti s’il avait péri dans cet accident. Et tu n’oses pas imaginer ta réaction, la sensation dans ta poitrine. Tu n’oses pas imaginer ce trou béant à nouveau grand ouvert dans ta cage thoracique. La douleur, la peine, les larmes. Inconsolable. Anéanti. Perdu. Sans t’en rendre compte, Alan était devenu en un rien de temps ton nouveau repère. Ton seul repère. Ta lumière dans l’obscurité, ton phare dans la tempête. Comment aurais-tu réussi à recommencer à nouveau sans lui ? Peut-être n’était-il qu’un fantôme de ton passé, peut-être te rappelait-il Alex à chaque fois que tu le voyais, mais tu avais besoin de lui. De sa présence. Comme une main réconfortante sur ton épaule, comme un regard apaisant. Comme un sourire engageant. « Tu es vraiment inconscient, ma parole, continues-tu de t’énerver, le corps un peu tremblant. Tu te rends compte que ça aurait pu être beaucoup plus grave qu’un putain de bras cassé ? » Tu es comme envahi, submergé par une vague gelée d’angoisse qui te noie le cœur. C’est insupportable. Tu n’es pas prêt à revivre tout ça. Tu ne serais pas capable de t’en relever, pas cette fois. Jamais tu ne te sentiras en mesure de regarder la mort en face à nouveau. Yeux dans les yeux. Tu lâches un soupir bref et tremblotant, passes une main fébrile dans tes mèches blondes. « Écoute Alan, j’ai déjà perdu Alex dans ma vie. Je ne veux pas te perdre toi aussi. Je ne peux pas, tu lâches le ton presque sec et méchant. Oui, je suis un connard ; oui, je suis violent. Oui, j’ai mal agi et oui, j’ai frappé ton pote. Et oui, j’ai pris la fuite ce matin-là. Mais ça ne signifie pas que… » Tu te mords la lèvre inférieure, lui lances un regard rapide avant de le détourner brusquement. « Que… » Tu n’est pas doué quand il s’agit de parler de ce que tu ressens, de ce qu’il se passe entre tes côtes ou dans ta tête. Encore et toujours cette forteresse qui te protège. Qui te coupe du monde extérieur bien trop effrayant pour un petit garçon comme toi. « Ça ne signifie pas que je ne tiens pas à toi, espèce d’idiot, tu finis par grogner, la mine boudeuse d’un enfant de cinq ans. »
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
Et tandis qu’il expliquait à Sawyer comment il s’était ainsi retrouvé avec un plâtre, Alan pensait les plus horribles choses, contre lui et contre le garçon. Il se haïssait de n’avoir souffert que d’un si petit trauma, alors qu’il aurait voulu beaucoup plus ; mais il se haïssait aussi d’avoir voulu beaucoup plus. Il se contredisait dans son esprit et ses pensées n’avaient plus rien de clair et précis depuis ces moments. Il ne fonctionnait plus droit, tout était diffus et confus, tout manquait de saveur et absolument tout n’avait plus le moindre sens autour de lui. Il ne voyait plus rien, plus rien que les horribles sensations que Sawyer avait instillé en lui, ces besoins et ces envies qu’il ne voulait plus ressentir. Qu’il avait peur de ressentir. Au final, il n’avait que simplement peur de les retrouver ces sensations qu’Alex avait été le seul à provoquer et à savoir manipuler dans son cœur. Sawyer avait changé, et même s’il était toujours imbibé de cette terrifiante éducation qui le rendait parfois exécrable, il était différent du garçon qu’Alan avait rencontré et connu au lycée, lui aussi avait changé, mais Sawyer était bien plus remarquablement différent. Ce fut là le plus beau de tous les changements qu’Alan avait pu constater, pas physiquement, mais moralement. Sawyer avait grandi, et cette évolution avait finalement charmé le jeune homme, et peut-être était-ce simplement cela qui l’avait attiré une nouvelle fois vers lui, peut-être que c’était ça, et pas cet horrible rappel de leur passé commun, de leur chagrin partagé. Mais depuis qu’ils s’étaient retrouvés, rien n’allait plus. Parfois, c’était heureux, parfois ça ne l’était pas. Ça n’avait de cesse de s’entrechoquer avec de la haine, de la colère, de l’amitié, de l’amour, toutes ces choses différentes mais au final tellement liées. Et peut-être que ça ne finirait jamais par se stabiliser, peut-être qu’ils étaient destinés à vivre dans ce théâtre bruyant de toutes sortes d’émotions, que jamais rien ne pourrait faire réduire au silence, ils étaient bloqués dans un entracte interminable.
Et maintenant, le voici qu’il s’énerve, une nouvelle fois contre Alan ; offusqué, colérique et animé par la furie. Dévasté, visiblement, en entendant la nonchalance du jeune homme quant à son bras cassé Sawyer s’offusque et l’accable d’insultes et de culpabilité. Il le sait qu’il aurait pu y rester, c’était son objectif. Il avait voulu tout arrêter, ivre et déchaîné par le chagrin. Il avait trop pensé à Alex, puis à Sawyer. Tout allait mal. Tout était mal chez lui. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond en lui, et Alan le savait, il ne voulait plus avoir à continuer comme ça. Au final, il était toujours réduit à néant par les horribles souvenirs qui ne cessaient pas de s’acharner à lui brûler les yeux, à lui tordre le cœur et l’étrangler jusqu’à ce qu’il ne s’évanouisse. Il ne répondait pas, Sawyer avait beau insister, Alan restait silencieux et refusait de lui répondre, le regard vide et l’attitude perdue. Il s’était laissé tomber en arrière, s’asseyant sur son siège les mains jointes et la tête baissée tandis qu’il continuait à entendre le jeune homme s’énerver. Mais ce n’était plus des mots, c’était devenu l’incessant bourdonnement qui se répétait dans son crâne, il n’osait rien dire parce qu’il savait qu’il aurait eu tort. Qu’il aurait dit des choses qu’il ne fallait pas. Oui, il avait voulu mourir. Oui, il avait pensé à ses parents. Il était inconscient et savait qu’il aurait pu y rester, ou y survivre et terminer dans un pire état qu’un simple bras emplâtré. Son torse brûlait de honte et ses joues rougissaient de la même façon alors que Sawyer s’était tu un court instant. Et redressant la tête, le visage accablé d’un rougissement honteux sans pour autant être attaqué par la moindre larme, il regarda Sawyer quelques instants avant d’oser lui répondre d’une voix tremblante, presque muette, « Parce que tu crois que j’y ai pas pensé ? » Avait-il commencé à répondre avant d’être gagné par les sanglots et la terrible impression d’échec. Il se sentait brûler et se sentait trembler, son bras lui faisait horriblement mal tout d’un coup, comme le terrible rappel de ce qu’il avait voulu faire. Et quand bien même il ne broncha pas, il resta un instant immobile, à observer le plâtre, comme s’il s’agissait d’une horrible prison dans laquelle il était condamné à rester trop longtemps.
« Je sais ce que j’ai fait. Je sais ce qui aurait pu se passer. » Marmonna-t-il en redressant la tête vers lui, tandis que Sawyer insistait sur la chance qu’il avait eu de n’avoir que cette si simple et ridicule petite blessure, qui aurait pu être bien plus grave et bien plus pire. Ça, on ne pouvait pas dire qu’il ne se sentait pas concerné, mais Sawyer était inquiet pour celui dont il ne fallait pas l’être. Il était frappé d’émotions qu’Alan ne voulait pas qu’il ressente, et lui aussi, dans son cœur ressentait la terrible pression qui pesait une nouvelle fois sur leurs épaules. Comme Alex, il avait failli perdre Alan ; et Alan, en mourant, aurait perdu Alex et Sawyer. Et plus il y pensait, plus cela lui faisait du mal. Et plus il en souffrait, plus il se rendait compte de son égoïsme et de sa stupidité. Plus il y pensait, plus la souffrance s’accentuait dans son être. Il n’osait plus relever les yeux, il n’osait plus poser ne serait-ce que le coin de l’œil sur la silhouette de Sawyer, qui était là, qui était toujours là. Il était peut-être finalement le salut d’Alan, l’unique échappatoire possible à la terrible solitude et l’insatiable tristesse dévorante qui lui brûlait les entrailles chaque fois qu’il osait penser à son propre bonheur. Ce bonheur qu’il était persuadé de ne plus avoir le droit d’avoir, jamais plus. Comme l’incessant et terrifiant rappel que ses joies s’étaient envolés comme Alex avait disparu. Et que tout lui avait été arraché par ce suicide contre lequel il n’avait rien pu faire, contre lequel il n’avait pas pu s’interposer. Il était peut-être responsable, au final, de la mort d’Alex parce qu’il n’avait rien pu faire pour l’empêcher, mais il n’était certainement pas fautif, il n’était pas le déclencheur. Peut-être juste une variable dans cette horrible et incalculable équation, mais certainement pas la chose qui avait tout mis en marche. Il n’osait plus parler, il n’osait plus répondre, ou mentionner les raisons de son geste, il ne voulait pas perdre la compassion que Sawyer déployait maintenant qu’il savait qu’il avait failli perdre un autre proche. Il ne voulait pas lui écraser le cœur en lui disant qu’il avait voulu se suicider à son tour. C’aurait été beaucoup trop, et au plus profond de lui-même il savait qu’il n’aurait pas pu trouver le courage de le dire de toute façon. Et c’est presque rassuré qu’il se sentit quand Sawyer vint briser le silence pour reprendre sur ce même ton aux allures mauvaises.
Ça ne signifie pas que je tiens pas à toi, espèce d’idiot. Marmonne-t-il dans un grognement. Et peut-être l’avait-il su, peut-être s’en doutait-il, mais Alan fut surpris de l’entendre parler ainsi. D’autant qu’il fut traversé d’un horrible frisson quand il entendit non pas Sawyer le lui répéter à l’esprit, mais bien Alex. C’était, mot pour mot, l’une des choses que le garçon lui avait dit quelques heures avant qu’il ne se suicide. Presque ses derniers mots. De ceux-là, il avait scellé toutes leurs vies. Et jamais Alan ne les aurait oubliés, pourtant, comme s’il ne les avait jamais plus entendus son cœur fit un bond dans ses tripes et il fut arraché à son silence honteux par le bruyant sanglot de ses larmes contre ses mains. Comme pour se faire taire dans son chagrin, il avait serré ses mains sur son visage, comme pour étouffer ses yeux ensanglantés d’infinies larmes, comme pour taire cette respiration bruyante et ses grincements vocaux de chagrin. Ces quelques mots, ceux-là en particulier, avaient détruits le silence d’Alan et l’avait fait tomber dans d’incessants sanglots, il s’efforçait pourtant d’en retenir le plus, mais il ne savait pas s’il serait capable de s’arrêter. Il avait l’horrible peur de ne plus pouvoir s’arrêter de pleurer maintenant qu’il avait commencé. Et peinant à parler, il avait pourtant forcé son corps à le laisser souffler quelques mots. « J’suis désolé… » Il cherchait à marmonner d’autres choses mais rien d’audible ne sortait, il ne faisait que s’écraser dans d’autres sanglots plus forts. Il aurait voulu tant lui dire, et tant lui avouer. Les quelques mots que Sawyer avait su laisser s’échapper finalement avaient tant de poids, qu’Alan n’osait plus bouger, pétrifié dans ses pleurs à la fois de honte, de chagrin, de désespoir mais aussi de bonheur et de tranquillité. Il n’avait tout simplement pas encore compris à quel point il pouvait compter aux yeux de Sawyer, et le savoir ainsi était libérateur, mais tellement dévastateur à la fois. Il sentait des milliers de poids se défaire de ses épaules tandis que d’autres venaient lui faire courber l’échine, et s’il avait voulu être silencieux, il n’aurait plus pu. Presque dans un bond, il s’était approché de Sawyer et s’était enlacé contre lui, presque serré, toujours rendus muets par ces bruyants sanglots et ses inconsolables pleurs. Il ne le lâcha plus, et retrouvant un instant son calme, il parvint à lui marmonner, toujours dévasté, « Merci… Tu — Tu comptes tellement... »
electric bird.
Invité
Dim 11 Jan - 12:35
a touch’s detail.
alan & sawyer
Tu vois son trouble, tu vois sa douleur. Tu vois sa tristesse. Il y a ce même vide qui brille tout au fond de ses pupilles dilatées – celui-là même qui ronge tes entrailles de l’intérieur. Il est blessé. Il est brisé. Il est comme toi – il est tombé et n’a jamais su véritablement se relever. Vous êtes tous les deux ces gamins cassés, marionnettes du sort. Malmenés par la vie, par les aléas d’une existence qui n’était pas toujours facile. L’ombre d’Alex plane au-dessus de vous comme une épée de Damoclès. Comme un couperet prêt à vous faucher. Il y a ce fantôme, cet éléphant entre vous et pourtant ni lui ni toi n’avez jamais été décidés à en parler. C’était la corde sensible, c’était le sujet tabou. C’était le souvenir trop douloureux auquel on pense chaque jour sans oser mettre de mots dessus, par peur de réveiller les démons endormis, enfouis sous de faux sourires et un quotidien tronqué. Pour Alan comme pour toi, il avait été plus facile de vivre avec cette souffrance à l’intérieur. Et même si elle vous bouffait, même si elle était de plus en plus forte, de plus en plus tenace, vous avanciez. Vous continuiez. Jusqu’à ce jour où vos routes se sont à nouveau croisées. Jusqu’à ce que ton chemin percute le sien et que tout votre petit monde de faux-semblants commence à vaciller. Le masque s’est fissuré, la mascarade était terminée. Et le rideau était tombé. Vous ne pouviez plus vous mentir, mentir au monde alentour. La douleur était là, inscrite en vous comme à l’encre indélébile. C’était comme une cicatrice qui ne se refermerait jamais. Et vous aviez vécu avec jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce moment où tout éclatait. Qui es-tu pour le blâmer ? N’as-tu pas déjà pensé à en finir, toi aussi ? Comme ton meilleur ami. La solution dans la mort, la rédemption. La liberté dans cette fin tragique. Oui, ça aurait été si simple d’en terminer avec ton existence et de rendre les armes sans te battre. Mais Alex n’aurait pas voulu ça, il n’aurait pas souhaité ça pour toi. Ni pour Alan d’ailleurs. Il aurait voulu vous voir sourire, vous voir grandir. La route est longue et fastidieuse, le chemin est parsemé d’embûches. Mais son souvenir est comme là pour te rappeler que ça en vaut la peine, que ce n’est pas en vain. Il y a des jours où tu as du mal à le croire, il y a des jours où tu as juste l’envie de baisser les bras. Et tu restes là, immobile à attendre que la vague glacée de l’abandon passe. À attendre que te reviennent tes forces. Tu as quitté tes parents parce qu’ils t’emprisonnaient dans une vie dont tu ne voulais plus, ils t’empêchaient d’avancer librement comme tu l’aurais voulu ; tu as fui New-York parce que les souvenirs y étaient trop présents, trop douloureux. Tu devais te reconstruire. Loin de tout ça. Commencer une nouvelle vie. « Si tu sais ce qui aurait pu t’arriver, c’est que tu n’y as pas réfléchi assez longtemps, tu rétorques avec amertume et colère, le corps vibrant, l’âme chavirée. » Et Alan avait fait pareil. Tu n’avais juste pas remarqué que la blessure était bien plus profonde qu’il ne le laissait paraître. Tu n’avais juste pas vu qu’à l’intérieur, il y avait un petit garçon qui pleurait, qui hurlait. Qui demandait à l’aide. Ce même petit garçon qu’il y avait eu à l’intérieur de toi, pendant des années – ce même petit garçon qu’Alex a maintes fois sauvé. Toute cette scène est comme surréaliste. Tu te demandes où il y a eu une erreur, tu te demandes pourquoi il a voulu en arriver à cette extrémité. Quelque part en toi, il y a une brûlure de culpabilité qui te fait mal parce que tu te revois quitter sa chambre sans un mot, sans un bruit. Sans même un regard en arrière. Tu revois ses messages emplis de colère et d’amertume. Et toi qui ne comprends pas. Tu n’as pas compris sur le moment. Tu n’as pas compris qu’il était blessé sans véritablement l’avouer, juste à demi-mots. Juste de manière déguisée. Et trop aveuglé par tes peurs, par ta honte, tu avais fait l’autruche. Tu n’avais pas voulu voir cette détresse. Et tu aurais pu tout perdre une nouvelle fois. La pensée de revivre un tel cauchemar fait monter la nausée, elle dépose un goût de bile sur tes lèvres. Tu ne te le serais jamais pardonné. Tu ne l’aurais pas supporté. Tu avais déjà perdu Alex, tu avais déjà eu le cœur brisé. Tu avais déjà vécu cette souffrance abominable de perdre comme une partie de toi-même dans cette bataille. Tu n’aurais pas eu la force de t’en relever s’il était arrivé quoique ce soit à Alan. Une fois, mais pas deux. Alex, mais pas Alan. Pas alors que tu commençais seulement à reprendre ta route, à faire avec la présence de ce fantôme dans ta vie. Pas alors que tu sentais le brun prendre une importance toute nouvelle dans ton quotidien. Et parce que tu ne veux pas qu’il puisse se perdre à nouveau dans son mal-être, tu le lui avoues. Tout simplement. Les mots sont lâchés comme ça, dans un filet de voix. Tu n’aurais jamais imaginé que ce soit aussi facile, aussi brutal aussi. Ils semblent résonner en toi, ils ont la puissance d’un coup de poing dans ton ventre. Ils te coupent le souffle. Et ils déclenchent une vague de larmes brûlantes chez Alan. Interdit, tu fixes ces sillons humides qui se tracent sur les joues blêmes. Tu pinces un peu les lèvres, mal à l’aise au possible. Qu’est-ce que tu es censé faire, maintenant ? Tu ne t’attendais pas véritablement une à telle réaction. Tu ne savais d’ailleurs pas à quoi t’attendre en réalité – mais sûrement pas à ça. Tu restes immobile, incapable de faire ou dire quoique ce soit. Il y a comme un silence entre vous, lourd et pesant, alors que le reste de la foule continue de se déchaîner tout autour. Et puis, sans que tu ne le voies venir, il se presse contre toi. Le geste est presque timide mais il a la force du désespoir. La puissance du soulagement. Tu le sens dans son corps qui percute le tien et ses bras qui s’enroulent autour de toi. Tu sursautes, tu te tends avant de lui rendre cette étreinte de façon mécanique. Tu n’as pas été habitué à ce genre de contacts trop intimes selon toi. Et tu es toujours gauche quand il s’agit de te laisser aller à la douce chaleur d’un câlin. Les pleurs continuent puis se calment. Tes propres bras enserrent le buste avec lenteur. « Tout va bien, tu souffles sans même savoir s’il t’entend. Tout va bien. » Tu passes une main hésitante dans les mèches brunes de cette tête nichée tout contre la tienne. Il y a des effluves de parfum et d’alcool qui envahissent tes narines. Il y a sa chaleur étouffante qui te brûle comme lors de cette nuit-là. « Tu es vraiment impossible, tu souffles après être resté un long moment enfermé dans le silence, comme pour calmer ton être bouleversé. » Comme pour apaiser cette véritable tempête qui gronde en toi. Tu ne sais pas combien de temps tu restes à le tenir tout contre toi. Depuis un moment déjà, le monde a disparu autour de vous. Tout s’est évanoui et il ne reste plus que tes oreilles qui bourdonnent, ton cœur qui palpite. Ton ventre qui se tord. Il ne reste plus que ces sensations affolantes à l’intérieur de toi. Mais tu ne t’es pas senti aussi bien depuis ce qui te semble être une éternité. Tu ne t’es pas senti aussi calme depuis des années. Comme si tu retrouvais enfin cette paix intérieure que tu avais longtemps cherchée. Tu retrouves Sawyer, ce gamin un peu paumé qui se cherche sans arriver à se trouver ; tu retrouves Sawyer, ce jeune homme qui tente de se construire dans un monde fait de violence et d’intolérance. Et celui qui est entre tes bras, ce brun à l’odeur si particulière, si envoûtante, est comme un pilier pour toi. Comme un phare qui illumine la mer. Il est ton chemin et ta destination ; il est le commencement et la fin. Il est tout à la fois et c’est bien ce qui t’effraie. C’est bien ce qui te dérange aussi. Comment es-tu censé vivre avec ce besoin en toi ? Ce besoin de lui, de sa présence avec toi. Penser à lui devient comme une obsession. « La prochaine fois que tu penses à refaire ce genre de connerie, appelle quelqu’un, je sais pas. Même si c’est ton pote Charlie, appelle quelqu’un. Ne reste pas seul, tu reprends tandis que tu as empoigné son visage entre tes mains pour fixer ton regard au sien. Il faut que tu me promettes de le faire. » Il y avait déjà eu bien trop de douleur dans vos vies, il y avait bien trop de mort. L’aura funeste est comme partout autour de vous, elle vous suit comme une ombre – votre ombre. Vous avez grandi avec sa présence dans votre quotidien, comme si elle était un membre de votre famille. Comme si elle était une part de vous. Et il était temps de la laisser vous libérer. Il était temps de briser ces chaînes qui vous retenaient dans un passé qui n’était plus. Il fallait avancer. Ensemble ou séparément, peu importait. Il vous fallait seulement avancer. « Ne fais pas la même erreur qu’Alex, tu souffles, la voix vibrante d’émotions contenues. Il a abandonné trop vite, trop tôt. Il n’a pas gardé la foi. Il a arrêté de croire. C’est pour ça qu’il est parti, parce qu’il n’avait plus confiance. Il s’est enfermé dans sa tristesse et son désarroi et ça l’a bouffé. Il a pensé qu’il n’existait aucune autre solution pour lui sinon d’en finir. Mais c’est faux. » C’est faux parce qu’il y avait des gens qui l’aimaient ; c’est faux parce qu’il n’avait jamais été seul. C’est faux parce qu’il a été aveugle et, s’il avait bien voulu ouvrir les yeux et voir autour de lui, il se serait rendu compte qu’il existait une autre porte de sortie que celle qu’il avait choisie. « C’est faux parce qu’il y a toujours une meilleure solution que celle-là. J’espère que tu voudras bien t’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard, Alan. S’il te plaît, rends-toi compte que tu as toute la vie devant toi, que tu as toutes les chances d’être heureux. »Si tu n’avais pas réussi à sauver ton meilleur ami, peut-être arriverais-tu à le sauver lui.
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
Cette étreinte aux embruns de réconfort suffisait à calmer le torrent qu’était devenues les sensations d’Alan, il sentait les murmures de Sawyer lui glisser le long de la nuque et lui refroidir le dos, si bien qu’il frissonnait presque à son contact, il l’entendait, il sentait chaque mot et chaque intonation que son souffle expulsait pour le rassurer. Il entendait ses promesses que tout allait bien, il espérait le croire. Il voulait le croire. Et peut-être qu’il y croyait vraiment, puisqu’au fur et à mesure qu’il l’entendait, il se sentait et était de plus en plus calme. De moins en moins tourmenté. Les derniers mots d’Alex qu’il avait malencontreusement calqué sans s’en douter était passés sur Alan comme la plus violente de toutes les tornades, et comme un terrible tourbillon destructeur, le jeune homme était devenu la terrible épave d’une vie perdue. Il avait trop longtemps porté ce fardeau sur lui, sans jamais rien dire à qui que ce soit, sans jamais rien expliquer. Et finalement, il avait craqué. Ces quelques mots avaient suffis pour qu’il soit dévasté à n’en plus pouvoir respirer tant il pleurait et tant il était triste. Mais guidé par cette lumière qu’était devenu Sawyer, il s’était accroché à lui, et dans un enlacement qu’il voulait garder infini et éternel, il l’avait tenu. Il se réchauffait dans son désespoir par la chaleur du jeune homme et gardait l’espoir que tout s’apaise un jour. Peut-être pas maintenant, peut-être pas ce soir, peut-être pas même avant quelques années ; mais tout aller s’arranger un jour. C’était certain. Il n’y aurait jamais cru, finalement, si Sawyer n’avait pas été là pour lui dire que tout allait bien. Et il n’aurait jamais voulu y croire sans lui. Sans personne d’autre. Peu de gens comptaient vraiment à ses yeux, et les quelques qui comptaient tant n’étaient pas toujours en de parfaits termes avec ce pauvre Alan. Il était têtu, souvent désagréable, et quand on n’insistait pas suffisamment pour croire qu’il n’était pas si mauvais que cela, il ne cherchait pas à prouver aux autres qu’il était, dans le fond, quelqu’un de bien. Il avait trop souvent vécu dans l’ombre des autres, quand Alex disparu, ce fut à son tour de trouver un moyen d’oublier, d’exister. Malheureusement, il ne fit pas toujours les bons choix et décider de devenir une ordure fut peut-être l’une de ses plus monumentales erreurs. Quand bien même il ne regrettait plus.
Le bruit de sa respiration, les battements saccadés de son cœur, cette maladresse dans l’accolade, tout cela, Alan le sent et l’entend. L’odeur de Sawyer, la sienne et l’alcool qu’il avait bu pour se calmer de sa furie précédente, tout cela Alan le ressent. Et ça ne le gêne pas. Dans un souffle, il l’entend lui dire quelque chose après un long silence. Et plus calme qu’avant, il parvint à produire un sourire, puis un rire étouffé contre lui. Il est rassuré, il est apaisé. C’est ce genre d’étreinte qui l’a fait chaviré, c’est ce genre d’attention, ces moments rares et si précieux sont l’or qui vint scintiller autour de leur relation parfois trop toxique ; et peut-être que c’est bien parce que c’est aussi rare qu’Alan s’y plaît tant. Il y avait quelque chose d’incroyablement agréable et adorable dans tout cela, quelque chose qui rendait le simple fait de l’enlacer plus riche et plus complexe que toutes les autres choses qu’il avait pu vivre. Ils étaient différents, l’un avec l’autre. Sawyer semblait plus grand, plus chaleureux et bien plus confortable aux yeux d’Alan quand ils étaient seuls. Il y avait l’impression qu’il ne jouait pas de rôle, qu’il était véritablement lui en présence du jeune homme, et peut-être même que l’un et l’autre partageaient cela ; Alan ne se rendait pas compte, mais avec Sawyer, quand il n’y avait qu’eux, il était plus serein, moins antipathique et beaucoup plus libéré. Presque honteusement agréable. En la présence de Sawyer, Alan n’était plus ce récipient à méchancetés et de tristesse dissimulée. Devant lui, et seulement devant lui, il se laissait aller à sourire ou à pleurer, il ne cachait rien. Comme s’il y avait quelque chose qui l’empêchait de pouvoir lui mentir ou de ne pas être qui il était vraiment. Et au plus profond de lui-même, il adorait cette sensation, cette chaleur qui lui tordait l’estomac et lui faisait battre le cœur beaucoup plus fort, beaucoup plus vite. « Je sais… » Avait-il chuchoté en souriant, comme beaucoup plus à l’aise, après le souffle de Sawyer. Ce sourire n’avait rien de trop jovial ou de trop enjoué, il était là parce qu’il se sentait bien contre lui, et qu’il appréciait l’intérêt et la compassion qui se dégageait de Sawyer quand bien même c’était difficile pour l’un ou l’autre. Il y avait tant de choses, tant d’évènements ; et tout cela se bousculait dans tous les sens, s’entrechoquant avec des sensations ou des émotions. Son sourire s’estompa rapidement, lorsque la culpabilité vint lui marmonner dans les oreilles. C’était entièrement de sa faute, il ne méritait rien de tout cela. La compassion, la bonté et toutes ces choses qui s’échangeaient en cet instant – il n’en était pas digne.
L’étreinte s’était un instant réduite, pour qu’ils partagent un regard, les mains brûlantes de Sawyer contre le visage d’Alan semblait le réchauffer, il se sentait minuscule et le voyait comme un géant. Et même s’il n’avait pas osé croiser son regard au début, il s’était rapidement laissé guider par le son de sa voix et avait déposé ses yeux contre les siens, les mains tremblantes et le visage muet tandis qu’il lui parlait. Le visage et les pupilles rougis de chagrin, le bleu de ses yeux ressortait avec intensité tandis qu’il fixait ceux de Sawyer avec tant de chaleur et d’empathie. Les sourcils d’Alan étaient déformés par une moue chagrinée, comme ses lèvres, mais il s’efforçait de serrer les dents pour avoir l’air plus calme, plus heureux. Pour ne pas déborder dans son chagrin et en lui transmettre, aussi absurde cette pensée pouvait être, il ne pouvait s’empêcher de l’avoir en tête, sa tristesse devait rester unique et il ne devait rien laisser déborder jusque Sawyer. Dans un mouvement saccadé de la tête, entre les mains de Sawyer, il avait acquiescé. « Promis. » S’était-il ensuite forcé à souffler d’un ton qu’il voulait garder sans tremblements, et aussi difficile que ça semblait être il y parvint, malgré quelques bégaiements de chagrin au fond de sa gorge. « C’est promis… » Avait-il répété en passant le bout de ses doigts contre le dos des mains de Sawyer, qu’il avait lentement retiré de son visage, comme pour indiquer que tout allait bien maintenant, mais ce n’était pas pour autant qu’ils s’étaient détachés l’un de l’autre, et pendant quelques courts instants, il avait gardé les mains du garçon entre les siennes du bout des doigts, comme pour prolonger cet enlacement qui n’en n’était plus un. « Si tu savais comme je regrette, s’était-il mis à marmonner, je sais pas ce qui m’est passé par la tête… Je me sentais mal, beaucoup trop mal, et j’ai craqué. J’aurai pas dû. Je sais qu’j’aurai pas dû. Continuait-il la voix de plus en plus tremblante, les yeux baissés sur les mains de Sawyer qu’il ne tenait presque plus, leurs doigts se frôlant les uns aux autres, sans rien d’autre, Mais je sais pas… J’pensais peut-être que c’était la seule solution. » Avait-il avoué dans un sanglot étouffé. Il redressa la tête et posa ses yeux sur Sawyer une nouvelle fois quand il vint à parler de l’erreur d’Alex.
Et même si ce n’était pas comme ça qu’il s’était toujours expliqué le départ du garçon, la version que lui apportait Sawyer à cet instant semblait avoir bien plus de sens et être bien moins culpabilisante. Et ce fut d’un simple hochement de tête qu’il répondit à tout cela. Il ne savait pas quoi dire de toute façon. Il ne savait pas quoi penser, à ses yeux Alex s’était suicidé parce qu’il en avait simplement eu marre de tout, de lui, de Sawyer ; d’eux. Et c’était stupide. C’était bien la plus idiote de toutes les raisons qu’il s’était persuadé de croire comme s’il s’agissait de la vérité. Peinant à garder ce contact visuel avec Sawyer, il eut un court instant de vagabondage, ses yeux et son visage remuant avec de larges intervalles de haut en bas. Comme s’il était gêné, comme s’il voulait dire quelque chose mais ne trouvait pas le courage d’en parler. Finalement, après une grande inspiration, il osa se détendre et souffler « Tu crois que c’est pour ça ? Alan avait incliné très légèrement la tête sur le côté, comme un enfant curieux qui ne comprenait pas ce que les grands lui disaient, je… Je me suis toujours imaginé pleins de raisons. Mais jamais ça… Et de tout ce que j’ai pu imaginer, ce que tu dis semble le plus possible… » Avait-il continué en fermant un instant les yeux, comme pour chasser quelque chose qui venait lui hanter la vue. Et sans rien dire, il avait pris les mains de Sawyer dans les siennes et avait difficilement ajouté dans un murmure « Il me manque tellement… » Pour finalement se laisser une nouvelle fois aller contre Sawyer et reprendre cette étreinte qui lui manquait déjà. Le contact de Sawyer contre lui était devenu comme la plus terrible de toutes les drogues, il ne pouvait plus s’en passer et chaque fois son corps réclamait un peu plus la chaleur du sien, sans que ce soit un besoin bestial et animal, c’était juste ce réconfort chaleureux qu’il implorait tant. Ses bras étaient passés par-dessus ceux de Sawyer et se rejoignaient presque autour de sa nuque, ses mains chaudes et tremblantes caressaient du bout des pouces le dos solide du jeune homme. Et pendant un instant, Alan cru s’y perdre. Mais il ne voulait pas imposer ses besoins à Sawyer, et il finit par le lâcher, reculant de quelques pas, cependant toujours très proche de lui. Hochant la tête quand le jeune Peterson partagea ses espérances, « Sans toi… Je crois que je m’en serai pas rendu compte. Merci… Avait-il soupiré d’un air bien rassuré, il s’était mis à sourire pleinement et avec beaucoup de confiance à Sawyer. Sans toi. Je crois que j’aurai pas pu. Être heureux, ou comprendre tout ça. »
Il y avait quelques mots qui restaient dans la gorge d’Alan et qui refusait d’être prononcé, et l’on s’en doutait bien, mais il ne voulait rien brusquer. Il ne voulait pas l’avouer, il était trop orgueilleux même dans ce moment si propice. Et ces mots, il avait déjà failli les souffler, il avait à plusieurs reprises failli les faire fondre sur le corps de Sawyer lorsqu’ils s’étaient retrouvés ce soir-là et plus tard, entre les nombreux appels manqués et les messages colériques, il avait failli à plusieurs fois les siffler de rage ou de besoin indécent, il avait à plusieurs reprises voulu le lui dire. Mais il n’avait jamais réussi à prendre son courage à deux mains et les lui lancer. Et peut-être était-ce les restes d’alcool, ou bien la situation qui était justement si propice à tout cela. Peut-être que finalement ces aveux et ce chagrin qui l’avait massacré une nouvelle fois l’avait rendu téméraire et inarrêtable. « Tu sais… Commença-t-il en prenant l’une des mains de Sawyer dans la sienne, silencieusement et les yeux posés dessus. Je-Je crois que j’dois t’avouer quelque chose. » Continuait-il avec difficulté, presque avec timidité. Il redressa la tête et posa un instant ses yeux sur le visage de Sawyer. « J’crois bien qu’je… Il se coupa la parole et baissa un instant les yeux, comme s’il essayait de fuir son propre aveu. C’est difficile à dire... » Et prenant peut-être la plus grande inspiration de courage de toute sa vie, il finit par réussir à le marmonner. « J’crois bien qu’j’suis amoureux d’toi. » Et il aurait pu s’arrêter là, mais non, il n’était pas comme ça, et à s’entendre, il se trouvait ridicule. Bien entendu, il fut incapable de ne pas le relever à voix haute puis-qu’après un soupir soulagé, comme s’il avait lâché le plus lourd de tous les poids, les sourcils haussés et faisant quelques pas vers l’arrière. « Putain, j’suis officiellement un personnage de sitcom. Ça craint ! Mais ça craint d’une foooorce. » Il se passa une main à l’arrière de la tête et n’osa plus retrouver le regard de Sawyer. Il n’aurait pas dû le lui dire ; il aurait dû garder tout cela pour lui et le regret commençait déjà à l’affubler de la plus grande des hontes et des embarras. Il se sentait mal.
electric bird.
Invité
Ven 16 Jan - 20:53
a touch’s detail.
alan & sawyer
Vous n’aviez jamais su pourquoi Alex avait décidé de vous abandonner, d’abandonner la vie. Toi comme Alan aviez dû faire votre deuil, difficilement, avec toutes ces questions sans réponse, tous ces blancs à combler sans jamais pouvoir le faire. Aujourd’hui encore, son décès restait une grosse cicatrice douloureuse à l’intérieur de vous. Elle guérissait lentement, laborieusement. Tu n’avais jamais trouvé de raisons valables à son suicide. Tu avais plutôt préféré t’enfermer dans ta douleur et ta rage plutôt que d’avancer et lui pardonner. Te pardonner aussi. Ça n’avait fait qu’agrandir le trou dans ta poitrine, agrandir la douleur. Mais qu’importe. Le détester était toujours mieux que l’oublier. En le haïssant, en gardant cette colère au fond de toi c’était comme si tu le gardais un peu avec toi. Comme si Alex était toujours là. Mais ton meilleur ami a disparu et il te faut tourner la page. Il te faut avancer une bonne fois pour toutes, laisser ce passé douloureux derrière toi et te débarrasser de la souffrance et des souvenirs trop pesants. Alex doit devenir une image douce et chaude et non pas rester ce film glacial et étouffant. Tu sais que tu dois faire cet effort-là, trouver le courage de lui dire au revoir. Même si tu n’as jamais eu d’explications – et tu n’en auras probablement jamais. Alex avait juste décidé d’abandonner. Il avait juste baissé les bras, et c’était tout. Et tu n’avais pas eu conscience de tout ça jusqu’à ce que les mots traversent tes lèvres. C’était peut-être ça, votre raison. C’était peut-être ça, votre explication. Alex avait abandonné. Sans prendre le temps de réfléchir, sans prendre le temps d’envisager d’autres solutions. Trop rapidement, son courage s’était évanoui et il n’y avait plus rien eu sinon le vide et l’absence. Toi ou Alan n’auriez rien pu y faire s’il avait laissé tomber tout espoir de retrouver son chemin. Il s’était perdu, s’était trouvé un petit coin où se reposer et il n’était plus jamais reparti. Il s’était juste endormi, sans jamais se réveiller. « C’est tout ce que j’ai trouvé pour pouvoir expliquer sa disparition sans que ce soit trop douloureux à supporter, tu avoues dans un souffle léger, un petit sourire contrit sur les lèvres. Ça m’aide à me rappeler que la mort n’est pas toujours la solution. Juste la plus facile. » Même si c’est parfois dur de garder l’espoir d’une autre porte de sortie. Même si la tentation a parfois été très grande. C’était comme un besoin irrépressible à l’intérieur de toi, une envie si forte que plus rien n’existait sinon cette petite voix qui sifflait dans tes oreilles. Entêtante, obsédante, il n’y avait plus que cette pesée à ton esprit trop embrumé. Aujourd’hui encore, ta vie est un peu comme des montagnes russes et tu descends parfois si bas que tu as peur de ne plus jamais avoir la force nécessaire pour remonter. Et puis, il y avait l’image de ce brun, Alan, qui se déposait sur ta rétine comme un baume qui apaiserait tes plaies. Et l’horizon arrivait à s’éclaircir un peu, juste un peu. Juste assez pour rallumer la flamme de l’espoir à l’intérieur de ta cage thoracique. C’était tout ce qu’il te fallait – un peu d’Alan près de toi. Les mains du brun s’accrochent aux tiennes et tu frissonnes. Ce contact crée un nœud à ton estomac, une sensation que tu aimerais oublier mais qui est bien trop puissante pour toi. Et alors que tu te noies dans la mer agitée des grands yeux de ton camarade, tu n’as plus la force de la repousser. « Il me manque aussi, tu murmures avant de refermer maladroitement tes bras autour de son corps qui se presse contre toi. » Cette étreinte a le goût de l’impuissance et de l’interdit. La saveur du trouble et des souvenirs. Elle a le parfum d’Alex comme s’il était là, planant au-dessus de vous. Tu sais que son ombre restera toujours entre Alan et toi, sa mort a laissé son empreinte en vous et vous ne pourrez jamais rien contre ça. Quelque part, il est aussi une protection derrière laquelle tu peux te cacher parce qu’il y a soudainement ces sentiments trop forts et nouveaux qui fleurissent à l’intérieur de ta poitrine. Des sentiments qui n’ont pas leur place ici, des sentiments qui t’effraient. Des sentiments que tu redoutes. Et pourtant, là avec sa chaleur qui te brûle, avec son parfum qui t’enivre et te rend ivre, tu as la sensation d’être à ta place. D’avoir trouvé l’endroit où tu pourrais être heureux. L’endroit où tu serais toi, sans jamais avoir peur ou honte de ce que tu ressens au fond de toi. Cette pensée est alléchante et tu aimerais te laisser aller à cette sensation de douceur que le brun incarne à tes yeux mais tu te sais encore trop lâche. Trop fragile. Et ce serait aussi profiter de l’état de vulnérabilité d’Alan. Il y a encore trop de souffrance entre vous, trop de non-dits et de silences. Trop de remords et de rancune. Il y a trop de ton père en toi, comme ton sang coulant dans tes veines. Alors tu ne t’attends pas vraiment à tout ça. Tu ne t’attends pas à cette déclaration, tu ne t’attends pas à ces mots-là. Les paroles fusent, elles te vrillent le cœur et explosent dans tes oreilles. Tu deviens sourd. Ton cœur s’arrête. Ton corps se fige. C’est comme si la Terre venait d’imploser et qu’il ne restait plus rien – plus rien que l’océan de ses yeux et ce refrain qui se répète à l’intérieur de ta tête. ‘J’crois bien qu’j’suis amoureux de toi’ et tu t’es noyé. Ce n’est qu’une phrase, une simple phrase mais elle a l’effet d’une bombe sur toi. Complètement figé, tu ne sais même pas si tu continues de respirer. Tu es juste là, assommé par cet aveu auquel tu ne t’attendais pas. Auquel tu ne voulais pas t’attendre, en réalité. Parce qu’il amène des battements bien trop irréguliers contre tes côtes, parce qu’il te noue le ventre bien trop délicieusement. Parce qu’il y a tous ces frissons qui te parcourent la peau comme autant de caresses légères, aussi légères que des plumes d’oiseaux. Non, il n’a pas le droit. Il n’a pas le droit de tomber amoureux de toi, d’éprouver ce genre de sentiments à ton égard. C’est interdit. Ce n’est pas ce que tu voulais. C’est ce que tu voulais ? Non. Oui. Peut-être. Sûrement pas. Tu es perdu. Tu es effrayé. Ta tête tourne et tu as juste envie de t’enfuir en courant sans même regarder en arrière mais tes jambes refusent de bouger. Elles te laissent planté là, devant Alan. Sans rien dire. Tu as l’air d’un idiot, tu es idiot. Tu as envie de vomir. Tu t’attendais à quoi ? Avec tout ce petit jeu entre vous, ce jeu dangereux. Ces étincelles dans ton estomac, ce feu dans tes reins. Cette flamme dans ta poitrine. Tu l’as sentie, cette intimité qui s’instaurait lentement mais sûrement entre toi et Alan. Oui, tu l’as sentie. Et tu n’as rien fait pour la stopper. « Alan, je… hésites-tu après un silence qui t’a semblé durer une éternité. » Tu te racles la gorge, frottes ta nuque tout en déviant ton regard. Qu’est-ce que tu es censé lui dire maintenant que le mal est fait ? Devrais-tu lui dire que tu es désolé, que tu ne l’aimes pas de la même façon que lui ? Que c’était sympa, vous deux, mais il est préférable que ça s’arrête là ? Tu ne sais pas quoi lui dire. Parce que tu ne sais pas, toi-même, ce que tu ressens à ce propos. Ce que tu ressens réellement pour lui. Tu n’es même pas sûr qu’il t’aime véritablement. Est-il seulement certain de ses sentiments ? Pendant une seconde, tu penses à Alex et c’est comme un poids qui te tombe sur le corps. Lourd. « Tu ne sais pas ce que tu dis, lâches-tu finalement d’un ton un peu bourru, embêté. Tout ça, c’est sous le coup de l’émotion. C’est… » Tout ça, c’est à cause d’Alex. C’est lui qu’il voit à travers toi, c’est son souvenir qu’il aime en toi. Pas toi, Sawyer. Lui et toi, ça ne peut pas fonctionner. Ça ne peut pas marcher. Il y a un trop lourd passé entre vous et bien trop de douleur dans vos veines. Alan ne t’aime pas, tu en es persuadé. Tu voudrais t’en persuader. Tu voudrais te persuader qu’il aime ce que tu lui rappelles de cet ancien amour qui lui a été trop vite arraché. Ce serait plus simple ainsi. Ce serait plus facile de tourner les talons et de tout oublier. Pourtant les mots restent comme ancrés sur ton âme, marqués au fer rouge. « C’est… ça ne peut pas marcher. C’est trop compliqué. Toi et moi, on irait droit dans le mur. Je ne suis pas fait pour ce genre de relation et tu connais assez mon histoire personnelle pour comprendre que je ne peux pas être avec toi. » C’est ce qui te facilite la tâche – Alan sait presque tout de toi. Il connaît ton passé et tes démons, il les comprend. Tu n’as pas à trouver d’excuses bidons, tu n’as pas à inventer des mensonges. Tu peux être honnête – même si la vérité sera sûrement plus douloureuse qu’un mensonge que de lui laisser une lueur d’espoir au fond de la poitrine. Mais à quoi bon lui laisser cette étincelle ? Tu n’es pas capable de l’assumer, de t’assumer. « Et puis, je crois qu’au fond tu n’es pas vraiment amoureux de moi, lances-tu dans une petite moue. Ce que tu aimes en moi, c’est que je te rappelle Alex, je te relie à lui malgré son décès. Sauf que ça ne t’aidera pas d’être avec moi. Tu dois tourner la page, tu dois le laisser derrière toi, tu dois le laisser reposer en paix. Tu ne peux pas vivre plus longtemps avec son fantôme au-dessus de toi. Tu dois reprendre le cours de ta vie, continuer d’avancer. » Toi comme lui ne pouvez plus vivre dans le passé. Vous avez bien trop souffert de cette blessure et une telle relation ne vous aiderait pas à la faire cicatriser pour de bon. Bien au contraire, un possible amour entre vous ne ferait qu’agrandir le trou déjà béant et trop profond. Amour – quel drôle de mot. Si simple et pourtant si lourd de conséquences. Si petit et pourtant si dévastateur. « Crois-moi, c’est mieux comme ça. »
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
Sam 17 Jan - 21:58
A Touch's Detail. sawyer & alan
La culpabilité était la plus horrible des choses, avec la honte ; qu’on aurait pu ressentir après telle déclaration, et cela, Alan n’aurait pas espérait s’y frotter. Jamais dans toute sa vie. Et pourtant, il venait d’en être la victime. C’était peut-être même la première fois qu’il en était la pauvre victime. Avec Alex tout était allé très naturellement et ils n’avaient même pas eu besoin, finalement, de s’avouer leurs amours respectifs puisque c’était une évidence et que rien ne pouvait faire comprendre le contraire, tout était venu lentement, mais ils étaient heureux. Avec Sawyer, la vie était plus compliquée, plus grave, plus lourde lente et fracassante. Il y avait l’éternelle Damoclès au-dessus d’eux ; cet augure oublié et passé qu’ils devaient être les seuls à ne pas pouvoir oublier. Beaucoup devaient avoir tourné la page, ceux qui le connaissait comme eux, mais l’un comme l’autre ces deux garçons étaient différents, et avaient entretenus des liens beaucoup plus solides, beaucoup plus entrelacés autour d’Alex, ils étaient presque dépendant l’un comme l’autre à ce garçon, même après son horrible suicide. Et Alan sûrement encore plus, il n’avait pas juste perdu un ami très proche, ce jour-là. C’était pire que tout. Il avait perdu l’amour. Son premier amour. Le véritable et immuable, celui dont on est supposés se souvenir jusqu’à la fin. Celui qu’on n’oubliera jamais et qu’on ne peut pas, pas plus qu’on veut, oublier. Mais tout s’était arrêté dans la violence et le traumatisme. Ça n’aurait pas dû se passer comme ça, pourtant ça avait bien eu lieu et la scène se reproduisait presque à chaque cauchemar devant les yeux d’Alan. Il se revoyait courir vers le corps sans vie et déformé par les larmes et le sang d’Alex. D’un geste, tout avait été effacé et il n’en restait plus rien qu’un souvenir désagréable tant il irradiait de bons moments. La violence et la rapidité avec laquelle tout ça avait disparu s’était ancrée dans l’esprit fragile du garçon comme un terrible message. C’était de sa faute. Il ne méritait pas de vivre un amour plus long. Il ne méritait pas d’être aimé, ou d’aimer. Tout se terminerait comme ça, dans le chagrin et la violence. Et même s’il cherchait à se convaincre que ça ne pouvait pas être vrai, il avait fini par y croire. Si bien qu’il n’avait jamais plus tenté quoique ce soit avec qui que ce soit d’autre. Alex avait été le premier et il allait bien finir par être le dernier aussi. Et depuis, il n’avait plus aimé. Il avait, certes, échangé des plaisirs, mais jamais pour que ce ne soit sérieux. Il ne voulait pas se retrouver au chevet d’un autre cadavre.
Et peut-être que ça n’aurait pas changé si Sawyer n’était pas intervenu en refaisant surface comme le plus terrible de tous les esprits. Et au fil du temps, il était devenu plus qu’un terrible secret ou un fantôme haineux ; non, il avait grandi dans l’estime et le cœur d’Alan. Remplaçant presque Alex dans sa tendresse et ses attentions. Mais ça n’était pas pareil. Il était là, mais n’avait pas encore trouvé une véritable position dans les pensées d’Alan, qui ne voyait encore là en lui que le rappel de leurs échanges animaux, il avait été un jeu. Peut-être un jouet même. Mais pourtant, il avait aussi été un instrument, c’était en partie grâce à lui qu’Alan avait fait la rencontre d’Alex. Et après ce terrible évènement, justement, il s’était convaincu que c’était à cause de Sawyer que tout avait eu lieu. Que la mort de ce pauvre garçon reposait sur les épaules de Sawyer et de personne d’autre ; parce qu’il aurait dû être là pour l’en empêcher. Il était son meilleur ami après tout, c’était à lui de faire tout ça, c’était lui qui aurait être dû le pilier du jeune homme et personne d’autre. Mais au plus profond de lui, ses entrailles lui criaient qu’il était supposé être là lui aussi, il aurait dû être là. C’était autant sa faute, peut-être même plus que Sawyer. Et cette simple remarque, au bout de quelques semaines et puis de quelques mois commença à devenir de plus en plus imposante. Grandissant comme la plus terrible des infections en lui, le convaincant qu’il était responsable. Au final, tout le reste avait été oublié, et en à peine un an, il s’était persuadé que tout était de sa faute. Mais personne n’était jamais venu l’aider à s’en sortir, personne n’était venu le convaincre du contraire ; personne n’avait été là pour lui assurer qu’il n’était en aucun cas le responsable de tout ça. De plus en plus grandissant, ce sentiment ne s’était jamais vraiment estompé, et il avait toujours été là, dans les méandres de son esprit, enfermé dans la plus profonde des cavernes. Parfois, cette impression refaisait surface, et le seul moyen qu’il trouvait pour faire taire la voix de sa conscience – du moins ce qu’il pensait être sa conscience – était de pleurer à s’en assécher les yeux, hurler parfois à s’en vider les poumons et c’était souvent suffisant. Mais à force, ça ne l’était plus. Et l’alcool comme le tabac vinrent le rencontrer. Et c’est là que tout commença à s’apaiser. C’est de là qu’il décida de changer. De ne plus être ce petit garçon et de devenir cette enflure. La plus grande de toutes les mascarades. Et ironiquement, Sawyer n’y fit jamais face.
À chaque fois, il avait été lui-même en face de lui. Toujours et en tout temps, à aucun moment il ne s’était montré comme le mauvais personnage qu’il était devenu, et peut-être avait-ce été sans qu’il s’en rende compte. Mais au fond, il était vraiment heureux de le revoir. Même s’il s’était, au début, abrité derrière quelques faux-semblants, prétendant la surprise et ne disant jamais qu’il avait tant espéré le revoir après la disparition d’Alex. Tout cela est resté, comme l’un de ses plus grands secrets, de la même façon que ses traumas et ses peines enfermé au plus profond de son être. Il avait tout enfermé en lui, sans jamais rien partager. Sans jamais rien avouer ; sans jamais parler aux autres de tout ça. Et au final, sans jamais chercher à ce qu’on l’aide. Cette aide, de toute façon, il ne l’aurait jamais acceptée, même si elle s’était présentée d’elle-même aux moments où il en avait eu le plus besoin. Parce qu’il était trop orgueilleux, en fin de compte, pour admettre ouvertement qu’il était faible. Qu’il était mal. Alors, il n’avait jamais rien partagé à personne. Sauf à Sawyer, les quelques derniers jours et dernières secondes durant lesquelles ils avaient eu l’occasion de se rencontrer. Cette fois, il avait été intelligent, Alan avait écouté la voix de la raison – bien que celle-ci soit muette et ne lui parle plus depuis bien des années – et avait avoué que la présence d’Alex lui manquait, qu’il avait tant besoin de le revoir ; et qu’il n’avait toujours pas compris pourquoi il s’était suicidé. Les explications de Sawyer, qui avaient plus l’air de théories étaient intelligentes, elles ne culpabilisaient personne et semblaient même avoir beaucoup plus de sens. Et finalement, Alan avait fini par oublier ses propres versions et s’était très lentement mis à croire à celles-là, celles que Sawyer venait de lui admettre pour essayer de le calmer dans son torrent de larmes. Et ça avait marché. Quelques instants peut-être, si peu de temps qu’on n’aurait pu en compter la durée en secondes sur les doigts d’une main, mais ça avait marché. Et quand il avoua qu’il lui manquait, Sawyer répondit de même, et Alan en fut très rassuré. Si bien qu’il fut pris d’un élan de courage pour lui avouer ses nouveaux sentiments qu’il ressentait désormais pour lui. Mais à peine l’avait-il fait qu’il le regrettait. Non, ça ne pouvait pas bien se passer, si Alex en était mort, Sawyer mourrait à son tour. Et il ne voulait pas qu’il meure. Pas lui ; pas un autre dont il aurait encore dû faire l’impossible deuil. Il ne voulait pas ça, et essentiellement, c’est pour cela qu’il avait regretté l’aveu de ces brûlants sentiments à peine naissant. Il n’était même pas sûr de ce qu’il ressentait, ils avaient échangés des tas de choses, mais l’amour, ça n’en avait pas vraiment fait partie.
Et pourtant, ces rares moments d’intimité qu’ils avaient partagés, cette tendresse très rare entre les colères et les énervements, toutes ces choses qui s’étaient accumulés ces quelques dernières semaines avaient fait naître de nouvelles sensations ; amères et sans doute mal-placée. C’était encore trop compliqué ; ça survenait trop vite, sans raison sous le coup de l’émotion. Sawyer insistait, ça ne pouvait pas marcher. Ensembles ils iraient droit dans le mur. Et ça ne pouvait pas bien se finir. Il avait du mal, beaucoup de mal, à le lui dire et même s’il ne voulait pas le croire, même s’il y croyait par la même occasion, Alan l’écoutait et comprenait. Sawyer n’était pas fait pour ce genre de relation, il se justifiait en mentionnant son histoire personnelle et même s’il avait raison sous un certain angle, Alan ne comprenait pas cette excuse, il aurait voulu trouver un contre-argument, mais il n’y arrivait pas, ses sourcils s’étaient alors simplement froncés. Et même s’il n’y avait aucun mal derrière tout ça, pas la moindre mauvaise intention dans tout cela, Alan n’était pas calme. Ce refus n’avait rien d’innocent à ses yeux, il entendait Sawyer lui apporter des explications tout à fait vraisemblables et justifiées, mais il ne l’écoutait pas. Comme un bruit de fond, les paroles de Sawyer se plantaient en lui et résonnaient sans vraiment avoir de sens. Tout ce qu’il entendait, c’était un non recouvert de haine et de violence, un refus si puissant de monstruosité dissimulée que ce n’était plus Sawyer qu’il voyait en face de lui, mais le père raciste, homophobe et recouvert de tares et d’horreurs de celui-ci. Cette haine qui avait brûlé tant de fois dans les entrailles de Sawyer, ces restes d’une éducation horrible, tout cela avait pris forme sous les yeux d’Alan. Il percevait ce rejet de cette façon et pas d’une autre ; et il avait malheureusement tort, mais ne s’en doutait pas. Non, il avait tort mais son égo blessé par un si simple non venait de fermer ses portes, et tout était mauvais, tout était sombre et noir de ténèbres. Alan était dans le vrai, Sawyer était devenu son père, un monstre. Il était stupide, quand il était blessé, et il le savait. Mais comme à chaque fois, il ne le remarquait pas et se laissait guider par son orgueil endommagé. « Ouais. » Avait-il soufflé simplement, sans rien dire d’autre, faisant un pas en arrière. Comme pour agrandir la distance entre eux, ne voulant pas le regarder plus longtemps. Il avait honte de son aveu, et avait honte d’être aussi fragile. Il ne se contrôlait plus vraiment et ne respirait plus qu’au travers de son orgueil handicapé par la blessure de ce si simple refus. Il n’aurait pas dû aussi mal se sentir, il n’aurait pas dû croire que Sawyer le détestait alors qu’il n’avait que simplement avoué qu’il ne pouvait pas lui rendre la pareille. C’était impossible, pas maintenant, pas aujourd’hui.
Pas pour l’instant.
Il s’était convaincu que ça ne serait que temporaire, tout seul, mentalement. Mais s’était laissé envahir par la colère et l’embarras tandis que Sawyer lui lançait la supposition, au travers d’une grimace, avant de continuer qu’il n’avait dit l’aimer que pour se souvenir d’Alex, que pour pallier au manque de celui-ci. Et même si c’était en partie vrai, il y avait bien de forts sentiments qu’Alan éprouvait pour Sawyer, mais il refusait d’admettre qu’ils étaient encore trop brouillons pour être clairs et plutôt que de hocher la tête à sa remarque il se contenta de poser un regard blasé et aux sourcils tordus de déception et d’une colère naissante. « Ouais… Okay. » Avait-il soufflé, presque fumant de rage endormie par de l’indifférence. Indifférence qu’il mimait pour ne pas se mettre à hurler de rage ou à pleurer une nouvelle fois. Non, il n’allait pas bien. Et ce rejet avait réduit toute la progression de leur relation à néant, comme s’ils étaient de retour au second point de départ, celui de l’université. Il avait perdu dans son regard toute cette tendresse qui était née entre eux, et Alan ne voulait plus la retrouver ; il observait Sawyer presque avec de l’infini dégoût, presque comme s’il n’éprouvait déjà plus rien. « T’as raison. » Continuait-il en grimaçant et détournant le regard de lui, pour ne plus rien avoir à faire avec lui. Il ne croyait pas ses propres mots, aussi peu nombreux étaient-ils mais il les prononçait tout de même, ne voulant même pas se battre pour prouver le contraire à Sawyer, pour ne rien envenimer déjà plus que ça l’était. Et c’était sans doute une meilleure chose qu’il ne cherche pas à tout rendre pire, ça n’aurait pas été une bonne idée, pas plus que ça aurait pu l’aider à rendre cet amour réciproque. Il ne savait même plus, de toute façon, s’il voulait que ça le soit. En si peu de temps, en très peu de mots, sans jamais rien de mal venant de lui, Sawyer était devenu un salopard aux yeux d’Alan ; le pauvre garçon allait si mal qu’un rien qui n’allait pas dans son sens était diabolisé au plus vite. Il était incroyablement idiot, quand il était frustré et qu’il avait l’égo blessé. Et à cet instant, il était idiot. « C’est mieux. Si tu l’dis. commençait-il à marmonner, les yeux ailleurs, vers le comptoir où il n’apercevait pas Charlie, qui devait être parti, sans doute. Et puis, il avait soupiré en reposant son regard sur lui, blasé et tout d’un coup de mauvais poil, il avait grogné, Et puis fais c’que tu veux, j’m’en fous. » Avant de s’éloigner de lui. « Faut qu’je retrouve Charlie. À cause de toi. » S’était-il contenté de terminer en tournant les talons, colérique.
electric bird.
Invité
Sam 24 Jan - 15:42
a touch’s detail.
alan & sawyer
Son aveu était tombé comme une pierre sur ta poitrine. Lourde. Elle t’empêche de respirer, elle t’étouffe. Tu sens comme une main qui s’enroule autour de ta gorge et qui la serre à te briser les os de la nuque. Tu n’aimes pas la sensation que ses mots laissent au fond de ton estomac. Ou peut-être l’apprécies-tu un peu trop, tu ne sais pas. Tu n’as pas envie de savoir. Tu voudrais juste arrêter le temps, revenir en arrière. Tu voudrais juste l’empêcher de te dire ces mots-là, tu voudrais éviter cette situation qui te met au supplice. Il n’aurait pas dû. Il n’aurait pas dû tomber amoureux de toi. À quoi ça rime exactement ? À rien. Absolument à rien, parce que vous ne pouvez pas être ensemble. Tu ne peux pas être avec lui, il ne peut pas sortir avec toi. Vous êtes incompatibles – tu aimerais t’en convaincre, en tous les cas. Et tu aimerais pouvoir dire que tu ne ressens rien, que ça ne te fait rien. Mais la vérité est que tu trembles de tous tes membres. La vérité est que tu as ce nœud au creux du ventre et ces palpitations dans la poitrine. La vérité, c’est que cet aveu te chamboule plus que tu ne le voudrais. Plus que tu ne l’espérais. Et tout se mélange dans ta tête, tout devient confus. Tu ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Tu te vois tourner les talons et fuir, ne plus jamais croiser son chemin. Parce que tu as peur. Tu es effrayé par ses sentiments ; tu as peur de ce que, toi-même, tu ressens. Tout ton être est comme glacé d’effroi. La peur te paralyse. Et il y a toutes ces voix qui se mettent à hurler dans ta tête, qui te disent que ce n’est pas bien, que c’est mal. Qui te répètent que ce n’est pas normal. Mais, tu sais que ce n’est pas normal ! Mais tu n’as rien demandé. Tu n’as pas demandé ça. Tu n’as pas demandé à retrouver ce fantôme de ton passé, à retrouver cet être qui te rappelle tout ce que tu détestes en toi. Une bouffée de violence et de haine gonfle à l’intérieur de toi. Tu sens les cicatrices sur tes mains qui brûlent. Elle te brûlent et te démangent comme si le contact de l’écorce de l’arbre contre lequel tu t’étais acharné te manquait soudainement. Tu serres les poings. Tu les serres si fort que les jointures deviennent blanches, si fort que tes os craquent sinistrement. Et Alan ne comprend pas. Comment pourrait-il comprendre ce que tu vis, ce que tu ressens ? Il ne peut pas. Il ne peut pas saisir toute l’ampleur de cette folie qui te ronge. Toute l’importance de ton éducation qui est comme un poison. Tu ne lui en veux pas, tu ne peux pas lui en vouloir. Tu n’y arrives même pas. Tu es juste un peu déçu. Déçu de ce regard blessé, déçu de toi-même aussi. Tu aurais voulu pouvoir ramener cette étincelle dans son regard, tu aurais voulu revivre cette intimité chaude et rassurante de ce soir-là. Tu ne pensais plus à rien, entouré de sa chaleur qui te brûlait la peau de la façon la plus délicieuse qui soit. Mais aujourd’hui, tout s’est évanoui. Il ne reste plus rien que des souvenirs qui te hantent et le goût de sa bouche sur la tienne comme un acide. Parce que tu as tout simplement tout foutu en l’air. Lentement, tu as vu le visage du brun devenir plus pâle, ses traits se sont affaissés. Ses pupilles se sont rétrécies et il y a comme un voile qui s’est déposé sur l’océan de ses yeux. Avalant ta salive avec difficulté, tu as essayé de le repousser en douceur. Avec doigté. Mais les mots sont trop durs, ils l’écorchent vif. Tu n’y peux rien, c’est juste une réalité. Tu ne peux pas être avec lui. Et même si tu te détestes de le blesser ainsi, tu ne voulais pas lui mentir. Il méritait que tu sois franc avec lui, que tu ne le laisses pas espérer quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais. « Alan, je… souffles-tu, la vois étranglée. » Mais les mots restent coincés dans ta gorge trop serrée. Ils sont là, se pressant contre tes lèvres mais rien ne sort. Juste un soupir lorsque tu vois son regard se détourner. Il ne veut même plus te regarder. Cette pensée te fait l’effet d’une main broyant ta poitrine mais tu tentes de ne rien montrer. C’est pour le mieux, c’est ce que tu ne cesses de te répéter. Mieux pour toi, certainement. Car tu peux voir combien votre semblant de relation était quelque chose d’important pour lui. Alan comptait sur toi, il s’était attaché à toi. Tu préfères te dire qu’il ne veut que le souvenir d’Alex à travers votre union. C’est plus simple. Tu préfères croire que ce n’est que le souvenir d’Alex qui le guide vers toi, qui fait naître ces sentiment en lui. Et peut-être aussi en toi. C’est plus facile d’accepter ton attirance pour lui de cette façon, ça te donne une bonne raison de te détourner d’Alan. De te forcer à l’oublier. Même si ça n’est pas la vérité, peu t’importe – tu veux juste pouvoir te débarrasser de tout ça pendant qu’il en est encore temps. Pendant que tu n’es pas encore définitivement perdu. « Essaye de comprendre, s’il te plaît, tu lâches doucement, mordant ta lèvre inférieure comme un tic de nervosité. » Perdu dans cette relation infernale, perdu dans tes sentiments. Perdu dans ses grands yeux couleur d’océan. Mais le mal est fait. Le brun se détourne de toi, son regard te fuie. Il instaure à nouveau cette distance entre vos deux corps, vos deux âmes – cette même distance qui s’était difficilement effacée l’espace d’une nuit. Tu te frottes la nuque, l’air embarrassé. Tout ça ne semble plus faire sens et tu détestes rester planté là, sans savoir quoi faire de ta peau. « Tu sais qui je suis, ce que j’ai vécu, tu enchaînes. Toi, plus que quiconque, tu sais les raisons de tout ça. Ne m’en veux pas. C’est juste… c’est juste encore trop difficile pour moi. » Tu aimerais pourtant le contenter, mais comment vouloir le rendre heureux si tu te dégoûtes toi-même de te laisser aller à ce genre de sentiments déviants ? Tu ne pourrais pas vivre avec cette honte te collant à la peau chaque jour, chaque seconde. Tu ne le supporterais pas. Tu ne pourrais plus regarder le reflet dans ton miroir sans éprouver l’envie féroce de cogner dedans, l’envie pressante de vomir tes tripes. Ton âme est comme empoisonnée, elle est noircie d’une éducation dont tu n’as pas totalement réussi à te détacher. Peut-être un jour, peut-être jamais. Alors qui es-tu pour le laisser espérer ? Tu l’apprécies bien trop pour lui infliger cette douleur. Alan a déjà bien assez souffert. Alan ne mérite pas tout ça. Alan mérite bien mieux que toi. Et tu le sais, tu en es convincu mais tu exècres la seule pensée qu’il puisse trouver le bonheur dans d’autres bras. Puis, il s’éloigne. Il dit qu’il doit retrouver Charlie. Ton sang ne fait qu’un tour et tes oreilles bourdonnent. C’est trop puissant. Tu serres les dents à t’en faire mal aux mâchoires. En quelques enjambées, tu l’as rattrapé et tu emprisonnes son bras d’une poigne de fer, inconscient de la force que tu mets dans tes doigts. « Tu te fous de moi, là ? tu éructes, en colère. Tout ce que tu trouves à dire c’est que tu vas retrouver ton Charlie ? C’est tout ce à quoi tu penses, Charlie ? » Tu n’arrives pas à y croire. Cette vérité est si désagréable que tu as comme un goût d’amertume qui se dépose sur tes lèvres. Alors Charlie est plus important que toi, que vous. Tu plisses les yeux, tes lèvres pincées en une fine ligne blanche. Tu restes accroché à son regard, partagé entre fureur et envie. La fureur de le voir se défiler pour rejoindre un potentiel amant, la fureur d’entendre à nouveau ce prénom honni ; l’envie de lui montrer que tu tiens quand même à lui malgré tout, l’envie de le coincer entre le mur et ton corps pour retrouver la saveur de fruits sauvages de ses lèvres. Tu le détestes autant que tu l’apprécies en cet instant. C’est un véritable déchirement à l’intérieur de toi, violent. « Il faudrait sérieusement penser à arrêter de te comporter comme un petit con égoïste, Alan, grognes-tu avec humeur. Si tu prenais la peine de réfléchir cinq minutes à autre chose qu’à ton vilain ego blessé, tu pourrais sûrement comprendre que je ne cherchais pas à te faire du mal. Je me montrais seulement honnête avec toi. » Mais ça ne lui a apparemment pas effleuré l’esprit, trop buté. « Alors quoi, tu aurais préféré que je te mente, que je te remplisse d’espoirs que je ne serais pas en mesure de réaliser ? C’est ça que tu veux, du mensonge ? tu continues, sourcils froncés et ton rageur. Eh bien désolé, ce sera sans moi. J’ai peut-être tous les défauts de la Terre, mais je ne mens pas. Pas aux gens qui comptent pour moi. » C’est une déclaration à peine voilée, une façon de lui rappeler que ton attachement pour lui est sincère même s’il n’en reste pas moins nébuleux, impossible. Bien sûr qu’Alan compte pour toi et tu n’imagines plus vraiment ton quotidien sans sa présence, sans son aura tout autour de toi. C’est quelque chose d’aussi néfaste que ça te fait du bien et tu ne sais pas où tout ça vous mènera. Mais une chose est certaine à ton esprit – tu as besoin de lui, tu as envie de lui. « Franchement, tu me déçois, tu finis par cracher, lâchant son bras et te reculant. Ce n’est pas le Alan dont Alex me parlait. Tu n’es pas le Alan dont il était amoureux. Et tu n’es certainement pas le Alan qui m’a redonné le courage d’avancer et l’envie de vivre. » Une grimace dégoûtée déforme les traits ordinairement harmonieux de ton visage empreint par la colère. C’est juste insupportable de voir combien tu t’es trompé à son propos. Tu te rends compte combien tu espérais de lui, combien tu attendais beaucoup aussi. Mais tout s’envole alors en fumée alors que tu restes là à le fixer comme s’il n’était qu’un vulgaire étranger. Tu ne le reconnais pas. Tu ne le reconnais plus. Où était passé le Alan qui se serrait contre toi, qui partageait ses souvenirs passés avec toi, qui prenait le temps de comprendre le petite être effrayé qui réside en toi ? Disparu. Il est parti. Et tu n’as pas eu la chance de lui dire au revoir. « Allez casse-toi. Va rejoindre ton Charlie puisque c’était si important que ça pour toi. » C’est fini.
Emploi : Used student, kicked out and battered. Now full-time depressed and broken. Heroinomaniac trying to recover. love out loud : This fire in my heart, since we were apart.
L’horrible pression de sa colère contre le bras fragile d’Alan le fit s’immobiliser sur place, sans pouvoir rien dire, il avait étouffé un souffle de douleur, il n’était plus en mesure de se montrer sous son véritable aspect en face de lui, et le rejet était ce qui l’avait convaincu que Sawyer n’était pas si différent des autres ; il ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. C’était parti aussi vite que c’était venu. La tête tournée dans sa direction, sans pour autant oser lui ordonner de le lâcher et de le laisser partir, ils partageaient cette moue de colère l’un comme l’autre, mais Sawyer était plus fort que lui, Alan ne faisait pas le poids. Colère et tremblements se partageaient quelques instants dans ce silence rapide, qui fut presque aussitôt interrompu par l’absence de réponse d’Alan, quand Sawyer vint s’offusquer qu’il veuille retrouver Charlie aussi vite. Il avait presque failli hocher la tête et acquiescer silencieusement et odieusement quand le jeune homme lui avait demandé s’il ne pensait qu’à lui, à son meilleur ami, mais il avait eu l’éclair de génie de s’en abstenir. Mais l’allusion – qui était en réalité tout à fait vraie — à l’égo blessé d’Alan le fit sortir de ses gonds. Blanchissant de fureur, il s’était relâché de la prise de Sawyer en serrant la mâchoire avant de froncer les sourcils si forts qu’on ne le reconnaissait plus. « Moi, égoïste ? C’est moi l’égoïste ? Écoutes-moi bien, Sawyer, mon égo est bien la dernière chose qui puisse avoir de l’importance à mes yeux. » Avait-il commencé, alors que la fureur fulminait de plus en plus entre ses dents serrés et son visage livide d’une colère terrifiante, il n’était plus rougi d’embarras ou d’envie, il était plus blanc qu’un cadavre, d’une rage maladive. « Écoutes-moi bien, Monsieur Peterson. T’as peut-être perdu ton meilleur ami, ce jour-là ; mais j’ai perdu beaucoup plus que toi. J’ai perdu ce que tu ne serais même pas capable d’imaginer dans ton petit crâne pathétique et minuscule. C’est pas juste un p’tit ami ou un plan cul, comme t’as souvent l’impression de le penser apparemment, que j’ai perdu ce jour-là. C’était mon premier petit-ami. Le seul. Le dernier. C’était, aussi naïf que tu puisses trouver ça, l’homme de ma putain de vie que j’ai vu se suicider. Que j’ai vu s’écraser par terre sans que personne n’ai eu l’air d’en avoir quelque chose à foutre. C’est moi qui me suis jeté sur lui, pour essayer de le ramener, c’est moi qui avais les mains couvertes de sang et de larmes contre lui alors que c’était déjà trop tard. Alex était le premier et le seul garçon que j’ai aimé de toute cette misérable putain de vie. »
Il ne respirait presque plus, tant il hurlait contre Sawyer. Alan avait le visage blanc et immobile, sans les moindres tremblements, sans la moindre once de tristesse apparente, il ne tremblait sur aucun mot et semblait avoir retenu cette furie incessante depuis si longtemps que c’en était effrayant, il fixait le jeune homme avec tant de force qu’on aurait eu l’impression qu’il n’avait pas la moindre once de frayeur, pas la moindre autre émotion qu’un incendie inaltérable de cris, de rage et de fureur. « Six ans, Sawyer. Six ans ! Ça fait six foutues années de merde que j’me réveille en tremblant et en pleurant d’espoir que ça soit juste un putain de cauchemar. Ca fait six putains d’interminables années que je me réveille toutes les nuits en le revoyant sauter et s’écraser par terre. Ca fait six putains de longues années que je me réveille en paniquant ; six putains d’années de merde que je me réveille pour rien. Alors excuse-moi. Excuse-moi d’avoir espéré voir quelque chose en toi qui me permettais d’oublier tout ça, de peut-être trouver un semblant de paix dans mes foutus souvenirs. Excuse-moi d’avoir voulu partager avec toi cet espoir. Excuse-moi d’avoir voulu trouver l’envie de continuer à vivre un peu plus chaque jour. Ça fait six ans que j’ai envie de crever. Six ans que j’attends, six ans que je veux ne pas me réveiller le lendemain, parce que j’en ai marre de devoir me réveiller dans un monde de merde où Alex n’est pas. Ca fait six putains d’années que je meurs lentement un peu plus chaque jour parce que ce connard a décidé de se suicider sans me donner la moindre raison avant de le faire. J’aurais pas demandé grand-chose, une lettre, un mot, quelque chose. Mais non, monsieur l’égoïste a décidé sans prévenir personne de se jeter du toit du lycée. Alors excuse-moi d’avoir voulu retrouver un semblant de santé avec toi ! Excuse-moi d’avoir pu voir en toi quelqu’un de suffisamment fort pour m’aider à tenir. Quelqu’un de suffisamment fort pour comprendre et partager ce que je ressens, ouais, peut-être bien que c’est un peu égoïste de penser ça comme ça, mais excuse-moi d’être une merde alors ! Excuse-moi d’avoir essayé d’être heureux, après tout c’est vrai, tu peux pas, t’as pas le droit, c’est sale d’être heureux ! Il faut mentir, se cacher, ne pas chercher le bonheur. Non, il faut faire le gros macho plein de muscles et de virilité. Excuse-moi de pas être comme ça, excuse-moi d’être une putain de tarlouze alors ! » Hurlait-il à Sawyer, sans regarder autour de lui, sans jamais détourner le regard.
Les yeux immobiles et fixés sur lui. Marquant la plus courte de toutes les pauses pour reprendre un souffle qui semblait sans fin, un souffle si précieux qu’il n’avait pas l’impression d’en avoir besoin. Il tremblait de tous ses membres et son visage était virulent de frémissements, ses lèvres pincées et mordues quand il ne parlait plus, on entendait ses dents claquer les unes contre les autres, comme s’il était frappé d’un terrible frisson glacé qui ne voulait plus le lâcher. Sa respiration bruyante semblait plus violente à chaque souffle, comme s’il était épuisé de parler, comme s’il était trop fatigué de parler ; comme s’il allait s’évanouir d’épuisement. « Et non, c’est vrai. Je suis pas le Alan dont Alex te parlait. Tu veux savoir pourquoi ? Parce qu’à cette époque j’étais heureux. J’avais tout ce qu’il fallait à un adolescent pour aller bien. Mais tu sais ce qui a changé ? Oui, il est mort. Et toute ma vie avec lui. J’ai tout perdu avec lui quand il a décidé de se suicider. J’ai perdu tout ce qui faisait de ma vie quelque chose que je voulais continuer à vivre. Il s’passe pas un putain de jour sans que je ne pense pas à sa putain de tronche, que je n’le revois pas sauter, s’écraser, saigner et crever. Six ans Sawyer. SIX ANS. Je sais pas comment t’as fait pour survivre aussi longtemps sans lui, mais moi j’peux pas. Moi j’ai besoin de quelqu’un. » Finissait-il par bafouiller alors qu’il commençait à retrouver un calme approximatif. L’orage était passé, la tempête s’était apaisée très lentement, et plus il avait avoué, plus les choses devenaient faciles à dire. Baissant enfin les yeux, reprenant quelques couleurs, il continua pourtant. « Contrairement à toi, j’ai besoin qu’on m’aide. Ça fait six ans que j’avance tout seul dans le noir, ça fait six ans que je suis seul. J’aurai voulu avoir autant de force que toi, j’aurai peut-être pu continuer à faire comme tout allait bien, alors que je suis une épave… » Il s’était calmé au fur et à mesure de cette phrase, la pointe des joues rougies et le reste toujours blanchâtre, il était plus coloré, mais toujours aussi mal. « T’as peut-être raison, c’est peut-être pas ce que je crois être de l’amour. P’t’être de la dépendance. Mais peu importe ce que c’est, j’ai besoin de quelqu’un. J’ai besoin… J’ai besoin d’aide. » S’était-il mis à marmonner avant de finir sa phrase dans un sanglot étouffé, les yeux noyés de larmes et la figure moins tremblante qu’avant, il n’était pas en colère, il était simplement triste. Depuis trop longtemps et n’avait pas encore réussi à le comprendre, ou même à en parler.
Il s’était forcé à se taire, et avait d’un rapide geste de la main fait disparaître les larmes qui coulaient sur son visage, la tête baissée et les mains tremblantes. Prenant une grande inspiration et énormément de courage pour retrouver son calme. « J’suis désolé. » Fut la seule chose qu’il avait réussi à marmonner au début, sans oser retrouver le regard de Sawyer, dans lequel il trouvait tant de réconfort à chaque fois, tant de fois. Un soupir relâché, comme pour chercher à forcer la tranquillité, et le visage dirigé une nouvelle fois, encore une fois, vers Sawyer, les sourcils inclinés dans le sens inverse à la colère, « Je suis désolé, Sawyer. C’est ma faute… Six ans à tout enfermer… Il s’était mis à rire nerveusement, en même temps qu’il pleurait une nouvelle fois, mais s’efforçait à chaque fois de cacher les larmes en passant le dos de sa main contre ses yeux. Six ans que je suis seul… C’est de ma faute. J’suis tellement détaché des choses depuis si longtemps qu’un rien prend une ampleur trop grande à mes yeux. J’suis désolé. C’est entièrement de ma faute. » Il s’était tut ensuite, le regard plein d’une compassion infinie et d’une incessante envie de s’excuser à milles reprises. « J’vais pas bien. J’ai besoin d’aide. Et j’m’en rends compte maintenant. Six ans et une tentative de suicide pour s’en rendre compte… Et il se mit à sourire timidement, pour se détendre et apaiser un peu l’atmosphère devenue chaotique aussi rapidement. J’en tiens une sacré couche, mine de rien. » Un autre rire nerveux, avant qu’il ne se mette à respirer bruyamment, le souffle court et haletant. Pour finalement s’écraser dans un sanglot horrible et virulent qui le fit basculer en arrière si bien qu’il eut besoin de reculer et de s’asseoir pour ne pas s’écrouler contre le sol.
electric bird.
Invité
Dim 25 Jan - 2:39
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alan & sawyer
Beaucoup de sentiments se mélangent à l’intérieur de ta poitrine. C’est un véritable grand huit d’émotions diverses et variées que tu n’arrives tout simplement pas à canaliser. Colère, haine, envie, amour peut-être. Ce mélange trop violent amène un goût d’amertume à tes lèvres. Un goût aigre qui te fait grimacer. Parce que tu te rends soudainement compte que tu avais des espoirs, là, enfouis au creux de ta poitrine. L’espoir d’être heureux, l’espoir d’être toi-même. L’espoir de laisser derrière toi ces cicatrices pas tout à fait guéries pour continuer d’avancer. Faire ta vie. L’image que tu avais d’Alan semble être comme une fausse peinture, un chef d’œuvre en trompe l’œil. Tu t’es trompé sur lui, il n’est pas celui que tu croyais. Une nouvelle déception, une de plus. Et la colère se met à gronder au fond de ton estomac, c’est comme un volcan qui se réveille, qui entre en éruption. Il y a tout ce ressentiment qui remonte à la surface, te submerge tel une vague brûlante et gigantesque. Les mots sont comme du vomis, tu dégueules tous ces sentiments qui pourrissent à l’intérieur de toi. Le souvenir de cette nuit hors du temps est comme une brûlure sur ta chair, il te fait mal. Il te fait mal parce que tout t’apparaît alors comme un mensonge, comme une duperie. Un jeu de faux-semblants. Est-ce la jalousie qui te fait parler ? Est-ce parce qu’il a mentionné son ami Charlie que tu commences à perdre le sens des réalités comme ça ? Peut-être. Sans doute. Probablement. Mais tu as surtout l’impression d’avoir été floué, trompé. Que tout ça n’a été qu’une vulgaire mascarade pendant laquelle tu as pourtant baissé la garde. Pendant laquelle tu t’es senti libre d’être toi-même sans avoir peur d’être jugé. Le comportement d’Alan t’est incompréhensible aujourd’hui. Tu ne le pensais pas ainsi, comme tous les autres au fond. Il y a tant d’incompréhensions entre vous. C’est comme un mur qui se dresse entre le brun et toi, haut et infranchissable. Un mur fait de secrets, de non-dits, de passés trop lourds et douloureux. Un mur fait de fierté mal placée. Aveuglé par la colère, tu remarques à peine que cette même fureur empreint les traits du visage d’Alan qui te fixe, sourcils froncés. À dire vrai, tu te fiches de sa propre rancœur en cet instant. Il n’a pas le droit de t’en vouloir, il n’a pas le droit d’être en colère. Il a commencé cette bataille de merde, il est responsable de ce chaos dans vos vies. S’il n’était pas là, tu serais plus tranquille aujourd’hui. Tu continuerais tes études, comme tous ces élèves qui assistent aux mêmes cours que toi, tu te serais peut-être même trouvé une petite-amie qui sait ? Ta vie n’aurait pas eu l’air d’un véritable capharnaüm sans précédent si Alan n’était pas réapparu comme un souvenir trop vieux mais pas oublié. Oui, tout aurait été différent sans lui. Quelquefois, tu n’arrives pas à déterminer si tu le regrettes ou non ; ce soir, parce que tu es bien trop en colère contre lui, tu décides que oui, tu lui en veux d’être revenu dans ta vie. Comme ça, sans prévenir. Tu lui en veux d’avoir ruiné le semblant d’équilibre que tu avais réussi à trouver ici. Parce qu’avec lui dans ton quotidien, c’est tout qui s’est écroulé. Tout qui est à refaire – encore une fois. Et tu le tiens pour responsable de cet échec, parce que c’est plus simple de le détester. Même pour n’importe quoi. Et c’est alors sa colère qui se déverse sur toi. Comme une coulée de lave en fusion, il semble lâcher prise et les paroles s’enchaînent dans un discours décousu empli de violence et de douleur, de honte et de rancœur. Le tout a un goût acide qui te fait grincer des dents. C’est comme s’il avait retenu tout ça trop longtemps à l’intérieur de lui et que, soudainement, il laissait sortir ses moindres pensées, ses moindres sentiments. Il te fait partager sa douleur, sa souffrance, le vide qu’Alex a laissé dans sa vie en partant si brutalement. Le deuil aurait été plus simple s’il avait pu comprendre pourquoi il l’avait quitté si brusquement. C’est sûrement la première fois que le brun te parle autant. C’est la première fois que tu vois autre chose que ce sourire défiant sur son visage. Le masque s’est effrité, il a laissé tomber son apparente dignité. Jamais encore il ne s’était montré plus vrai qu’en cet instant. Et tu ressens sa peine si fort que ta poitrine se resserre sur tes poumons, rendant ta respiration bien trop difficile, bien trop douloureuse. Et c’est comme si tu revivais ces moments d’incompréhension et de doutes, cette période noire dont tu ne semblais pas voir le bout. Tu retournes six ans en arrière, à la perte de cet être cher, sans comprendre ce qui arrive. Sans comprendre pourquoi. Tu sens cette part de toi qui meurt avec lui. Alan a raison, quelque part. Peut-être n’était-il que ton meilleur ami et peut-être ne peux-tu pas comprendre cette douleur ressentie par Alan, mais tu as souffert toi aussi. Cette mort est encore gravée dans ton esprit, dans ta chair. Alex est partout dans tes souvenirs, dans ton passé. Dans ton présent. Tu aurais voulu le bannir de ton avenir, mais tu sais que c’est impossible. La vérité, c’est que tu garderas en toi la trace de cette amitié qui a été le rayon de soleil de toute une partie de ta vie. Non, tu n’as pas perdu un petit-ami ce jour-là – tu as perdu un ami, un frère. Tu as perdu ta lumière. Et tu t’es soudainement retrouvé dans les ténèbres, sans plus personne pour te guider loin de ce tunnel. Alors tu n’oses imaginer ce qu’Alan a pu vivre, ce qu’il semble vivre encore aujourd’hui. Tout paraît si difficile pour lui, même le simple fait de respirer sans Alex. Comme s’il avait été celui qui le maintenait en vie. Comment ton meilleur ami avait-il pu lui faire ça ? Il l’aimait pourtant. Tu es absolument certain qu’Alex aimait éperdument Alan. Alors pourquoi l’abandonner ? Ne se doutait-il pas de tout le mal qu’il causerait ? Une part de toi en veut encore à ton meilleur ami, encore plus aujourd’hui. Encore plus maintenant que tu sais. Maintenant que tu sais tout ce que le brun ressent, tout ce qu’il te cachait et cachait au monde entier autour de lui. C’est presque comme s’il venait de te tendre son cœur meurtri, blessé et qu’il te suppliait de bien vouloir en prendre soin. De bien vouloir le réparer. Mais tu ne sais pas comment faire ça. Tu ne sais même pas si tu en es capable, en réalité. Tu n’es clairement pas doué pour ça, tu n’es pas habitué à ça. Mais tu supposes que tu serais prêt à l’aider quand même, malgré tout. Parce que c’est Alan. Parce qu’il a sa petite importance dans ta vie en bordel. Parce qu’il est ta lumière dans les ténèbres. Tu observes son visage tendu, les joues rougies sous la furie qui s’est emparée de lui. La colère semble partir aussi rapidement qu’elle est venue. Il bafouille, se répand en excuses, rigole nerveusement. Et tu restes là, choqué, interloqué, à être immobile devant la vague de douleur qui vient de déferler sur toi avec une puissance inimaginable. Ce n’est que lorsque tu aperçois son corps qui commence à basculer vers l’arrière que tu régis. Tu tends le bras, agrippes le sien pour le stabiliser et le ramener à toi avec cette même force qui vient de te frapper en pleine poitrine. Et tu le serres contre ton torse, à l’étouffer. Et même s’il veut essayer de se débattre, et même s’il veut se détacher de toi, tu ne le lâcheras pas. Pas cette fois. Tu n’es peut-être pas prêt à t’assumer, à assumer ce qu’il te fait ressentir. Tu n’es peut-être pas prêt à être véritablement celui que tu es, là, à l’intérieur. Mais tu ne te sens pas capable de le laisser tomber. Pas après tout ça, pas après avoir senti sa détresse. « Je suis là, tu souffles, la voix tremblante d’un tumulte d’émotions en tout genre. Je suis là. » Il y a même cette vague de larmes qui vient te brûler les paupières, acide. Cette envie de pleurer t’étouffe. Pleurer sur ton passé, pleurer sur ce meilleur ami décédé. Pleurer sur des douleurs trop longtemps enfermées. Pleurer sur tout ça à la fois, sans même savoir s’il existe une façon de tout arranger. Et tu veux bien essayer, tu veux bien le réparer. Parce qu’Alan est comme un jouet cassé. « Je ne te laisserai pas tomber. Je ne te laisserai pas tomber, tu répètes comme une litanie sans fin. » Et même si c’est facile de passer de l’amour à la colère avec lui, même si toute votre histoire est comme un tourbillon sans fin, c’est comme une évidence pour toi. Il est ton évidence. Il est ta nouvelle chance comme tu es sûrement sa planche de salut. La bouée de sauvetage lancée à la mer pour repêcher les naufragés dans la tempête. Il peut s’accrocher à toi, de toutes ses forces s’il le souhaite. Tu es maladroit, tu es violent, tu es lâche. Mais tu es toujours sincère. Tu es loyal. Tu avais donné ta loyauté toute entière à Alex, tu lui dois bien ça. Sauver ce qu’il a détruit, réparer ce qu’il a construit. Tous ces hauts et ces bas sont éreintants. Le monde autour de vous a continué sa course, est-ce que quelqu’un a remarqué le drame qui se déroule entre lui et toi ? Peut-être pas, probablement. Quelle importance ? L’univers en dehors d’Alan n’existe pas, n’existe plus. Tout ce qui n’est pas ce petit être fragile dans tes bras n’a plus de raison d’être. Pas pour toi. « Je ne suis pas Alex, je ne compte pas le devenir. Je ne serai jamais Alex et je ne le remplacerai pas, continues-tu avec calme. Mais je peux toujours te proposer Sawyer. Il est con, il est souvent très stupide, il dit des tonnes de conneries à la seconde et il a tendance à blesser les gens autour de lui. Mais il est fiable. » Tu devrais pourtant t’éloigner de lui mais tu te sens comme responsable d’Alan. Maintenant que tu as vu l’envers du décor, maintenant qu’il t’a laissé entrer dans son château-fort, partir serait comme signer son arrêt de mort. Tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas laisser faire ça. Tu ne te le pardonnerais jamais. Et tu te haïrais encore plus que tu ne le fais déjà. « Tu peux compter sur moi si tu en as besoin, tu lâches avec un semblant de douceur dans la voix, tes doigts caressant la nuque dans un geste d’apaisement. Je ne te promets pas d’y arriver à tous les coups mais je vais t’aider. Tu vas t’en sortir. Tu peux t’en sortir, je le sais. »
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Dim 25 Jan - 17:25
A Touch's Detail. sawyer & alan
La violence qui s’était évadée d’entre les dents d’Alan, et qui avait coulé dans ses phrases s’était rapidement étouffée par les nouvelles violentes vagues d’un énième sanglot qui viendrait s’écraser sur lui. Il était fragile, pleurer était devenu une habitude en présence de Sawyer, ou du souvenir d’Alex. Tout était devenu si commun dans les larmes qu’il ne s’étonnait même plus de les voir, de s’entendre pleurer. Il était habitué depuis si longtemps à son propre chagrin qu’il ne savait plus vraiment ce que c’était que d’être heureux, en fin de compte. Et peut-être que c’était là le problème. Il avait tant perdu l’habitude de ne pas être en larmes que c’était devenu un état tout à fait ordinaire chez lui, quelque chose qui était devenu si propre à sa vie qu’il ne voulait presque pas le faire disparaître. Alors que pourtant, c’était bien la seule chose à faire, il ne devait pas rester enfermé dans les larmes et le chagrin, mais en six ans d’enfermement, en six ans de pleurs et de déception, il n’avait plus rien trouvé d’autre que ça. Il s’y était accroché à ce souvenir douloureux, et inconsciemment il l’avait scellé en lui comme le plus terrible des mémentos. Cette douleur était devenue quotidienne, habituelle. Il n’y avait plus rien qui avait autant d’importance, tout était devenu inodore, insonore, incolore. Tout était gris, sombre et sale de tristesse. Le sourire était devenu une denrée rare et sa vie s’axait malgré tout autour d’un chagrin qu’il gardait secret. Caché derrière le masque de l’arrogance et de l’indifférence, il virevoltait dans tous les sens, vagabondait dans le creux de certains, mais s’ennuyait toujours peu importe la destination d’un voyage temporaire. Il n’était plus rien, l’espèce d’étrange coquille vide d’un jeune homme autrefois si heureux et si agréable à vivre, tout ça avait disparu en même temps que son innocence. Quand Alex vint mourir contre lui. Il n’y avait pas eu de murmures révélateurs, de chuchotements pleins de vérités. Il était déjà mort quand Alan s’était jeté sur lui, en larmes et dévasté. Il aurait tant voulu entendre sa voix une dernière fois avant de le voir disparaître, c’était la seule chose qu’il voulait vraiment. Mais au fil du temps, l’amour avait été remplacé par des questionnements, et plus les jours s’écoulaient, plus il perdait cette dernière envie, ce désir brûlant d’avoir entendu sa voix. Non, au lieu, il rêvait maintenant d’entendre les raisons derrière cet horrible acte. Mais il ne trouva jamais de réponse. Et il le regrettait.
Six ans d’absence, de vide et de désintérêt pour tout ce qui l’entourait. Malgré les espoirs des autres, malgré les tentatives de ses parents de l’aider à mieux aller, ils ne parvinrent à rien. Alan était devenu autre chose. LE bonheur ne faisait plus partie de lui, il s’était estompé au même moment que le dernier souffle d’Alex et comme le plus lourd de tous les fardeaux, il ne voulait plus être heureux, ce sentiment était devenu sale, brûlant de puanteur, l’odeur du sang l’avait défiguré. Ce mot était devenu trop lourd, la sensation trop fatigante. Il ne pouvait plus. Il n’avait plus le droit. Pas sans lui, pas sans Alex. Et même s’il avait réussi à trouver un faux équilibre duquel il avait l’air d’aller mieux, de presque vivre comme tout le monde. Il ne s’agissait plus que d’un mensonge. Une illusion filée autour de lui, comme une pièce de théâtre permanente. Toutes les apparences étaient crédibles, mais les coulisses étaient bien plus sombres. Et ça, personne ne s’en doutait, personne ne les voyait. Pas même les personnes avec lesquelles il était le plus proche, le plus attaché. Ni les amis, ni les membres de sa famille. Aucun n’en avait réellement conscience, Alan évoquait ses peines aux plus proches de lui, mais jamais sans vraiment leur dévoiler la vérité. Mentir au quotidien, voilà ce qu’il faisait désormais. Il n’était plus personne, il n’était plus Alan, il était une image, un reflet de lui-même autrefois. Il n’y avait quasiment plus rien de sa vie de vrai et non d’inventé. Ses joies étaient temporaires et il se sentait coupable chaque fois qu’il souriait sincèrement, chaque fois qu’il riait. Chaque fois qu’il était heureux, il culpabiliser de l’être sans ce premier amour. Et de fil en aiguille, tandis que le temps passait et que son chagrin restait inconsolable et enfoui dans les méandres de son esprit, il perdait de plus en plus l’envie de continuer. Chaque réveil était une épreuve, toujours un sursaut, toujours l’espoir d’avoir cauchemardé tout ceci, toujours écrasé par la dure réalité. Alex était mort. Il s’était suicidé depuis six ans maintenant. Et un peu plus à chaque fois, la vie d’Alan lui apparaissait sans but. Il avait tout perdu à seize ans. Et alors qu’il en avait vingt-deux désormais, tout était toujours aussi douloureux. Rien n’avait changé, tout était si plat et vide de sens qu’il avait cherché à tout faire taire quelques jours plus tôt. Il avait cherché à mourir, et le destin s’était acharné à le sauver. Contre son gré, il avait survécu et se sentait d’autant plus mal que personne ne supposa qu’il y avait quelque chose qui clochait en lui.
Tout était passé, et voilà qu’il s’était retrouvé une nouvelle fois en face de Sawyer, fragile et dépendant à sa présence imposante. À ce charisme qui lui plaisait tant, cette silhouette aux allures dangereuses l’avait fait chavirer. Et même s’il avait l’air d’être dangereux, il ne l’était pas en réalité, et Alan le savait. Il ne le connaissait que trop bien depuis si longtemps. Ils s’étaient unis, quelques jours avant cette tentative de mort, et il n’avait rien su de celle-ci. Le bras emplâtré, c’était la seule séquelle ; et c’est celle-là qui l’avait informé du mal d’Alan. En quelques sortes. Puisque c’est d’elle qu’il avoua tout. Quand il vint lui agripper le bras alors qu’il s’apprêtait à partir. Tant de choses avaient été hurlées, tant de douleurs, de souffrances et de tristesse dévoilée finalement après tant d’années à les cacher et à les garder au plus profond de lui. Comme si ce simple bras cassé avait été la clef permettant de révéler au grand jour tous ces horribles et sombres secrets qu’il n’osait partager avec personne. Mais il y avait plus, bien plus, ça n’aurait fonctionné qu’avec Sawyer. Il y avait définitivement quelque chose d’important en lui qui faisait s’ouvrir Alan, il n’était pas du genre à se partager ainsi avec n’importe qui, et Sawyer était bien différent des autres. Il comprenait parfaitement les choses qu’ils traversaient, il les avait vécu lui aussi à sa façon, Alex était son meilleur ami. Et tandis qu’il se taisait finalement, après toute cette haine, tous ces mots incessants remplis de fureur, il avait retrouvé du calme, il avait marmonné quelques idioties pour essayer de se détendre et de rendre l’atmosphère plus respirable et manqua de tomber par terre, épuisé par ses propres mots, fatigué par sa colère et son chagrin jamais terminé. Il manqua de s’écrouler par terre avant d’être rattrapé par le bras par Sawyer, une nouvelle fois ; mais ce n’était plus de la haine qui animait ce geste. C’était de la compassion et il vint forcer Alan à se serrer contre lui, plus fort, plus longtemps, plus confortablement. Et puis, il marmonne qu’il est là pour lui, qu’il ne le laissera pas tomber, qu’il sera là pour lui. Comme la plus douce de toutes les caresses il laisse ces mots l’effleurer et s’écraser contre lui, en douceur. Serré contre Sawyer, les mains presque jointes autour de lui, les poings presque serrés contre lui, pour ne jamais partir, pour rester éternellement dans ce cocon de compassion. S’il avait pu rester en colère contre lui, il aurait tout fait pour s’éloigner de lui et résister à cette étreinte, mais il ne pouvait pas, il avait besoin de ce contact. Il avait besoin de quelqu’un qui le comprenait de cette façon, il avait besoin de Sawyer au final.
Et même si tout était si chaotique entre eux, il y avait de nombreux moments où le calme régnait et la tranquillité s’installait dans quelque chose de presque agréable à vivre, et ces rares moments faisaient s’animer le désir de vivre dans le creux d’Alan. Il avait finalement juste besoin qu’on l’aide à retrouver ce bonheur disparu. « Je sais que t’es pas lui. Je sais. » Avait-il murmuré en gardant la tête contre lui. Beaucoup plus calme, beaucoup plus apaisé. « Je veux pas que tu le remplaces ou que tu te fasses passer pour lui. Ça servirait à rien, il est parti. C’est trop tard maintenant. » continuait-il à marmonner contre lui, la tête presque allongée sur son épaule, comme s’il s’y sentait parfaitement bien, en sécurité. Il se mit à sourire en l’entendant parler de lui-même à la troisième personne, il était rassurant, il était agréable. « Moi je l’aime bien Sawyer. Il est pas si con que ça, et il fait pas exprès de blesser les autres. C’est pas de sa faute, et tout le monde le sait. C’est pour ça que tout le monde lui pardonne. » Répondit-il en tournant très légèrement la tête pour apercevoir le coin de son visage. « Il est fiable, il est très fiable. C’est tout ce qui compte. » Marmonna Alan en fermant un instant les yeux, contre Sawyer, détendu et apaisé après toute cette récente animation. Un léger frisson le traversa quand il sentit les doigts de Sawyer venir lui traverser la nuque et se resserra contre lui quelques instants. « Merci. » Souffla-t-il dans un murmure presque étouffé contre lui. Il ajouta ensuite « Tu me crois, maintenant, si je te dis qu’il ne se passera jamais rien entre Charlie et moi ? » Souriant et amusé, toujours enfermé au creux des bras pleins de réconforts de Sawyer. « Jamais, jamais. » insistait-il en se blottissant un peu plus contre lui.
electric bird.
Invité
Dim 1 Fév - 13:25
a touch’s detail.
alan & sawyer
Avec Alan, c’était toujours un peu pareil. Tu passais par les mêmes émotions – colère, rancœur, désir, tendresse. Amour ? Ta relation avec le brun était comme une vieille chanson que l’on a trop écoutée mais que l’on continue d’aimer parce qu’elle rappelle de bons souvenirs, des moments emplis d’une douceur passée. Ce soir encore, il y a eu tout ça. Tout cet amalgame de sentiments que tu ne veux pas définir. Tu ne veux surtout pas mettre de mots sur ce que tu ressens pour lui parce que ça te forcerait à regarder la réalité en face, ça te forcerait à l’accepter même si tu ne le veux pas. Même si tu n’en as pas envie. Alors tu ne peux que te laisser ravager par cette tempête entre vous, par ce déferlement de douleur et de blessures à peine cicatrisées. Pendant trop longtemps, lui et toi avez vécu avec ce poids dans votre poitrine – un poids lourd comme du plomb, un poids qui étouffait votre respiration. Le décès d’Alex a laissé ce vide entre vous, ce gouffre. Et parce que tu as retrouvé le brun à Los Angeles, tu as commencé à vouloir le combler. Le traverser. Tu as commencé à vouloir rejoindre Alan qui se tenait de l’autre côté. Mais ces quelques pas seulement ont été fastidieux, le chemin est semé d’embûches. Vos propres embûches. Le brun et toi avez cette manie de faire deux pas en avant puis trois en arrière, de vous sourire avant de vous déchirer. De vous aimer pour mieux vous détester. C’est usant, c’est fatigant mais ça laisse en toi comme une marque indélébile. Une cicatrice qui reste malgré le temps. C’est douloureux autant que ça fait du bien, comme si ça te lavait du passé. Tu te sens vivant dans cette haine amoureuse. Tu ne sais pas exactement ce que tu attends de lui, ce que tu attends de cette relation étrange avec lui, mais tu sais que tu le veux. Que tu en as envie. Reste ce fantôme au-dessus de vous qui plane comme une menace. Comme un souvenir trop noir. Alex. Que dirait-il de tout ça ? Est-ce qu’il vous en voudrait ? A-t-il la sensation, là-haut, qu’Alan et toi êtes en train de l’oublier ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus exactement. Il y a comme un arrière-goût amer de trahison qui traîne dans ta bouche. Tout s’embrouille et tu ne peux plus distinguer le vrai du faux. Tu voudrais juste pouvoir te laisser aller, doucement et sûrement à un sentiment qui brûle dans ta poitrine, pourtant tu te mets toutes ces barrières, tu te caches derrière toutes ces excuses foireuses. La peur t’entrave et t’étouffe. La honte te colle à la peau, visqueuse et dégoûtante. C’est tellement plus simple de fermer les yeux sur cette tempête d’émotions, attendant gentiment qu’elle passe, qu’elle s’apaise. Faire comme si les sentiments n’étaient pas là. Et puis reprendre la route une fois que tout est terminé, comme s’il ne s’était rien passé. Comme si tu n’étais pas profondément conscient de cette réalité – une réalité qui fait peur, une réalité qui te fait honte. Il y a des sentiments naissants à l’égard d’Alan qui sont comme un incendie à l’intérieur de ta cage thoracique mais tu ne veux pas l’admettre. Tu ne peux pas l’admettre. Parce que ce n’est pas ce que tu es – pas ce que tu devrais être. Sa chaleur contre ton corps a l’effet d’une brûlure sur ta peau. C’est presque douloureux et pourtant, tes bras l’enserrent comme si tu ne pouvais te résoudre à le laisser s’écarter de toi, même de quelques millimètres. Comme si la moindre sensation d’air entre vos deux êtres allait être pire encore que tout le reste. C’est étrange de te sentir si proche de lui, physiquement. Vos corps ont pourtant connu une intimité encore plus intense et plus profonde mais cette étreinte te semble beaucoup plus importante, dangereuse aussi, que tout ce que vous avez vécu jusqu’alors. C’est comme le laisser entrer dans ton monde, dans ton univers, c’est comme faire tomber toutes les barrières. Après des années passées à te retrancher derrière une forteresse impénétrable, tu viens d’abaisser le pont-levis pour le faire entrer. Faire entrer le loup dans la bergerie. Tu sais que le danger est imminent mais la vérité est que tu te sentais seul derrière tes hautes murailles. La vérité c’est qu’Alan sait comment te faire baisser ta garde. « Même si je le voulais, je ne pourrais pas être Alex, rétorques-tu dans un filet de voix alors que l’image de ton ancien meilleur ami semble se coller douloureusement à ta rétine. » Tu as passé trop temps à prétendre être quelqu’un que tu n’étais pas pour satisfaire ton père. Tu as quitté le cocon familial dans l’espoir de pouvoir voler de tes propres ailes mais ta nouvelle vie à Los Angeles semble comme une répétition des mêmes erreurs, des mêmes faux-pas. Comme si ton père était toujours là. Comme si tout ça était ancré en toi, profondément. Éternellement. Tu as essayé de changer et il a fallu que le brun débarque de nouveau dans ta vie pour tout envoyer valser. Tu n’arrives pas à savoir si c’est une bonne chose ou pas, si tu le regrettes ou non. Tout ce que tu sais, c’est que la situation telle qu’elle est en cet instant t’apporte bien plus de douceur et de réconfort que tout l’alcool du monde. « Je rêve ou tu viens de me faire un compliment ? tu lâches, le ton amusé et presque rieur. Je ne savais pas que l’alcool pouvait te faire dire ce genre de choses, je réessaierai à l’occasion. » Son regard trop franc relevé vers toi te file des frissons dans le dos et tu lui lances un petit sourire en coin, amusé. Quelque part dans un coin de ta tête, tu te demandes combien de temps tout ça va durer. Combien de temps vous allez rester là à juste profiter de cet apaisement dans votre poitrine, combien de temps avant le nouvel ouragan. Combien de temps avant que l’un de vous deux ne s’éloigne encore une fois. Tu t’attends indubitablement à la prochaine chute vertigineuse avec un nœud à l’estomac, comme si tu la redoutais. Comme si tu la craignais. Parce que tu es fatigué de tout ça, harassé. Tu ne veux plus de cette soirée, de cette musique trop forte, de ces lumières qui t’agressent les yeux. Cet endroit n’est pas pour toi. Tu voudrais juste t’enfuir chez toi. Rentrer dans ta carapace comme font les tortues, retourner à ta forteresse de solitude. Ça te permettrait de calmer ce tumulte à l’intérieur de toi, ça te permettrait de respirer à nouveau. Ça te permettrait de faire table rase de tout ce qu’il vient de se passer. De te promettre de ne plus recommencer, d’oublier et de continuer d’avancer. « Je te crois, réponds-tu après un instant de silence alors que tu sens Alan s’appuyer un peu plus contre toi. Mais, même si ce n’était pas vrai, même s’il advenait qu’il se passe quelque chose avec Charlie, qu’est-ce que je peux dire ? Qu’est-ce que je peux faire ? » Son honnêteté est réconfortante, tu te surprends à avoir assez confiance en lui pour le croire sans poser de question. Mais cette vérité te fait mal. Elle te blesse parce que tu es douloureusement conscient que ta relation avec le brun ne te permet pas cette jalousie tempétueuse et irascible. Il ne te doit rien, tu ne lui dois rien – ce sont tes propres mots. Des mots que tu regrettes quand te revient en mémoire le visage au sourire goguenard de ce Charlie. Tu n’es pas en droit de lui en vouloir pour ça. Alan est libre, célibataire tout comme toi. « Je ne suis pas en position de t’interdire quoi que ce soit, tu reprends doucement, ta main toujours sur sa nuque. Tu ne me dois rien, tu te souviens ? » Et comment lui demander de t’être fidèle alors que vous n’êtes pas en couple ? Tu ne peux pas attendre de lui qu’il ne s’intéresse à personne alors que tu te refuses à tout engagement avec lui – tout engagement qui exigerait de toi de laisser éclater cette part de ton être que tu te refuses à accepter. Bien sûr, la seule idée qu’il puisse se rapprocher de quelqu’un t’est insupportable et déclenche en toi des vagues brûlantes de jalousie mais qui es-tu pour le lui interdire ? Personne. Tu n’es personne. Tu n’es rien. Juste un coup d’une nuit, juste une folie. Une folie qui te plaît pourtant. « Je ne dis pas ça pour te blesser, tu sais, tentes-tu de temporiser. Juste… Ce serait mal venu de ma part de t’empêcher de vivre ta vie alors que je ne suis pas prêt à quoi que ce soit. Et tu aurais même le droit de me foutre un pain si je venais à te le reprocher. » Un petit rire désabusé traverse tes lèvres. Non, tu n’es pas prêt. Tu n’es pas prêt à assumer cette partie de toi, tu n’es pas prêt à assumer ces envies. Plus tu y penses, plus tu as envie de fuir à nouveau. De partir. Ce serait si simple de fermer de chapitre de ton existence, faire comme s’il n’avait jamais été écrit et recommencer une toute nouvelle histoire. La même histoire, encore et encore ; les mêmes décisions, toujours. Et les mêmes erreurs, sûrement. C’est à devenir fou. Tu voulais seulement vivre ta vie. Tu voulais te débarrasser de ces souvenirs qui te hantaient mais tout ton passé te rattrape un peu plus à chaque instant. À chaque fois que la chaleur d’Alan te surprend. Tu poses délicatement tes mains sur les joues du brun, accroches ton regard au sien si troublé. « Tu as passé bien trop de temps à refuser de vivre vraiment. Tu as passé bien trop de temps à t’accrocher au passé, à la douleur. Aux souvenirs, tu t’exclames avec beaucoup de douceur tandis que tu laisses tes puces caresser les pommettes enflammées. Il est temps que tu tournes la page, que tu reprennes ta route. Alex ne t’en voudrait pas, Alan. Il ne t’en voudrait pas d’être heureux à nouveau. Et je ne m’imposerai pas non plus. » C’est tout ce dont vous aviez besoin – être heureux à nouveau.