Les Whitely sont bien gentils, mais ils sont vites étouffants, il faut l’avouer. J’ai beau adorer mes parents et être reconnaissant de leurs accueils, ils sont bien trop souvent derrière moi et franchement à mon âge, c’est un peu beaucoup. J’ai besoin d’air, de liberté, ce n’est pourtant pas si compliqué à comprendre que ça. Bien sûr, je sais très bien pourquoi ma mère est si étouffante et mon père si présent, les enfants Whitely ont tendance à rapidement se barrer face aux difficultés. Quand ça ne va pas, on prend la poudre d’escampette, du moins c’est ce qu’on fait mes frères, ça ne m’est encore jamais arrivé, mais je me dis que ça ne ferait peut-être pas tant de mal que ça. J’ai besoin de changer d’air et pour l’instant, L.A n’a plus grand chose à m’offrir ces derniers temps, mais je crois bien que si je décide de partir maintenant, le coeur de ma mère ne tiendrait pas le coup. Alors, comme souvent, je prends sur moi, après tout c’est moi le « bon » jumeau, ça a aussi ses inconvénients. Il faut faire avec.

Seulement, il m’arrive que parfois j’ai besoin de prendre l’air, de m’éloigner du noyau familiale pour me recentrer un peu sur moi-même. Ça ne peut pas faire de mal. Ce soir, j’ai déambulé sans but, j’ai pris la voiture et je me suis laissé guider par le vent. Je ne savais pas trop où aller de toute façon et je me suis retrouvé au bord de la plage, la nuit tombée. J’ai toujours aimé cette endroit la nuit. La journée, il y a souvent bien trop de monde pour pouvoir en profiter correctement et même quand on connaît les petits coins tranquilles, ça n’a pas le même charme qu’une fois la nuit tombée. Sous la lune, la mer prend presque une allure mystique et j’aime bien ça. Je coupe le contact et enfonce mes clés dans la poche de mon jean. Le vent caresse doucement mes cheveux alors que je commence à marcher sur le sable. C’est tellement paisible que l’on ne peut pas se sentir autrement ici. Je marche droit devant, sans vraiment y réfléchir. Le plus important n’est pas la route que j’emprunte, mais plutôt l’effet qu’elle a sur moi. J’ai besoin de paix intérieur, d’oublier toutes ses merdes qui me sont arrivées dernièrement. Il me faut faire le vide si je ne veux pas devenir barge. Le bruit de la mer est apaisant, quelque chose d’immuable, de stable.

Tout aurait pu rester tranquille si seulement, je n’avais pas aperçu une silhouette à quelques mètres de moi, bien trop proche pour passer inaperçu, déjà assez proche pour bousculer toute la stabilité que j’avais réussi à mettre en place jusque là. Andy en chair et en os. Mon ouragan. Elle seule était capable de provoquer plus de réaction chez moi que n’importe qui, c’est pour cela que je m’étais débrouillé pour ne pas la croiser depuis mon renvoi de l’hôpital. Forcément, il fallait qu’elle soit là, maintenant, ici, alors que j’avais juste besoin de calme. Si ça ce n’est pas de la malchance, je ne sais pas comment je dois appeler ça. J’aurai aimé l’éviter, partir sans m’arrêter et faire comme si jamais je ne l’avais croisé, mais bien entendu, elle voyait les choses d’une autre manière. Je l’entends me demander de l’attendre, mais je n’en fais rien, bien au contraire, c’est peut-être puéril, mais je n’ai pas envie de lui parler, de la voir, de ressentir quoique ce soit. Mon cœur se stoppe un instant dans ma poitrine quand je sens sa main contre mon bras. J’y crois pas. Je me retrouve face à elle, le visage fermé, hors de question de montrer quoique ce soit. Elle a le culot de me demande quel est mon problème. Sérieusement ? Non, elle doit se foutre de moi, ce n’est pas possible autrement. Ce n’est pas comme si je lui avais fait confiance et qu’elle m’avait trahi en me dénonçant de façon éhonté, ce n’est pas non plus à cause de sa dénonciation que j’ai perdu mon travail et donc plus ou moins à tout ceux à quoi je tenais. Non, absolument pas. « Mon problème, à moi ? » un rire jaune s’échappe de mes lèvres « Tu n’es pas au courant ? C’est pourtant à toi que je dois tout ça, on ne t’as jamais appris à réfléchir aux conséquences de tes actes avant d’agir ? » C’était con, parce que je n’ai pas vraiment réfléchis non plus, sinon je m’y serais pris autrement, mais j’étais amoureux d’Andy et aveuglé par mes convictions, j’aurai pu faire n’importe quoi pour elle, mais là, je suis en colère et c’est la première fois que je me retrouve devant elle après tout ça alors, tant pis, c’est elle qui l’a voulu cette confrontation. « Je n’ai pas envie de te parler » dis-je en détachant son emprise sur mon bras avant de lui tourner le dos et de reprendre mon chemin, la rage au ventre.