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Funny how the heart can be deceiving
Sophie E. Brooks
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Funny how the heart can be deceiving EmptyVen 11 Sep - 17:46

   
Funny how the heart can be


deceiving


Elle était terrorisée, incapable de faire le moindre mouvement. Son cerveau était en ébullition et ses pensées se confondaient, se mélangeaient. Elle avait envie de hurler seulement elle avait bien trop peur, ses mains étaient crispées sur les accoudoirs, sa mâchoire contractée depuis trop longtemps avait déclenché une vive brûlure le long de sa nuque. Ce n'était pas tant le fait d’atterrir qui l'effrayait à ce point, mais plutôt le fait de devoir se confronter à Maé, elle mourrait d'envie de le revoir comme elle redoutait de se laisser emporter par une crise de colère. Ses yeux ne quittaient son alliance, qu'elle n'osait retirer sans savoir pourquoi, elle craignait qu'il la retrouve et que de force, il la ramène à New-York. Elle craignait d'avoir commis une erreur, et ce putain d'avion mettait bien trop longtemps à atterrir pour qu'elle soit calme et détendue.
L'estomac noué, elle marchait enfin en direction de ses valises, l'esprit bouillonnant. Rapidement, elle récupéra sa grosse valise, qu'elle avait bourré tant bien que mal avec précipitation lors de son départ. Se rappelant de son alliance, elle s'arrêta net en plein milieu du passage pour, du bout des doigts la caresser pendant quelques secondes avant de l'enlever pour la glisser dans la poche arrière de son jean, comme la plus vulgaire des choses. Elle n'y avait jamais porté vraiment d'affection de toute façon puisque l'homme qui lui avait offert s'était comporté comme le pire des salauds durant ces 4 dernières années. Le temps filait tellement vite, elle n'en revenait pas. Comme avait-elle pu tenir tout ce temps aux côtés de Tim ? La tête haute, elle poursuivait sa route en direction de la sortie, elle pouvait sentir l'air californien lui chatouiller les narines et finalement, elle pensa que de rentrer au pays ne lui ferait pas de mal, du moins elle l’espérait réellement. Elle espérait encore plus ne pas s'être trompée. En passant devant les boutiques remplies de bouffe et de bouquins quelque chose attira l’œil de la jeune femme, qui s'approcha les sourcils froncés. C'était lui bordel, lunettes de soleil noire avec bien plus de barbe qu'à l'époque, mais c'était lui. Sophie crut défaillir lorsqu'elle vit, une brune tout sourire, les yeux pétillants tournés dans sa direction assise à ses côtés dans une voiture de luxe. La colère lui montait déjà au nez sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose, pour une fois, c'était légitime. Elle et Lui. Elle avait osé, et il s'était laissé dupé. Ou peut-être, il l'aimait. Non, elle ne pouvait envisager cette possibilité. Elle lâcha un «Putain !» Rageur et d'un coup de pied violent, elle envoya balader la pile de magazines sur le sol qui affichaient fièrement le "couple de l'année" en première page. Le gérant de la boutique se mit à gueuler, mais la jeune femme, fulminante de rage n'entendait rien mis à part la colère qui se déversait par torrent dans ses veines. C'était bien connu, ces canards ne racontaient que de la merde, le moindre ragot faisait la première de couverture. Pas besoin de s’inquiéter. Ce n'était qu'une vil rumeur, un montage même. Bien sûr, elle s'était perdue, trop occupée à se rassurer. Elle s'arrêta, le regard vague, chaque colère l'épuisait et elle était déjà bien trop épuisée pour être de bonne humeur. Un long frisson parcouru, son échine, l'air conditionné de l’aéroport était glacial et malgré son long gilet noir -pour masquer les stigmates de ce qu'elle considérait comme son passé- elle se caillait. Elle était allée trop loin, en soupirant, elle fit volte-face percutant par la même occasion avec violence un corps bien plus large et légèrement plus grand qu'elle. « Tu peux pas faire gaffe connard ?» lâcha-t-elle, d'une voix qui trahissait tout autant son état de fatigue que sa colère. Bon, ce n'était clairement pas dans les habitudes de Sophie de s'excuser encore moins d'être poli, et bien moins lorsqu'elle était d'une humeur de chien. Techniquement, c'était de sa faute, pas celle du mec qu'elle venait de percuter de plein fouet. Alors qu'elle s'apprêtait à se tirer, le parfum de l'homme lui sauta au nez, sourcils froncés, elle leva les yeux vers lui. Très jolie entrée. C'était Maé, superbe comme avant. Elle aurait pu être contente de le voir, non vraiment. Mais son esprit ne lui montrait que l'image répugnante qu'elle avait vu quelques minutes auparavant. Le salaud. La rage remontait doucement en elle, qui totalement désemparée continuait de le fixer. Elle ne savait que faire, des reproches ? Lui poser la question ? Se tirer, rentrer chez elle, la tête basse puisque de toute façon, il semblait heureux. Et si, après tout, elle ne lui avait jamais manqué ? « Qu'est ce que tu fiches ici ?» Siffla-t-elle sans une once de douceur, c'était plus fort qu'elle. Elle se sentait glisser, la colère prenait possession d'elle et, mis à part rester planté devant lui, elle ne savait que faire. Pas très logique comme question, vu qu'elle venait tout droit de New-York pour la première fois depuis 10 ans. Elle aurait voulu s'enfuir bien loin d'ici, retrouver sa terrible routine new-yorkaise. Désormais, l'alliance dans sa poche semblait peser une tonne, et partagée entre deux sentiments contradictoires, elle faisait face à l'homme qu'elle aimait, les yeux dans le vague, le corps si las.
   
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Maé J. Appleby
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Funny how the heart can be deceiving EmptyVen 18 Sep - 2:08

Sophie & Maé
Maé expira longuement tandis qu’il ne quittait pas le carrousel à bagages des yeux. Voilà plusieurs minutes que le même bagage rose fluo tournait en boucle sur le tapis. C’était presque un crime de lui imposer une telle couleur après un voyage aussi long. En effet, le producteur revenait d’un voyage en Turquie où il s’était rendu avec une équipe de tournage pour faire du repérage et trouver les futurs décors d'un nouveau film. Pour s’assurer du bon déroulement des choses il s’était déplacé lui-même et il aimait bien insister sur ce fait. A ses yeux ça laissé sous-entendre que c’était un patron investi qui ne déléguait pas tout le sale boulot à ses employés, doublé d’un producteur avisé qui avait à cœur de produire des films dans les meilleures conditions possibles. Au final il ne faisait que son travail mais faut pas lui en vouloir, il avait des phases comme ça où il prenait le melon. Alors qu’il avait encore la tête dans son budget, sa valise fit enfin son apparition et cette fois-ci c’est un soupir de soulagement qu’il laissa échapper. Il prit le temps de dire au revoir à ses collaborateurs et se dirigea avec rapidité vers la sortie. La vérité c’est qu’il n’avait qu’une hâte, retrouver le confort douillet de sa maison. Dieu sait que Maé avait l'expérience du voyage après avoir passé tant de temps dans les avions, les hôtels mais il ne s’y était jamais vraiment habitué. Il faisait partie de ses personnes qui pensait qu’on était bien que chez soi. C’était donc avec joie qu’il reçut l’appel de son chauffeur qui lui signalait qu’il l’attendait devant l’entrée, comme d’habitude. Il sortit de la zone à bagage pour arriver dans le hall d’entrée. C’était un peu la cohue et ça l’arrangeait bien puisqu’il y avait ainsi peu de chance que les gens fassent attention à lui. En temps normal les producteurs et tous les métiers de l’ombre du cinéma ne sont pas ceux qu’on reconnaît dans la rue, on ne veut pas faire de selfie avec eux, on ne leur demande pas d’autographe et c’est tant mieux. Sauf que depuis que le jeune homme s’était affiché au bras de LA Victoria Doland, c’était une toute autre affaire. Une couverte de magazine par ci, une interview sur le tapis rouge par là et soudainement on le reconnaissait dans la rue. La célébrité avait ses avantages et ses inconvénients mais là tout de suite il était bien content qu’on lui fiche la paix. D’autant plus que sur sa route il crut apercevoir une énième couverture et ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, il n’avait vraiment pas choisi la complice la plus discrète. Une alerte sur son téléphone le sortit de ses pensées. Un mail de la part de son assistant pour lui annoncer que son rendez-vous de cet après-midi était annulé, encore mieux. Comment souvent il resta accroché sur son écran et quitta le chemin du regard ce qui l’amena évidement à percuter quelqu’un. En temps normal il aurait réagi face à une insulte aussi injustifiée mais il s’arrêta net. Oh bordel. Sophie.

Son sang ne fit qu’un tour, son cœur manqua un battement, sa tension explosait les scores, en gros il était en défaillance physique totale. Rien de surprenant tant la nature de ses retrouvailles étaient surprenante, ou plutôt inespérée pour être plus précis. Sophie était toujours à se damner, les traits seulement un peu plus tirés qu’il y a dix ans. Dix ans putain. Maé resta planté devant elle, décontenancé. Sa tchatche habituelle s’était tout simplement fait la malle. Ils étaient en plein milieu du passage et il n’en avait que faire, tous les alentours s’étaient obscurcis pour ne laisser que le visage de Sophie briller de mille feux. Evidemment les souvenirs se bousculaient dans sa tête. La première fois qu’il l’avait vue, les heures qu’ils avaient passées ensemble à refaire le monde, les fous rires qui avaient animés leurs conversations, les nuits passionnés qu’ils avaient partagées et la dernière fois qu’il l’avait vue. Aïe. Retour brutal à la réalité. Avec l’excitation du moment il en était venu à oublier qu’ils s’étaient quittés en mauvais termes ou en aucun terme du tout puisqu’elle était partie du jour au lendemain, sur un coup de tête, sans prendre en compte son opinion. Partagé entre la joie de la retrouver et la souffrance d’avoir été abandonné, il ne trouvait les mots justes, les premiers en dix ans. Trop tard, Sophie s’en était chargée pour lui. Très bien, elle annonçait la couleur. Déconcerté, piqué au vif, il répliqua immédiatement. "Ce que moi je fiche ici ?! Sophie, c’est une blague ou quoi ?! Ce serait plutôt à moi de te poser cette question !" Maé regretta ses paroles à la minute où il les prononça, il était mieux placé que quiconque pour savoir que ce n’était pas ainsi qu’il fallait s’y prendre avec Sophie. C’était probablement dû à cette blessure, cette plaie qui ne s’était pas refermée malgré les années. Il ne s’en était jamais caché, Sophie avait été le seul amour de sa vie mais elle avait aussi été la plus grosse claque de sa vie. Sa remarque acerbe était venue saler une plaie pas complètement cicatrisée et la douleur ressentie l’avait poussée à riposter. Il voulait absolument se rattraper, il ne voulait pas que leur retrouvaille commence aussi mal que s’était terminée leur liaison. Ils n’étaient plus en couple certes mais c’était justement la chance pour eux de construire une relation basée sur une nouvelle fondation. "C’est la première fois que tu reviens à LA ? Est-ce que tout va bien ?" C’était ça qu’il voulait vraiment savoir, c’était ça qu’il aurait dû demander en premier. Il avait bien conscience qu’il s’agissait là de Sophie et qu’avec elle tout était possible, alors avant de laisser son ego prendre le dessus il aurait dû s'assurer qu'elle allait bien. Peut-être qu’elle était venue pour une raison précise, peut-être que cette dernière n’avait aucun rapport avec lui, peut-être. Encore une fois, tout était possible.
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Funny how the heart can be deceiving EmptySam 19 Sep - 14:08

 
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Elle avait l'habitude, désormais, de subir ses envahissantes colères, pourtant, elle avait tenté de résister, mais c'était trop dur et elle n'était pas assez forte. Si bien, que quotidiennement, pour une remarque de mauvais goût ou pour une simple réponse qui ne lui plaisait pas elle réagissait au quart de tour. C'était instinctif, brutal, sauvage. Elle sentait cette force se déverser dans ses veines sans pouvoir la contrôler et bien rapidement, elle était dépassée par les événements, esclave de ses émotions. Elle était redevenue l’adolescente colérique, celle qui n'avait jamais rencontré Maé, celle qu'il n'avait pas sauvé des griffes de sa rage. Et voilà que ça recommençait, qu'à nouveau, elle était confrontée à sa plus grande peur, à celle de se laisser maîtriser par sa colère. Elle ne pouvait pas, ne voulait pas montrer à Maé à quel point elle était devenue misérable, pathétique même. Si faible, si brisée. Pourtant, à la seconde où elle l'avait vu avec elle sur cette foutu couverture l'image repassait en boucle dans son esprit. Mais, c'était lui, devant elle complètement troublé et il était toujours aussi beau, beau à en crever. Il avait vieilli, c'était un homme désormais, mais ses yeux, son regard n'avaient pas changé. Hypnotisée par l'homme qu'elle attendait depuis 10 longues années, elle n'osa bouger. De peur que la rage se réveille et qu'elle agisse de façon regrettable, c'était ça qu'elle craignait le plus en réalité. Mais c'était trop tard, elle l'avait vite compris, son corps s'était tendu et sa voix trahissait son énervement. Il était dans les bras d'une autre, elle avait tout raté, de A à Z.
Elle l'avait blessé, mais elle n'en prenait conscience que maintenant, elle aurait voulu lui dire qu'elle était désolée et qu'elle n'aurait jamais dû partir, mais elle en était incapable, réduite au silence par son ton empli d'incompréhension et de reproches. Son corps entier en frémit, elle aurait été capable de lui balancer une claque cinglante pour moins que ça. Sa main se contracta avec force autour de la poignée de sa valise, ses muscles en devinrent douloureux, ses jointures blanchirent. Elle ne pouvait faire ça, pourtant, elle en mourrait d'envie, elle crevait d'envie de lui coller une gifle cinglante. Elle voulait sentir sa douleur, la sienne, sa main contre sa barbe virile. Mais elle ne pouvait, elle devait résister à ses pulsions, pour une fois, elle devait être forte. Ses mâchoires s'étaient contractées, pour mieux résister à l'assaut du jeune homme devant elle. Il avait raison après tout, c'était elle l'intruse dans l'histoire, c'était elle qui s'était tirée un matin, c'était elle qui lui avait brisé le cœur.
Puis vint cette question. Elle haussa un sourcil dédaigneux, méprisant. Elle ne se contrôlait qu'à peine, elle ne pouvait pas contrôler son air mauvais celui qu'elle avait adopté durant ces 4 années. Un pauvre sourire s'étala sur ses lèvres. Elle aurait aimé relever les manches de son gilet, lui montrer les bleus, les ecchymoses, elle aurait voulu lui hurler que non, elle n'allait pas bien. Puis elle aurait voulu lui assurer, le rassurer, lui dire que oui, tout allait bien. Mais il la connaissait trop bien pour qu'elle puisse mentir, et puis merde, il était devenu aveugle ? Tout chez Sophie trahissait une mauvaise santé -physique et psychologique-, de ses traits fatigués à sa perte de poids en passant par ses yeux qui lançaient des éclairs de détresse.
« Non ça ne va pas, Maé. En fait, ça fait 10 putain d'années que je ne vais pas bien !»
Son ton avait monté, encore une fois, c'était instinctif, elle n'avait rien pu contrôler. Sa voix était moqueuse, ironique, méprisante. C'était sa manière de dire, tu m'as manqué, j'ai déconné, j'aurais jamais dû te quitter. Mais peut-être avait-il oublié comment elle fonctionnait, comme l'étrange machine qu'était Sophie marchait. Elle avait évacué qu'un millième de sa rage, qu'une minuscule parcelle de ce qui l'oppressait désormais. Ça allait lui péter à la gueule, elle le savait, mais ne cherchait qu'à retarder ce foutu moment. Bien sûr, il n'allait rien comprendre, Sophie hystérique, énervée ça faisait trop longtemps qu'il ne l'avait pas vue ainsi, c'était lui qui l'avait changé ou du moins qui l'avait en partie changée. Puisque bien vite le naturel était revenu au galop.
« Si je suis revenue, c'est pour toi. Mais je suis apparemment arrivée trop tard puisque tu baises une poule de cocktail.»
Elle devait lui dire la vérité, ce que son cœur portait depuis trop longtemps. Sa voix était normale seulement parce que sa rage s'était transposée dans son ton, son regard alors que tout son corps brûlait de rage, et qu'elle rêvait de hurler comme une folle dans ce foutu hall d’aéroport. Elle avait presque oublié qu'elle s'y trouvait d'ailleurs, trop concentrée sur cette situation, sur lui. Il était tellement beau, son regard brillait de tristesse tant que de douceur, lui semblait-il n'avait pas changé. Il semblait être le même homme qu'elle avait laissé derrière elle, sans même un regard alors qu'elle aurait dû rester dans l'ombre de ses bras. Peut-être qu'elle aurait été heureuse, peut-être que la malédiction des femmes Brooks ne se serait jamais déclenchée à ses côtés. Son regard à elle était allumé d'une lueur farouche, sauvage. Son corps tendu à la manière d'un arc n'attendait qu'une seule riposte, qu'un seul mouvement pour se détendre et expulser sa colère. Et elle savait que se serait terrible, qu'elle dirait des choses horribles et que probablement, il serait blessé. Mais que pouvait-elle faire ? Elle n'était pas du genre à fuir, à éviter le combat. Non Sophie, même blessé, même détruite, elle se battait, elle détruisait tout sur son passage, sans scrupules jusqu'à ce qu'elle aussi, soit détruite, en cendres. Avant, c'était lui qui la ramassait lorsqu'une crise survenait puis ce fut Tim, pendant un temps, un court moment. Puis c'était ces poings qui la détruisait jusqu'à ce qu'ayant touché le fond, elle se relève. Elle avait l'habitude, elle se ramasserait toute seule cette fois, quand cette colère montante l'aurait détruite, quand son cœur comme son âme seront tombés en lambeaux.
Elle sentait la colère enfler dans son corps, elle lui en voulait de ne pas l'avoir attendue, elle lui en voulait de n'être jamais venu la chercher, elle lui en voulait pour des centaines de choses. Pourtant, lui aussi, il pouvait lui en vouloir, il avait des milliers de raisons de la détester et pourtant, c'était elle qui adoptait une position farouche, apeurée comme un petit animal blessé et c'est ce qu'elle était au fond, une petite chose qui avait été malmenée par la vie, qui pendant de longues années s'était forgée par la douleur et la peine. Et désormais, il ne restait plus grand chose de la Sophie qu'il avait connue, elle s'en souvenait, vaguement. Elle n'avait pas oublié tous ces instants hors du temps qu'elle a passé avec lui, ces nuits passées dans ses bras, ces journées à glander, à discuter, à rire jusqu'aux larmes. Tout, chaque instant avait été précieusement gravé dans un recoin sombre de son cerveau et aujourd'hui alors qu'elle était en face de lui, elle ne pouvait s'autoriser à y penser, puisque c'était trop tard. Une autre avait pris sa place dans son cœur, dans ses bras. Et finalement, Sophie n'était plus qu'un souvenir, elle était réduite à ça, un putain de souvenir. Et au fond, c'était ça le plus douloureux. Le brouhaha qui les entourait avait refait surface, vrillant les tympans de la jeune femme, faisant tanguer le sol sous ses pieds. Elle le regarda, intensément pendant de longues secondes, sans dire un mot. Et étrangement, elle se sentit apaisée. Du moins jusqu'à ce qu'une femme passe derrière lui, tenant à la main le fameux journal qui affichait les tourtereaux. Comment avait-elle pu être aussi naïve, assez conne pour croire que c'était un mensonge, un montage. Bien sûr que non, c'était réel, il l’aimait, il en était dingue, il se consumait pour Victoria et elle avait imaginé que ce n'était qu'une vague plaisanterie ? C'était évidemment, simple, lucide. Il était amoureux, peut-être même, l'aimait-il plus qu'il n'avait aimé Sophie. Son cœur se contracta douloureusement, dans un long crissement, il se tordit de tristesse.
« Alors dit, moi Maé, le mariage, c'est pour quand, elle doit bien avoir assez d'argent pour faire partie de la famille Appleby non ? Sinon pourquoi tu serais avec elle, hein, dit-moi ?!»
Lui avait-elle hurlé, attirant le regard curieux de quelques personnes. C'était méchant, tellement simple. Elle voulait lui faire mal, elle voulait le voir souffrir à son tour, c'était égoïste et puéril, elle le savait. Elle s'attaquait à ce qui lui ferait mal, ce qui le détruirait. Elle voulait qu'il endure la même souffrance qu'elle, que lui aussi se haïsse, que lui aussi ne se reconnaisse plus le matin lorsqu'il regardera. La rancœur, le dégoût l'étouffait, la rage aussi. Elle lâcha sa valise, qui servait à la contenir depuis plusieurs minutes, s'en était fini de la Sophie qui se contrôlait, de toute façon, c'était inévitable. Elle allait céder. Elle venait de le faire, volontairement. Pour ponctuer ses mots, de ses deux mains contre son torse, elle l'avait poussé avec violence en arrière. Elle n'était plus aussi forte qu'avant, elle était faible et amaigrie, mais sa rage lui avait donné une force nouvelle, comme à chaque fois. Il avait reculé de quelques pas, elle n'y avait pas été de main morte. Mais elle l'avait touché, depuis le début de leur conversation, elle doutait, elle pensait presque que tout ceci n'était qu'un mirage, une farce. Mais de sentir ses mains contre son torse musclé l'avait ramené à la réalité, il était bien devant elle, bien en couple, bien amoureux. Et elle ? Elle voulait juste lui faire comprendre sa détresse. Sans savoir pourquoi, peut-être sous l'effet de sa colère, elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Ses yeux s'étaient couverts d'un voile flou. Sa voix avait sonné comme un appel au secours, comme une perche pour lui montrer à quel point elle souffrait de le voir avec une autre. Mais ça, elle ne s'en doutait qu'à moitié.
Elle fit volte-face, tournant le dos à celui qui l'avait fait sourire pendant une formidable année et qui désormais faisait couler ses larmes. Du revers de la main, avec négligence, elle avait essuyé ces quelques larmes salées qui avaient roulé le long de ses joues creusées. Elle avait attrapé rageusement sa valise, décidant qu'elle en avait dit assez, qu'il devait sûrement souffrir assez et qu'elle aussi, avait assez souffert de cette conversation. Elle passerait une nuit à Los Angeles, puis le lendemain, elle retournerait à New-York, elle s'excusera auprès de son détestable mari, elle remettrait son alliance et tout ça, ne sera bientôt qu'un vague souvenir. C'était son plan, puisque de toute façon, c'était trop tard, elle était arrivée trop tard. Tout était perdu. Mais une phrase, un souvenir enfoui refit surface. Une phrase plutôt, quelque chose qu'on lui avait dit pour la faire douter, il y a bien longtemps. La phrase passa dans son esprit haineux, puis qui repassa une deuxième fois, puis une troisième fois. Son cœur loupa un battement, de douleur.
« Puisque c'est bien connu, les filles comme moi n'ont pas d'avenir avec les mecs comme toi !»
Encore une fois, elle avait hurlé, à pleins poumons. Se foutant bien des haussements de sourcils des gens autour d'eux. Sa bouche était restée ouverte pendant quelques secondes, son visage était figé dans un rictus peiné, détruit. Elle tremblait, elle vibrait de colère, d'une rage puissante, ancestrale. Quelque chose en elle se brisa. Elle s'en rappelait bien maintenant, des filles jalouses qui lui avaient dit que de toute façon, les gars comme lui ça ne termine jamais avec les pauvres filles comme elle. Elle s'en foutait pas mal de ce que les gens pensaient à l'époque, de ce qu'ils pouvaient dire. Mais maintenant, ça prenait tout son sens. Sans pouvoir y remédier, elle éclata en sanglots, des sanglots d'enfants, des hoquets presque. Les yeux rougis, la gorge douloureuse, elle releva ses yeux vides vers lui.
Ses traits s'étaient durcis, ses larmes n'avaient duré que quelques secondes. Seuls ses yeux laissaient paraître l'étendue de son cœur brisé, la souffrance sombre qui l'habitait. Elle avait laissé paraître, le temps d'un regard lancé à la dérobade, l'étendue des dégâts qu'avait causé son amour brûlant pour lui. Voilà ce qu'il restait de Sophie, pourtant, elle se tenait droite sur ses deux pieds, les poings contractés, ses ongles se plantant férocement dans ses paumes, la mâchoire serrée. Des flammes d'espoir qu'elle se faisait ne restaient qu'une minuscule lueur vacillante, qui peinait à luire dans la noirceur qui l'abritait.
 
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