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jawn » tell me the story again
Invité

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jawn » tell me the story again  EmptyMar 25 Nov - 3:34


Dawn & Jack // Tell me the story again.


New York CITY,hiver 2011

Les jeux de coudes chez Macy's, les elfes et leurs cloches folles et vénales à tous les coins de rues, la neige, blanche, épaisse, duveteuse, les sauts de biche involontaires à chaque entrée de bouche de métro, les arbres emmaillotés posés à même les trottoirs, les mines soit bougonnes, maussades, fatiguées soit charmées, radieuses, rêveuses - non, le calendrier ne mentait pas : le réveillon de Noël approchait à grands pas, avec son lot de décorations, coutumes et traditions. Nous n'y dérogions pas, même si notre sapin n'était que le romarin empoté (rempoté et rempoté, aussi, la terre cuite figurant en tête de liste des matériaux à ne pas laisser à proximité de Dawn sans surveillance) paré de guirlandes et des quelques boules qui avaient survécu à l'année précédente, même si nous n'étions pas sur une liste d'attente à l'épicerie du quartier pour la dernière dinde disponible, l'ultime, la sacrée, celle pour qui les enchères montaient, parfois brutales, entre les poignées de retardataires carnivores du coin, mêmes si nos placards ne débordaient pas de présents emballés dans du papier scintillant et tape-à-l'oeil qu'on voudrait plus discrets. Non, le cliché du Noël commun n'était pas fait pour nous, mais l'esprit des fêtes n'en demeurait pas moins ancré dans notre quotidien ; un disque de Fitzgerald et son swinging Christmas qui tournait, inlassablement, un feu dans la cheminée tout juste découverte derrière une vieille planche de bois mitée lorsque celle-ci s'était écroulée sous les griffes du matou Hemingway, et les classiques, évidemment, ces classiques du cinéma qu'on regardait, tous, sans exception, sans excuse possible, sinon celle de s'endormir l'un contre l'autre parce que le chocolat chaud, la laine du plaid et l'heure trop tardive ne pouvaient qu'avoir raison de nous. L'odeur, aussi, l'odeur de sucre, de menthe poivrée, de cannelle, l'odeur des épices, gâteaux, des biscuits... L'odeur de brûlé.

Noirs, plus noirs que jamais, la troisième fournée du jour des pains d'épice ratés de Dawn m'avait tiré un sifflet admiratif, avant qu'un regain de flamme ne nous fassent sursauter tous les deux, affairés à ventiler la cuisine comme nous le pouvions, et que la plaque finisse jetée dans l'évier avant que quoi que ce soit n'explose. Précaution supplémentaire, parce qu'on parle ici d'expérience - le chat avait fini dans notre chambre, toutes les fenêtres avaient été ouvertes, et nous, dans nos bonnets, gants et manteaux d'usage, nous avions filé hors de l'immeuble. « Les tiens étaient sûrement meilleurs. » Aussi, lorsque j'articule ça, pourtant de bon coeur, entre deux bouchées du gâteau au miel acheté plus tôt à l'un des stands qui longeaient la 5th Avenue alors que nous la remontions jusqu'à arriver au Rockfeller Plaza, je ne peux plus retenir la furieuse envie de rire qui me tiraillait déjà après la première fournée de la pâtissière déchue, et je craque, m'empressant de détourner vers l'arbre de Noël, gigantesque, un peu plus loin, mes yeux déjà baignés de larmes. « Je pense qu’il manquait une indication à la fin et… » Merde - je l'aimais, vraiment, comprenez. De tout mon être, de tous mes sens, de toutes mes tripes, mais là, elle ne m'aidait pas, vraiment pas. Je rigole de plus belle, m'écarte davantage. « L’indication de ne rien calciner, oui. » Heureusement, elle le prend sur le même ton que je l'ai lancé. Elle rigole à son tour, vient vers moi, croche son bras au mien et je pose un baiser sur ses cheveux, comme souvent, comme toujours, dès que j'ai repris un brin de tenue. Deux ou trois regards pèsent sur nous ; on ne s'attarde pas plus longtemps là et l'on s'éloigne, un peu au hasard des lumières, des décors, des badauds... « On va voir le sapin? Ils vont mettre l’étoile tout au sommet! » ... et du sapin, évidemment. On n'avait pas traversé Williamsburg, le pont de Brooklyn, sauté dans un metro puis un autre et bataillé entre les coudes stressés et les touristes pas pressés juste pour les belles vitrines de la Fifth et toutes les enseignes où l'on ne mettra jamais un pied (mais peut-être une main dans un sac, d'accord, les fins de mois sont rudes, parfois) - non, le sapin était au programme, évidemment, et c'est pour cela qu'on dévie sur la droite et que l'on descend les premières quelques marches qui font face au Rockfeller. « Oh! » Seulement, on s'arrête là : je suis le regard pétillant de la rouquine qui a planté des quatre fers et, d'un coup, une moue se glisse sur mes traits.  « Je n’ai jamais su si tu savais patiner finalement… » La patinoire, la fameuse, celle qui attisait toutes les envies avec l'autre de Central Park - celle qui attisait l'envie de Dawn, aussi. Et là, elle affiche une mine réjouie, enthousiaste, une mine qui pourrait me faire l'embrasser, là, tout de suite, avec une ferveur dont les coups d'oeil des curieux ne pourraient me défaire, mais je ne le fais pas ; j'ai un mauvais pressentiment, j'ai vu deux jambes gicler dans les airs quand j'ai laissé courir mon regard sur la surface glacée au loin, je jurerais même avoir entendu le choc de la tête du malheureux contre le béton liquide, et... On parle de Dawn au même endroit ? Mes doigts lâchent les siens un instant, court mais suffisant à me laisser me placer entre elle et l'objet de ses convoitises, reprendre ses deux mains, cette fois-ci, dans les miennes, et rapprocher mon corps du sien, ostensiblement, et la faire reculer, discrètement. « On pourrait aller parler de mes jeunes exploits sur lames autour d'un café, si tu veux. » Manière détournée de l'éloigner de sa proposition à elle, détournée, aussi, tacite mais évidente, de s'engager sur la glace. Je plante mon regard dans le sien, révisant le classique du charme, avant de le détourner par-dessus son épaule vers le coffee shop, là-bas, de l'autre côté, espérant qu'elle suivrait le mouvement de mes pupilles et qu'elle oublierait le terrain de tous les dangers derrière moi. 

« Ou alors on pourrait se réchauffer autour d'un café une fois qu'on aura fait l'exercice du jour! » Mais elle est tenace. Ca lui arrive, parfois, quand elle veut aller prendre l'air et que je m'enfonce dans mon fauteuil, quand sa tarte noircit dans le four mais qu'elle évente ma remarque en agitant la recette et son temps de cuisson noir sur blanc sous mon nez,  quand je tends la main vers l'autoradio et qu'elle la repousse parce que les mêmes accords, entendus encore et encore sur des kilomètres guident la mine de son crayon sur le papier de son cahier à croquis. Elle est tenace et ça ne me plaît pas toujours, non pas parce que je la veux calquée sur mon propre modèle, oh non, mais parce que je la préfère entière, au sens premier du terme, et, parfois, comme c'est le cas à l'instant présent, sa tenacité lui vaut des bleus, un peu trop. Je grimace vaguement, rêve à la banquette pourtant pas si confortable que ça de l'établissement au loin, à l'odeur du café, la chaleur d'un radiateur, le bruit de fond mesuré de discussions qu'on entendrait sans les écouter, mais non, non, rien n'y fait. « Aurais-je oublié de vous mentionner que j’ai plusieurs années d’expérience en arabesques, Monsieur Bates? » La décourager d'un regard, la manipuler d'un trait de couleur céladon, l'électriser d'un battement de cils - ça ne marchait plus, visiblement. Pire, c'est mon échine à moi qui vibre lorsque je sens le bout de ses doigts effleurer ma nuque, doux mais cruels, vils mais convaincants. « Quelques minutes, seulement. Et je ne lâcherai pas ta main… » Ses mots glissés d'un ton qui ne peut s'envoler plus loin qu'entre nous ne m'aident pas, ses yeux m'achèvent, je serre vaguement la mâchoire parce que je n'ai rien de mieux à faire. Mes armes s'épuisent bien vite lorsque ses courbes s'approchent de trop près, que ses mains disparaissent sous mon col et que ses pupilles m'aguichent et s'enflamment, ou l'inverse, je ne sais même plus. Je me convaincs à détourner le regard et même là je trébuche, c'est sur la patinoire que je me raccroche, comme si moi-même je ne pouvais plus rien voir d'autre. Un soupir sur les lèvres qui, au fond, n'en est pas vraiment un, d'un mouvement d'épaule je me défais de sa prise de succube d'un temps nouveau même si, non, elle n'a rien d'un démon et d'un pas sur le côté et d'un autre vers l'avant, je lui accorde sa victoire. Le vague air bougon qui avait pris sa place sur mes traits s'efface au même tempo que mes envies de chaud, de coussin et de caféine s'évapore dans l'air froid de ce morceau de la Grande Pomme, laissant le champs libre à une mine imperturbable, intouchable - un peu trop, même. Un sourcil à peine haussé et l'air faussement désabusé, je renfonce mes mains dans mes poches et marche vers la patinoire, sachant qu'elle aura suivi le mouvement avant même que je l'aie engagé. « Non, tu peux garder ta main. » Je fais claquer mes mots, marque mes intonations et détache mes syllables comme je sais le faire. Mais un coup d'oeil par-dessus mon épaule me trahit sûrement, un instant plus tard, même s'il est bref, même s'il se veut hautain, vexé, viril - tout ce qui en résulte, c'est un scintillement amusé. « T'en auras besoin pour découper ton tempeh quand tu te seras sectionnée l'autre avec tes propres patins. » Si mon regard m'a trahi, mon timbre qui vibre ne rattrape rien, alors, je presse juste le pas à travers les badauds et la fine couche de neige qui recouvre le Rockfeller Plaza. Arrivés vers la cabane, j'abandonne pour de bon la lutte, de toute évidence vaine, quand je glisse une main dans le dos de Dawn et que je le parcoure distraitement, les yeux perdus sur les environs, la patinoire, les gens dans la file, le poste de secours improvisé, le sapin, le poste de secours, le Père Noël qui agite sa clochette pour les bonnes oeuvres, le poste de secours, la... Dawn s'échappe de ma caresse, je reviens à l'instant présent plutôt qu'à la catastrophe à venir, je l'observe régler le vieux gaillard et puis, les paires de patins distribuées, on se retrouve sur le banc et déjà elle lace le péril du jour autour de ses chevilles tandis que, moi, je demeure plus réservé. « C’est Joy qui m’a appris à patiner. Je l’avais suivi à la rivière une fois, c’était une belle journée. » Je relève les yeux vers elle et finis par m'affairer à mon tour autour des patins - ce n'était même plus de l'inquiétude qui pesait sur mes réactions, du moins à cause d'elle, mais simplement la piqûre de rappel que je n'avais plus fait ça depuis longtemps.

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Dawn J. Baker
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jawn » tell me the story again  EmptyJeu 27 Nov - 20:51


Dawn & Jack // Tell me the story again.


New York CITY,hiver 2011

Jack endormi dans la pièce d’à-côté, les flocons qui tombent par la fenêtre, improvisant un doux, un si doux manteau immaculé sur la ville. J’avais réussi l’un des meilleurs cafés de l’existence, la preuve, j’en étais déjà à la troisième tasse et l’horloge n’indiquait même pas 10h. Le regard distrait facilement, dérivant là où on attirait mon attention, partout où mes prunelles pouvaient éviter le combiné. Le téléphone, raccroché. À la va vite, brûlant même si frigorifié. Froid des mots d’une mère lointaine, d’un père muet, interdit. J’avais encore évité le sommeil, j’avais encore passé la nuit à le regarder lui, à me blottir près, plus près, à rire en silence quand ses sourcils se fronçaient, quand il devait s’imaginer à même une nouvelle de Kerouac, m’espérant à ses côtés pour y voir toutes les couleurs, tous les paysages qu’il s’autorisait une fois les yeux clos. À tourner la tête vers la vue aussi, la ruelle, notre ruelle, là où on descendait parfois, rien que pour aller y voir nos voisins un peu moins chanceux, ceux emmitouflés, ceux cachés, ceux à qui on passait les meilleurs biscuits de la tôle, les biscuits que je ne brûlais pas, les chanceux qui survivaient. J’attendais avec impatience la tempête qu’on prévoyait le lendemain, et j’évitais au passage de me rappeler que l’appel traditionnel avec mes parents approchait, qu’il était inévitable, qu’il donnerait le ton pour la journée suivante, la semaine, le mois. C’était ça au final, qui me revenait encore et encore à l’esprit, aussi évaporé soit-il. Les traditions, le manque de, les souvenirs barbouillés, les cris, les demandes, les excuses, les empressements, les cadeaux pour faire joli, le plus gros sapin du quartier, les ragots. Ma sœur qui finissait toujours par faire un scandale à plus ou moins grande échelle. Mes frères qui jouaient au meilleur, au plus fort. Mes parents et leurs disputes, ma silhouette effacée qui filait dans sa chambre dès les dernières assiettes récupérées par la nanny. Noël, c’était synonyme de rien vraiment, sauf des vieux vinyles de jazz de mon grand-père, des quelques flocons qui s’égaraient à Portsmouth et des longues heures à patiner, loin d’eux, toute seule, toujours toute seule. Il y avait eu l’envie aussi, celle de repartir de zéro, de reconstruire quelque chose, d’avoir mes propres traditions, mes propres souvenirs. Et il y avait eu nous. Lui, qui grommelait un « Dawn? » la voix enrouée, le sommeil qui s’était étiré. Bien sûr, j’avais souri, bien sûr, j’avais répondu en me levant, en lui amenant à ma suite une tasse de ma toute dernière réussite culinaire, la seule depuis des jours. Il avait rit aussi, prétextant le pire comme chaque fois où je m’approchais de la cuisine et avait fini par m’attirer dans ses bras, sous les draps. Il avait entendu l’appel, il savait à quel point Noël m’émerveillait comme m’effrayait. « Et si Noël, c’était encore que nous deux cette année? » Le soulagement qui orna mon visage lorsque j’acceptai sa proposition d’éviter ma famille encore un peu le poussa à m’embrasser. Et moi, à répondre. De longues heures durant.

« Les tiens étaient sûrement meilleurs. » Ces biscuits-là, ceux d'aujourd'hui. Ceux que j’avais brûlés reposant avec les autres, nombreux, dans la chute à déchets de notre immeuble. J’avais hoché de la tête, peinée, encore déçue par ma capacité à créer un désastre derrière les fourneaux quoique je fasse, quoique je veuille, qu’on me surveille ou non et j’avais prétexté un maigre « Je pense qu’il manquait une indication à la fin et… ». Son éclat de rire étouffé s’avéra contagieux et mon air piteux se métamorphosa en quelques secondes en sourire joueur, pouffant à mon tour. « L’indication de ne rien calciner, oui. » que je terminai, à bout de souffle, répondant à ma propre interrogation. Le bras enlacé avec celui de Bates, je le suis, imprimant mes bottes dans la neige bien compacte sous nos pieds, couverte de flocons des cils aux épaules, le regard porté au-dessus de nous, vers les buildings illuminés et décorés à perte de vue, vers le soleil qui réchauffait nos joues rosies, vers la cime du sapin immense, à quelques mètres de nous, déjà enrubanné et prêt pour le début des festivités. « On va voir le sapin? Ils vont mettre l’étoile tout au sommet! » Mes yeux brillants ont tôt fait de le convaincre et il enlace ses doigts dans les miens, suivant le rythme, slalomant avec moi à travers les autres curieux se rassemblant autour de l’arbre gigantesque qui en était à ses derniers préparatifs. « Oh! » que je laisse échapper, apercevant au loin l’esquisse d’une patinoire. Faisant volte-face vers Jack, je le presse un peu plus vers moi, amusée, un peu trop, et ajoutai de suite « Je n’ai jamais su si tu savais patiner finalement… » Je me doutais exactement de ce qui se passait, là, de suite. Son étreinte qui se ressert, son regard fuyant, la ligne qui se prononce sur son front, celle-là même qui réagit lorsqu’on hausse le ton, lorsque je le préviens de mes envies soudaines de tenter la cuisine encore en farfouillant à travers les livres de recettes que la bibliothèque m’a cédés de reculons, lorsque qu’un « Jack? » suit un bruit sourd, ou alors très aïgu, résultat d’une de mes maladresses si caractéristiques. Il se déplace agilement, il caresse même mes doigts gelés entre les siens, alors que mon esprit égaré a de nouveau fait des siennes et que je réalise d’un rire que j’ai même laissé mes gants à la maison, tiens. « On pourrait aller parler de mes jeunes exploits sur lames autour d'un café, si tu veux. » Conversation de la semaine précédente, entamée autour d’un ou de plusieurs verres de bourbon, après avoir croisé les rediffusions de Charlie Brown sur la chaîne nationale. Jack avait pris la commande, las d’entendre encore et encore les mêmes phrases, les mêmes reportages, les mêmes drames, ceux qu’on avait refusés d’emblée le sourire aux lèvres la journée où notre proprio nous avait demandé si on souhaitait le câble, ou pas. Et il allait fermer la télévision que les voisins avaient entreposée dans notre appartement chaleureux mais bordélique, pour les vacances seulement, de peur que l’inondation hebdomadaire venant du voisin au plus haut pallier ne la détruise. Ce sont les premières notes de Linus & Lucy qui m’avaient entraînée à l’arrêter dans son élan, lui expliquant doucement ce que ce dessin animé rappelait à Dawn la gamine, Dawn l’enfant incomprise qui se cachait au milieu des coussins pour patienter à travers les dîners en famille lourds de sens à chaque année. Il avait acquiescé, j’avais même pu lui glisser un mot sur mon enfance tout court, sur la patinoire que mon père entretenait à chaque hiver, lui demandant si lui aussi, il… « Ou alors on pourrait se réchauffer autour d'un café une fois qu'on aura fait l'exercice du jour! » Un regain d’énergie me traverse l’échine lorsque je remarque le service de location de patins à quelques mètres de nous. Les quelques pièces de monnaie restantes au fond de la poche de mon manteau tintent de plus en plus fort lorsque je me sers de la proximité de Jack, de ses bras si doux, si forts qui m’encerclent déjà bien fermement à mon avantage, tirant dans l’autre direction, celle qui m’intéresse, celle qui m’amuse comme à mes 5 ans. « Aurais-je oublié de vous mentionner que j’ai plusieurs années d’expérience en arabesques, Monsieur Bates? » Je le vouvoie, amusée, amoureuse, les mains caressant maintenant sa nuque, le regard enjôleur. « Quelques minutes, seulement. Et je ne lâcherai pas ta main… »

Il pouvait bien reculer, éviter, sourire et rattraper le tir, regarder ailleurs même, mais l’idée était là. Je jouais rarement les gamines, je me contentais simplement d’hocher la tête, d’assumer, de comprendre, de ne pas forcer la chose. Mais l’air était bon. Le soleil était chaud. La neige crissait sous nos pieds. Sa main dans la mienne signifiait tant de promesses et encore. La pensée de rechausser un rêve de gamine, celui de patiner encore et toujours, faisait briller mes prunelles, alors que ma famille si lointaine, si incompréhensible, si incomprise, avait presque pu ruiner ces vacances bien méritées à l’ombre de tous qui se pointaient à peine le nez. J’avais fait le vœu idiot de rêver un peu, de vivre dans ma bulle, dans la nôtre, pour quelques allées sur la glace, et ses protestations ne me donnaient qu’encore plus envie de jouer à défier l’autorité, à défier ses brèves demandes. Une fois, juste une fois. Son air se ferme, ses mains s’évadent et il finit par me précéder, allant de lui même vers le kiosque de patins, ignorant jusqu’à mes sourcils, froncés, questionnables. « Non, tu peux garder ta main. » Et évidemment, que je la garde. Je la garde pour cacher l’éclat de rire qui franchit mes lèvres roses, étirées en un grand sourire, lorsqu’il ajoute, se trahissant lui-même « T'en auras besoin pour découper ton tempeh quand tu te seras sectionnée l'autre avec tes propres patins. ». Trop tard, je suis aussi faible, et je roule des yeux avant de franchir l’espace qu’il maintenait entre nous deux pour appuyer mon front sur son dos qui me fait face. « Le resto vegan au coin de la rue fait encore la livraison gratuite, si je ne m’abuse… » La remarque sur ma maladresse me reconfirme qu’il prend peur probablement que mon crâne, mes bras, mes jambes, mon dos, mes os entiers ne s’effritent, résultat d’un choc évident sur la patinoire, et je ne peux que le comprendre. J’ai sur mon corps un éventail de cicatrices toutes plus méconnues les unes que les autres, et il ne fait que prévenir comme toutes les fois où, en vain, il a cru pouvoir arriver au bon endroit au bon instant. La mère et son enfant devant nous cédant leur place, j’en profite pour m’étirer vers le bénévole et lui tendre les quelques dollars traînant au fond de mon manteau en échange de patins, m’appliquant à montrer dans le geste et dans la parole que je sais bien ce que je fais, et que malgré le potentiel de risque assez élevé, je crois en mes quelques capacités motrices. Aussi rares soient-elles. « C’est Joy qui m’a appris à patiner. Je l’avais suivi à la rivière une fois, c’était une belle journée. » Mes lacets se lassent presque d’eux-mêmes, l’habitude. Ma sœur et ses projets, et ses désirs, qui passent en coup de vent, en étincelles. Le jour d’avant, elle m’hurlait bêtises et insultes et le surlendemain, elle disparaissait dans sa chambre, croulant sous une décharge d’émotions qu’elle seule semblait combattre.

Je finis par me relever, croisant son regard nostalgique de mes prunelles, embrumé, rêveur, comme je l’aimais. J’ignorais tout de ce qui se glissait dans son esprit, et au même moment je savais le déceler rien qu’en lâchant prise. C’était ça le vrai, je crois. Ça, et la facilité que j’avais eu à le convaincre de me laisser en zone rouge pour les prochaines minutes, malgré mon habileté à glisser sur la glace, malgré mes années de pratique, malgré mon aisance dans une seule et même sphère, autre que la peinture, bien sûr. Droite, je lui tendis la main pour l’inviter à venir sur la patinoire et une fois le contact fait je poussai ma chance encore un peu plus loin, prétextant tituber et atterrir un peu plus près de lui, entre ses bras. « Oups… » que je laissai glisser, déposant au passage mes lèvres formant un sourire moqueur sur les siennes, de moins en moins ou de plus en plus détendues. La pression chaude de son corps contre le mien me fit lever la tête, charmée, avant de lui faire signe de me suivre. Bientôt, ma silhouette retrouvait la glace, et sous les bruits de crissement j’accompagnai mon sourire d’enfant d’un geste assuré de la jambe gauche, puis de la jambe droite, et encore, débutant un tour de l'ovale glacé, oubliant tout le reste, m’oubliant moi-même un peu, retrouvant la Dawn d’avant, avide de lui raconter comment serait sa vie, lorsqu’elle serait grande.

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