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PARADISE CIRCUS - ash
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PARADISE CIRCUS - ash EmptyJeu 27 Nov - 22:15
Love is like a sin, my love, for the ones that feel it the most
Ash & Isaac

« Là où la vie brûle, la mort vraiment n'est rien.  »


« Rejoins-moi ce soir. Au Satellite. » Tels étaient les mots qui étaient parvenus à la jeune femme, alors que l'aurore peinait à se faire une place dans le ciel d'un noir profond. Je ne savais pas exactement ce qui m'avait poussé à la contacter, quand notre dernière entrevue s'était achevée de manière bien peu élégante ; je me souvenais encore de l'argent sale que je lui avais laissé, ultime provocation, effleurer son beau visage pour mieux l'égratigner, et la voir pleurer sur tout ce que je lui avais arraché sans hésitation. De notre relation, il ne restait que des cendres, éparpillées dans l'air frais de cette après-midi du mois d'avril, et ils étaient partout, tout me ramenait inexorablement à sa pureté passée, à ces jeux auxquels je ne m'étais que trop adonnés. D'une bien étrange façon, je tenais à elle. Mais là où un amoureux transi aurait souhaité son bonheur, je voulais la voir chuter, démolir le mur de fierté derrière lequel elle s'était cachée pendant toutes ces années, je désirais la faire mienne pour ne plus jamais la voir s'échapper. Je n'avais, au fond, que faire des réelles raisons qui m'avaient décidé à lui écrire ces quelques phrases lâchement rédigées : tout ce qui m'importait à présent était le résultat immédiat. La voir se plier, une autre fois, voir la colère traverser ses traits, observer à ma guise la déchéance humaine, provoquer la souffrance, jouir de sa soumission ; j'étais un salaud sans émotion, sans la moindre noble intention, chevalier servant démuni de toute compassion, et je l'entraînais avec moi dans une valse mortelle, à bout de souffle, écroule-toi, regarde-moi. Elle ne connaissait que trop bien la danse, un pas, deux pas, chorégraphie effrénée pour un duo qui n'en était pas. La fin de l'histoire ne changeait jamais, et pourtant, elle restait là. Le canon final en restait toutefois grandiose, cris et larmes, bruit assourdissant, et dans sa chute je renaissais, dernier souffle, expirer, c'était terminé, pauvre déchet que je n'avais pas assez apprécié. Je m'élisais bourreau quand je n'avais été que la victime, et je le comprenais, soudain, adulte terrifiant aux gestes inquiétants, je devenais aussi pervers qu'il était possible, j'imposais mes désirs sans rien en contrepartie, j'étais le monstre sans cœur, ignominie sans nom. Et je brûlais, au fond, de revoir cette étincelle briller dans ses yeux, quand je faisais tout pour qu'elle me haïsse davantage encore, c'était une comédie dramatique, sans être drôle ni tragique, c'était le gain et l'échec, nous étions un tout, nous n'étions rien. Je me perdais dans mes propres souvenirs, je m'enlisais dans ce cercle vicieux que j'avais été assez stupide pour construire. Tout était de sa faute, ou peut-être était-ce moi, son rire qui éclate à mes côtés, sa main dans la sienne, couple modèle, apaisant mes extrêmes, montagne russe, attachement, et je lui en voulais, je lui en voulais tellement. Il n'y avait pas d'explication, la plume avait frôlé le parchemin, et ma demande avait été faite, masochisme ou sadisme, les contours en semblaient flous, alors que l'impatience naissait au creux de mon ventre, malsaine et venimeuse. Serait-elle là ? La journée parut se dérouler avec une lenteur effroyable, tant la curiosité me rongeait, sombre excitation d'un homme en proie à une triste malédiction. Je l'imaginais à chaque tournant de couloir, je devinais sa silhouette avant même qu'elle n'apparaisse, et jamais elle ne m'adressait un regard, et j'en faisais de même, maintenir l'irréel, douce incertitude, la nausée au bord des lèvres, le souffle saccadé et les gestes nerveux, une grande embardée, un saut dans le lac immense du passé, celui-là même que je cherchais à tout prix à éviter.


▶▶▶▶▶


« Je dois t’avouer quelque chose, Isaac. » Une larme, unique, terriblement symbolique ; elle trace un sillon sur son beau visage. Je l'essuie de mon pouce, doucement. Je ne l'avais que trop souvent fait pleurer, et tout recommence, la danse reprend, les mêmes pas qu'avant, on connaît la chanson par cœur, n'est-ce pas mon ange ? Tu sais très bien ce qui va arriver. Les dés ont été lancés, encore une fois, et je me demande, je me demande si je suis sur le point de gagner, ou peut-être de tout perdre, qui sait, je ne sais plus ce que je veux, et elle est là, tremblante, en face de moi, terriblement vulnérable. Ses mains sur ma peau, glissant, explorant chaque recoin de mon visage, et ses yeux, brillants. Je la laisse faire, silencieux, et les souvenirs remontent toujours un peu plus à la surface alors que son regard se fait tendre, presque amoureux. Bien sûr que ça m'a manqué, mon cœur. Rappelle-toi, ta main dans la mienne, pieds nus à courir dans l'herbe, c'était à gerber, hein ? On était cons, à s'aimer autant. J'étais stupide de croire que j'allais pouvoir t'aimer à jamais, que j'allais pouvoir m'attacher sans avoir envie de reculer. Je ne le nie pas, Anna, je ne t'ai pas fait de cadeau, et sans doute méritais-tu mieux, à l'époque. Aujourd'hui néanmoins, il me semble que l'on est fait pour être ensemble. Tes extrêmes sont les miens, ton mal-être hurle et résonne en moi, entends-tu l'écho ? Je suis là, ne t'en fais pas. Et si je détiens ton âme, je suis prêt à te la rendre, pour peu que tu te laisses t'enfoncer dans les méandres de la déchéance avec laquelle tu as déjà trop flirté. On pourrait devenir les maîtres du monde, laisse-moi t'approcher. Tes prunelles vrillent les miennes, ton contact devient brutal, entends-tu les tambours, au loin ? Sens-tu, toi aussi, la fin arriver ? J'aurais aimé t'aimer, tu sais. « Penses-tu vraiment avoir besoin d'obtenir les secrets des autres pour les connaître ? Je ne veux pas m'embarrasser de telles conneries, je ne tiens pas à ce que tu me confies les choses que recèle ton âme – je m'interromps, un sourire moqueur effleurant mes lèvres –, et je n'en ai pas besoin. Je n'en ai pas besoin pour savoir comment te faire pleurer, pour savoir ce qui te fait rire, ce qui te donne envie de hurler. On dit toujours que les confidences rapprochent, mon cœur, qu'elles sont essentielles pour construire une véritable relation... Dans notre cas, c'était faux. Et dans notre cas, je n'ai pas eu besoin d'elles. Je n'avais qu'à te voir tous les jours à mes côtés. Une personne ne se découvre pas, elle se vit. Elle se vit jusqu'à en crever, s'il le faut, jusqu'à en avoir envie de gerber, elle se vit jusqu'au bout, et là, seulement à cet instant précis, on peut prétendre la connaître. Maintenant, ose me dire que ce n'est pas ce qu'on a eu, pendant ces deux putains d'années. Ose me dire que je n'ai pas effleuré du bout des doigts ce que tu appelles de façon si grandiloquente ton âme. Ose seulement me dire qu'une partie de toi ne m'appartient pas. » Je l'attire davantage à moi, doux vampire prêt à aspirer toute once d'énergie qui subsisterait en elle. Un sourire, je l'effleure sans la toucher réellement cependant, et le jeu se mue en un autre, je me fais prince maudit, chevalier servant abandonné, mes prunelles s'adoucissent pour se plonger dans les siennes, c'est une spirale infernale, appartiens-moi, ne te débats pas. Je ne sais plus si je joue ou pas, manipulateur manipulé, acteur assez bon pour se berner, je perds pied, je m'élève et retombe, elle est là, toujours là. « Enfin, je ne te croirais pas, quoiqu'il en soit. Parce que peut-être n'ai-je jamais été ton ami, celui vers qui tu viens te décharger de tes soucis trop lourds à gérer, mais j'ai vécu à tes côtés, et quoiqu'il se soit passé, quoiqu'il advienne, tu fais partie de moi, que je le veuille ou non. On n'efface pas le passé parce qu'on ne peut le supporter, Anna, crois-moi, j'ai essayé. On vit avec, et il fait partie de nous. Je fais partie de toi, et ça, rien que ça, ça m'appartiendra pour l'éternité. » J'aurais aimé t'aimer.




▶▶▶▶▶



La veille était poison, le lendemain tendre illusion, rien n'était jamais plus vrai que l'instant présent, quand il vous étreignait jusqu'à ce que les haut-le-cœur aient raison de vous, suffocation, ces quelques instants où le temps s'arrête, seconde éternelle, boum, boum, rien n'était jamais plus vrai que cette horreur devenue réalité, elle m'entourait, m'enjoignant à la suivre, et je m'élançais, pantin bien peu malin. Je me targuais d'être insensible, de me foutre de tout ce qui pouvait m'être nuisible, mais je n'étais qu'un trop bon acteur, surtout pour moi-même. Je me bernais, m'oubliais, m'étouffais, et lorsque tout resurgissait, j'étais le premier à être surpris, au-delà du dégoût que cette ridicule condition humaine m'inspirait, j'exécrais toute forme de sentimentalisme, aussi prévisible soit-il. Enfant sociable, heureux et responsable. Adolescent tumultueux, provocant et malheureux. Adulte perdu entre le noir et le blanc, j'évoluais dans le gris le plus total, je ne savais plus où donner de la tête ; ironie du sort, elle était celle qui me permettait de redescendre paisiblement sur Terre, quand je la poussais dans ses propres retranchements, quand je la voyais basculer, oiseau auquel on avait arraché toute option de liberté, ange sans ailes chutant vers le sol brûlant de ses pêchers. Et le moment se rapprochait, alors que j'écrasais ma cigarette sans même y songer, me dirigeant vers la salle qui nous réunirait, si elle daignait s'y montrer. La question, que j'avais oubliée, revint avec plus de force. Y serait-elle ? Mes pas se firent plus rapides, l'anxiété me remuant les entrailles, et j'étais complètement défoncé, comme tant d'autres fois, je ne le sentais même plus, rien d'autre qu'un autre état, ressemblant tant au précédent, et je n'aurais peut-être pas dû me montrer comme ça, qu'importe, elle me connaissait, n'est-ce pas ? Je passai alors l'entrée du lieu du rendez-vous, les notes de musique s'élevant aussitôt, s'accordant parfaitement à mon âme – en supposant que j'en possédai une. Je fermai les yeux, me laissant transporter par l'envolée de la mélodie. J'aurais à vrai dire pu rester comme ça des heures, laissant mes songes s'éloigner peu à peu de cet endroit, poussé par cette ritournelle qui n'en finissait pas, douceur et brutalité, j'aurais pu rester coincé dans cette ivresse bien étrange, si la porte n'avait pas claqué derrière moi. Je me retournai vivement, apercevant alors celle que je convoitais ardemment. Retour en arrière, brusquement, cinq ans plus tôt, sa belle innocence, mon calme glacé, et ses larmes qui n'avaient que trop coulés me rappellent ces instants que je partageais autrefois, avec ma victime. Un sourire en coin, dévoilant aussitôt les pensées qui s'insinuaient dans mon esprit embrumé. « Tu es venue. » Constatation qui cache à merveille mes craintes à présent envolées, et je lance un coup d'œil à la ronde. « Tu aimes l'ambiance ? Personnellement, je pense que cela s'accorde parfaitement bien à la situation, mais bien sûr, cela ne concerne que moi... » Je m'approche d'un pas, puis d'un second, lenteur camouflant une trop grande attente. « Laisse-moi t'offrir à boire. » Si fragile, tu as l'air de tenir sur un simple fil, je pourrais le briser, et je pourrais enfin te voir t'écrouler. Mais la partie vient à peine de commencer, sweetheart, les dés ne sont même pas lancés. Surprends-moi.


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PARADISE CIRCUS - ash EmptyDim 14 Déc - 21:23



PARADISE CIRCUS
Ash & Isaac

« Rejoins-moi ce soir. Au Satellite. » Salut. Merci. Non, non, ça ne semblait pas faire partie de son vocabulaire. Ou peut-être bien que si, mais ça ne semblait pas nécessaire avec moi. Quelqu'un avait dû m'implanter un aimant à connard à un moment ou à un autre de ma vie, je ne voyais pas d'autre explication. Ouais, les hôpitaux, je ne voyais que là, j'avais toujours su qu'il fallait s'en méfier. La mauvaise peinture souvent verte - pour apaiser, pour faire oublier la souffrance, les maux qui nous y menaient, toujours. Parce qu'il paraît que ça nous rappelle la nature, voyez-vous m'sieur dame, ce vert dégueulasse, fadasse, c'est la nature, l'herbe de votre gazon, les feuilles de votre putain de pommier, et que la nature c'est cool pour les citadins, surtout sur les murs, et même si c'est pas la bonne teinte, on s'en fout, vous vivez étriqués dans vos appart', c'est pas comme si vous pouviez différencier un vert lichen, donc de champignon, de celui de votre pelouse. - l'odeur de javel, la toux du cancéreux de la chambre d'à côté, les infirmières blasées, dépassées... Les hôpitaux, lieux de maladies, de blessures, de mort. Ouais, les hostos, l'endroit parfait pour récolter un karma pareil. Ça datait peut-être de mon appendicectomie. Je n'avais jamais pu encadrer la tronche du chirurgien, sa sale gueule de sadique, de con qui t'engueule parce que te oses grimacer sous la douleur au lieu de mettre des mots dessus. Avec leur stupide échelle, de 1 à 10. Dr Butcher m'avait sûrement glissé un truc pas net dans les entrailles, d'où cette absence de politesse qu'on avait généralement envers moi. Mais le pire dans tout ça, ce n'était même pas ce message, non, mais le fait que je n'envisage même pas deux secondes de l'envoyer paître. De la faiblesse ou du masochisme, je préférais ne pas savoir. Dans les deux cas ça me gonflerait, me vexerait, bref, autant persister à jouer l'ignorance.

A vrai dire, avec le temps, j'avais appris à apprécier cette absence de civilité chez les gens. Parce que gamine je n'y avais pas franchement eu le droit avec les autres mioches, qu'ils m'avaient rapidement cracher à la gueule. Que, plus tard, je m'étais retrouvée catapulté dans une faune de lycéens en rûte qui vous la jouaient mielleux pour mieux enfoncer le couteau dans votre dos une fois que vous le leur tourniez – ou d'enfoncer autre chose, mais pas dans le dos, uh. Ou que j'avais dû m'adapter à la gentillesse ouverte et un peu trop démonstrative de certains bisounours, que je m'étais sentie agressée alors et qu'au fond ça restait toujours le cas, bien que je fasse des exceptions et des efforts pour certains. Ou alors, j'avais trop traîné avec mon frère et ses potes, que je considérais désormais comme normale cette attitude d'homme de Neandertal. Ou encore pour avoir évoluer dans un milieu professionnel où, malgré l'insigne, c'était encore à celui qui raconterait son dernier plan cul le plus glauque en date pour nourrir les fantasmes de leurs collègues mariés et leur donner matière à lever popol une fois au lit avec bobonne. Mine de rien, en creusant bien, j'avais de quoi me trouver un paquet d'excuses. Je n'avais pas répondu. Cela me semblait totalement inutile. Ce n'était pas une question, après tout, je me faisais limite siffler comme un chien, il n'y avait aucune porte de sortie, pas de ''si tu le veux bien'', pas le moindre point d'interrogation, la tournure de la phrase était claire. J'avais cependant au fond de moi un doute, il était possible qu'il n'y aille pas lui-même. Une bonne blague bien foireuse pour que je me retrouve comme une con à l'attendre dans un lieu bondé, qui se conclurait d'un ''gotcha !'' bien senti qui n'arriverait que lorsque je râlerai dans un texto incendiaire. C'était affreusement probable de mon point de vue. Et une partie de moi voulait voir s'il aurait le culot de le faire. Dans le meilleur des cas, on se pointerait tous les deux après tout. Et sinon... Bah, j'attendrai l'espace de quelques verres avant de me réfugier au Brennan, voire de me rentrer à l'appart' pour digérer la chose. D'autant plus que pour la peine j'avais libéré ma soirée de tous les côtés.

Le Satellite. C'était assez étrange de se dire que j'y étais à peine venue. Depuis tout ce temps passé en Californie, à L.A., on n'avait pas trouvé mieux que de nous terrer dans un pub. Était-ce un besoin étrange de retrouver un brin du pays natal ? Pas vraiment, malgré la bière et la cible de fléchettes, il n'y avait pas grand chose de gallois au Brennan, excepté mon frangin et moi. Je pensais plutôt que c'était la popularité du Satellite qui m'avait fait le fuir. Une foule monstre en quête d'un nouveau band à vénérer, des pseudos groupies qui ne pensaient qu'à mettre le grappin sur une future rockstar, des crétins qui ne savaient peut-être même pas faire la différence entre les Rolling Stones et AC/DC (je vous l'assure, j'ai déjà rencontré des cas du genre)... C'était probablement trop pour moi, du moins je m'en étais persuadée. La trentaine approchant, je m'étais dit que c'était une occasion de voir ce que j'avais pu rater pendant tout ce temps. La comparaison au CBGB attirait ma curiosité en plus, une partie de moi trouvait ça totalement prétentieux, cependant, de se dire au niveau d'un bar légendaire. Mais la ville elle-même l'était – prétentieuse s'entend. La ville des Anges. Ouais... Personnellement, je n'en avais pas vu, sauf le clodo flippant du quartier de mon premier appart, Angelo, qui ne parlait pas un mot d'anglais mais qui pouvait vous faire un th à la perfection avec ses dents manquantes. Los Angeles était à mes yeux de gamines de l'autre côté de l'Atlantique, la ville des célébrités, des feuilletons télé avec les jeunes capables de devenir propriétaire d'un magasin avec les sous de papa parce qu'à l'université ils étaient trop occupés avec leurs histoires de cœur et de drogue. Beverly Hills, l'image de l'Amérique pour ma génération – bon, sauf le Texas qui avait Dallas, hé. Et maintenant que j'y étais, ouais, je les avais vu ces sales gosses de riche, mais pas mal de poupée Barbie à la Pamela aussi. J'en repérais d'ailleurs quelques uns dans la boîte, surtout les blondasses décolorées à la poitrine regonflée à bloc. Mais il y avait également les rebuts de la gloire, ceux qui avaient été refoulés, les anges déchus ou encore ceux défigurés par le coup de bistouri en trop ou le mauvais flacon de botox. Bien loin des crêtes qui puent la bière...

Puis je le repérai, lui. Pas de mauvaise farce, donc. A force de toujours voir le mauvais côté des choses, je sous-estimais apparemment les gens, à tout le temps imaginer le pire. En même temps, avec les horreurs que j'avais pu voir dans mon ancien boulot de flic, ça vous laisse un goût amer, une vision négative de l'humanité. Et il fallait dire que je ne savais jamais sur quel pied danser avec lui. Si j'allais avoir à faire au gars sympa, ou au connard de service, c'était un brin la roulette russe. Comme parfois avec une autre personne de ma connaissance... Ils se ressemblaient étrangement d'ailleurs, dans leur attitude, leur comportement, leur caractère. C'était perturbant, voire parfois gênant. J'en arrivais même à me demander par moment si ce n'était pas cette similarité qui m'avait poussée à sympathiser avec Isaac. Cette idée était douteuse, même un brin malsaine, bien dérangeante et je la repoussai aussi vite qu'elle me vînt. J'ignorai sa première remarque, volontairement, la politique de l'autruche, le déni, tout ça, le refus d'admettre que j'avais ''accouru'', simplement. Quant à l'ambiance... « J'ai connu pire. » Que je répondis en haussant les épaules. Ce qui n'était pas faux. Il y avait presque 10 ans – damn it – on avait atterrit dans un boui-boui bien cradingue, perdu au milieu de nulle part, en suivant le band de l'époque du frangin et de Leo. Isla et moi nous étions collées l'une à l'autre le temps qu'ils jouent leurs morceaux, pas franchement désireuses de nous faire approcher par qui que ce soit présent. Un sol collant, une pièce enfumée, des relents d'urine et de vomi, un poivrot inconscient dans un coin... Oui, j'avais presque connu l'enfer des bars. Le Satellite c'était le grand luxe à côté. « Mais quelle situation ? »  Que je tiquai avec retard tout en continuant de scruter la clientèle. A vrai dire, si j'avais connu pire, j'étais tout de même hors de ma zone de confort. Je ne connaissais pas les lieux, encore moins les habitués. Des visages inconnus qui se mélangeaient les uns aux autres, me bousculant à l'occasion. Certains déjà bien imbibés, les conversations bien lancées, je me sentais comme une retardataire dans une soirée. A la traîne sur beaucoup de points. A boire, oui, autant commencer par ça ! Je sautai sur la proposition. « Ça, faut pas me le dire deux fois ! »

Je le détaillai des pieds à la tête, sourcils froncés. « Surtout que tu donnes l'impression d'avoir pris de l'avance. That's not fair. » Pour avoir connu Jackson dans sa plus mauvaise période – ouais, là, honnêtement, malgré les merdes qu'il enchaînait, il avait connu pire – pas besoin d'être détective pour sauter aux conclusions. « T'as les pupilles aussi dilatées que l'anus d'une pornstar. » Si je n'osais pas faire la remarque à certains, ne sachant pas vraiment si j'étais en droit d'ouvrir ma gueule, là je n'hésitais pas le moins du monde. Et je n'étais pas une putain de princesse, je connaissais l'existence de youporn et je ne voyais pas plus belle comparaison pour le coup. Cette autodestruction de sa part, c'était un peu beaucoup ce qui nous avait rapproché, ou plutôt les raisons. Je le savais cassé, brisé, la perte d'un proche était toujours difficile à encaisser. Je ne savais pas toute l'histoire, j'en savais que très peu à vrai dire, mais je n'étais pas aussi intrusive que mon boulot pouvait laisser à penser. Je prenais ce qu'on me donnait, m'en contentais. Et la disparition d'Indie m'avait aussi foutu un coup. C'est comme ça qu'on s'était trouvé bien que je doutais sérieusement que ça nous aiderait d'une manière ou d'une autre. On s'imposa jusqu'au bar, j'allai jusqu'à jouer des coudes pour traverser la nuée de groupie en devenir qui lorgnait sur la scène ouverte. « Ce soir... c'est en quel honneur ? Tu t'emmerdais ? » Que je demandai tout en agitant mes bras pour me faire remarquer. Voilà, je me souvenais le réel avantage du Brennan : avoir couché avec une bonne partie des barmans, Cela n'avait jamais été volontaire, clairement pas dans ce but, mais le fait était là. Entre Jackson et Jay... Je n'avais jamais vraiment eu à poireauter ni à jouer de mon charme, chose que je ne savais pas vraiment faire contrairement à la pimbêche sur ma droite qui jouait de son décolleté plongeant. Alors que là, je n'étais pour ainsi dire personne, j'étais noyée dans la masse. Je perdis patience et sifflai entre mes doigts. Ah, bingo. Bon, le gars ne sembla pas apprécier ma technique, mais le résultat était là. Je fis ce que je pensais être mon plus beau sourire, battis des cils, jouai la gonzesse de base, l'image ancrée dans le cerveau des mâles quoi. « Deux pintes s'il te plaît sweetheart. » Et allez, dans les petits noms aussi ! J'avais soif, bordel, donc prête à presque tout.

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