Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

Tant de choses avaient changés depuis qu’il était parti. Ma vie entière s’est effondrée et j’ai dû la rebâtir pas à pas, laissant le temps panser mes blessures. Mais les maux d’amour laissent des traces sur vous à jamais, et on ne se remet jamais réellement d’un chagrin d’amour. Justyn avait été l’amour de ma vie, mon tout et mon âme, et quand il est parti, il avait emmené avec lui la Riley insouciante et discrète. Il avait fait de ma vie un champ de ruine. J’avais mis plus d’un an à me remettre de son départ. J’avais d’abord abandonné mon travail routinier pour de l’aventure pure et dure. Les treks interminables dans les montagnes à la rencontre des singes cousins de notre humanité ou encore les safaris en Afrique du sud à côtoyer les prédateurs les plus dangereux de ce monde, je m’étais vendue du rêve et j’avais ainsi fait mon deuil de cet amour perdu. Les animaux m’avaient « guérie » et j’étais passionnée par mon métier. Puis j’avais déménagé, j’avais opté pour une maison en bord de mer pour profiter chaque jour du littoral d’ouest. Et surtout je m’étais promis de faire de chaque jour un jour différent. Adieu la routine, elle me faisait trop penser à lui, et bonjour les choses nouvelles. Je m’étais souvent mise en danger, j’avais fait un saut à l’élastique – j’avais eu la trouille de ma vie d’ailleurs- mais la nouveauté du moment était le saut en parachute. Je mourrais d’envie de voir le monde d’en haut et de voir la beauté terrestre. Je prenais des risques, peut-être pour me sentir un peu plus vivante car dans le fond je me savais à moitié morte. J’évitais de trop penser à lui, car ça faisait tellement mal. Et je me noyais dans les activités pour ne pas sombrer. Bénévole dans un chenil, j’y passais le plus clair de mon temps et prendre soin de mes animaux comblait le reste, tout comme le dessin.
Aujourd’hui, comme tous les jours, je destinais ma journée à m’occuper au chenil, des chiens m’attendaient pour les soins quotidiens. Mais avant je ne pouvais démarrer ma journée sans mon jogging traditionnel, Marra et Donna mes chiennes me le pardonneraient jamais. Je me levais donc de bon matin, la nuit encore présente, filait sous la douche et enfilait ma tenue de sport –short et débardeur, tennis assortie- revêtissait ma traditionnelle queue de cheval, pris mes écouteurs et filait à ma voiture, mes chiennes me courant après, excités par ce jogging tant attendu. Direction Branson Canyon. C’était un endroit où j’aimais me ressourcer même si c’était un endroit qui me le rappelait. Qu’importe je m’y sentais à ma place là-bas, plus proche de lui. Arrivé sur place, je garais ma voiture, sortais mes chiennes sans laisse, mis mes écouteurs et commençais mon jogging accompagné de mes acolytes de toujours. J’avais un bon rythme désormais, je m’en sortais même plutôt bien, j’étais plus athlétique, plus fine que par le passé et ça me plaisait ce changement. Après une heure d’effort, j’étais épuisée, comme mes bergers qui tiraient la langue. Je riais en les voyant s’allonger comme deux carpettes au sol, et je leur donnais de l’eau à la bouteille. Mes animaux m’étaient fidèles et j’en prenais soin comme la prunelle de mes yeux. Je me posais sur un banc, près des mythiques lettres, et regardaient le soleil se levé savourant ce moment d’une beauté incroyable. Tous les jours la même vision et pourtant, j’étais toujours autant ébahit… Je me surpris même à penser à Justyn, et à espérer qu’un jour lui aussi reverrais ça avec moi. Mais pensée futile, jamais il ne reviendrait. Le soleil ayant pris sa place, je me relevais, décidée à faire de cette journée, une belle journée. Je fis un signe à mes chiennes et ont repris la route direction la voiture. Je pensais qu’il n’allait rien m’arriver en ce jour, mais j’étais loin de penser à ce qu’il arriverait dans peu de temps. Je vis mes chiennes se figer devant moi, me forçant ainsi à m’arrêter. Elles se méfiaient, quelqu’un s’approchait de moi. Je m’apprêtais à leur râler dessus quand je vis une silhouette au loin. Tellement familière. Trop familière. Je reconnus immédiatement et ce fut un blackout dans ma tête. Non pas lui. Justyn. Mes yeux se remplirent de larmes à le voir devant moi, mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, tellement heureux de le revoir. Mais ma raison elle, se remplissait de colère. Il n’aurait jamais dû revenir. Les chiennes se mirent à grogner et je leur fis signe d’arrêter et d’avancer. J’allais l’ignorer et c’était le mieux pour moi, je passais alors à proximité de lui et ne lui accordait aucun regard.

© wild bird

Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

Justyn était de retour. Pouah, il réveillait en moi des souvenirs que j’avais tenté d’enterrer durant ces deux ans d’absence. Des bons comme des mauvais. Mon cœur lui se souvenait des meilleurs moments de notre couple, notre rencontre, notre romance : ces regards qui ne trompent pas, ses baisers d’abord timides puis tellement fougueux, ses mots d’amour, ses sourires et surtout son rire si plaisant à écouter. Lui se souvenait de son amour tellement grand pour moi et la réciproque aussi. Aujourd’hui en cognant dans ma poitrine, il me montrait à quel point je l’aimais toujours autant. Je savais qu’il était mon premier et unique amour, et que ça ne changerait jamais. Mais l’amour fait mal et ma raison me le rappelait. Mon cerveau me rappelait cette peine intense qui m’avait submergé quand il est parti, ces séances de larme et de rage où j’avais ruiné l’intégralité de notre chez-nous. Il me rappelait aussi mes moments de profond désespoir où je m’étais roulé en boule dans le noir, pleurant sa perte comme on pleure un mort. Mon cerveau gardait les pieds sur terre alors que mon cœur cédait à Justyn, comme il l’avait toujours fait. Il n’avait pas changé, enfin si. Il avait pris de l’âge et une certaine assurance, une certaine maturité qui se lisait sur son visage. Mais il restait le même. Ce grand et beau brun aux yeux couleur ciel, avec un sourire si charmeur, à la carrure d’un héros, d’où je m’étais toujours sentie en sécurité à l’intérieur de ses bras. Il était le même, celui que j’avais rêvé nuit et jour durant son absence, il était mon repère. Mais je ne pouvais plus lui faire confiance, plus comme avant. Il m’avait quitté, comme une malpropre, il avait souillé mon âme, il m’avait lui aussi abandonné. Comme tous les autres avant et tous les autres après. Il connaissait pourtant mon passé chaotique et pourtant ça ne l’avait pas empêché de se comporter en parfait crétin. Qu’importe, j’étais bien décidé à l’ignorer, à feindre l’indifférence la plus totale, à le laisser à son tour seul. Ainsi il saurait la peine que ça fait de voir l’être qu’on aime ne lui prêter aucune attention. Quand je passais à ses côtés, son odeur personnelle vint étreindre mon âme et je faillis fondre en larmes, me souvenant ainsi de tous ses bons moments passés l’un avec l’autre. J’avais d’abord été amoureuse de son rire, puis de son odeur, et je pouvais la reconnaître entre mille. Et la sentir là, près de moi fut le pire des bonheurs. Je m’apprêtais à partir quand mon nom résonnait entre ses lèvres. L’entendre prononcer mon nom me fit tellement de bien, que mon cœur eut un loupé. Mes yeux se fermaient et pourtant je ne parvenais pas à lui faire face, une larme roulant bien malgré moi sur ma joue. Je ne parvenais pas à feindre l’indifférence, pas avec lui. J’essuyais du revers de ma main cette maudite goutte d’eau salé, puis entendis ses mots tellement… égoïste. Même pas une pensée pour moi, c’était de lui qu’il parlait. Il me mit hors de moi, je me retournais face à lui et lui retournais une gifle du plus fort que je pouvais, ma peine et ma colère me submergeant de nouveau comme par le passé. Je lui fis face les yeux bouillonnant de larme, n’ayant pas peur de cette soudaine proximité, n’ayant plus peur de croiser son regard.

« - C’est tout ce que tu trouves à dire ? Même pas un : « Pardonne-moi Riley de t’avoir largué comme une vieille chaussette » ou encore un : « Je suis qu’un crétin de t’avoir fait ça ! ». Non il faut que tu parles de toi, comme toujours. Putain Justyn, qu’est ce qui t’as pris de m’abandonner de la sorte ? Si tu savais comme ton geste a détruit ma vie. »

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Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

J’avais lutté pour survivre à son absence. Chaque jour durant une année entière. Chaque jour je m’étais torturée l’esprit pour comprendre pourquoi il m’avait quitté. J’avais échafaudé toutes les théories possibles : l’adultère, mon incapacité à le combler, le doute sur notre couple ou pire l’absence de sentiment à mon égard. Tout y était passé, et au final j’avais fini par laisser tomber. J’avais toujours compris Justyn, j’avais toujours lu en lui comme dans un livre ouvert. Mais là, j’avais loupé un chapitre, et j’avais clos le livre pour le sortir de ma vie. Mais là, il était devant moi, et toutes ces incertitudes à son sujet remontaient à la surface. Ainsi que ma peine. Surtout ma peine. Et pour la première fois depuis plusieurs mois, je la laissais aller et m’attraper de part en part. Les larmes coulaient seules alors que mes yeux étaient dans les siens, je ne le quittais pas du regard, lui montrant ainsi la peine qu’il m’infligeait avec ses décisions stupides. A cause de lui, j’avais perdu l’essence même de ce que j’étais et je n’étais plus que l’ombre de moi-même, et il fallait encore que je lui pardonne ? Jamais. Il avait causé bien trop de dégâts en moi, il avait cassé bien trop de choses entre nous. Tous ses secrets nous avaient tués, et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Mais j’avais besoin de savoir. Pire même : besoin de comprendre.

« - J’ai toujours été là pour toi à ton retour de mission. Je t’ai soutenue sans cesse. Que ce soit en te parlant ou même dans le silence. J’aurais pu tout entendre, et même te donner mon âme pour que tu récupères la tienne. Mais non. Ça n’a pas suffi. Ça ne t’as pas suffi, il a encore fallut que tu commettes l’erreur qui nous coûterais notre couple et ma vie. Mais tu as pris tes décisions, j’ai pris les miennes. Et je t’ai sortie de ma vie, parce que ton absence allait me détruire. »

J’étais tellement sincère, trop même, mes larmes trahissaient ma peine et je la lui montrais. Je n’avais jamais fait semblant avec lui, dès le début, ça avait été tellement fort et passionné. Mais là, je n’éprouvais qu’un mélange de peine et d’amour, un cocktail explosif.

« - Des questions je m’en suis posée des milliers, j’ai même cru que je ne te suffisais plus et que tu repartais à ta chasse aux filles comme avant. Puis j’ai arrêté de m’en poser car j’ai compris que tu ne reviendrais jamais et que je n’aurais jamais de réponses. Mais il y a une chose que je ne te pardonnerais jamais, c’est de m’avoir abandonné en sachant que mon passé n’est fait que d’abandons. Tu t’es rajouté dans la liste de ceux qui m’ont lâché au cours de ma vie, alors que tu m’en avais fait la promesse de ne jamais le faire. »

Puis il fit son mea culpa, s’excusant pour le mal causé. Mais il était trop tard pour ça, j’avais cloisonné mon cœur définitivement pour que plus personne y rentre. Pour ne plus avoir mal. J’essuyais mes larmes, fermaient les yeux pour respirer son odeur une dernière fois. Elle me fit du bien, me rappelant nos bons moments ensemble… Mais mon cœur me rappelait le mal qu’il m’avait causé.

« - Il est trop tard pour t’excuser. Le mal est fait. Tu es quelqu’un de bien. Je n’en ai jamais douté. Tu as juste égaré ton âme et tu t’es mis en tête de la retrouver en ravageant tout sur ton passage. Moi y compris. C’est un mal pour un bien, car si tu es face à moi c’est que tu l’as retrouvé. Et je contente pour toi vraiment… Mais ça ne changera rien, moi je ne peux pas oublier ce qu’il s’est passé. »

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Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

Il ne pensait qu’à lui, un peu à moi, mais rarement à nous. Tout ça était de sa faute, et il le savait. Il avait tout détruit sur son passage, et maintenant il revenait la fleur au fusil croyant que ses excuses allaient me faire changer d’avis. Or il savait que j’étais plus têtue qu’une mule, je n’allais pas le laisser capturer de nouveau mon cœur meurtris pour le détruire à nouveau. J’avais trop souffert de son absence, et j’avais gouté à une certaine forme de liberté, que je ne voulais pas renoncer. Je n’étais plus aussi disponible qu’avant, mon travail m’amenait à découvrir des endroits nouveaux dans le monde entier, et plus jamais je ne renoncerais à mes rêves pour un homme qui n’en a rien à faire de mes sentiments, de mes pensées. Je ne me mettrais plus au second plan, quitte à finir seule ma vie. J’étais lassée d’avoir mal. Je ravalais ma rancœur dans le fin fond de ma gorge, essuyant ses larmes du revers de ma main, entendant mes chiennes couiner derrière moi, elle devait sentir ma peine. Elles au moins étaient toujours présentes.

« - Tu n’as pas à juger de ce que je suis capable ou non d’entendre. J’étais ta femme, j’étais capable de tout entendre pour t’aider à aller mieux. Mais en effet tu avais bien changé, renfermer sur toi-même tu as tout envoyé valsé, moi y compris. En me laissant pour compte tu m’as entraîné dans ta chute. Et j’ai bien failli ne jamais m’en remettre. »

Et c’était vrai, j’avais vécu un an en enfer, à perdre tout ce qui faisait ma personnalité. Avec lui, je m’étais révélée, j’avais trouvé un but à ma vie triste. Et ce but ça avait été lui. Et sans Justyn, j’avais perdu le goût de me battre, de vivre. Maintenant je m’étais fait une raison, et j’avais décidé de ne jamais plus laisser mes sentiments prendre le dessus et de faire ce que je voulais quand je le voulais. Je le vis fermer les yeux un instant, et je comprenais que mes mots le touchaient. Je ne disais que ce que mon cœur ressentait ainsi que le mal qu’il m’a fait, et je ne comptais pas le ménager, lui ne l’avais pas fait.

« - N’est-ce pas le rôle d’une femme : de tout donner pour l’homme qu’elle aime ? Ne dois-je pas tout donner pour ton bonheur, que ce soit ma vie, mon corps ou même mon âme ? C’est ma définition de l’amour, et tu as tout gâché. J’aurais pu t’aider, si seulement tu m’avais laissé le faire. »

Mes larmes se calmaient, même si je sentais que j’avais les yeux gonflés à force de pleurer. Un petit vent frais s’invitait dans notre conversation, me faisant trembloter légèrement. J’avais oublié mon gilet dans la voiture. Ce n’était pas un drame en soit. Il m’avouait qu’il s’était retrouvé durant ses deux ans, qu’il était de retour pour moi, et que surtout il était dans l’incapacité de retrouver son âme étant donné qu’il avait détruit la mienne. Je refusais qu’il se rende malheureux pour moi, même si je l’ai détesté, il avait le droit au bonheur et je l’avais toujours voulu qu’il soit près ou loin de moi. Je levais ma main vers sa joue et la caressait doucement, reprenant un regard tendre, laissant mon cœur s’adresser à lui.

« - Tu t’es retrouvé c’est le principal. Sache que je me suis reconstruite, que je vais mieux. Tu as le droit au bonheur que tu sois loin ou près de moi. Je l’ai toujours voulu. Tu peux récupérer ton âme, je t’ai donné la mienne il y a bien longtemps déjà. Refait ta vie Justyn, tu le mérites. »

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Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

Justyn avait toujours été égoïste, il s’était toujours fait passer en premier depuis le début et jusqu’à la fin. Pourtant ça ne m’avais pas empêché de l’aimer comme une folle au point même de m’oublier. Je l’avais toujours fait passer avant moi, j’avais sacrifié mes rêves pour qu’il soit heureux. Et voilà le résultat. Je m’étais fait berner et il m’avait abandonné, me laissant seule dans notre appartement. Il avait jugé bon de m’épargner, mais il m’avait pourtant ravagé. Je m’étais reconstruite, je l’avais oublié, grâce à Kaycee et Hunter. Et je n’étais pas prête à le faire rentrer de nouveau dans ma vie, j’avais bien trop peur qu’il l’a détruise de nouveau. J’étais pourtant encore amoureuse de lui, mais la peur et la douleur paralysait ce sentiment.

« - En effet, tu as été incapable de communiquer, alors que la communication est la clé d’un couple. Tu as vécut un enfer, mais j’en ai vécus un aussi. Ton absence, je l’ai pris comme un deuil, je t’ai pleuré comme on pleure un défunt. J’ai mis plus d’un an à m’en remettre, et sans l’aide de Kay’ je n’aurais jamais pu remonter la pente. Tu as toujours été égoïste et cet acte en est la preuve. »

Lui et moi avions toujours été des contraires, moi la pauvre orpheline qui survit seule pour vivre ses rêves, et lui le fils à papa, séducteur et nonchalant se contrefichant de la vie et de ses obstacles. Ils avaient suffi d’une conversation pour qu’on se plaise, d’une conversation pour qu’il comprenne la notion du bonheur et qu’il m’y associe. Nous avions été heureux. Très même, mais tout ça c’était le passé et il était temps que nous tournions la page. Il me contait alors ce qu’il lui était arrivé durant cette mission, la mort était récurrente dans son métier, mais la voir sous ses yeux avaient dû être le pire des calvaires. Je pouvais voir dans son regard que cette blessure était toujours présente, et je comprenais alors la raison de ce changement en lui. Même si je ne lui pardonnais pas pour autant son comportement. Mais je le trouvais tellement injuste dans ses propos.

« - J’aurais pu l’entendre, pire même : te comprendre. Car c’est le cas à ce moment précis. Et je suis persuadée d’une chose, tu n’as pas rien fait, tu les as accompagné dans la mort, pour ne plus qu’ils aillent peur et qu’ils ne sentent pas seuls, parce que tu es quelqu’un de bien. Tu n’as pas rien fait non. C’était leurs destins de mourir ainsi, pas le tien. C’est injuste ce que tu dis, parce que c’est moi que tu aurais abandonné pour de bon si tu étais mort à leur place. Et si ça peut te consoler et te permettre de te pardonner, leurs familles les considèrent comme des héros et toi comme un ami, et ils ne les pleurent plus, ils les célèbrent chaque année. »

C’était vrai, et chaque année j’étais conviée à cette fête de famille comme si j’en faisais partie. Je représentais Justyn, et nous étions heureux à chaque fois. Et je savais que ces familles seront ravies de le revoir. Je lui fis un sourire, puis vint à caresser sa joue comme dans le bon vieux temps. Je ne parvenais pas à faire semblant pour la simple et bonne raison que je l’aimais toujours autant malgré tout ça. Il posait sa main sur la mienne et j’avais vu ses yeux se fermer de nouveau, savourant en même temps que lui ce moment délicat rien qu’à nous. Mais avec ses mots il rouvrait la plaie béante de mon cœur, il était revenu pour moi et il comptait me reconquérir. Il ne voulait pas tourner la page, comme moi je l’avais fait. Je fermais mes yeux alors à mon tour, sentant les larmes monter, pris son visage dans mes mains pour poser mon front contre le sien. J’allais lui faire mal, mais c’était un mal pour un bien.

« - Si tu savais combien de temps j’ai espéré que tu viennes frapper à ma porte pour me dire ça. Mais… C’est fini Justyn, j’ai tourné la page même si je ne cesserais jamais de t’aimer. »

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Justyn & Riley

▴When fire meet gasoline.▴

Justyn a toujours été tenace, et borné. Tout comme moi, c’était pour ça que notre histoire avait si bien marché dès le début, c’est parce qu’on ne s’était jamais lâché. Toujours là à soutenir l’autre et à lui tenir tête quand l’idée était bonne ou mauvaise. Puis un jour il a lâché prise et il est parti. Comme si tout ce que nous avions construit n’avait servi à rien. Il avait changé. Moi aussi. Même si aujourd’hui je retrouvais le Justyn d’avant, celui qui n’abandonne jamais, qui se bat corps et âme pour obtenir ce qu’il veut. Et ce qu’il voulait c’était moi. Je le voyais dans son regard, dans son attitude, il était toujours autant amoureux de moi, mais j’aurais tant voulu qu’il met oublié. Qu’il est mis son passé derrière lui, ça m’aurait épargné tant de souffrance et de doute. Pour la première fois en un an je doutais de ce que je devais faire. Partir ou rester ? Fuir ou faire face ? Il était indéniable que je l’aimais toujours autant, mais aimer signifiait souffrir maintenant, et je ne le voulais plus. Kaycee le savait, Hunter le savait malgré son objectif. Je n’allais pas céder face à lui. Non, je n’avais pas le droit. Il s’excusait de son attitude et j’hochais de la tête, les acceptants tout de même.

« - Je les acceptes même si je ne te pardonne pas pour autant. »

Je n’allais pas lui pardonner si aisément, on n’oublie pas la peine qu’on nous inflige si facilement, surtout après cinq ans d’un amour fusionnel. Je me mordais la lèvre et entendis la suite de son discours. Mon prénom, puis un temps de pause comme si tous lui revenait en mémoire. Il parvenait à se contrôler chose qu’il était incapable de faire deux ans auparavant. Il m’expliquait des choses censés que je comprenais parfaitement, il n’avait pu en parler et c’était légitime, je ne saurais jamais réellement la vérité, et je vivais avec. Ce que je ne comprenais pas c’était sa défection.

« - Je ne saurais jamais réellement ce qu’il s’est passé là-bas, je le sais et je l’accepte. Je comprends parfaitement que tu n’es pu m’en parler tant ta plaie était béante. Mais ce que je ne comprendrais jamais et ce que je ne cautionne pas c’est que tu es pris la fuite face à moi, sans me laisser la possibilité de pouvoir t’aider. Ce n’est pas toi et ça ne sera jamais le Justyn que j’ai aimé qui ferait ça. »

J’étais tellement sincère, et je ne lui céderais pas. Pas ce matin, c’était impossible pour mon cœur encore douloureux. J’avais pris son visage dans mes mains pour l’approcher de moi, comme si je voulais lui faire le moins de mal possible en lui disant que tout était terminé. Je le voulais, je voulais mettre un terme à cette douleur dans ma poitrine, et je crus qu’un moment il allait lui céder. Il posait ses mains sur mon épaule, les yeux clos, un silence imposé, comme s’il reprenait force après une blessure. Mais il ne cédait pas. Il ne comptait pas le faire et il allait rendre les choses encore plus difficiles. Les larmes montaient aux yeux sous ses paroles, il avait tellement raison, rien était terminé, mon cœur n’avait jamais cessé de l’aimer et ne cesserait jamais. Mais ma raison elle voulait que tout se termine maintenant. Un nouveau silence, où je savourais ma dernière proximité avec cet homme que j’ai tant aimé, puis je me reculais de lui, le ton déterminé. Je le regardais droit dans les yeux, essuyant mes larmes de nouveau.

« - C’est fini Justyn, c’est à toi de faire le deuil de notre couple désormais. »

Et je me retournais, faisant signe à mes chiennes de me suivre, et je marchais en direction de ma voiture, la peine me submergeant comme par le passé par les mots que je venais de prononcer. C’est à cet instant précis que je comprenais que je m’étais voilée la face et qu’en fait je n’avais fait que camoufler ma peine durant tout ce temps.

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