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(alan) ☆ we’re not broken, just bent.
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptySam 29 Nov - 17:56

we’re not broken, just bent.
alan & sawyer

Il y a des matins comme ça où tu as encore du mal à réaliser ta chance. Même après tout ce temps. LA, la cité des Anges. La ville de tous les possibles. Elle est là, juste à tes pieds et tu n’as qu’à tendre le bras pour la toucher. C’est incroyable comme tu as pu voir ta vie changer en si peu de temps. En l’espace d’un peu moins d’un an. Tu as vu du pays, tu as voyagé. Et voilà que tu avais débarqué à Los Angeles, la mine fatiguée mais le visage heureux. Parce que LA sentait bon la liberté – et peut-être un peu aussi l’odeur des pots d’échappement mais tu étais trop heureux pour y avoir fait attention à ce moment-là. Une nouvelle vie commençait. Ta vie, Sawyer Peterson. Celle que tu avais choisie. Adieu père et mère indignes ; bonjour, Hollywood et ses célébrités. Bien sûr, tu n’as pas encore croisé George Clooney ou Julia Roberts au détour d’une ruelle ; non, tu es un inconnu parmi une foule d’autres inconnus qui se perdent dans une masse mouvante et compacte. Mais peu importait, tant que tu étais libre et dépendant de toi-même uniquement. Tu avais réussi jusque là à te débrouiller par tes propres moyens et ça t’avait plutôt réussi. Tout ce parcours jusque Los Angeles était comme une petite fierté pour toi. Parce que c’était la chose la plus folle que tu avais entreprise depuis des années ; parce que tu avais réussi à prendre ton destin en mains, pour une fois. Et ta fugue avait été comme un immense pied-de-nez à ta famille qui n’en avait désormais que le nom. Juste un amas de cellules rassemblées de façon aléatoire. Cependant, dire que tu ne penses plus à eux aujourd’hui serait mentir mais ils ne te manquent pas. Rien ne te manque de ta vie à New-York en réalité – cette vie que tu as laissée derrière toi. Tu t’es reconstruit ici, tu t’es fait une nouvelle vie. Et tu ne laisseras plus personne te dicter de ta conduite. Tu es le seul maître à bord. Le seul à décider de ta destinée. Un peu comme quand tu te glisses derrière une caméra, que tu t’imagines en train de diriger une foule d’acteurs. Que tu te vois en train de créer, de produire quelque chose de tes mains. Tu voudrais pouvoir avancer le temps, passer au travers des années en courant. Vivre ta vie à deux mille à l’heure et ne jamais t’arrêter. Ton existence comme une course de voiture, dangereuse et excitante, qui fait monter l’adrénaline dans tes veines, faisant palpiter ton cœur trop rapidement. Tu aimerais avoir tout et tout de suite, comme un de ces enfants pressé d’ouvrir ses cadeaux à Noël. Chaque jour, tu sens cette boule d’excitation au creux de ton estomac, celle-là même qui te dévore et s’empare de toi comme tu aimerais t’emparer de la cité des Anges. Tu veux croquer la vie à pleines dents, profiter un maximum de ton présent et connaître ton futur pour enfin oublier le passé. Brûler les étapes, sauter des marches et faire un bon avant. Tout pour fuir un temps passé, révolu, terminé.
Tu ne peux pourtant pas aller plus vite que la course du temps. Tu dois subir sa lenteur cependant que tu trépignes d’impatience tel un enfant. Tu as trouvé un certain rythme malgré tout, entre tes cours et tes virées au cœur de la ville. Chaque jour, tu découvres de nouvelles choses comme si Los Angeles regorgeait de surprises par milliers. Mais aujourd’hui, tu dois seulement rester assis à ce bureau à écouter tes professeurs, à prendre des notes. Si tu aimes tes études, certains cours te donnent l’envie assommante de dormir, de fuir. Prof ennuyeux ou sujet trop rébarbatif, tu attends que la leçon se termine tout en sentant ton pied tapoter le sol comme dans un tic nerveux. Alors tu vois arriver l’heure du déjeuner comme une libération et tu n’as sûrement jamais rangé aussi vite tes affaires. Le couloir est soudainement bondé et tu entends les élèves se bousculer, s’excuser puis repartir en courant. On dirait comme une vague géante qui s’abat sur la berge et fracasse les rochers. Et puis tout s’arrête. Comme si le temps suspendait sa marche, comme si tu retenais ton souffle. Il y a comme un poing qui te fracasse la poitrine et ton sang se glace. Le corps figé au milieu de la foule, tu le fixes. Lui. Ce gosse qui apparaît comme un fantôme du passé, comme un démon tout droit sorti de l’Enfer. De ton Enfer. Et tu ne sais pas quoi faire, comment réagir. Tu es juste paralysé. Parce que toute ta vie passée vient de te rattraper en l’espace d’une seule seconde et c’est pareil à une tempête qui dévaste tout à l’intérieur de toi. Tu revois ces images, toutes ces images indécentes que tu t’étais forcé à oublier. À cacher. À terrer dans un coin reculé de ta mémoire pour ne plus jamais y repenser. Mais il est là, juste là, et sa seule vue te ramène quelques années en arrière. Au lycée. Ce rendez-vous chez la psychologue, ces sièges devant sa porte. Ses grands yeux plein d’innocence et de chaleur. Sa chaleur. Son odeur de fruits des bois et son souffle erratique. Tout te revient par flashs comme une véritable bourrasque et tu sens tes jambes flageoler. Il ne peut pas être là, pas ici. Pas dans la même ville, pas dans la même université que toi. Dans ta poitrine, il y a ton cœur qui semble hurler, paniquer aussi. Parce que tu es effrayé, en vérité. Effrayé de voir ressurgir ces envies malsaines et dangereuses, effrayé de sombrer à nouveau dans ce tourbillon de passion dévastatrice. Peut-être as-tu l’air sûr de toi, mais ce ne sont que des apparences. De foutues apparences. Parce qu’à l’intérieur, tu trembles comme un gamin devant son pire cauchemar.
Bien décidé à ne pas perdre la face, tu t’avances d’un pas ferme et décidé jusqu’à lui. Tu notes dans un coin de ta tête qu’il n’a pas trop changé. Juste un peu. Il a grandi, il s’est épaissi. Il a le visage plus carré. Il fait moins bébé, plus homme. Et tu te détestes instantanément d’avoir déjà remarqué tous ces détails en si peu de temps. « Qu’est-ce que tu fais ici ? tu éructes, le ton sauvage et les sourcils froncés. » Dans ton ventre, il y a comme un nœud qui se forme, qui se tord délicieusement. Tu ne sais pas quoi penser de cette salve de sentiments qui t’envahit. C’est juste indécent. Et il y a tout à coup les mots de ton père qui te frappe le crâne, comme un marteau. C’est douloureux. Intérieurement, tu hurles. Tu hurles à t’en écorcher les cordes vocales, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ta voix. Il ne devrait pas être là ; il devrait être à New York. Il aurait dû rester là-bas. Dans ta tête, il resterait à jamais le gosse des toilettes de ton lycée, et rien de plus. Il ne devait pas grandir, pas changer. Pas devenir encore plus attirant et charmant. Il devait juste rester ce gamin inconnu que tu as baisé. Parce qu’il te fallait défier ton père, le décevoir réellement. Parce qu’il y avait toute cette colère, toute cette haine en toi que tu devais évacuer. Jamais tu n’aurais dû le recroiser. Ce n’était pas comme ça que ta vie était censée se passer. Cette page de ta vie était tournée depuis longtemps déjà, et voilà que ce gosse réapparaissait et te ramenait à ces bas instincts primaires. À ces souvenirs trop brûlants. Tu n’avais donc pas fui assez loin, pour ne plus être hanté par ces années que tu avais voulu oublier ? Et tu revois ton meilleur ami, son sourire. Tu entends sa voix, elle raisonne désagréablement à tes oreilles. Une douleur sans nom te broie la poitrine, écorchant ton cœur. La souffrance, la colère, la haine. La culpabilité. Des sentiments terribles qui t’ont noyé pendant longtemps. Parce qu’il te l’a enlevé.

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Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptySam 29 Nov - 21:15

we're not broken, just bent.
sawyer & alan

go your own way — fleetwood mac

Les matinées répétitives et les journées fatigantes, c’est bien là le problème des semaines, quoique les week-ends peuvent avoir d’intéressants, il y a toujours quelque chose qui sort de l’ordinaire, une sorte d’atmosphère électrique, quelque chose qui donne l’impression que le temps passe au ralenti, mais dans un genre de ralenti étrangement agréable. Quelque chose qui les rend différent du reste. Quand bien même eux aussi semblent plus répétitifs que les semaines, puisqu’au final on s’efforce de toujours faire les mêmes choses quoiqu’il arrive. Se détendre, s’amuser, boire, faire rapidement l’amour. Au final, tout est répétitif. Mais la routine a ses avantages comme ses inconvénients ; on s’efforce de toujours chercher quelque chose pour motiver son train-train quotidien, parfois en changeant ses habitudes, parfois en faisant des choses que l’on n’avait plus fais depuis longtemps. Mais le plus épais des problèmes de la semaine, c’est bien de diversifier ses journées ; en particulier lorsqu’on est prisonnier du schéma étudiant. Grommelant au réveil, Alan rampe sous sa couverture épaisse, recroquevillé contre lui-même, dans une position presque fœtale, son réveil vibre contre son oreille, c’est son téléphone qui siffle un bruit sourd et désagréable ; assez fort pour l’éveiller, pas assez pour gêner les deux autres habitants s’ils sont encore là. L’habitude de dormir avec son téléphone comme seul compagnon, c’est devenu quelque chose de trop répétitif ; comme s’il manquait de compagnie. Comme s’il avait besoin de quelque chose avec lui pour réussir à trouver le sommeil. D’abord réticent à se lever, il roule et tourne sur son large matelas, se couvre les oreilles avec son oreiller et puis finalement il soupire et se redresse lentement. En tailleur et immobile pendant quelques secondes, il contemple le vide, les yeux peinant à s’ouvrir comme s’il était ébloui par une quelconque violente source lumineuse aveuglante, puis finalement il récupère son téléphone qui continue de vibrer et le coupe enfin, apportant de la paix non seulement à ses oreilles mais aussi à son éveil difficile. Dormir ce n’est pas quelque chose qu’il apprécie tout particulièrement, mais ce n’est pas quelque chose qu’il aime qu’on trouble chez lui, et le matin des semaines avait toujours eut cette fâcheuse habitude en l’emmerder bien profondément, surtout les débuts de semaines comme ceux-là. S’habiller, se préparer, se casser, se faire chier et rentrer. Le programme de sa journée ne lui donnait pas tant envie que cela, mais il était bien obligé de s’y plier ; et c’est trainant les pieds hors de son lit qu’il commença à fouiller dans son armoire une tenue à mettre, rien de trop élaboré, rien de trop long à choisir, tout est balancé sur son lit, tandis qu’il traine des pieds jusque sous la douche. Quelques vingt minutes plus tard il revient, baille et se vêt.

Au diable le baratin du petit-déjeuner, repas important, il récupère ses affaires, et s’en va immédiatement. Comme quasiment tous les matins ; il ira trainer un peu sur son chemin, comme s’il découvrait un peu plus Los Angeles à chaque fois, s’arrêtant au passage pour s’acheter un café brûlant qui le réveillera finalement à coup sûr ; et ainsi la journée commence enfin. Les heures défilent lentement, les gens s’entrechoquent violemment entre les couloirs, certains s’arrêtent pour discuter, d’autres s’évitent ; Alan, lui, reste engourdi dans un moule qui n’a pas l’air bien différent des autres jours. Comme à chaque fois, il assiste à quelques heures de cours, puis lui et quelques amis pas vraiment très proches, des camarades de classe avec lesquels il discute et s’entend suffisamment pour ne pas avoir envie de les frapper, vagabondent dans le campus. S’en allant à l’extérieur pour profiter du peu de soleil présent, de cette froide chaleur qui se glisse entre les quelques gentilles caresses d’un vent d’automne. La chaleur du soleil fait plaisir, ils s’amuseraient presque s’ils n’étaient pas aussi vieux. Simplement, ils discutent de choses et d’autres ; certains affalés sur un banc, d’autres assis en contre-bas sur l’herbe, utilisant leurs gilets comme des sortes de couverture pour se protéger des restes d’humidité de la nuit. Alan est un privilégié, il a toujours une place sur un banc, mais la bande à ses propres règles, certains s’asseyent les uns sur les autres, dans des étreintes qu’on croirait presque romantique et pleine d’amour alors que pas tellement. Ce jour-là, il est assis sur un camarade et se fait enlacer ; quelques regards choqués leurs sont parfois adressés par les plus abrutis qui passeraient par-là, mais rien de bien important. Ils sont souriants, et au final, la journée est moins longue et ennuyeuse à cet instant présent. C’est peut-être ça finalement qui rend les week-ends si originaux, ce qui fait qu’Alan les aime tant. La compagnie. Mais même ces petites choses-là ne durent pas toujours, et au fur et à mesure que les heures passent, ils sont de moins en moins nombreux, avant de ne se retrouver plus qu’à peine trois à discuter et rire. Les estomacs commencent à gronder et tandis que d’autres s’affolent à retrouver l’intérieur pour filer en des cours qu’on ne devrait pas avoir à ces-heures-là, les trois énergumènes se relèvent et s’entraînent eux aussi à l’intérieur, mais pour déjeuner.

Les couloirs bondés regorgent de bruits, on se bouscule, on passe entre les foules en courant, parfois en trainant les pieds, certains râlent, d’autres sont bruyant et font rire leurs petites troupes. Il y en a qu’on voit faire toute sorte de choses pour combler l’attente d’un professeur en retard, d’autres s’assoient dans les escaliers qui mènent aux étages supérieurs au déplaisir de nombreuses personnes pressées qui doivent les enjamber soit pour descendre, soit pour monter. Les universités sont toujours trop pleines, c’est déplaisant. Et la claustrophobie d’Alan risquerait bien de refaire surface s’il était enfermé dans ces marasmes de personnes qu’il voit au loin, mais fort heureusement pour lui et sa compagnie de deux personnes, ils sont loin de tout ça, et leur chemin semble moins embrumé de têtes que l’horizon. Ils tournent un peu en rond à vrai dire, pas vraiment sur le chemin d’un endroit où aller manger, ni sur le chemin de dire au revoir à l’un des deux qui doit retourner vite en cours avant d’être en retard. Presque en triangle dans leur coin, ils discutent encore un peu, font durer ce petit au revoir, comme si c’était le dernier. L’un des deux qui lui font compagnie s’approche et murmure quelque chose à Alan, il se met à rire, regarde derrière lui sans vraiment trop savoir où diriger son regard puis retourne la tête et hausse les épaules, insistant qu’il ne comprend pas. Son ami lui n’insiste pas, il est en retard et l’embrassant sur la joue, après avoir enlacé d’une manière très amoureuse la jeune fille qui reste avec Alan, il disparait en courant vers un escalier qu’il traverse à toute vitesse, manquant de se faire tomber comme un idiot. Sans perdre de rythme, Alan et la jeune fille continue de discuter, on ne distingue pas clairement ce qu’ils se disent, mais cela doit sans nul doute avoir à faire avec la poitrine de la jeune femme puisqu’elle les montre en parlant, le jeune homme secoue ordinairement la tête, comme si c’était un dialogue tout à fait ordinaire, elle soupire et fait mine d’être blessée avant de sourire et de continuer sa discussion sans intérêt. Elle s’arrête de parler, Alan hausse un sourcil, elle regarde d’un air inquiet derrière lui et il se retourne.

S’il y avait une sensation pour expliquer celle qui vint traverser l’esprit d’Alan c’eut été peut-être celle d’un coup de poing si violent qu’on en perdrait ses dents ; un visage si familier et pourtant si lointain lui agresse la mémoire. Il le reconnaît bien évidemment du premier coup, mais c’est trop irréel pour être possible, c’est tout bonnement un mirage, peut-être le début d’une maladie, quelque chose. Qu’est-ce qu’il fait là ? Il le voit parler, mais est incapable de comprendre ce qu’il dit, ses yeux bleus perçant écarquillés, Alan garde une bouche entrouverte, choqué d’apercevoir ce visage devant lui ; l’air absent un instant il peine à reprendre ses esprits, clignant plusieurs fois des yeux. Finalement, ce sont ses sourcils froncés et son air colérique qu’il aperçoit, il est inquiétant, presque terrifiant. Le ventre noué et la gorge serrée, les mains d’Alan tremblent, il fixe ce garçon de New York qu’il n’aurait jamais pensé voir, ni même pensé s’en souvenir. Et pourtant, il est là, violemment ancré dans ses souvenirs, aussi violemment que leur rencontre. Cette amourette si incroyablement courte que ce serait l’exagérer que de dire qu’elle était bien une amourette. Une pulsion. Voilà. Ce garçon était une pulsion pour Alan. Ils s’étaient consumés dans le plus grand secret et plus jamais rien n’avait eu lieu. Pourtant ils étaient si liés l’un à l’autre. Pas seulement dans la chair, mais dans la vie. Alan avait aimé son meilleur ami. Alan l’avait perdu, comme lui l’avait perdu. Et ce pauvre Alex était un lien si fort que même maintenant, après tant d’années il était toujours là dans l’esprit de l’un ou l’autre. N’osant pas parler, n’arrivant pas à parler, Alan hésite quelques instants, il le regarde de haut en bas. Il l’ignore quelques instants pour le reconnaître véritablement, il a tellement changé. Si bien qu’il ne l’aurait pas reconnu s’il n’avait pas entendu sa voix. Cette voix si sauvage, presque autant que la dernière fois qu’il l’avait entendue. Cette voix qui avait soufflée des mots contre ses oreilles ; lui grognant des choses maladroites mais si convaincantes à la fois.

Le courage est une vertu qu’Alan n’a pas. Pourtant, il en possède des similis, l’orgueil et la fierté. Et c’est dans cette fierté toute violente qu’il repose ses yeux bleus contre ceux du jeune homme. « Qu’est-ce que tu veux que je foutes ici, à ton avis ? » Lui répond-il finalement en esquissant un faux sourire narquois, presque plein de défi, comme s’il cherchait à lui rappeler comment ils s’étaient connus.

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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyDim 30 Nov - 9:50

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alan & sawyer

Jamais tu ne te serais imaginé le revoir ici. Bien au contraire, tu avais enfoui cette possibilité loin dans ton esprit et tu t’étais forcé à oublier jusqu’à la couleur de ses yeux pour ne plus penser à tout ça. À toute cette période de ta vie que tu avais laissée derrière toi. Et voilà que, tel le diablotin surgissant de sa boîte, il réapparaît. Comme par magie. Comme tout droit sorti de ton esprit. Si c’est une mauvaise blague, alors elle n’est définitivement pas drôle. Parce que tu ne trouves pas ça amusant de revoir ce fantôme du passé dans ton nouveau présent. Tu pourrais te dire que l’université est grande, que Los Angeles est grande, bien assez grande pour vous deux. Mais non. C’est lui ou toi ; c’est toi ou lui. Mais pas les deux en même temps. Rien que de savoir qu’il est là, dans la même ville que toi, la même université que toi, c’est juste insoutenable. Il y a alors tant de violence et de haine en toi que c’est comme un tourbillon qui te brouille la vue. Des images défilent, des souvenirs te heurtent. Et c’est comme une main qui t’enserre la gorge jusqu’à t’étouffer. Tu aimerais pouvoir lui hurler dessus, le frapper aussi. Tu aimerais pouvoir te décharger de toute cette douleur que tu avais presque oubliée. Cette douleur, recroquevillée dans un coin de ta poitrine et qui resurgissait tout à coup, plus forte que jamais. Tu te souviens alors des cris, des larmes. De la souffrance. De ce vide que la mort de ton meilleur ami avait causée. Par sa faute à lui, à ce gamin qui avait tout détruit. Est-ce qu’il se sentait au moins coupable pour ce qu’il avait fait à Alex ? Est-ce qu’il se sentait autant responsable que tu le pensais, toi, fautif dans cette histoire ? Probablement pas. Il avait dû continuer sa petite vie sans même se préoccuper des dommages collatéraux. Il avait dû continuer son chemin sans même penser à la douleur qu’il venait d’infliger aux autres. Égoïste. Ça ne lui avait pas suffit de t’enlever ton meilleur ami, il avait fallu en plus qu’il lui enlève la vie. Bien sûr, ce n’était pas lui qui l’avait tué, il n’y était pour rien dans les faits. Mais ils sortaient ensemble, ils formaient un couple. Et ce gosse n’avait pas su l’empêcher de commettre l’irréparable ; il n’avait pas réussi à le sauver. Toi non plus, d’ailleurs. Toi non plus, tu n’avais pas réussi. Toi aussi, tu avais échoué. Et c’était une culpabilité qui te tranchait la poitrine avec violence à chaque fois que tu y repensais. Tu te refuses alors à tomber dans ce gouffre que tu avais réussi à éviter jusque là. C’est lui, le coupable ; c’est lui, le fautif. C’est tellement plus simple pour toi de rejeter cette sensation de culpabilité sur lui plutôt que d’accepter ce poids sur tes épaules. Est-ce qu’il repensait parfois à Alex, lui ? Ou bien avait-il fait comme toi, enfermer tous ses souvenirs dans un recoin de son esprit pour ne plus jamais les en sortir ? C’est plus facile pour faire avec la peine, la souffrance et le ressentiment. C’est plus facile pour avancer. En fuyant New-York, tu avais même espéré laisser tout ça chez toi, dans cette maison dans laquelle tu avais grandi. Mais, le revoir là ramène tout à la surface et tu ne sais pas comment réagir. Tu ne sais pas ce que tu vas bien pouvoir faire si la tristesse te noie à nouveau.
Son sourire presque défiant te fait grincer des dents. Tu aimerais juste le lui faire ravaler parce que c’est juste insupportable pour toi. Sa seule présence, son odeur qui te frappe les narines, ses yeux, tout. Tout en lui te révulse et ranime en même temps cette passion brûlante au creux de ton estomac. Cette même passion que jadis quand, ce jour-là, ton corps s’était mêlé au sien de la façon la plus physique qui soit. « Je ne sais pas, ruiner la vie d’autres personnes comme tu as pu ruiner la sienne ? lâches-tu d’un ton mordant, sans pitié. Ça ne t’a pas suffit ? Il faut que tu recommences ? » Oui, ça n’avait été que purement physique. Aucun sentiment ne vous liait si ce n’est le feu dans vos reins, dans vos veines. Tu retrouves presque la sensation de tes mains sur sa chair, de sa bouche contre ta peau. Et le frisson violent qui te traverse est comme la foudre. Électrique. Et c’est une véritable décharge en toi, une vague qui s’écrase contre les rochers d’une falaise avec la violence de la tempête. Tu as peur de te noyer dans toutes ces sensations contraires et ambivalentes. Comme si revoir ce visage familier n’était pas si désagréable au fond, pas si dérageant. Comme si ça ramenait la douceur des instants avec Alex à ta mémoire. Comme s’il pouvait te rappeler que ton amitié avec Alex n’avait pas été que synonyme de douleur et de vide, fût un temps. Et tu aimerais te rappeler de lui avec le sourire aux lèvres, tu aimerais te rappeler que tu l’aimais comme un frère et que tu n’arrivais pas à lui en vouloir plus de cinq secondes. Mais tu n’y arrives pas encore parce que tu n’as finalement pas fait le deuil de cette perte aussi soudaine que violente. Tu dois l’admettre, si tu as préféré occulter toute la fulgurance de ta peine c’est bien parce que tu n’arrivais pas à faire ton deuil d’Alex. Tu n’arrivais pas à avancer – avancer sans lui. Il avait sûrement été la personne qui avait le plus compté pour toi et voilà que, d’un seul coup, tu t’étais retrouvé seul. Sans lui. Soudainement, il n’y avait plus eu sa voix, son sourire, ses mots. Il n’y avait plus rien eu qu’un vide immense à côté de toi. Tout ça à cause d’une vulgaire amourette, tout ça à cause d’un amour stupide. Tout ça à cause de lui. « Je n’aurais jamais pensé te revoir un jour, Alan, tu craches comme si c’était une insulte. » Alan. C’est la première fois depuis le décès de ton meilleur ami que tu prononces son nom. C’est la première fois que tu utilises ce prénom que tu as tant détesté par le passé, que tu détestes encore aujourd’hui apparemment. Deux simples syllabes qui arrivent pourtant à te renverser l’estomac, sans être réellement sûr de savoir si tu aimes ou non cette sensation au fond de toi. Et même si tu l’aimais, tu te haïrais pour ça. Car tu ne veux rien apprécier de celui qui t’a enlevé ton meilleur ami ; tu ne veux rien aimer de celui qui l’a tué. Tu as traversé le continent pour commencer une nouvelle vie, et voilà qu’une fois encore, ce gamin débarquait et gâchait absolument tout. Comme si c’était un jeu pour lui ; comme si c’était amusant de te gâcher l’existence.
« Pourquoi tu es venu à LA ? tu demandes toujours aussi en colère contre lui, contre le monde entier. Pas que ça m’intéresse véritablement, mais si je dois apercevoir ta tête au détour d’un couloir, j’aimerais autant savoir pourquoi. » Que tu évites de te répéter à chaque seconde qu’il est juste là pour te ruiner l’existence à nouveau, comme une répétition du passé – comme un cercle vicieux dont tu ne t’es pas échappé. Tu sais bien qu’il a été tout aussi surpris que toi de te voir ; il n’avait pas prévu de te croiser à nouveau. Surtout pas ici, si loin de chez vous. Si loin de cette ville qui a abrité vos drames et votre passion. Tu as bien vu que le choc de cette rencontre a été réciproque. Mais tu as toujours eu l’habitude de lui placer tous les maux de la Terre sur le dos, comme si te décharger de ta colère sur lui allait te soulager, allait t’aider. Mais ça n’a jamais fonctionné au fond, tu restais juste ancré dans ce mal-être interminable, englué dans un malheur dont tu voulais seulement voir la fin. La colère n’a jamais disparu, la haine et la rancœur non plus. Tout restait là, au fond de ton estomac, à pourrir comme ces fruits tombés de l’arbre. Et aujourd’hui, à sentir sa chaleur qui t’envahit à nouveau, ces ressentiments deviennent comme des brasiers incandescents. Ils te brûlent. Les brasiers de la colère. De la honte et de la culpabilité. De tout un tas d’horreurs mêlées auxquelles tu ne devrais plus penser. C’est juste affreux. Tu te sens comme cet enfant venant de se réveiller d’un douloureux cauchemar et qui appelle ses parents, hurlant à pleins poumons. Mais ils ne viennent pas, ils le laissent seul avec sa peur, avec ses démons. Avec ce monstre sous son lit ou dans le placard. Avec la nuit noire qui l’entoure et l’étouffe. Tu es resté ce gosse effrayé, dans un coin. Tu as beau jouer les durs, le garçon sûr de lui et prêt à soulever des montagnes, tu as gardé cette âme de gamin. Parce que tu as grandi trop et trop vite ; parce que ton innocence t’a été enlevée voilà bien longtemps. Parce que tu es tombé. Sans jamais encore t’être relevé.

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Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyDim 30 Nov - 18:46

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sawyer & alan

more than a feeling — boston


Ce genre de souvenirs est détestable. Alan n’aurait pas non plus voulu tout oublier, mais depuis qu’ils avaient quittés New York, lui et ses parents, il allait beaucoup mieux, même s’il ne nageait pas non plus dans le bonheur, il pouvait presque prétendre être heureux tous les jours de sa vie. Son deuil, il l’avait fait ; même s’il restait éternellement blessé de ne pas avoir pu assister à l’enterrement, ni même avoir été prévenu de quand il avait lieu ; tout ça, c’était du passé et ça avait été parfaitement bien enfoui dans des souvenirs incroyablement tristes évidemment, mais il ne vivait plus que pour simplement pleurer ce garçon qu’il avait perdu, peut-être autant que Sawyer l’avait perdu lui, peut-être moins. Peut-être plus. La peine était là, elle avait toujours été là, et elle ne disparaîtrait même peut-être jamais. Mais la douleur avait disparue, laissant une tristesse nostalgique au lieu d’un chagrin violent. Et le retour de ce fantôme New-Yorkais n’amenait rien de bon, non seulement il propulsait à l’esprit d’Alan d’anciens souvenirs qui n’avaient plus fait surface depuis des années, il permettait par sa simple présence le retour d’une tristesse brûlante et insatiable. Alan n’était pas furieux de le revoir mais il aurait très bien pu se passer de ce beau minois qui se présentait à lui plein de fureur et de colère. Il avait un air si furieux qu’Alan pensa quelques instants qu’il allait se faire frapper, peut-être une fois, peut-être plusieurs fois. Il comprenait cette colère. Son teint avait blanchi quelques instants en s’imaginant se faire tabasser par Sawyer. Il savait bien que les choses auraient pu mieux se dérouler. Il s’était longtemps persuadé en son for intérieur qu’il était responsable de la mort d’Alex. Pendant très longtemps il avait blâmé son propre cœur comme la raison et la cause de la mort du jeune homme qu’ils avaient tous les deux tant aimé. Ce-même cœur, qui en cet instant, devant Sawyer tremblait de peur et battait plus vite que tout, ce même cœur qui était tordu à l’idée de le voir, ce cœur qui faisait souffrir Alan de simplement croiser ce regard colérique. Il aurait tout fait pour partir d’ici immédiatement, il ne voulait pas rester une seconde de plus en face de ce garçon, il n’osait plus bouger, ni même dire quoique ce soit. Il se haïssait d’être aussi peu courageux et quand bien même il prétendait le contraire, il était terrifié devant Sawyer. Alan voulait le frapper, lui rendre cette culpabilité qu’il ne voulait pas ; lui hurler dessus qu’il avait été dévasté, qu’il l’avait toujours été et qu’il l’était encore. Il voulait pleurer, il avait pleuré en assistant à la terrible scène, il avait secrètement pleuré après s’être rendu compte qu’il n’avait aucune valeur aux yeux de Sawyer, il voulait lui avouer qu’il regrettait absolument tout. Mais il savait que s’il commençait à parler, s’il commençait à pleurer, crier ou frapper il n’était pas certain de savoir s’il serait capable de s’arrêter.

Il avait enfermé et noyer le chagrin et comme un message dans une bouteille, il avait jeté tout cela au loin, il avait tout fait pour ne pas s’y noyer ; il s’était forcé à vivre autrement. Du jeune homme timide et silencieux il était devenu le salaud prétentieux et insultant, à quel prix ? Au final, il ne connaissait quasiment plus personne. Le peu de personnes qui l’entouraient n’étaient que de simples connaissances, des relations éphémères que le temps effacerait rapidement. Peut-être en l’espace d’une année ou de quelques mois à peine, Alan aurait déjà un nouveau cercle d’amis. Et savoir cela lui faisait énormément de mal, autant que de revoir ce visage d’autrefois. Ce même visage furieux lui jeta au visage d’horribles sous-entendus, si blessants qu’Alan s’étonna lui-même de rester stoïque en face d’eux, les poings serrés contre ses poches, les muscles contractés par une nouvelle colère qu’il n’attendait pas sentir surgir de cette façon. « Ah parce que c’est moi qui ruine des vies maintenant ? S’offusquait-il en haussant les sourcils, le regard plein d’une très rapide furie, il aurait voulu se taire, ne rien dire. Il n’aurait pas voulu continuer de cette façon, Aux dernières nouvelles, ce n’est pas moi qui me suis démerdé pour faire croire à un amour totalement bidon. Mentalement, il se giflait si fort que son visage tremblait en réalité, comme s’il s’efforçait de retenir des pleurs, ou un cri si fort qu’il se serait esquinté la voix. Je ne suis coupable de rien, Moi. » Ses joues rougissaient de honte et de haine à la fois, il se détestait de parler tant, il se détestait de dire tout cela, et il n’en pensait pas le moindre mot. Mais la culpabilité qu’il portait déjà était trop lourde pour qu’il vienne en ajouter une autre en lui reprochant quelque chose qu’il n’avait pas fait. Ce n’était pas de la faute d’Alan, ni de celle de Sawyer, l’un comme l’autre le savaient pertinemment. Mais l’explication logique n’avait aucun sens dans une telle situation. L’évènement avait été beaucoup trop puissant, beaucoup trop traumatisant pour que l’un ou l’autre ne convainquent pas que l’autre était fautif au lieu de réaliser que tout le monde était innocent dans cette histoire. Il le regarde et continue de lui transmettre sa colère, sa culpabilité ; Alan n’en veut pas et serre les dents, la bouche serrée il fulmine à l’intérieur, désireux de lui sauter dessus et de le frapper. De lui rendre chaque once de peine qu’il lui ramène.

Une grande inspiration, pour laisser les insultes le traverser sans y réagir ; comme s’il s’agissait d’une espèce d’épreuve sadique et violente, il reprend son souffle en le regardant, son air colérique agaçant continue de rester sur son visage, s’efforçant de garder son sang-froid Alan cherche à faire abstraction ; mais c’est trop difficile, ses yeux commencent à s’humidifier, il ne veut pas pleurer et certainement pas devant lui. Surtout pas devant lui, qui se plait à le faire culpabiliser, non il doit rester fort et lui renvoyer toute sa haine dans la gueule pour rester fier et garder le contrôle sur ce qu’il se passe. Il ne doit pas être le plus faible dans cet affrontement qu’est une simple retrouvaille. Il ne faut pas qu’il soit faible. « J’aurai préféré ne jamais te revoir. » Lui répond-il presque aussitôt, lui rendant son insulte au visage. « J’aurai préféré oublier toutes ces saloperies. Tout… Tout ça. » Marmonne-t-il en réduisant New York et le passé à un simple ‘ça’, il ne faut pas qu’il y pense plus que comme un vulgaire ‘ça’, autrement il se mettrait à pleurer, à regretter Alex, à regretter absolument tout, même Sawyer. Et ça c’est hors de question, pas maintenant, pas aujourd’hui. La gorge nouée par des pleurs qu’il s’efforce de ravaler, il peine à respirer, mais les larmes ne couleront pas de ses yeux, certainement pas ; il les en empêchera coûte que coûte. Tout doit rester silencieux et invisible. Il sait qu’il peut le faire. « Si ça ne t’intéresse pas, alors casses-toi. Reste loin de moi. Ne me regarde même pas. J’ai pas supplié mes parents pour quitter ce dépotoir à drame où l’on vivait pour recroiser ses vieilles saloperies qui ont tâché ma jeunesse. Je suis ici depuis quasiment dix ans, et je ne tiens pas à me faire donner la leçon par une salope refoulée. Une espèce de petite fiotte qui me jette la faute pour tout et rien, pour Alex, pour tout et je sais pas quoi d’autre. Alex était important, peut-être énormément pour toi, mais tout autant pour moi. Et peut-être même plus ! C’est pas parce que t’avais décidé de m’accorder aucune importance après que je t’ai serré dans les chiottes que je me suis retrouvé à l’aimer. Oh non, Alex était la chose la plus importante de toute ma putain de vie. De toute mon adolescence jusqu’à aujourd’hui encore. Alors ne commence pas à me jeter sa mort sur la conscience, si c’est de ma faute c’est autant de la tienne. Toi et ton putain de père. Toi et ton histoire mélodramatique de garçon tabassé. On a tous entendu les rumeurs, Sawyer… C’est trop tard pour qu’il s’arrête, les choses défilent et ne cessent d’inonder sa bouche, comme un torrent incontrôlable d’horreurs et de monstruosités, incapable de se taire il veut pourtant se taire, arrêter, même s’excuser. Mais rien n’y fait, la colère d’être accusé comme responsable de la mort du seul garçon qu’il avait jamais aimé est trop violente, trop injustifiée pour qu’il reste silencieux en face ; On a tous entendu les putains de rumeurs à propos de ton père. On a tous entendu les rumeurs sur ta putain de sexualité. On a tous entendu les putains de rumeurs sur ta putain de vie pathétique ! »

Perte de contrôle complète, Alan respire difficilement, le visage si rouge qu’on aurait l’impression qu’il était prêt à exploser. Les mains tremblantes et la respiration haletante, il pleure de rage. D’offuscation et de regret. Tout ce qu’il vient de dire, il n’a jamais voulu le dire, il n’a jamais voulu le répéter. Tant de violence animée par le dégoût d’une culpabilité qu’il ne veut pas garder pour lui seul, il avait eu besoin de parler à l’époque, mais ne l’avait jamais vraiment fait. Se complaisant dans des excuses et des conversations à sens unique, il avait eu besoin de raconter sa douleur, sa tristesse et qu’on l’accompagne dans son deuil solitaire ; mais personne, pas même ses parents n’arrivaient à l’y suivre. Il était seul dans sa peine et l’était encore aujourd’hui. Ces horribles histoires étaient enfermées dans les plus sombres de ses secrets, et la simple poussée violente de Sawyer avait suffi à les révéler au grand jour. Alan regrettait ce qu’il disait et cela se devinait dans son regard accablé par la peur.

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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyDim 30 Nov - 23:46

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alan & sawyer

Tu détestes ce visage trop fin, tu détestes cette peau sans imperfection. Tu détestes ces grands yeux qui sont comme un océan dans lequel tu as l’impression de t’enfoncer, de te noyer. Tu le détestes. Tu le détestes de te rappeler autant de souvenirs douloureux et violents ; tu le détestes de ramener à ta mémoire tant de souffrance et de vide. Si tu le pouvais, tu arracherais toutes ces images de ton esprit pour te libérer. Te libérer de ta peine, de ta culpabilité. De ta honte. De tous ces sentiments qu’Alan seul semble arriver à déclencher. Il y a tant entre vous. Tant de drame, tant d’intimité aussi. C’est comme te sentir proche et en même temps être un véritable étranger pour lui. Votre relation n’en est pas une à proprement parler. Vous n’avez fait que baiser dans ces toilettes pour garçons du lycée, puis il est sorti avec ton meilleur ami. Puis ton meilleur ami était mort. Et tout avait éclaté. Ta petite bulle avait éclaté. Plus rien n’avait été pareil après ça. Plus rien n’avait été comme avant. Tout avait changé et tu étais terrifié. Terrifié de toute cette douleur qui t’envahissait. Alors pour ne pas te noyer, pour garder la tête hors de l’eau et continuer à avancer, tu t’étais mis à le détester. Lui. Alan. Parce qu’il avait été l’amour de ton meilleur ami, parce qu’il n’avait pas pu l’empêcher de se tuer. Parce qu’il te fallait un coupable pour expier toute cette haine et cette violence qui bouillonnaient en toi. Parce qu’il te fallait te décharger sur quelqu’un, pour éviter de sombrer dans la folie. Et ça a été lui. La victime idéale, la victime parfaite. Parce que tu le détestais déjà un peu. Tu le détestais pour cette passion animale qu’il avait fait naître en toi ; tu le détestais pour t’avoir pris ton meilleur ami. Tu le détestais pour être lui. Mais tu n’avais jamais eu le temps ou l’occasion de lui cracher à la figure toutes ces insanités qui te passaient par la tête à chaque fois que son visage se dessinait sur l’écran de tes paupières closes. À chaque fois que te revenait en mémoire cette escapade dans les toilettes. Et puis, c’était simple de le détester. Plus simple que de mettre des mots sur ton attirance si violente et si soudaine pour quelqu’un que tu n’avais fait que croiser jusque là. C’était plus simple de le détester pour la mort d’Alex plutôt que de te haïr toi-même, plutôt que de supporter le poids de la culpabilité sur tes propres épaules. Alors le revoir ici, à Los Angeles, te donnait enfin la possibilité de te libérer de tout ce qui avait été accumulé au creux de ta poitrine, de ton ventre. Tu as le vain espoir de pouvoir te sentir mieux ensuite, de pouvoir continuer ta route et laisser tout ça derrière toi une bonne fois pour toutes. Tu as le vain espoir d’oublier toutes ces années et vivre enfin en paix avec toi-même. Ne plus avoir à retenir tout ça, ne plus avoir à faire semblant de ne pas sentir ce pincement entre tes côtes et ce renversement à ton estomac. Et alors la fin de tout ça serait complète.
Tu détestes ses traits lisses qui ne trahissent rien, comme si tout ça ne lui faisait rien. Comme s’il s’en fichait de tout ça. Comme si votre rencontre ne déclenchait rien en lui. Tu es tellement en colère de voir qu’il ne réagit pas que tu sens tes poings se serrer de fureur, tes mâchoires se contractent. Tu serais prêt à le frapper jusqu’à ce que la peau éclate sous tes mains, rien que pour voir une seule réaction de sa part. Juste pour évacuer toute cette frustration. Et puis il te balance tous ces mots à la figure, des mots qui forment des phrases qui ne prennent un sens à ton esprit qu’après une seconde ou deux. Des mots qui te heurtent en pleine poitrine comme un coup dans le ventre. Des mots qui te renversent. Comme dans un cauchemar, il étale ta vie privée au grand jour, il met en lumière tout ce que tu gardais précieusement enfoui à l’intérieur de toi. Il ose formuler tes peurs, tes craintes. Tes hontes aussi. Il appuie là où ça fait mal, il frappe là où ça blesse. Et tu es scotché. Tétanisé. Tu vois toute ta vie défiler devant tes yeux comme un vieux film en noir et blanc mal tourné. Et c’est comme un mauvais rêve. Tu n’arrives pas à en croire tes yeux, tes oreilles. Il ramène à ta mémoire tous ces souvenirs honteux et douloureux. Il te rappelle combien tu as haï ton père pour lever la main sur toi chaque fois que tu n’étais pas assez bien pour lui, à chaque fois que tu n’étais pas le fils tout juste digne de lui. Il te rappelle combien tu t’es détesté d’avoir pu coucher avec lui, de tous ces stratagèmes que tu as utilisés pour sauver les apparences, pour faire taire toutes ces rumeurs qui couraient à ton sujet. Il te rappelle que tu n’es qu’un minable qui n’a fait que suivre le chemin déjà tout tracé par son père, sans jamais oser se rebeller, sans jamais oser prendre une décision pour lui-même. Il te rappelle tous ces discours de ton paternel qu’il faisait entrer à l’intérieur de ton crâne à coup de gifles sur tes joues. Il te rappelle que tu n’as jamais été que le fils à son papa. Il te rappelle que tu n’es rien. Rien de ce que tu aurais voulu être. Tu as juste envie de te boucher les oreilles, de hurler que tout est faux, que rien n’est vrai. Tu as envie de lui coller ton poing en pleine figure rien que pour le faire taire. Tu voudrais t’enfuir, loin. Aussi loin que tes jambes peuvent te porter. Tu voudrais qu’il s’arrête de parler. « La ferme, tu souffles d’une voix vibrante de colère et de violence encore contenues. La ferme, Alan. » Ta respiration est si forte qu’elle bourdonne à tes oreilles ; ton cœur tambourine tellement vite dans ta poitrine qu’il te fait mal. Un goût acide de bile remonte jusqu’à tes lèvres, tu as envie de vomir. De vomir sur son discours de merde, de vomir ta vie pathétique. Vomir sur ton passé qui te colle à la peau comme de la glu. Il y a tant de rage en toi que tu as la sensation d’être sur le point d’imploser.
Et alors que tu n’y tiens plus, tu le bouscules et le plaques contre le mur le plus proche, sans aucune retenue. Son dos heurte la pierre froide, son crâne tape. Tu as ton bras juste au niveau de sa gorge et ton regard se fiche dans le sien. Venimeux, haineux. Brûlant de colère. « Dis encore un seul mot et je te jure que je t’étrangle, le menaces-tu à voix basse alors que les étudiants autour de vous s’agitent de plus en plus. Tu ne sais rien de moi, de ma vie ou de ce qu’il m’est arrivé par le passé. Tu ne sais strictement rien, alors ne parle pas sans savoir. » Et comme pour le dissuader de te répondre, tu appuis un peu plus sur son cou, lui bloquant petit à petit la respiration. Peut-être avait-il visé juste mais il ne pouvait pas juger. Il n’avait pas le droit de juger de ce que tu avais vécu sans réellement savoir ce par quoi tu étais passé. Il n’avait pas le droit de te jeter à la figure toute ta vie comme si ce n’était qu’un vieux chiffon troué, prêt à être délaissé. Tu avais mis des années avant de te prendre en mains, avant de te détacher de cette famille qui n’en était pas une – qui n’en avait jamais été une. Tu avais mis des années avant de prendre la décision de fuir tout ça, cet environnement toxique qui ne te satisfaisait plus. Et voilà qu’il débarquait, des années plus tard, et te jetait en pleine face toutes ces années gâchées à avoir peur, à te renier, à te complaire à la bonne volonté de ton père. « De quel droit tu te permets de me juger ? De quel droit tu te permets de déballer ma vie comme si tu en savais quelque chose ? tu craches, une légère grimace de dégoût sur les lèvres alors que ton regard se glace. Ce n’est pas parce qu’Alex était mon meilleur ami et ton petit-ami que ça signifie que tu me connais. Non, Alan. Tu ne me connais pas. Alors tu la boucles, compris ? » Tu relâches ta prise sur sa gorge, t’écartes légèrement alors que tu le toises de toute ta hauteur. Comment ce gamin pouvait-il encore te paraître aussi attirant après ce qu’il venait de se passer ? Tu es vraiment détraqué. Quelque chose ne va vraiment pas chez toi. Tu détestes vraiment son regard trop bleu, c’est définitif. Tu sens sa brûlure sur toi, sa caresse sur ta peau. Et cette sensation, ce frisson va te hanter pendant encore des années. « Tu aurais dû l’empêcher de sauter de ce putain de toit. Tu étais son petit-ami, tu aurais dû le protéger, tu lâches, ta voix oscillant entre colère et tristesse, douleur et haine. Tu aurais dû l’empêcher de se tuer. C’est de ta faute s’il est mort. Parce que tu n’as pas su le protéger. » Ton regard se brouille soudainement, des larmes brûlantes noyant tes iris et rendant ta vision trop floue. Le visage d’Alan disparaît derrière cet écran humide et tu revois le sourire d’Alex, si lumineux. Si vivant. « Pourquoi il a fait ça ? demandes-tu, sans savoir si tu attends vraiment une réponse. Qu’est-ce qui n’allait pas dans sa vie pour qu’il en arrive là ? Hein, pourquoi ? Pourquoi il nous a abandonnés ? » En vérité, c’était Alex le coupable. Coupable de vous avoir tous les deux laissés tomber.

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Alan R. Wzyciski
Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyLun 1 Déc - 16:13

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sawyer & alan

poison — alice cooper


Il est là, haineux, et s’isole dans la seule impression de réalité qu’évoque l’énervement d’Alan. Il ne le prend pas avec précaution, les mots résonnent et s’entrechoquent entre eux ; ils parlent l’un comme l’autre à un mur. Un mur qu’ils avaient si bien connus autrefois, mais c’est trop tard. C’est fini tout cela. Ils ne se connaissent plus, chacun n’est plus qu’un souvenir sans saveur, sans histoire, sans rien pour l’autre. Si seulement. Alan le voit, le regarde, l’observe ; et rien ne lui donne envie de l’oublier. Il est là, en chair et en os. Concret et bien présent, en vie. Il y a quelque chose d’étrange, quelque chose d’attirant. Mais à la fois repoussant, cette colère, ce désir de culpabilité. Toujours à se projeter sur les autres, s’imaginer quelle vie il aurait à leur place, se dire qu’il peut mieux faire qu’eux. Et devant lui, devant Sawyer, ce si lointain souvenir. Alan ne lui en veut pas, pas vraiment. Même s’il vient de lui vomir les infinis reproches qu’il souhaitait garder enfoui en lui, même s’il voulait se taire et s’enfuir en courant. Il voulait faire taire ces quelques larmes qui vinrent se noyer dans ses paupières, salir son visage fin et lisse. Alan voulait fuir le plus loin possible, ne jamais revoir ce visage-là. Mais c’était trop tard. Ils étaient confrontés l’un à l’autre et à leurs terribles souvenirs, leurs terribles émotions et leurs sombres sentiments. Il le hait, il se hait. Lui qui sans rien dire a refait surface dans un Eden qui ne lui appartenait pas. Los Angeles, c’était l’évasion d’Alan, de personne d’autre. Il n’avait aucun droit de venir lui aussi et de prétendre que c’était son échappatoire, qu’Alan n’était pas le bienvenu. Il le haïssait tellement en cet instant ridicule et minuscule. Il était pathétique, pathétique dans sa colère et dans ses pics qu’il ne cessait de lui lancer au visage. Mais Alan, tout autant, se couvrait de honte chaque secondes de plus qu’il restait en face de lui, et à chaque mots qu’il continuait de lui cracher dessus. Pathétiques et colériques, les deux garçons étaient si semblables alors qu’ils essayaient de se persuader d’être si différents l’un de l’autre. Presque étouffé par la présence de Sawyer, comme s’il s’agissait d’une terrifiante vision d’un temps oublié, Alan se perd dans son regard, il n’y a plus rien autour de lui, autour d’eux. Si bien qu’il en perd l’impression de savoir où il se trouve, comme s’ils avaient disparus quelque part ou rien d’autre que leur discussion avait lieu. S’il avait voulu tendre l’oreille pour écouter le brouhaha du reste, il n’aurait rien entendu d’autre que la respiration de Sawyer et la sienne ; comme si la situation baignait dans ses souvenirs, il s’y mêle d’étranges rappels de leur pulsion, le bruit saccadé de leurs souffles unis, la chaleur des deux corps… Tant de choses qu’il ne pensait plus jamais ressentir, si bien que son esprit lui jouerait presque le tour de lui faire croire que c’est en train de se produire en ce-moment même. Ses joues rougissent un peu plus et il transpire légèrement, intimidé par le garçon, sans pour autant le laisser paraître, s’efforçant de rester sûr de lui comme il le peut dans telle conversation colérique.

Et puis, d’un coup d’un seul tout se bouscule autour de lui, les souvenirs s’effacent et se remplacent par la vision haineuse des choses qu’il répète à Sawyer, il souffle de rage et de furie, l’un comme l’autre se couvrent de colère et comme une bête menée par la folie, il bouscule Alan avec violence vers l’arrière, se heurtant contre le froid de la pierre, il grince des dents, en fermant les yeux d’inconfort. Son crâne cogne contre l’arrière, il résonne en son esprit un lourd capharnaüm de violence et de souffrance. La peau ardente de Sawyer lui écrase la gorge et les flammes qui traversent leurs cœurs se mêlent dans une autre union, celle de la violence. Il grogne des choses qu’Alan n’entend pas vraiment, qu’il essaie de ne pas entendre. Qu’il ne veut pas entendre. Toute cette colère, cette rage insatiable ; cette ardente furie continue de l’animer. Il se permet même l’horrible tentation de le menacer, Alan est mal à l’aise, bien moins confiant qu’avant, la peur se mêle à sa sueur et s’il ne rougissait plus c’est bien parce qu’il blanchissait, comme le linge, effrayé par l’animosité de Sawyer, il hésite quelques instants, n’ose pas ouvrir les yeux. Par peur que s’il les ouvrait il ne verrait plus Sawyer, mais le père de celui-ci, une fureur telle qu’il s’étonnait que le fils ait pu y survivre, qu’il ait pu tolérer d’être traité ainsi si longtemps. Finalement soumis à la force de Sawyer, Alan respire difficilement, bruyamment, ouvrant enfin les yeux avec peu de courage. Il le regarde, il fixe sa colère et sa haine avec le peu de témérité qu’il pourrait posséder au plus profond de son être ; mais comme persuadé qu’il ne lui arriverait rien malgré les menaces, il s’efforce d’afficher un sourire difficile dans son étouffement. L’empêchant d’un autre commentaire douteux, Sawyer resserre un peu plus sa pression sur la gorge d’Alan. Mais c’est sans compter sur l’insistance et la fierté de cet idiot, avec beaucoup de difficulté il parvint tout de même à lui siffler entre ses dents serrés par la douleur « Tel père, tel fils. » Comme une sorte d’ultime attaque, pour lui rappeler que c’est son père qui l’a finalement fait ainsi. Qu’Alan n’y peut rien, qu’il est innocent dans toute cette histoire. Qu’il veut que cela cesse, peut-être même qu’il n’a pas le courage ou la solidité suffisante pour tenir autant que lui. Dans cet aveu de faiblesse, il avait remis en question toutes les choses que Sawyer venait de lui dire. Toutes les choses qu’il avait supposé à propos d’Alex, de lui et d’eux tous. Comme un poison qui lui traverse les veines, Alan semble maladroitement détendu par ce qu’il vient de dire. Comme s’il était heureux de jeter d’autres mauvais souvenirs au visage de Sawyer ; comme s’il essayait de lui rendre la pareille de chaque pic lancé, de cette violence ou de ces menaces effrayantes…

Ils se séparent finalement, Alan garde une main contre sa gorge devenue rouge, reprenant sa respiration avec beaucoup de difficulté. Mais s’il avait l’impression d’avoir apprécié ; comme si cet échange de haine et de fureur entre eux lui avait permis de mieux se sentir. Il souriait bêtement, sans poser son regard sur Sawyer, se massant la gorge et serrant son t-shirt de l’autre main. Fermant finalement la bouche et faisant taire ce sourire idiot, il releva les yeux quand Sawyer continua de crier des choses, qui cette fois étaient bien plus réelles à l’oreille du jeune homme. Presque comme des supplications, il entendait Sawyer insistait qu’il aurait dû le protéger, qu’il aurait dû essayer de l’en empêcher. Qu’il aurait dû être là pour Alex. Et ses yeux bleus qu’il avait arborés si fièrement depuis le début de la rencontre s’étaient éteints. Ils s’étaient noyés eux aussi dans un torrent de tristesse et de culpabilité. S’il y avait bien quelque chose qu’il s’était répété depuis le début. Depuis que c’était arrivé, c’était qu’il était responsable. Il aurait dû être là. Il aurait dû lui parler avant que ça n’arrive. Peut-être que rien que cela aurait suffi à tout empêcher. Mais il ne pouvait pas. Il n’avait pas pu avant et ne pourrait jamais plus. Il était trop effrayé. Caché dans ses histoires, caché dans sa petite sphère ; il était à l’écart de tout et n’avait pas eu le courage de parler à l’époque. Il avait été faible et l’avait bien compris pendant toutes ces années où il s’était efforcé de prouver le contraire au monde entier. Se masquant derrière des attirails de salopard, derrière une attitude hautaine et supérieure. Enseveli sous des montagnes de faux semblants… Il était toujours aussi faible qu’avant. Les yeux baissés, il n’osait plus poser son regard contre celui de Sawyer et n’osait même plus lui tenir tête. Il n’osait plus le regarder et se mentir. Il n’osait plus se rejeter la faute. Il aurait pu faire quelque chose à cette époque, il aurait dû. Mais il n’avait pas su. Sawyer avait raison. Les deux garçons étaient si dévastés l’un et l’autre, si silencieux au final. Le bruit qu’il faisait sonner autour d’eux n’était que la douce protection d’une coquille de mots et de cris, quelque chose pour masquer leur peine et leur tourment. Mais leur retrouvaille venait d’en fêler la surface, et plus ils restaient l’un près de l’autre, plus les fissures s’agrandissaient. Brisées, leurs coquilles s’étaient unifiées pour qu’il puisse partager le même chagrin. Ils regrettaient tous les deux leur ami, sa présence, son bonheur et sa vie. Ils voulaient tant le revoir. Tant l’avoir avec eux. Mais c’était impossible.


D’un saut, il les avait quittés. Faisant disparaître tout ce qui avait été mis en place, bousculant l’univers autour d’eux. Il avait sauté, et tout avait été anéanti. L’amour, l’amitié ; plus rien. D’un si simple saut, Alex avait tout détruit autour de lui. Pas seulement son avenir et sa propre vie. Mais tout ce qui l’entourait aussi. Il avait réduit à néant les espoirs de ses parents comme il avait massacré les émotions d’Alan et annihilé l’amitié qui le liait à Sawyer. D’un si simple saut. Il les avait abandonnés. Sans jamais donner de raison, sans jamais qu’ils n’aient pu deviner ou comprendre pourquoi. Pas un mot, pas une lettre. Rien. C’est tout ce qu’ils avaient eu en retour. Rien. Alex les avait abandonnés et n’avait jamais laissé quoique ce soit qui ait pu expliquer son horrible geste. Et ces deux-là, acharnés dans leurs esprits furent à jamais convaincu que c’était la faute de l’autre. Que l’un aurait dû le protéger, que l’autre par son père avait condamné le jeune homme. S’ils s’étaient véritablement écoutés, et qu’aucun d’eux n’avait fui, ils auraient vite compris qu’au final, ni l’un ni l’autre n’était fautif. Et que l’un comme l’autre, ils étaient aussi impuissants et fragiles dans une situation de la sorte. Pleurant à son tour, Sawyer s’interrogeait, il voulait comprendre. Alan espérait tant pouvoir lui offrir un semblant de réponse. Mais comme lui, pendant des années, il s’était répété et interroger. Il s’était martelé l’esprit à se demander pourquoi, mais rien ne l’expliquait. Bafouillant de maladresse, les yeux pleins de larmes à son tour, parce que l’émotion le gâtait beaucoup trop, les souvenirs d’Alex s’écrasaient contre lui comme des vagues sur la berge, il répondit avec presque l’impression de s’insulter à cause de son ignorance « Je ne sais pas… » Se laissant tomber par terre, il baisse la tête et se maudit de ne rien savoir ; avant de lever la tête vers Sawyer et de continuer, les yeux rouges de tristesse « J’aimerai tellement savoir… Si tu savais… » Peut-être était-ce la tranquillité finale de cette conversation qui jouait des tours à l'esprit du jeune homme, mais il eut l'impression de le voir différemment. Maintenant qu'ils étaient calmes, Sawyer semblait plus agréable, plus facile à apprécier. Il y avait une étrange sensation au creux de la poitrine d'Alan, qui faisait qu'il ne le percevait plus comme une menace mais comme un pilier auquel il pourrait se maintenir.

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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyMar 2 Déc - 12:34

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Toute cette haine et cette colère t’épuisent. Tu sens ton estomac qui se retourne et il y a comme un goût de bile qui se dépose sur tes lèvres. Tu avais cru cette page de ta vie tournée ; tu avais cru cette histoire bel et bien terminée. Et voilà qu’en quelques minutes à peine, en une seule rencontre fortuite, tout a volé en éclat. Tout s’est effondré, tel un château de cartes. Tu as vu cet équilibre précaire être menacé alors que tu avais mis tant de temps à le trouver. Ton quotidien n’allait plus être le même désormais, tout venait de changer. Parce que savoir qu’Alan se trouvait ici, dans la même ville et la même université que toi allait devenir comme une obsession. Comme autrefois. Et tu te détestes pour ça parce que tu es conscient que tu ne pourras pas t’en empêcher – t’empêcher de le chercher des yeux dans les couloirs, t’empêcher de te demander où il est, ce qu’il fait. Avec qui. Et rien que cette pensée ranime la flamme brûlante de la colère à l’intérieur de toi. Ce dégoût de toi-même, ce dégoût que ton propre père a réussi à infiltrer dans tes veines. Tu as peur. Tu as peur d’être comme lui, de devenir comme lui. Aussi rigide et intolérant, aussi violent. Est-ce que tu es destiné à suivre ses traces, à suivre son mode de pensée ? Lui qui a passé des années à te répéter les mêmes discours, les mêmes phrases pré-mâchées, est-ce que tu peux aujourd’hui te détacher véritablement de tout ça, de cet endoctrinement, pour enfin laisser ton être exister par lui-même ? C’est la raison de tout ce cirque, de cette toute nouvelle vie. C’est la raison de cette nouvelle ville. Tu veux donner une chance à tes rêves et tes espoirs mais et si tu n’en étais tout simplement pas capable ? Si tu étais juste destiné à être le digne fils de ton père – un digne fils de pute ? Cette pensée t’arrache un frisson, tu presses les paupières comme pour l’effacer de ton esprit. Peut-être qu’en fermant les yeux, cette peur disparaîtra. Peut-être qu’en fermant les yeux, le monstre s’en ira. Tu es comme ces enfants, effrayés par l’obscurité de leur chambre, à prier pour que le méchant monstre de leur placard ne sorte pas cette nuit. Et la simple présence d’Alan dans ta vie à nouveau ravive ces peurs incontrôlées que tu avais cru oubliées. Effacées. Force est de constater que tu n’avais finalement pas réussi. Qu’elles sont toujours là, toujours aussi tenaces et poignantes. Toujours aussi virulentes. Et comme si elles te revenaient en pleine face, comme si elles revenaient par vagues glacées. Elles te heurtent, elles te coupent le souffle. Elles te noient. Tout se brouille à l’intérieur de toi et tu te débats pour retrouver un peu d’air, pour garder la tête hors de l’eau qui t’emporte. Peut-être qu’à te laisser porter par le courant, tu arriveras quelque part. Tu arriveras à ta place, celle qui t’appartient. Et alors, tu trouveras la paix. Tu te sentiras bien avec toi-même, les voix tonitruantes à l’intérieur de ton crâne s’éteindront et tu n’entendras plus qu’un long silence apaisant. Un long silence qui signifie que tu as laissé derrière toi tes démons d’enfant.
Mais c’est difficile de ne pas te laisser aller à la colère et la haine quand tous ces souvenirs douloureux et tristes refont surface après tant d’années. Alors que tu pensais la blessure refermée et cicatrisée depuis longtemps déjà. Et revoir le brun est comme sentir cette plaie se rouvrir, saigner à nouveau. Il n’y a pas pire sensation que de sentir les vieilles cicatrices brûler à nouveau, faire mal encore une fois alors que l’on espérait les avoir oubliées pour de bon. Il ramène bien trop de douleur et de questions sans réponse. Il ramène toutes ces interrogations qui ne trouveront jamais aucune explication. Parce que la seule personne qui les détient est aujourd’hui morte. Enterrée. Partie. Cette personne n’est plus des vôtres et vous devrez vivre sans elle et sans les réponses que vous attendiez pourtant. Vous devrez réapprendre à vivre avec ce trou à l’intérieur de vous qui, jamais, ne se comblera. Peut-être qu’avec le temps, il deviendra moins douloureux, moins obsédant ; peut-être qu’avec le temps, il deviendra plus petit. Mais jamais il ne se fermera. Il restera là, béant, ouvert et vide. Comme tu te sens, en cet instant. Vide. C’est comme si tu étais tout à coup une simple carcasse décharnée, dépourvue de toute matière. De toute son entité. Tu as la sensation que ton cœur vient de s’essouffler dans ta poitrine, que tes poumons ne fonctionnent plus. Mais tu gardes les yeux ouverts, tu ne meurs pas vraiment. Tu restes les yeux fixés sur ce corps qui s’affaisse, sur ce visage défait par la tristesse et la douleur. Alan souffre autant que toi, sinon plus. Lui non plus n’a pas les réponse ; lui non plus n’a pas compris pourquoi. Lui aussi ne s’en est pas encore remis. Tu remarques les quelques larmes qui sillonnent les joues encore rougies de colère et toute ta rage semble disparaître. Vous n’êtes pas si différents, tout compte fait. Vous n’êtes pas si disparates. Lui comme toi avez perdu quelqu’un que vous aimiez ; lui comme toi avez ce creux dans la poitrine depuis qu’Alex est parti. L’un comme l’autre, vous essayez vainement de survivre dans un monde trop dur, trop violent. Sans doute que, plus tard, tu seras fâché de cette ressemblance, de cette pensée qui vous relie Alan et toi mais, pour le moment, tu es juste fatigué. Fatigué de combattre, fatigué de cette colère qui bouillonne en toi. C’est harassant de détester quelqu’un, de se détester soi-même. Et tu ne rêves plus que de fermer les yeux, de te laisser emporter. Tu ne rêves plus que de calme et de silence autour de toi. Dans un même mouvement, tu prends place à côté du brun. Tu ne sais pas exactement pourquoi, tu ne sais pas exactement comment, ça te paraît juste être la chose à faire en cet instant. « Il me manque, tu lâches après un temps mort alors que tu observes les autres étudiants qui vont et viennent sans plus se préoccuper de vous. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne m’étais pas rendu compte qu’il me manquait autant. Je pensais l’avoir oublié, l’avoir laissé là-bas. À New-York. Avoir tourné la page et avoir avancé depuis. Mais je suppose que si j’ai aussi mal maintenant, c’est bien que tout ça n’est pas vraiment derrière moi au fond. » Jamais tu n’as encore mis de mots sur ce que tu avais ressenti au décès de ton meilleur ami. Tu avais gardé le silence, même si les adultes autour de toi te poussaient à parler. Toujours. Comme si parler était la solution pour que tu ailles mieux, pour que tu guérisses. Comme si parler allait le faire revenir. Mais tu avais refusé. Tu avais refusé parce que tu savais très bien que ça n’arrangerait rien, que ça ne changerait rien. Alex resterait mort et toi, tu continuerais de vivre. Sans lui. Rien de ce que tu pourrais dire n’allait pourvoir te rendre ton meilleur ami. Rien du tout. Alors tu t’étais tu, enfouissant ta colère, ta rancœur et ta douleur au fond de ton ventre comme pour les y oublier. Comme pour tourner la page plus vite et avancer. Avancer encore.
Tu presses tes mains l’une contre l’autre, yeux rivés sur tes doigts entremêlés. « Je lui en veux, déclares-tu d’une voix atone. Je lui en veux de m’avoir laissé alors qu’il était mon seul pilier dans la vie. Alors qu’il était le seul sur qui je pouvais me reposer. Je lui en veux d’avoir fait ça alors qu’il comptait pour moi, alors qu’il était entouré de gens qui l’aimaient. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de partir sans rien dire, sans rien nous expliquer. » Et c’était sûrement le plus douloureux – ne pas savoir, ne pas comprendre. Non, il avait juste sauté et voilà. C’était tout. Un saut et tout était désormais fini – sa vie, votre amitié, son histoire d’amour avec Alan. Plus rien n’avait existé après ; plus rien n’avait existé depuis. C’était comme un trou noir, un gouffre sans fond. Une obscurité constante. Los Angeles t’avait apporté un peu de lumière dans ce noir total, t’avait apporté une lueur d’espoir. Comme une lueur au bout du tunnel. Mais tu as juste la sensation de revenir à la case départ, de revenir à ce jour où ta vie a changé. C’était plus facile de vivre dans le déni et le mensonge, c’était plus facile de faire comme si tout avait été oublié. Tu n’avais pas imaginé que tout te reviendrait en pleine figure, un jour, au détour d’un couloir de ton université. Tout ça à cause d’un brun. Tout ça à cause d’Alan. Mais peut-être est-ce la solution ? Peut-être est-ce là la voie de ta guérison. Faire face à ta douleur et l’affronter. L’embrasser pour la faire tienne et ne plus la rejeter. Accepter sa mort et véritablement avancer. « Je lui en veux de m’avoir abandonné comme si je n’étais rien, comme si tout ce qu’on a vécu ensemble n’était rien. » Ta voix est pleine de ressentiment et tu as du mal à contrôler le tremblement qui l’anime. Tu te sens glacé, glacé de l’intérieur. C’est comme un grand froid qui t’envahit, qui te brûle. Il est là, à l’intérieur de toi, réduisant chacun de tes organes à l’état de glace. « Désolé, je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, tu ricanes doucement, le regard dans le vide et le sourire sans joie. » Peut-être que tu en avais besoin, dans le fond. Peut-être que ça te fait du bien de te décharger de toutes ces émotions qui pourrissaient à l’intérieur de ton estomac. Peut-être que tu avais juste besoin de dire tout ça, pour aller mieux. Pour aller bien.

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Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyMar 2 Déc - 19:17

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landslide — fleetwood mac


Comme un fardeau qui s’allégeait, la colère et la haine s’estompait un peu plus à chaque secondes qu'ils continuaient de partager. Peut-être était-ce finalement l’acceptation de leur innocence et le bonheur d’oublier qu’ils n’étaient pas coupables dans ces choses-là, mais peut-être était-ce aussi juste la fatigue de cette fureur, qui comme une flamme s’était estompée quelques instants, attendant d’être rallumée par un brasier de rage plus important. Alan était par terre, les jambes recroquevillées, le dos étalé contre un mur. L’arrière de sa tête le faisait encore très légèrement souffrir, comme une impression de compression étrange, mais presque plus suffisamment pour qu’il en soit incommodé. Regardant Sawyer quelques instants, après lui avoir parlé, il le vit s’asseoir à ses côtés. Le cœur du jeune homme fit un léger bond, puis se contracta à nouveau ; mal à l’aise, il eut presque le geste mécanique de s’éloigner, par peur de se faire frapper à nouveau, mais resta finalement immobile. Regardant Sawyer s’asseoir à côté de lui, Alan détourna ensuite le regard, les yeux pas vraiment fixés sur quelque chose, juste pour ne pas croiser son regard. Plus personne ne s’occupait d’eux ; il y avait un début d’attroupement quand la violence était devenue plus physique que verbale, mais rien de très important, puisque tout se dissipa finalement lorsqu’ils se calmèrent tous les deux. Il y avait comme un sentiment de justice rendue à l’esprit d’Alan, comme si tout était rentré dans l’ordre. Dans un sens, il était heureux que tout soit enfin sorti. Même s’il aurait préféré que les choses se déroulent autrement, peut-être même plus tôt. Oui, il aurait tellement voulu que tout ait lieu plus tôt. Mais le destin avait décidé de changer tout cela, et l’un comme l’autre avaient fuis et trouvés leurs propres chemins en dehors de tout cela. Au final, c’était peut-être la meilleure chose qui ait pu arriver. Et reposant les yeux sur lui, Alan l’écouta. Pas par dépit, ni par défaut. Mais parce qu’il voulait l’entendre. Il crevait d’envie d’entendre cette voix à nouveau, baigné dans des sentiments mêlés il ne savait pas ce qu’il ressentait, mais tout ce qu’il savait, c’est qu’il voulait l’entendre. Sawyer annonça qu’Alex lui manquait. Un bref sourire de compassion s’esquissa sur les lèvres d’Alan comme dans un tic, avant de partir aussitôt, il avait baissé les yeux et avait hésité à lui prendre la main et lui dire qu’il ressentait la même chose, mais n’avait rien fait, gardant ses mains contre ses propres jambes.

Il se taisait et ne voulait pas l’empêcher d’exprimer ce qu’il ressentait, mais il brûlait en lui ce désir de répondre et de partager la peine. Comme si tout d’un coup il était prêt à partager la culpabilité, le trauma ou quoique ce soit que ce fut. Maintenant qu’ils étaient dans des termes plus pacifiques, il y avait quelque chose en Sawyer qu’Alan ne voulait pas voir. Quelque chose qu’il ne voulait pas qu’il soit le seul à porter difficilement, comme le plus lourd de tous les fardeaux. Le laissant continuer à mettre des mots, Alan laisse son regard vagabonder autour de lui, le déposant longuement sur les lèvres de Sawyer, puis sur ses yeux. Au final, il observe son torse, les mouvements de sa respiration, comme s’ils étaient apaisants, avant d’arracher ses yeux à lui et de les diriger vers les masses d’étudiants qui se déplacent sans cesse devant eux, sans rien dire, sans rien faire. Il lançait à quelques rapides intervalles des coups d’œil sur lui, l’air inquiet, sans vraiment trop dire quoique ce soit, se contentant de l’écouter. La blessure laissée par Alex était aussi grande et douloureuse pour Sawyer qu’elle l’était encore pour Alan. Et tandis qu’il continuait en expliquant qu’il ne comprenait pas, qu’Alex n’avait pas eu le droit de faire ainsi, Alan hocha brièvement la tête avant de poser son regard vers le bas, fixé sur ses propres mains, tremblantes et rougies par la tristesse, comme son visage l’avait été plus tôt. Tournant sa tête vers lui, Alan hésita quelques instants, avant de prendre finalement la parole, d’une voix plus grave, plus posée, peut-être même plus détendue au final, « Si j’avais pu, j’aurai tout fait pour l’en empêcher. Si ça avait été de ma faute, pour je ne sais quelle raison, j’aurai accepté de le laisser partir sans moi. Je n’aurai pas fait de scène ni rien. J’aurai accepté, comme quand j’ai accepté notre arrangement silencieux après… Enfin, après tu sais quoi… Il me manque énormément, je n’ai jamais vraiment pu faire avec. C’est toujours resté un gigantesque fardeau sur mes épaules, j’ai toujours pensé que c’était de ma faute, que j’étais responsable d’absolument tout. » avait-il commencé en posant son regard sur le visage de Sawyer, baissant les yeux de honte, il continua « Je n’aurai pas du dire tout ce que je t’ai dit tout à l’heure. J’ai aucun droit de dire ça. Je suis pas mieux que toi. Ni mieux que personne. Je sais pas ce qui m’a pris. J’suis désolé… » En même temps qu’il s’excusait, Alan s’était un peu tourné vers lui, faisant silencieusement pivoter son corps, pour lui faire presque face, d’un genre de demi-profil. Et quand bien même il s’efforçait de garder un instant son calme, son visage trahissait une nervosité imposante, quelque chose de si fort qu’on avait presque l’impression qu’il allait éclater en sanglots éternels devant lui.

« Hey. T’es tout sauf sans importance. Il ne t’a jamais vu comme un moins que rien, si tu savais à quel point il t’admirait. Tu étais son meilleur ami, mais tu étais aussi sa plus grande source d’inspiration, si tu savais à quel point il t’admirait tu ne dirais pas ça. Presque chaque fois qu’on se voyait il me racontait des tas de choses à propos de toi. Des prouesses, des choses qui pouvaient avoir l’air inintéressante ou ordinaires mais qui pour lui étaient fantastiques. » S’était-il mit à rectifier après que Sawyer ait avoué qu’il n’avait pas encore digéré le fait d’avoir été abandonné aussi fort. « Toi ou moi, on n’était peut-être pas les amis les plus parfaits au monde pour lui, on avait sûrement des défauts et fait beaucoup d’erreurs, mais ce n’est pas à cause de nous qu’il est parti. Ça j’en suis sûr. » Avait continué Alan en osant poser une main chaude de réconfort et de bonnes intentions sur le genou de Sawyer. « Je me suis forcé à faire comme si tout allait bien depuis des années, je me suis forcé à avoir l’air de quelqu’un d’autre, parce que le moindre instant que j’accordai à Alex me brisait le cœur un peu plus à chaque fois. Je ne veux pas souffrir plus longtemps, et même si ça ne veut pas dire grand-chose à tes yeux, je ne veux pas te voir souffrir encore plus et plus longtemps. Ce que tu as vécu auparavant était déjà une épreuve. Et tu as réussi à t’en sortir. Alors ça aussi, il faudra réussir. J’ai foi en toi. Et je suis sûr que, peu importe où il est, Alex a confiance en toi. Toi et moi, on ne doit pas se laisser abattre par tout ça. On a réussi à le garder pour nous, pendant si longtemps que c’est devenu une arme. On s’entre-tue avec cette culpabilité immonde. On ne doit pas s’accuser mutuellement. » Avait-il monologuer d’un ton les plus sincères qui soit, retirant finalement sa main de Sawyer, parce qu’il se sentait maladroitement être de plus en plus attiré par lui, la pulsion qui les avait fait se connaître se ranimait seulement par ce simple toucher et ces quelques mots qu’il s’efforçait d’improviser pour le faire se sentir mieux ; et Alan ne voulait pas revivre cette pulsion animale. C’était terminé. Ça devait être terminé. Même s’il ressentait autre chose qu’un simple désir physique naître, il ne fallait pas qu’il succombe à ce genre de démons.

Se repositionnant à côté de lui, il laissa un instant un silence s’installer, pour calmer ses sensations internes, et observant le vide, il ajouta d’une voix plus amicale « Les arts du spectacles. C’est ce que j’étudie ici. C’est pas franchement intéressant, mais au moins c’est très libre. » Avant de rire timidement. Il fallait rendre l’atmosphère plus respirable, plus sympathique. Faire disparaître toutes ces mauvaises émotions qui avaient pullulés entre eux au début. Croisant les bras contre lui, il croisa ensuite ses jambes en tailleur et la tête appuyée contre le mur il la laissa pivoter vers Sawyer, le regardant d’un air presque angélique, les yeux si détendus qu’on lisait en eux qu’ils pardonnaient toutes les insultes et toutes les violences jetées au fil de leur rencontre. Un sourire en coin, ni prétentieux ni arrogant, honnête et timide à la fois, venait de naître sur les lèvres d’Alan. « C’est fou tout ce qu’on avait à se dire, pour finalement pouvoir respirer, hein ? Je me sens beaucoup mieux maintenant. Je suis désolé pour tout ça. J’espère que tu voudras bien m’excuser pour tout ça. »


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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyVen 5 Déc - 1:37

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C’est comme un grand calme qui t’entoure soudainement. C’est comme si tout le bruit extérieur avait cessé, comme si la douleur avait arrêté de hurler. C’est comme s’il n’y avait plus – plus rien que le silence et la paix. Tu te sens apaisé. Pour la première fois depuis des années, tu te sens apaisé. Complètement. C’est même une sensation étrange, dont tu avais presque oublié le goût, le réconfort. Tu avais presque oublié ce que ça faisait de te sentir aussi bien, aussi en phase avec toi-même. C’est comme si tout revenait doucement dans l’ordre, comme si tout reprenait sa place. Bien sûr, tu sais que ça ne fera pas cicatriser les blessures à l’intérieur de toi, qu’il te faudra encore du temps pour être enfin guéri mais tu vas pouvoir respirer à nouveau. T’ouvrir à nouveau. Peut-être qu’un jour, cette page se tournera d’elle-même, que ces souvenirs ne seront alors plus que des souvenirs sans être douloureux à te crisper l’estomac et le cœur. Un jour, peut-être, tu repenseras à Alex sans en souffrir. Tu l’espères, tout du moins. Tu espères trouver la paix, lui pardonner son abandon. Tu espères te libérer de toute cette frustration. Rencontrer Alan entre ces murs t’a aidé à affronter tout ce que tu refusais de voir malgré toi. Et tu ne sais pas encore si tu dois vraiment le remercier pour ça, ou juste l’envoyer au Diable et oublier jusqu’à son nom, son visage. Cette attraction en toi. Tu n’as pourtant plus la force de le haïr ou de le condamner pour un malheur dont il n’est finalement pas responsable mais c’était plus facile quand tu avais encore quelqu’un à blâmer. Quelqu’un de bel et bien vivant, de bel et bien présent. Si Alex était encore en vie, tu lui aurais hurlé dessus ses quatre vérités ; tu l’aurais frappé sûrement – ou peut-être pas. Mais si ton meilleur ami avait été en vie, c’est lui que tu aurais haï. Car c’est finalement lui que tu détestes, à qui tu en veux éperdument. Mais tu n’as rien ni personne pour évacuer ta colère, ta douleur. Personne d’autre que ce gamin dont tu aurais voulu oublier les traits trop harmonieux, trop doux. Trop adorables. C’est un tel mélange de sentiments diffus en toi que tu ne sais pas comment te comporter, tu ne sais pas quoi penser. Tu es juste si fatigué. Si fatigué de prétendre, de sourire à la face du monde pour cacher cette rancœur qui te bouffe les entrailles. Si fatigué de ne pas réussir à trouver la paix, même après toutes ces années. Le déni n’était finalement pas la solution à ce problème. Ce n’était pas la porte de sortie, la porte de secours vers laquelle tu devais t’enfuir. Parce que, toutes ces années, tu n’as fait qu’errer dans un tunnel sombre et glacé, sans jamais plus trouver la lumière. Sans jamais plus trouver le repos. Et enfin, aujourd’hui, voilà qu’une lueur d’espoir commençait à t’éclairer. À éclairer ton obscurité. Peut-être que tu arriverais à l’atteindre, cette fois. C’est un peu comme retrouver la sensation d’un cœur qui bat dans ta poitrine, un peu comme retrouver le goût du bonheur sur ta langue. Est-ce que tout ça changerait quelque chose ? Est-ce que tout ça arrangerait les choses ? Peut-être. Tu l’espères. Tu voudrais y croire. Même si croire n’est plus vraiment inné chez toi.
Il te manque. Alex te manque. Et c’est indéniable. Maintenant que la blessure est rouverte, béante et saignante, tu peux enfin te l’avouer. Alex te manque. Malgré la colère qui t’habite, reste cette souffrance due au vide qu’il a laissé. Et puis il y a les mots d’Alan. Des mots emplis de sincérité et de douceur, des mots qui semblent couler sur ta peau comme une caresse apaisante. La sensation est agréable et tu frissonnes violemment à l’écouter parler. Tu t’imprègnes de toutes ces paroles comme si tu voulais les ancrer en toi – comme si tu voulais te les approprier. Croire enfin que ni toi ni lui n’êtes responsables de ce tragique événement de votre vie et que tu peux désormais continuer à avancer. Même sans lui. Et jamais tu n’aurais pensé que ce soit l’ex petit-ami d’Alex qui t’aide finalement à te sortir de ce marasme de douleur après tout ce temps. Ce même ex petit-ami avec qui tu as laissé parler tes plus bas instincts ; ce même ex petit-ami qui te rappelle trop de souvenirs dont tu ne sais pas quoi faire aujourd’hui. Tu aimerais lui répondre, tu aimerais le remercier. Tu aimerais dire quelque chose mais les mots restent coincés. Là, juste là, en travers de ta gorge parce qu’elle est trop nouée. Nouée par les réminiscences de ton passé ; nouée par cette bête primaire qui semble hurler à l’intérieur de toi. Et c’est pire encore lorsque tu sens sa main se poser sur ton avant-bras. Il y a comme un courant électrique qui te traverse de part en part, réveillant ton épiderme à sa chaleur. Tu sens sa peau sur ta peau, sa chair contre ta chair. Le contact est brûlant, comme une flamme qui te lécherait le corps. Un violent frisson dégringole ta colonne, puissant comme la foudre qui s’abattrait sur toi. Tu presses les paupières un instant, comme pour tenter de retenir ce flot d’émotions qui t’envahit. Tu aimerais ne pas voir défiler devant tes yeux des images aussi indécentes, tu aimerais ne pas avoir cette envie de goûter sa peau à nouveau. Tu aimerais ne pas avoir à entendre les hurlements de ton père, les insultes. Pinçant les lèvres, tu essayes de ne pas te focaliser sur cette impression violente de brûler tout entier. Son monologue se perd dans un sifflement à tes oreilles, il n’existe plus rien sinon ses doigts sur toi. Ses doigts qui sont comme un fer rouge, qui laisseront une marque sur ta peau. Une trace indélébile, comme il a laissé quelque chose gravé en toi. Tu déglutis, t’empêches de trembler. De repousser cette main sans ménagement. Qu’est-ce que ça te ferait de l’amener de nouveau dans les toilettes ? Qu’est-ce que ça te ferait de t’emparer de ses lèvres encore une fois ? Est-ce que tu ressentirais la même chose que la dernière fois, est-ce que ce serait différent ? Est-ce que tu te trouverais dégoûtant ensuite ? Tu te rappelles alors de tes poings s’abattant sur l’écorce du vieux chêne, de la douleur remontant le long de tes bras, pulsant à tes tempes et jusque dans ton crâne. Tu te rappelles du sang, partout. De ta peau se déchirant sous les coups. Et de cette impression de te purifier, d’expier ta faute. De demander pardon à un Dieu que tu ne connais pourtant que de nom. Mais maintenant que tu avais quitté ce monde étriqué et intolérant, maintenant que tu avais ta vie à toi, est-ce que tu te sentirais encore comme ça ? Aussi sale, aussi perverti. Aussi damné.
Dans un mouvement brusque, tu t’écartes comme si sa présence t’avait brûlé, alors qu’il pose sur toi un regard trop clair. Un regard trop bleu, trop innocent. Trop franc. Tu fronces les sourcils, envahi par une colère si soudaine que tu en es toi-même étonné. « Non mais tu crois quoi ? Que parce que je viens de te parler de lui, que tu viens de me réconforter, on va maintenant devenir potes ? tu craches d’un ton furieux sans savoir si tu es en colère contre lui ou bien contre toi-même. Rêve pas. Toi et moi, on n’a rien à faire ensemble. On n’a jamais été liés que par Alex et c’était tout. On n’a jamais été amis. » Et vous ne le serez sûrement jamais. Parce que ce que tu ressens en sa présence est trop dangereux. Pour toi, pour ta petite vie bien rangée. Trop dangereux pour ton équilibre mental, surtout. Tu ne peux pas le sentir près de toi sans avoir ce feu dans les reins, sans avoir ce nœud dans l’estomac. Sa proximité semble t’intoxiquer comme un virus dans ton système. Il fait s’effondrer toutes tes barrières, fait ressortir toute cette passion destructrice en toi. Et tu n’aimes pas ça. Tu ne veux pas de ça. « T’avise plus de me toucher ou je te casse le bras, tu continues avec un regard méprisant. Ne pense pas que, parce qu’Alex était mon meilleur ami, je vais subitement t’aimer. Ça ne marche pas comme ça. T’étais rien pour moi. Juste celui qui a éloigné mon meilleur ami de moi. » Tu te relèves, le toises de toute ta hauteur comme s’il n’était qu’un insecte sur ta chaussure, une poussière dans ton œil. Une gêne dans ta vie. Tu ne veux pas que ce cauchemar recommence, tu ne veux pas voir ta vie s’effondrer à nouveau. Tu viens à peine de rétablir un certain équilibre dans ton existence et tu ne peux pas permettre au brun de venir tout déranger encore une fois. Tu ne peux pas le laisser tout détruire. Pas comme ça, pas de cette façon-là. « Et qu’on soit clairs, que je ne te prenne pas à aller raconter ma vie à qui veut l’entendre, menaces-tu dans une grimace entre dégoût et haine. Je ne veux pas encore avoir à subir les conséquences de tes conneries. Je suis pas une… Je suis pas un… » Mais le mot reste bloqué dans ta gorge, comme une peur viscérale. Cette même peur qui s’empare de ton corps transi d’effroi. Le dire à voix haute reviendrait à donner forme à tout ce désir, à toute cette bestialité en toi. Le dire à voix haute reviendrait à l’accepter. « Je suis pas comme toi. » Non, tu n’es pas comme lui ; non, tu ne retomberas pas dans ce déchaînement des sens. Non, tu n’es plus – vraiment – ce gars-là. Et tu aimerais t’en convaincre mais il reste ces battements irréguliers dans la poitrine, cette étincelle dans tes reins. Ce feu dans tes veines. Restent autant de sensations que tu ne peux pas contrôler.

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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyVen 5 Déc - 18:26

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only my heart talkin' — alice cooper

Et ce si bref sentiment d’amitié, de compassion et même d’amour qui naissait dans le creux glacé devenu brûlant des reins d’Alan venait de s’étouffer. Comme un feu sur lequel on marchait, comme un château de sable que l’on détruisait d’un coup de pied. Sawyer s’était offusqué du contact d’Alan, de ses mots et de ces paroles qu’il avait utilisé pour essayer de le faire aller mieux. S’il avait été plus jeune, Alan aurait été dévasté. Mais les quelques instants précédents avaient fait durcir son cœur et l’avait rendu plus mature et plus solide qu’il ne l’était déjà plus tôt. La mort d’Alex était un prétexte. Une odieuse façade qu’il avait montée devant lui pour masquer sa simple et stupide haine des autres. Et voilà qu’il prétendait être mieux qu’Alan, mieux que tout. Qu’il n’était pas une de ces choses que le jeune homme était. Alan avait retiré sa main et gardait les poings serrés de colère à l’écouter. Il se faisait insulter de plus bel et était même réduit à la terrifiante perception qu’on avait gravée à l’esprit de Sawyer. Le sang bouillant, Alan l’observe un instant, d’abord étonné de l’entendre s’énerver ainsi et aussi rapidement. Pour un simple toucher, une si simple et si innocente tentative de réconfort. Puis ses sourcils se froncent et son visage se tord d’offuscation, de colère même. Il l’écoute déblatérer ses horribles arguments contre lui, ses menaces une fois de plus. Et le visage blanchi par le soudain changement d’atmosphère, Alan tremble d’un frisson qui lui traverse le bas du dos ; se redressant ensuite, le regardant de plus loin. Toisant son regard arrogant, il hésite quelques instants, la peau frétillante d’un nouveau frisson, les poils de ses bras dressés dans une gigantesque décharge électrique, le regard noir et dégoûté. Alan peine à articuler. Son cœur l’en empêche, il hésite, tâtonne dans les ténèbres quelques instants. Pourquoi tant de haine ? N’est-il donc que cela ? Un réceptacle à fureur et horribles menaces ? Alan est dépassé. Si bien qu’il hésite à reposer son regard sur lui ; le visage noyé dans la fureur, dans une sorte de tristesse colérique qu’on ne ressent que lorsqu’on est injustement insulté par un homme qu’on apprécie plus que tout. Mais Sawyer ne l’apprécie pas.

Alan ne l’apprécie pas non plus, pourquoi le devrait-il ? Il est odieux. Il est détestable, et continuant de lui vomir d’horribles arguments au visage, Alan perd lentement ce sang-froid caractéristique qu’il aurait aimé garder plus tôt, avant de le blesser de tant de phrases violentes, pourtant, Sawyer ne se prive pas pour être détestable. Pourquoi Alan devrait mal se sentir alors ? Il est horrible, qu’il soit horrible si cela lui plaît. Mais certainement pas en face de lui. Serrant ses poings un peu plus fort, un léger pas en avant les rapproche : Alan reste silencieux. Mais cette impression d’amour continue de grandir en lui, depuis qu’il l’a rassuré, depuis qu’il l’a vu s’affaiblir et révéler son véritable lui-même. Depuis que l’un comme l’autre ont montré qui ils étaient vraiment. S’acharner à jouer un personnage ne les aurait mené nulle part, et pourtant c’est ce qu’ils continuent de faire depuis ; il lui crache d’horribles choses, Alan les encaisse et joue l’homme inaffecté, même si chacun des mots haineux de Sawyer se plantent en lui comme de terribles poignards. De nouvelles menaces, plus terribles à chaque fois. Ce n’est plus un Sawyer qui se tient devant lui, et terrifié d’y penser il ne peut cependant pas s’empêcher de voir s’interposer l’image haineuse et terrifiante du père de celui-ci. Mais la colère est une maitresse dangereuse, et tandis qu’il continue de se faire insulter, tandis que les crachats verbaux de Sawyer s’écrasent devant lui, Alan baisse la tête, sourcils froncés et visage resserré par la furie d’un millier de démons. Le jeune homme transpire légèrement d’énervement. Jusqu’à ce qu’un dernier et terrible « Je ne suis pas comme toi » l’achève finalement. Relevant la tête, les yeux noirci par la rage et rougies par des larmes retenues au creux des pupilles du jeune homme. Dans un terrible cri de colère, son poing vint s’abattre contre la joue de Sawyer. D’abord une fois, puis une autre dans son estomac. Et l’attrapant par le col il le plaque à son tour contre le mur et l’écrasant à la gorge du bout de ses larges mains chaudes et tremblantes « Non, non, c’est vrai ! T’es pas comme moi… T’es une petite merde qui n’a aucune aspiration. Rien. Tu es une vieille petite saloperie qui tâche la surface de la Terre. Écoute-moi bien petit con. J’AI fait plus pour Alex que tu n’aurais jamais fait de toute ta petite et misérable putain de vie ! » Un coup de poing dans le ventre, une nouvelle fois. Enragé, le sang brûlant si fort qu’on voit les bras du garçon aussi rouge que son visage.

« Contrairement à toi ! J’ai fait quelque chose. Je me suis démerdé pour lui. Chaque. Fois. Pendant que tu étais où toi ? Dans ton coin à chialer à propos de ta petite putain de vie minable. » Lâchant sa gorge, il fait un pas en arrière, se retourne, passe une main sur son front et se retourne encore plus enragé, les yeux plantés dans les siens. « Ne t’avises plus jamais de me menacer. JAMAIS ! » Reprenant son souffle un instant, le visage à quelques centimètres du sien, sa respiration brûlante de haine se répercutant contre Sawyer, Alan continue « Ou c’est moi qui te casserait quelque chose, sombre merde. » Sans reculer, sans bafouer. Sans peur et sans hésitation. Jetant sa colère et sa haine contre lui, il reste immobile, à quelques centimètres de lui ; une main le tenant par le col de ses vêtements. L’autre poing serré, comme s’il hésitait à le frapper une quatrième fois. Si seulement il le pouvait, mais au fond de lui, son âme lui crie d’arrêter. Il ne fait rien d’utile, il ne fait que répéter ce qui a fait de Sawyer ce qu’il est aujourd’hui. Il ne fait que continuer à perpétrer l’histoire du père de celui-ci. Et alors qu’il aurait préféré ne rien faire, le laisser encaisser les insultes et les coups de poings, le laisser réfléchir à ses putains d’actes qui avaient détruits les moindres chances d’amitié entre les deux garçons. Les émotions entremêlées d’Alan s’entrechoquèrent à l’intérieur de son esprit. Lui troublant la vision de plus belle, perdant cette horrible vue du père de Sawyer, il se retrouva à nouveau en face du jeune homme qu’il avait connu au lycée. La chaleur de son corps en face de lui, l’odeur de sa peau et chacun des détails qui faisait son visage si intéressant, si beau à regarder. Alan s’écarta quelques instants et prit une grande inspiration. « Je te hais. » Essaie-t-il de formuler, d’une voix mensongère, incapable de s’en convaincre lui-même. Ses yeux toujours noyés de larmes et d’une humeur mauvaise, il s’efforce de le regarder, il affronte ce doux visage qu’est celui de Sawyer, il affronte son regard et s’efforce de rester solide en face de lui.

Mais ce désir brûlant n’a de cesse de se raviver à chaque fois. Un peu plus chaque seconde, Alan le tient toujours par le col, sans vraiment le lâcher, la main appuyée contre son torse, le bout de ses doigts tirant sur ses vêtements, il reste un instant silencieux et contemple le garçon. Incapable de trouver une parfaite explication à ce qu’il ressent, ce n’est plus de la haine. Mais ce n’est pas pour autant quelque chose d’agréable. Il sent son cœur gronder en lui, il sent ses émotions s’extirper à l’extérieur de lui-même, quelques instants auparavant, il n’aurait rien fait de tout cela, mais au final, qu’avait-il à perdre ? Ils se détestaient déjà. Et peut-être que ça ne serait jamais autrement. Les pulsions d’Alan se manifestèrent finalement à nouveau, et tandis qu’il s’approcha une seconde fois de lui, desserrant son poing gauche, il laissa son visage se mêler à celui de Sawyer et l’embrassa de colère, laissant finalement quelques larmes glacées par le temps perler sur ses propres joues rougies de multiples sentiments confus. Avant de le lâcher et de reculer enfin, colérique. « Je te hais. » Répète-t-il une seconde fois, toujours sans être capable d’y croire lui-même. La voix chargée d’un sanglot lourd et terrible. Incapable de s’arrêter de pleurer, ses bras serrés et tremblants autour de lui, comme s’il cherchait à se consoler, se réconforter et se retenir de lui sauter dessus une fois de plus. Toujours aussi noyé dans ces émotions qu’il ne contrôlait plus. La haine comme l’amour. « Je devrais te détester. Je devrais te haïr ! Pourquoi est-ce que j’y arrive pas bordel… T’es un connard, c’est tout ce que t’es, putain… » Sanglote-t-il de plus belle, faisant un autre pas en arrière. Se noyant dans la foule désormais absente. Tout le monde avait disparu et ils n’étaient plus que deux dans ce large et silencieux couloir.

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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyVen 5 Déc - 20:17

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alan & sawyer

Un simple toucher et tu as perdu le sens des réalités. Le monde autour de toi s’est brouillé, ne devenant plus qu’une masse informe et grouillante, tes oreilles ont bourdonné si fort que tu as eu envie de hurler. Toute cette chaleur, tout ce désir en toi est comme un véritable poison dans tes veines. Tu ne le supportes pas. Tu ne peux pas supporter de ressentir tout ça pour Alan. C’est trop violent, trop brûlant. C’est trop troublant. Ton ventre se tord, se renverse. Tu sens encore sa chaleur sur ta peau ; tu sens ses doigts qui touchaient ta chair. Et ça ramène à ton esprit trop de souvenirs, trop de sensations que tu pensais avoir oubliées. Il y a même ton père qui hurle à l’intérieur de ton crâne et c’est si douloureux. Tu veux crier, frapper. Tu te revois te déchirer les mains contre l’écorce de ce vieil arbre et tu es obligé de serrer les poings pour ne pas faire pareil contre le mur du couloir de l’université. Tu les serres si fort que tes jointures blanchissent, que tu tes os craquent de façon sinistre. Et comme pour te décharger de ce mal-être, de cette colère incontrôlable, tu lui cries après. Tu vomis toute une slave de paroles à l’encontre d’Alan sans même comprendre pourquoi tu te comportes ainsi avec lui. Alors qu’il t’avait apaisé, alors que tu t’étais senti calmé pour la première fois depuis des années. Et voilà que toute la haine refait surface, elle te submerge comme une vague glacée qui te noie. Tu étouffes, tu manques d’air. Tu as besoin de te vider de toute cette colère ou tu vas devenir fou. Tu aurais dû partir, t’enfuir en courant et aller t’acharner après un autre arbre, un autre chêne. Mais tu ne peux que rester là, face au brun, à déverser sur sa carcasse tout le dégoût que tu éprouves pour toi-même. Tu ne veux plus penser à lui de cette façon-là, tu ne veux plus revoir ses grands yeux de fauves qui reflètent cette passion bouillonnant à l’intérieur de toi. Tu ne veux plus sentir son corps à moitié nu contre le tien. Tu vois soudainement le visage furieux et haineux de ton père, son regard te transperçant littéralement. Tu retrouves sur tes lèvres le goût misérable de la honte, la sensation de n’être qu’un moins que rien. Et tu blâmes Alan pour ça. Tu le blâmes pour un crime qu’il n’a pas commis ; tu le blâmes pour une faute dont tu es seul responsable. Mais c’est une fois encore plus facile de t’acharner sur lui plutôt que d’accepter ta propre déviance. C’est plus facile de le pousser dans ses moindres retranchements, comme pour te donner une bonne raison d’être violent. Comme pour te donner une excuse et pouvoir le frapper. Le frapper encore, encore et toujours, jusqu’à ce que le sang coule. Jusqu’à ce que tu te laves de tes péchés. Te laves de ton anormalité. Alors quand tu sens sur toi son regard empli de fureur, quand tu vois son grand corps se dresser face à toi, tu te dis que tu auras ce que tu voudras. Tu te dis que tu seras récompensé. Quelque part, tu t’en sens déjà soulagé – comme si la seule pensée de pouvoir expier tes erreurs t’aidait à aller mieux. Comme si savoir que tu pourras te défaire de toutes ces pensées inappropriées dans la violence allégeait ta poitrine. T’aidait à mieux respirer, à oublier tout cette passion dévorante qui te colle à la peau.
Et il hurle, et son poing s’abat sur ta joue. La violence a fait partie de ton quotidien pendant des années et tu te rends compte aujourd’hui que tu n’en as rien oublié. Tu ne bronches même pas quand il te frappe, quand il empoigne tes vêtements pour te pousser contre le mur. Non, tu n’as aucune réaction. Même si ton cœur bat trop violemment entre tes côtes, même si ta respiration se trouble. Tu ne bronches même pas. Parce que tout ça a un goût de déjà-vu, parce que tout ça est comme une vieille habitude. La douleur n’existe pas, ou si elle existe, tu la refoules rapidement sans même la ressentir plus que ça. Il y a juste une brûlure là où se posent ses mains, il y a juste son regard qui te fait frissonner. Un regard si puissant, si étincelant. Un regard si vivant. C’est comme si tous les sentiments qui existaient en ce bas-monde se retrouvaient soudainement dans le creux de ses iris flamboyantes. Ses joues ont cette couleur carmin qui te donnent envie d’attraper son visage entre tes mains et de plaquer ta bouche contre la sienne avec une violence démesurée, comme pour le mordre, comme pour la lui arracher. Comme pour l’embrasser. Tu ne fais pas attention à ce qu’il crache, ses mots semblant glisser sur toi comme la pluie sur un manteau imperméable. Il n’y a qu’un son diffus qui sonne à tes oreilles, tes tempes battent si fort que le rythme se répercute jusque dans ta poitrine. Tu as la cœur au bord des lèvres. Parce qu’il est maintenant trop près, trop proche. Sa chaleur t’envahit comme une vague brûlante et tu ne peux empêcher ce frisson de dégringoler le long de ta colonne, électrisant tes reins. Tout ton corps se tend cependant que tu sens ses mains sur ton torse. Elles sont si chaudes, bordel. Et son souffle. Son souffle sucré qui s’abat sur tes lèvres comme un vent chaud. Ton estomac se renverse. Tu aimerais comme pouvoir avaler ce souffle à l’intérieur de toi, le faire tien. Des envies si contradictoires et si dérangeantes t’envahissent. Tu aimerais être capable de le repousser avec violence mais tout ton être semble paralysé. Paralysé par cette proximité qui te fait flancher. Et alors, quand sa bouche s’empare de la tienne, quand il t’offre un baiser empli de violence et de haine, tu ne peux que lâcher un pathétique petit gémissement. À la fois surpris et heureux de sentir toute la frustration se relâcher dans ton dos, tu presses les paupières, te laissant aller à la sensation de morsure. Ça n’a rien d’un baiser amoureux ; ça n’a rien d’agréable. C’est moche et sale comme tout ce qui est entre vous. Entre Alan et toi. Mais tu sens à nouveau ce feu qui court dans tes veines, qui fait battre ton cœur jusque dans tes oreilles. Tout disparaît. Et bien trop vite, la réalité te rattrape. Crue et violente, accablante. Quand il se détache de toi, te repoussant comme si ton contact l’avait offensé, tu te retrouves avec cette bile sur la langue, ce dégoût au fond du ventre. Il te hait. Il te hait et tu le hais sûrement tout autant. Toute ta chair semble se révulser à sa simple présence et reste cette bestialité qui te possède à chaque fois que tu poses tes yeux sur lui. C’est inné, incontrôlable et tu ne peux rien faire contre ça.
« Je te hais tout autant, tu lâches, la voix rendue rauque et basse comme si ce désir qui enflammait tes reins ressortait à travers le son produit par tes cordes vocales. Crois-moi, je te hais autant que tu me hais. » Mais tu sais que ce n’est qu’une vaste blague. Une vaste comédie dans laquelle tu te perds pour oublier tous ces sensations diffuses à l’intérieur de ton crâne. Tu observes le trouble, le désarroi du brun resté face à toi. Et tu remarques combien la valse des sentiments qui danse dans ses yeux couleur d’océan est semblable à la tienne. Combien vous vous ressemblez en cet instant. Tant de rancœur, tant de non-dits, tant d’aigreur. Et tant de passion et de folie. Il y a tant entre vous que tu en as le tournis. Tout semble tourner autour de toi, dans ce couloir désormais vide. Ne restent que vos deux corps, vos deux âmes au désespoir. Et quand tu croises à nouveau la mer agitée de ses yeux, lorsque la tempête s’abat à nouveau sur toi, pauvre naufragé en plein océan, tu sens les dernières barrières s’effondrer. Et c’est pareil à un torrent qui fait céder le barrage. Tu attrapes ses bras d’un geste vif avant de le coller au mur le plus proche et, ton corps épousant le sien, tu viens chercher sa bouche à nouveau. Comme une pulsion, comme un besoin. C’est comme si tu allais perdre ton souffle si tu ne lui volais pas sa respiration dans l’instant. Tu retrouves le goût de fruit sauvage sur ta langue et c’est une coulée de lave qui descend le long de ton œsophage. Des flashs indécents te martèlent le crâne et tu presses un peu plus les paupières dans un grognement indistinct. Ton corps ne t’appartient plus, il est contrôlé par cette bête désireuse et envieuse qui vient de se libérer. Même ton esprit s’est envolé au moment même où ta bouche entrait en contact avec la sienne. Et tu as tout oublié. Il n’existe plus rien sinon ce baiser comme une punition, ce corps voluptueux et chaud contre toi. Il n’existe plus rien sinon Alan. Tes mains partent à la découverte de sa peau nue sous son haut, brûlante sous tes doigts. Tu frissonnes violemment au contact de sa chair contre ta paume. Elle est si douce, elle te rappelle tant de souvenirs aussi. Des souvenirs que tu as du mal à contrôler, à maîtriser. Dans un mouvement presque imperceptible, tes hanches se mouvent contre les siennes, accentuant la pression de vos deux êtres. C’est presque mécanique, c’est presque automatique. Il te fait perdre la tête et tu n’es plus capable de rien sinon de te jeter à corps perdu dans ce marasme d’excitation et de plaisir à venir. Tu retombes, comme des années en arrière, dans ce feu indécent sans même penser aux conséquences. Tu explores son buste finement musclé, dessiné comme dans l’albâtre. Ton corps tremble, ton âme chavire. Et aussi rapidement que tu t’es approprié sa bouche trop exquise, tu te recules, comme foudroyé. La respiration haletante et désordonnée, le ventre à l’envers, le cœur dans la gorge, tu le fixes comme si tu avais aperçu un fantôme devant toi. Avalant ta salive, tu es assailli par le regret et la honte, par la voix de père qui se fait tonitruante à ton esprit. Tu as juste envie de lui hurler de se la fermer. De te boucher les oreilles et de te rouler en boule. De te recroqueviller sur toi-même pour ne plus rien écouter. « Toi, tu lâches entre deux expirations lourdes. Toi, ne m’approche pas. J’suis pas une putain de pédale ! » Et ton père hurle, et hurle encore. À t’en faire perdre la tête.

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Alan R. Wzyciski
Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptySam 6 Déc - 0:46

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L’océan qui se nichait dans les prunelles d’Alan fut asséché dans un souffle rauque tandis qu’il fermait les yeux le long de ce baiser, cet instant de tendresse partagée, de sereine tranquillité, il aurait aimé le faire durer infiniment plus longtemps. Qu’une éternité s’écoule entre eux tandis qu’ils garderaient leurs lèvres unies. Mais ça n’eut lieu qu’une courte poignée de secondes. Le souffle coupé en retirant sa violence de ses lèvres, reculant de quelques pas ensuite il posa ses yeux tonitruants de terribles ressentiments sur lui, Alan le déteste. Il essaie tellement de le détester. Ces pulsions s’animent et se dissipent à chaque regard échangé, il répond qu’il le déteste aussi ; Alan ne l’écoute pas. Se convaincant du plus profond de lui-même qu’il ne fait que faire la même chose que lui, mentir. Il continue derechef, insistant qu’il le hait autant qu’Alan. Ses mains tremblantes d’un désir qu’il refuse d’assouvir à la suite de ces quelques mots, Alan garde ses yeux intenses plantés sur lui, le détaillant avec envie et retenu. La respiration saccadée par le temps et cette envie de prolonger un autre baiser pour le faire taire, qu’il arrête de lui mentir, de se mentir. Que toutes ces conneries s’arrêtent et qu’ils puissent véritablement retrouver ce qu’ils appréciaient l’un chez l’autre ; leurs corps. Mais ça ne fonctionne pas comme ça, ayant fait cesser le baiser, Alan reste à l’écart ; recroquevillé dans ses propres bras, s’apportant le réconfort que Sawyer est incapable de prodiguer, peut-être par égoïsme, peut-être par rancœur contre cette passion, par dégoût. Il y a tant de choses qu’Alan aimerait dire, tant de choses qu’il aimerait faire pour que tout aille mieux entre eux, il aimerait tellement être en paix avec lui-même autant qu’avec Sawyer et tout le reste de ceux qu’il a pu connaître du temps d’Alex. Même être en paix avec celui-ci aussi, mais ça ne marche pas comme ça. C’est trop tortueux, trop complexe, trop sournois et trop vil. Il faut qu’ils souffrent, c’est ce que le destin semble s’acharner à leur dire, ils doivent souffrir, se détester, se frapper et peut-être profiter du peu d’amour qu’ils sont capables d’exprimer.

Les mers enragées que sont les yeux d’Alan s’abattent une nouvelle fois contre l’échine fragile de Sawyer et le regardent avec trop plein d’émotions, tellement qu’on ne saurait dire laquelle est maîtresse dans les pleurs incessants du garçon. Tellement de passion, de rage et d’envie mêlée à d’autres sentiments tout aussi forts qu’un rien semble chavirer à chaque secondes, que tout semble s’entrelacer dans les cercles bleus qui lui servent de pupilles, tant de choses et si peu de mots. Mais les mots qu’aucun n’osent prononcer semblent animer une virulente passion en Sawyer et attrapant les membres resserrés d’Alan il le fait valser d’un sens à l’autre et l’accule violemment contre le mur avant d’unir son corps couvert au sien. Partageant un nouveau baiser, ses lèvres contre celles d’Alan. Ce faisant cette fois-ci embrasser il s’efforce de garder l’évènement à l’esprit, de savourer ce précieux instant et de le graver dans son esprit. S’embrassant ; Alan passa une brève main contre la taille de Sawyer, le laissant s’approcher de lui, corps collés l’un contre l’autre. L’instant ralenti autour d’eux semble durer l’éternité pour Alan qui ne s’y déplaît pas. C’est une sensation bien plus agréable que ces terribles insultes qu’ils s’efforcent de jouer l’un contre l’autre comme dans une partie d’échec truquée. Ni l’un ni l’autre déterminé à gagner. Et les mains tremblantes de désir, Alan le laisse continuer, il frémit au toucher de Sawyer sur son torse, frisonne et recule maladroitement contre le mur quelques instants, les yeux clos et la respiration tumultueuse d’impatience. Un court instant sur la pointe des pieds, animé par ce frisson. Les hanches de Sawyer plaquées contre les siennes ; Alan avait émis un très faible bruit soufflé entre leurs lèvres, comme une sorte de plainte agréable. Un gémissement étouffé. C’était agréable, et Alan ne pouvait pas le signaler autrement que d’une manière aussi bestiale.

S’il avait espéré bien des choses, Alan n’aurait jamais pensé que cela se produise, pas si vite du moins, et les mains tremblantes tandis que Sawyer passe les siennes sur le torse du jeune homme, Alan garde ses bras immobiles, presque attachés à la ceinture du garçon, les index la traversant et se nichant entre celle-ci et le pantalon de celui-ci. Mais très rapidement, le plaisir cesse, et leur instant de tendresse s’efface aussi rapidement qu’il a pu montrer le bout de son nez. L’horrible masque de Sawyer réapparait, il recule et défait leur étreinte sensuelle, comme s’il en avait été éjecté. Alan le regarde quelques instants, sans vraiment se rendre compte du changement d’attitude, l’air absent, ailleurs. Presque endormi et si détendu, un demi-sourire masqué entre ses lèvres. Qui s’efface aussi rapidement qu’il comprend ce qu’il se passe autour de lui. Se redressant de contre le mur contre lequel il avait été affalé et étalé, l’arrière de ses cheveux légèrement ébouriffé par les mouvements du jeune homme, Alan l’observe en reprenant lentement un air plus sérieux, presque essoufflé, il le regarde reculé, et quand bien même il a depuis longtemps cessé de pleurer, ses yeux sont encore légèrement rouges. Passant une main devant lui, pour remettre son t-shirt en place, il s’approche d’un pas, lui demandant d’une voix fluette, presque enrouée par ce long baiser « Qu’est-ce qu’il y a ? » Avant de se faire hurler dessus par Sawyer. Reculant d’un même pas, comme frappé en plein visage, comme craignant de se faire frapper. Alan a vu la colère de Sawyer quand il a simplement fait mention de leur rencontre, il n’avait pas la moindre idée d’à quel point la colère du jeune homme pourrait être dévastatrice après ce long instant partagé. Alan avait bien conscience de l’horreur dans laquelle Sawyer avait été élevé, et il craignait énormément les répercussions de cette horrible éducation.

Putain de pédale, la terrifiante insulte résonne dans le crâne d’Alan. Comme un énième coup porté à son honneur. Comme un terrifiant coup de poing en plein ses entrailles, le terme se répète dans son esprit et le fait souffrir un peu plus à chaque fois. Mais encore plus lorsque les mots s’échappent des lèvres de Sawyer. Comme s’ils y avaient gagnés une portée bien plus forte et dévastatrice que celle d’une simple raillerie devenue si banale pour le jeune homme. Les yeux baissés, immobile, presque de nouveau serré contre le mur Alan reste silencieux un instant. Redressant la tête vers lui, les lèvres muettes, le visage affichant une moue de déception presque aux allures enfantines. « C’est vraiment ce que tu penses ? Tout ça ? Tout ce que tu as dit avant ? Tout ce que tu viens de dire là ? » Commence-t-il en serrant les poings dans les poches de sa veste. « C’est tout ce que je suis ? Une putain de pédale ? Le connard qui t’a privé de ton meilleur ami et qui veut maintenant te corrompre et faire de toi une pédale aussi ? Vraiment Sawyer ? Vraiment ? » Continue-t-il sans bouger, sans oser bouger. Les pieds figés sur place et les jambes tremblantes de peur. « J’ai jamais dit que tu en étais une. Jamais. Tu peux aimer ce qui te plaît, j’en ai strictement rien à carrer. Mais s’il te plaît… Je t’en supplie. Arrête. » Se mis-il ensuite à implorer la voix bruyante d’un nouveau sanglot naissant. « Arrête de me haïr comme ça. Arrête de prétendre des choses fausses. Arrête, simplement, arrête. Tu ne veux plus jamais me revoir ? Okay, je me casse et on ne se reverra plus jamais. Mais je t’en prie, arrête tes horribles réflexions. Arrête tes insultes. Arrête tout ça. Je ne veux pas que tu finisses comme ça. T’es quelqu’un de bien bordel.  » Avait-il terminé en retrouvant un peu de courage, reprenant un ton plus stable et plus droit. Presque impassible et vindicatif.

Dans ce même nouveau courage, il avait trouvé la force de se déplacer, mais pas pour se rapprocher de Sawyer. Cette fois-ci pour s’éloigner de lui. Reculant sur le côté, s’échappant de sa présence, quelques pas en arrière, sans le quitter du regard. S’immobilisant finalement à quelques courts mètres de lui ; il avait repris, sans hausser le ton, parce que toujours suffisamment proche. « J’suis pas amoureux de toi, si c’est ça qui te fais flipper. Non, tellement pas. J’aimerais bien, mais c’est pas ça. Ce serait beaucoup plus simple si je l’étais. Mais je te déteste, tu me détestes. Je t’aime pas. Si j’pouvais t’aimer, je l’aurais dit depuis longtemps et tu m’aurais frappé. C’est pas de ta faute, ni de la mienne. C’est comme ça. Mais j’aime te voir. Et si ça peut rassurer ta haine, j’aime te voir mais ça veut pas pour autant dire que tu signifies grand-chose pour moi non plus. J’en parlerai à personne. Je dirai jamais rien à propos de toi. Je parlerai jamais de toi. Hell, t’existes même plus. C’est toxique cette haine entre toi et moi. Et j’en ai marre. Je veux pas vivre dans la peur de me faire frapper par quelqu’un comme toi. » Alan baissa la tête, regarda le sol un instant, renifla et empêcha quelques nouvelles larmes de l’accompagner dans ses paroles, « Fais ce que tu veux, ça ne me regarde et ne m’intéresse plus. J'en ai fini avec tout ça. »


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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptySam 6 Déc - 20:10

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Putain de pédale. Voilà, le mot était lâché. Pédale. Un frisson te parcourt et tu essayes de repousser le tremblement qui veut agiter ton corps tout entier. Ton cœur bat si fort dans ta poitrine que tu as juste l’impression qu’il va faire éclater ta cage thoracique en milliers de morceaux. Est-il possible que tes côtes se brisent à son contact trop brutal ? Ta respiration est courte et hachée, elle est bruyante. Et tu serres les poings, fort. Si fort que ça te fait presque mal. Si fort que tes ongles rentrent presque dans ta peau. À l’intérieur de ton crâne, c’est comme une tempête. Comme un ouragan. Tout ce tumulte est assourdissant, tes tempes bourdonnent à te filer la nausée. Tu as ce goût acide de bile sur la langue. Et ton estomac se renverse, se tord. Tout ton corps semble tendu, comme à fleur de peau. C’est un mélange de sentiments qui t’anime – la colère, la honte, la passion, le désir. Des envies disparates et contraires ; des envies qui ne s’accordent pas avec ton éducation. Tu as tant de violence à l’intérieur de toi que ça t’effraie. Tu pourrais le frapper. Tu pourrais le frapper pour te débarrasser de tout ça, de toute cette tension dans ton être mais tu en es incapable. Tu es incapable de lever la main sur lui. Tu n’es violent que par les mots, tu ne veux plus frapper qui que ce soit. Tu as passé ton adolescence à user de tes poings pour une cause que tu ne comprenais pas, que tu ne partageais pas. Une cause qui a fait de toi ce que tu es aujourd’hui. Une cause qui te pourrit encore la vie. Tu entends ton père s’indigner, tu vois presque son regard empli de déception qui coule sur toi comme une coulée de lave. Son regard te brûle. C’est comme si ses mains s’abattaient à nouveau sur ton corps. Mais tu ne bronches pas, tu restes impassible. Tu ne cilles pas, même quand les grands yeux d’Alan s’accrochent aux tiens. Il y a pourtant ce frisson qui dégringole le long de ton dos, mais tu n’as pas de réaction apparente. Tu continues juste de le fixer comme s’il n’était rien. Comme s’il ne t’obsédait pas, comme si son parfum ne te hantait pas. Tu aimerais oublier toutes ces sensations si gênantes mais elles sont comme ancrées en toi. Tu sens encore sa bouche couvrant la tienne, tu sens encore son corps qui épouse le tien de façon parfaite. Sur ta langue, se diffuse son goût de fruit sauvage et c’est pareil à un nectar. Pareil à un poison. Il te brûle les veines, il te fait battre le cœur. Et c’est horrible de te sentir partagé entre tant de contradictions. L’embrasser, le frapper ; le déshabiller, le planter là. Tomber amoureux, le détester. Te cacher derrière un rempart de haine est plus facile que de t’assumer. Tu préfères faire semblant de le haïr plutôt que de laisser tes barrières s’effondrer. Tu ne veux pas, tu ne peux pas. Tu avais cru être libéré d’une emprise trop néfaste mais ce n’est finalement pas le cas. Parce qu’il est toujours là – ton père. Il hurle, encore et encore. Ses discours passent en boucle dans un coin de ta tête, comme une vieille rengaine que tu connais pourtant par cœur. Ils sont une erreur de la nature, ils iront en Enfer pour ça. Ils seront punis. Ils sont des monstruosités, des abominations. Encore et encore, encore et toujours. C’est comme inscrit, gravé sur ta chair. Et tu as beau essayer, par tous les moyens, de te débarrasser de cette petite voix, rien n’y fait. Elle reste là. Elle t’empoisonne l’esprit et le sang. Elle t’empoisonne l’existence. Et tu as juste la sensation de n’être qu’une marionnette. Avant Alan, tout se passait bien. Tu te croyais hors d’atteinte. Pourquoi a-t-il fallu qu’il revienne dans ta vie, ton quotidien ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il renverse, qu’il bouleverse tout à nouveau ?
« Je suis comme je suis, tu lâches, la voix rendue rauque. C’est à prendre ou à laisser. » Tu aimerais revenir en arrière. Juste de cinq minutes, juste avant qu’il ne te touche. Quand tu avais encore l’esprit en paix. Enfin. Quand tu t’étais senti en parfait accord avec toi-même et quand tout s’était effacé pour ne laisser qu’un calme incroyable. Un calme que tu n’avais jamais ressenti jusque là. Mais il avait fallu que sa peau brûle la tienne, que ton cœur tressaute et que ton corps se crispe. Et tout était parti en fumée. Pour un simple contact. Et maintenant, tu es empli de colère, de dégoût. Tu dois jongler avec toute cette tempête à l’intérieur de ta tête et tu as juste envie de fuir. Loin. De partir encore une fois, pour une autre ville. Une autre vie. Encore une fois. Devoir faire avec cette réminiscence du passé n’a rien de plaisant pour toi et tu n’es pas sûr de pouvoir le supporter. De pouvoir faire comme de rien n’était. C’est comme te mettre face à ton passé, ta vie d’avant. Te mettre face à ce côté de ta personnalité que tu voulais prendre le temps d’apprivoiser. Mais le brun est comme une gifle en pleine figure, comme un réveil brutal. Il te pousse dans tes retranchements. Il te force. Pas de façon intentionnelle, mais sa seule présence dans ton univers fait tout basculer et tu retrouves tes démons. Ceux que tu pensais avoir oubliés. Tu te noies dans l’océan de son regard, te perdant dans cette mer houleuse. Te perdant dans sa chaleur et son trouble. Tu aimerais ne pas recevoir sa déception comme un coup de poing dans le ventre, tu aimerais t’en foutre. Mais tu n’y arrives pas. Tu aimerais tout arranger, tu aimerais t’excuser. Mais tu n’y arrives pas. Tu ne peux pas. Tu restes juste silencieux alors qu’il te débite toutes ces phrases que tu n’entends que d’une oreille. Elles glissent sur toi, parfois te piquent le cœur ou l’estomac. Elles sont comme ses caresses, brûlantes mais passagères. Vibrantes mais furtives. Et elles laissent pourtant leur marque sur ta chair, comme une cicatrice. Elles font du mal, elles font du bien. Encore ces contradictions qui vont te rendre fou. « Jamais je ne te frapperai, tu avoues au milieu d’un silence parce que c’est une évidence pour toi. Je ne veux plus me servir de mes poings, j’ai perdu trop de temps à le faire par le passé. Alors, tu n’as pas à avoir peur que je te frappe. Je ne le ferai jamais. » Peut-être ne te croira-t-il pas, et tu n’en as que faire. Tu sais que tu ne pourras jamais lever la main sur lui, même dans le pire moment de colère. Même sous l’impulsion. Peut-être que tu le menacerais, peut-être que tu lèverais le poing – mais jamais tu ne le toucherais de cette façon-là. Tu ne veux pas être ce gars-là. Tu ne veux pas être celui qui frappe. Tu ne veux pas être le fils de ton père, tu ne veux pas lui ressembler. Tu ne veux pas être lui, jamais. Tu ne veux pas te dire que c’est ce qu’il aurait voulu, que c’est ce qu’il aurait attendu de toi. Tu veux juste vivre en paix, avec toi-même. Avec le reste du monde autour de toi. Tu veux apprendre à te connaître, à savoir qui tu es, toi, Sawyer. Sans avoir peur de l’ombre de ton géniteur qui plane au-dessus de toi comme une épée de Damoclès.
Dans un mouvement instinctif, tu te penches vers Alan et t’empares de ses lèvres. Doucement, simplement. Il n’y a plus de passion, plus de désir brûlant. Juste une caresse aussi légère qu’une plume. Une caresse qui te fait frissonner jusque dans tes entrailles. Les yeux fermés, tu te laisses envahir par la douceur de sa bouche et c’est comme si tout s’éteignait. Peut-être qu’avec le temps, tu t’y ferais. Tu te ferais à l’idée d’aimer ça. D’aimer les hommes, plus que les femmes. Peut-être qu’avec le temps, tu oublierais cette partie de ton éducation qui a été comme un endoctrinement. Peut-être. Un jour, sûrement. « Et je ne te déteste pas, tu souffles, juste contre ses lèvres avant de te redresses. » Une bonne distance entre lui et toi, encore une fois. C’est toi que tu détestes. C’est pour toi-même que tu éprouves ce dégoût si fort, si prononcé. Ton regard scrute le sien, sonde son âme comme si tu espérais y trouver l’absolution. Ta rédemption. Comme si tu espérais y trouver la solution. Cette solution qui t’aidera à ne plus avoir envie de tout détruire autour de toi chaque fois que tu t’attardes trop sur la chute de reins d’un camarade, chaque fois que tu penses à un corps masculin contre le tien. Quelle importance si tu déçois ton père ? Jamais plus tu ne le reverras. Tu es libre désormais. Tu es libre. Il n’a plus d’emprise sur toi – ou tu du moins, ne devrait-il plus en avoir. Alors tu dois avancer, te défaire de ce passé qui continue de t’encombrer. Et alors tu trouveras la paix. Tu seras en paix. Continuant de fixer Alan, tu penches la tête sur le côté, un sourire en coin au bord des lèvres. Un peu moqueur, un peu amusé. Un peu triste aussi. « Je crois que je comprends pourquoi Alex est tombé amoureux de toi, tu fais d’une voix distante comme si tu te parlais à toi-même plus qu’à lui. » Son visage reflète tant d’émotions, tant de vie. Il est comme un souffle nouveau. Son regard illuminé ressemble à un astre solaire qui mettrait en lumière la plus obscure des nuits noires. Tu ne l’avais jamais vraiment remarqué avant. Tu n’y avais jamais fait attention. Et tu te souviens de la douceur de sa peau, de cette chaleur que dégageait son corps. Tu te souviens de la passion dont il pouvait faire preuve, faisant ployer ton corps sous un plaisir nouveau et inédit. Est-ce qu’il se souvenait, lui aussi, de cette fois-là avant autant d’acuité que toi ? Est-ce que ces images indécentes lui revenaient parfois à l’esprit ? Ou avait-il tout oublié, jusqu’à la sonorité de ta voix rendue grave sous la volupté ? Tu ignores le pincement dans ta poitrine, essayes de te convaincre que ça n’a pas d’importance. C’est juste un gamin. Un foutu gamin qui a renversé ton univers encore une fois.

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Alan R. Wzyciski
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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyDim 7 Déc - 2:28

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sawyer & alan

lullaby — low


Et encore une fois, dans le marasme d’émotions que l’un comme l’autre étaient, le souffle d’un sentiment trop souvent étouffé reprenait de l’ampleur, la tension s’était une nouvelle fois apaisée, mais c’était trop beau pour être vrai. Alan l’avait finalement bien compris. Les choses suivaient ce cercle vicieux depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Un instant de bonheur, puis, fracassé comme une statue de verre jetée au sol, l’instant était remplacé par une infinie et éternelle souffrance qui viendrait plus tard être consolée par un nouveau saut d’humeur de l’un des deux jeunes hommes. C’était beaucoup trop, et Alan en avait marre. Tellement marre. Mais tellement envie. Il était idiot. Le jeune homme désirait quelque chose qu’au final il n’obtiendrait jamais puisque Sawyer restait d’après ses propres mots comme il était, et bien que ce fût à prendre ou à laisser, comme il disait toujours ; Alan aurait bien voulu tenter la chose. Oh si naïf qu’il était, il espérait vraiment quelque chose, il voulait Sawyer. Pas tant charnellement que simplement en tant que lui-même, c’était trop embrumé dans ces faibles pensées fragiles qui avaient perdurées dans un creux de son crâne. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il n’appréciait pas l’idée de l’avoir, quand bien même il savait que parfois il serait heureux. Ce n’était définitivement pas le genre de relation qu’il voulait cultiver, pas avec Sawyer, pas avec qui que ce soit. Surtout pas avec Sawyer. Il y avait un goût d’interdit qui lui brûlait le coin des lèvres et lui rongeait la peau tandis qu’il l’écoutait, tandis qu’il laissait les paroles de Sawyer l’approcher et s’enfuir au creux chaud de ses oreilles. Il ne voulait pas l’écouter, il voulait partir, le plus loin possible. Ne pas rester auprès de lui, mettre finalement en marche cette promesse d’adieu qu’il avait formulé, mais ça ne marchait pas comme ça. L’insulte de Sawyer continuait de lui siffler dans le crâne, cette putain de pédale sifflait entre ses os, comme perçant son crâne dans une douleur atroce, l’insulte ne partirait pas. Elle s’était gravée sur chacun des os d’Alan qui s’efforçait de garder un semblant de solidité en face d’elle, le terrible spectre de la haine.

Et pourtant, les violences se noyaient dans des promesses de paix, il prétendait qu’il ne lui ferait jamais de mal, qu’il avait vécu là-dedans trop longtemps, qu’il était différent. Mais Alan ne le croyait pas, il avait vu la tempête dans ses yeux de colères quand il s’était énervé plus tôt ; il avait vu ce visage terrifiant et horriblement monstrueux s’animer devant lui d’une fureur bouillonnante, « J’aimerai tellement te croire, Sawyer. » Avait-il marmonné en commençant, refaisant un pas dans sa direction, comme s’il était tout de même rassuré. « Quand je t’entends dire ça, j’aimerai te croire. J’aimerai vraiment croire que ce que tu dis est vrai. Mais je t’ai vu. J’ai vu cette façon que tu avais de me regarder. Et c’était tout sauf sans-défense. C’était tout sauf non-violent. J’aimerai croire ce que tu me dis, j’aimerai tellement… » Avait-il fini par avouer dans un soupir retenu. Baissant la tête un instant, il eut l’air de masquer un énième sanglot qui venait de lui teinter la gorge et le visage une fois encore, cette fois-ci, il n’allait plus se laisser berner par ses sentiments, et redressant la tête, le visage détendu ; sans peur et sans colère. « Tu sais ce qui est le pire dans tout ça ? C’est que j’vais sûrement y croire. Comme l’abruti que je suis, je vais sûrement laisser faire. Me laisser faire. Peut-être même que tu me frapperas, peut-être plusieurs fois, mais à chaque fois je finirai par me dire que tu ne le voulais pas. Que tu n’le pensais pas. Ou quelques conneries de ce genre. » Finissait-il de souffler en le regardant, toujours troublé par cette maudite insulte. Toujours plié comme un fragile morceau de bois sous cette horrible insulte. Il s’était rapproché de lui, mais on lisait qu’il le regrettait, car à chaque nouvelle approche, il sentait les fureurs se déchainer en lui, qu’il s’agisse d’amour, de colère ou de tristesse ; le terrible mélange continuait de flotter dans son cœur et lui parfumait l’esprit. Sa peau blanche luisante d’émotions, il regardait Sawyer sans vraiment oser le fixer plus profondément, sans oser véritablement poser son regard bleu sur lui.

Tressaillant d’un bref mouvement mécanique de recul, effrayé et à la fois surpris, Alan avait cru qu’il allait être une nouvelle fois violenté. Mais plus serein, son cœur fit un sursaut dans sa poitrine et tandis que la tendresse du visage de Sawyer se mêlait au sien, il se laissait faire. Comme il l’avait dit. La rage s’était éteinte, mais la pulsion aussi. Et s’il avait voulu ressentir quelque chose de plus fort, Alan n’aurait pas pu. Il ne pouvait plus, il ne voulait plus. Presque désintéressé après ces montagnes russes, les retrouvailles avaient été trop éprouvantes pour son âme, il ne fit pas la moindre chose pour empêcher Sawyer de l’embrasser une nouvelle fois, c’était plus calme. Plus doux, si tendre et si bref. C’était beaucoup mieux. D’une simple rapide expression de surprise, il avait juste levé les bras contre la taille de Sawyer et s’était laissé faire, le doux et fragile toucher de ses lèvres contre les siennes. Ses yeux clos l’espace de cet instant où tout avait cessé encore une fois. C’était irréel, mais tellement mieux que tout ce qu’ils venaient de vivre auparavant. Peut-être était-ce vraiment là qu’ils s’étaient retrouvés ; oui, ça devait être en ce moment-là et pas un autre. Alan avait retrouvé Sawyer. Leurs lèvres se séparèrent plus lentement que les autres fois et la tendresse ne cessa pas, soufflant avec discrétion, Sawyer nie le détester. Et cela, mieux que toutes les plus belles choses au monde, rassure Alan, qui dans son cœur s’écroule. De fines larmes finissent par illuminer son regard ; pas de tristesse, mais à la place une joie remarquable et brillante de force. Les plus belles larmes qu’on puisse pleurer, celle du bonheur. Laissant ses yeux s’illuminer contre la silhouette de Sawyer, il esquisse brièvement un sourire, émet un rire nerveux, et le regarde une fois de plus. « Moi non plus. » Soupire-t-il en souriant bêtement, heureux. Laissant ses mains quitter la taille de Sawyer, il les fait disparaître finalement une nouvelle fois dans les poches de sa veste, sans perdre son sourire stupide. Content de ne pas être détesté au final.

Et baissant une nouvelle fois la tête, comme pour masquer timidement ce sourire qu’il est incapable de faire disparaître de son doux visage, Alan reste nerveusement intimidé par Sawyer et s’efforce pourtant de garder son sang-froid, de rester solide, fort. Presque pour se donner un air charismatique et dirait-on même attirant. Car avoir l’air faible et pathétique, c’est bien quelque chose qu’il veut éviter. À la remarque qui suivit de Sawyer, les joues d’Alan devinrent écarlate, et lui, nerveux se frotta le bout du nez de l’extrémité de son pouce tremblotant. Sans vraiment oser réagir, pour seule actuelle réaction un rire gêné suivi d’un sourire plus large que le précédent, l’air de lui demander de se taire, embarrassé. « J’vois pas de quoi tu parles. » Se met-il à marmonner, toujours aussi gêné, sans vraiment oser insister, même s’il n’a véritablement pas la moindre idée de ce qui avait pu être plaisant chez lui. « Si t’as compris ce qui lui plaisait dis-le moi, moi j’en sais vraiment rien » Insistait-il finalement en reposant son regard sur lui. Trop heureux. En même temps que la situation s’était apaisée entre Sawyer et Alan, l’environnement autour d’eux semblait s’être lui aussi éclairci, il faisait moins froid et on distinguait quelques rayons lumineux de soleil venant traverser les fenêtres à proximité, laissant de grandes ombres déformées des bâtiments à l’extérieur. De grands espaces pleins de chaleur et de silence, il faisait meilleur. L’on entendait plus grand, mais à l’horizon de ces larges et gigantesques autres couloirs, tout était si calme et si tranquille. Tout était rentré dans l’ordre, aussi bien dans ce chaos universitaire qu’entre les deux garçons. Du moins, c’est ce qu’Alan espérait vraiment. La paix entre lui et les vieux démons de son passé. Le calme et la sérénité, c’est tout ce dont il rêvait. Le bonheur viendrait à son tour, plus tard. Mais pour le moment, il avait l’esprit tranquille et cela lui suffisait énormément.

« Tu ne vas plus t’énerver maintenant, hein ? » Demandait-il innocemment, presque comme un enfant, en lui adressant un nouveau regard mêlé d’un fin sourire à demi-effacé, comme s’il craignait que ce nouvel instant de tranquillité soit gâché par un autre accès de colère. Ces choses-là devaient cesser, et il priait pour que ça n’arrive plus jamais. Il voulait redécouvrir Sawyer, et cette-fois le connaître pour de vrai. Qui sait ? Peut-être même se lier d’amitié avec lui ! Il avait de nombreux espoirs à son sujet, et l’apprécier en faisait partie. C’était important, ils devaient ne pas repartir sur un mauvais sentiment. Mais pourtant, ce serait bien difficile de ces chaleurs et de ses sensations qui les avaient unis la première fois, dans un murmure, quelques pas pressés et tout avait basculé, ils étaient devenus un. La chaleur de leurs deux très jeunes frêles silhouettes revenait à l’esprit d’Alan tandis qu’il l’observait, se pinçant l’intérieur des lèvres pour ne rien dire, laissant les souvenirs disparaître de ses yeux, il revivait la scène. Se souvenait de chaque détail, de chaque mouvement. D’une main sur sa nuque, d’un souffle saccadé et de bien de nombreuses autres choses plus indécentes que tout. Ils étaient si jeunes mais avaient été si dépravés. « On est bien, faudrait pas que ça se barre en couilles, tu vois ? » Osait-il finalement plaisanter pour faire disparaître les images de leur découverte de son esprit et rendre la situation moins gênante. Ce sourire idiot toujours gravé sur son visage, toujours heureux de l’avoir entendu dire qu’il ne le détestait pas.  


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(alan) ☆ we’re not broken, just bent. EmptyVen 12 Déc - 10:51

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Ton corps tout entier vibre. Tremble. Il y a ce frisson qui te parcourt comme la foudre. Tu sens encore la saveur de sa bouche sur la tienne, il y a son goût sur ta langue. C’est aussi bon qu’acide. Amer. Tu ne sais pas quoi en penser. Toujours cette ambivalence qui le caractérise, qui te caractérise quand il s’agit de lui. Tu manques de soupirer. Et à quoi ça t’a avancé, finalement ? À quoi ça t’a avancé de l’embrasser comme ça ? À rien. À rien sinon à te retourner l’estomac, à te faire frémir jusque dans les moindres recoins de ton âme. À rien sinon à t’embrouiller l’esprit un peu plus encore. Toutes ces pensées qui s’entrechoquent à l’intérieur de ton crâne, qui te font grincer des dents. Qui te donnent la migraine. Tu aimerais pouvoir mettre ton cerveau en pause, juste cinq secondes, pour ne pas avoir à ressentir ce dégoût de toi-même jusque dans tes tripes. Mais c’était si bon. Si bon d’avoir sa bouche caressant la tienne, d’avoir son corps contre le tien. Le monde autour de toi s’était effacé et tu n’avais pensé à rien sinon à ce que tu ressentais, à ce que tu expérimentais. Tu ne t’étais pas senti aussi vivant depuis tellement longtemps. Tu n’avais plus souvenir que ton cœur pouvait battre aussi fort dans ta poitrine ; tu n’avais plus senti ton estomac se tordre de façon aussi délicieuse. Est-ce que ça te ferait pareil avec une fille ? Tu avais déjà essayé et tout t’avait bien paru fade à côté. Sans saveur. Insipide et incolore. Inodore. Il n’y avait pas ce feu qui courait dans tes veines, pas comme quand tu embrasses Alan. Est-ce que c’est juste parce que c’est Alan ou ressentirais-tu les mêmes choses avec une autre personne de ton sexe ? Tu ne sais pas – tu n’es pas certain de vouloir savoir. Tu ne veux pas essayer, tu n’es pas prêt. Embrasser Alan est une chose, mais toucher, sentir quelqu’un d’autre que lui en est une autre. Ça te fait peur, ça te dégoûte aussi. Tu sens ton estomac se révulser rien qu’à l’idée. Est-ce que tu serais capable de frapper cette personne après l’avoir embrassée ? Probablement. Tu n’es plus en contrôle de tes actes lorsque tu te laisses envahir par cette colère qui te bouffe. Ton esprit s’éteint et tu ne vois rien d’autre que du noir et du rouge. Tu ne sens plus que cette vague brûlante de haine contre le monde entier, contre toi-même. Là encore, tu fais un effort monstre pour ne pas te laisser aller, pour ne pas tout gâcher encore une fois. Tu te fixes sur ses grands yeux accrochés aux tiens et tu tentes d’oublier. Oublier les hurlements, oublier la douleur. Oublier qui tu es. Tu veux juste sentir encore une fois ton cœur battre jusque dans tes tempes, tu veux juste sentir ta peau frissonner au contact de ses mains. Tu veux juste vivre. Même si ça n’a rien de simple, même si c’est difficile. Même si la présence du brun te ramène à tes plus vieux démons. Même si tu vas bien devoir les affronter un jour ou l’autre. Tu voudrais juste être en paix avec toi-même.
Tu ne sais pas vraiment quoi dire. Tu sais que tu ne parais pas vraiment convaincant avec tes humeurs qui ressemblent à des montagnes russes. Tu sais que tout ça est trop étrange, que tu as cette violence qui brille dans tes yeux quand tes démons te submergent. Mais dans le fond, vraiment tout au fond, tu n’es qu’un petit garçon. Un petit garçon effrayé de découvrir qui il est réellement. Un petit garçon qui a juste besoin qu’on le rassure, qu’on lui dise que tout ira bien et toutes ces conneries qu’on répète aux gosses pour qu’ils arrêtent d’avoir peur de leur ombre. Et tu voudrais bien juste te recroqueviller et oublier le monde autour de toi. Oublier Alan et ce qu’il te fait ressentir malgré toi. Mais quand tu fixes ce visage trop doux et ces yeux trop clairs, tu ne peux que te laisser emporter par cette immense vague. Tu sais que tu ne peux pas nier les battements trop violents dans ta poitrine, ni même le nœud trop serré à ton estomac. Le brun a comme cette faculté à te faire revivre après toutes ces années, et une part de toi aime cette sensation. Parce que tu avais presque fini par oublier ce que ça faisait de ressentir quelque chose. Tu prends conscience que le vide à l’intérieur de toi t’avait entièrement englouti, ne laissant derrière lui qu’un vaste champ de ruines comme après une guerre. Le brasier avait tout emporté et tu t’étais retrouvé avec ce vide. Un vide béant à combler. Au bout du compte, tu t’y étais habitué, tu avais vécu avec l’impression d’être à moitié mort, à moitié en vie. Tu t’en contentais. Mais maintenant que Alan était là, avec son sourire à te tordre le corps, tu n’as d’autre choix que de tout affronter. De faire face à ce qu’il déclenche en toi. Et tu te rappelles des yeux brillants de ton meilleur ami quand il parlait de lui, de ce sourire qui tombait sur ses lèvres juste en mentionnant son nom. Tu te rappelles de cette étincelle qui brûlait en lui. Les souvenirs te frappent comme un coup de poing dans le ventre, violemment. Puissamment. « Sérieusement ? Tu n’as jamais su pourquoi tu lui avais autant plu ? tu demandes, dans un petit rire amusé alors que tu fixes son air confus et embarrassé. Ah, Alex pouvait se montrer bien stupide parfois. » Mais ça ne t’étonne pas réellement. Vous vous ressembliez beaucoup de ce côté-là – réservés et méfiants. Mais Alan l’avait aidé à s’épanouir, à s’ouvrir. Tu as remarqué tous les changements opérés grâce à cette relation. Sur le moment, tu n’avais pas aimé. Tout ce que tu voyais, c’était qu’un sale gamin changeait ton meilleur ami, ton Alex, et te l’enlevait. Égoïstement. Aujourd’hui, tu comprends qu’il lui faisait du bien, que Alan avait été ce qui pouvait lui arriver de meilleur malgré tout le reste à côté. « T’es quelqu’un de bien, Alan, tu finis par répondre de manière évasive. Alex avait raison, tu es une bonne personne. » Tu ne l’aurais jamais admis auparavant, bien trop enfermé dans ta colère et ta tristesse. Mais à trop fixer ses grands yeux lumineux, tu te laisses emporter par sa douceur qui semble t’envelopper comme un cocon protecteur. Est-ce que c’était ce que ressentait Alex, avant ? C’était ce sentiment d’apaisement qui le rendait aussi heureux ?
Plus tard, tu t’en voudras de t’être laissé aller à autant de sensations en sa compagnie. Plus tard, tu seras en colère contre toi-même. Plus tard. Pour le moment, tu profites juste de cette vague chaude qui te frappe. Tu oublies juste que tu ne devrais pas ressentir tout ça, tu repousses dans un coin de ta tête toutes les envies de violence, ton besoin de hurler. Jamais ça n’a été aussi simple pour toi de te calmer ; jamais ça n’a été aussi facile. Et tu t’en étonnes un peu, sans prendre le temps d’y réfléchir. Peut-être que tu ne veux tout simplement pas y réfléchir. Pas encore, pas tout de suite. Parce que les réponses t’effraient, parce que la vérité t’angoisse. Tu ne veux pas comprendre que c’est son sourire qui t’aide à tout ça – même si, au fond de toi, tu le sais déjà. Tu ne veux juste pas le reconnaître, pas maintenant. Plus tard – encore une fois. Quand tu seras prêt à l’admettre. Et tu espères ne jamais l’être en réalité, parce que ça signifierait qu’il a de l’importance. Qu’il est important. Parce que ça signifierait que tu es peut-être un de ces déviants que détestait ton père autrefois – que tu étais censé détester toi aussi. Pourtant, Alan est homosexuel. Tu as été élevé dans le but de les haïr, de les voir comme des anormalités. Et tu n’as jamais réellement pu le frapper. Tu n’en avais pas envie – ou si tu en avais envie, c’était parce que la colère contre toi-même était trop puissante pour toi. Jamais tu ne te sentirais capable de lui faire du mal. Les autres, tu t’en fiches ; lui, c’est spécial. Et cette pensée est gênante, obsédante. Entêtante. Tu dois te la sortir de la tête avant qu’il ne soit trop tard. Tu dois l’oublier. Trop absorbé par tes réflexions, tu lui lances un regard un peu flou et perdu avant de rire doucement. « Non, ça va, je ne m’énerverai pas, tu le rassures doucement. Je vais bien. » Et alors que les mots se forment sur ta bouche, tu prends seulement conscience de leur véracité. Oui, tu vas bien. Tu te sens bien. C’est une sensation que tu n’avais pas expérimentée depuis longtemps. À vrai dire, tu ne te souviens pas de la dernière fois où tu t’es senti autant en paix avec toi-même. « Oui, je vais bien, tu répètes comme si tu étais toi-même étonné de cette phrase. » Tu n’as juste pas envie de t’énerver. Pas envie de hurler. Tu veux seulement profiter de l’instant avant qu’il ne s’estompe, avant qu’il ne s’évanouisse. C’est comme une éclaircie entre deux nuages gris et lourds de pluie. C’est comme le rayon de soleil qui filtre à travers un volet mal fermé. C’est la lumière au bout du tunnel. « Les arts du spectacle, hein ? C’est ce que tu étudies ? Mais si ça ne t’intéresse pas tant que ça, pourquoi tu ne te trouves pas une autre voie ? » Le changement est brutal, imprévisible. Mais tu ne veux pas trop penser à cet état de paix dans lequel tu es plongé pour ne pas risquer de le gâcher. De le faire partir avant même d’en avoir correctement profité. Parce que tu sais qu’à trop y réfléchir, tu vas faire revenir tes démons et tout sera ruiné. « Je suis en section cinéma, tu continues sur le même ton tout en enfouissant tes mains dans les poches de ton jean. Ça me plaît bien, même si certains cours ne sont pas réellement passionnant. Au moins, j’ai la chance de faire quelque chose que j’aime alors je ne me plains pas. » Et puis, tu sais que tu oublies tout quand tu te trouves derrière la caméra.

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