Persès était tendu. Très tendu. Il avait envoyé un text à Hécate pour lui donner un rendez vous et la prévenir qu’il était dans le coin mais il ne savait vraiment pas si elle allait venir ou non. Il passait son temps en ce moment à ressasser Wimbledon. Sur le moment, il avait seulement vu la tornade qui s’était immiscée dans sa vie. Il n’avait vu qu’Ariadna, leurs folles nuits sous le climat plutôt étouffant du Royaume-Uni. Il n’avait pas vu la détresse qui animait sa meilleure amie ou plutôt son ex meilleure amie.
Depuis qu’il était arrivé à Los Angeles, il voyait ce duel à la mort sous un total autre angle. Il ne voyait plus la brune et sa mini jupe mais la rousse et sa grimace de douleur. Il l’avait sentie, il avait senti sa douleur et senti le fait qu’elle allait craquer d’une minute à l’autre. Il l’avait vu se tordre de douleur et i s’en voulait d’être allé en coulisses plutôt que sur le court. Ce qu’il regrettait le plus c’était d’être parti. D’avoir pris la fuite face à la carrière peut être brisée d’Hécate. Enfin, il se souvenait à quel point il avait été égoïste. Il aurait du être là, il le savait. L’accompagner dans ses déplacements, la soutenir encore et toujours plus. Etre là pour elle, vraiment.
Il était arrivé dans cette ville inconnue pour lui depuis deux jours. On lui avait proposé une offre d’emploi, le genre avec un salaire qu’on ne refuse pas, jamais.  Cela faisait donc quarante-huit heures qu’il tournait en rond avant de se décider à envoyer ce foutu sms. Persès avait pris le temps de s’installer dans son nouvel appartement, de ranger les affaires qu’il avait pu emmenner avant de taper ces quelques petites lettres sur le clavier de son téléphone dernier cri.
Il savait qu’il avait peur au fond. Peur de se rendre compte que cette amitié était définitivement morte et qu’Hécate ne voulait plus le voir ni même entendre parler de lui. C’est aussi la raison pour laquelle il n’avait pas essayé de prendre contact avec elle avant aujourd’hui. Malgré son air détendu et je m’en foutiste, le jeune homme était quelqu’un d’angoissé et pour qui le moindre facteur inconnu était anxiogène. Il avait aussi une très fâcheuse tendance à fuir le conflit et à ne jamais vouloir se mêler de quelque chose qui aurait pu être potentiellement explosif. Persès connaissait très bien le caractère de la rousse et il savait qu’il allait avoir droit à un réel feu d’artifice de colère. Il ne se sentait pas prêt à ça jusque là et il savait que c’était très égocentrique…
Voilà pourquoi il était assis à la table d’un café à la mode, parce que c’était le premier sur sa route et voilà pourquoi il étouffait sous la chaleur du mois de juin à Los Angeles. Il ne s’attendait pas à un tel climat : il avait l’impression qu’une brique de chaleur venait de lui tomber dessus. Il portait un bermuda en toile bleue, un polo banc avec un nœud papillon assorti ainsi que des chaussures en toile. Il ne passait pas inaperçu dans cette ville où la mode était au débardeur moulant et au short en jean déchiré mais il s’en foutait, il avait l’habitude.
Persès avait commandé une boisson fraiche, un coca noyé de glaçons et il attendant, passant et repassant sa main dans ses cheveux et fumant cigarette sur cigarette. Cela faisait déjà quelques minutes qu’il était installé là à regarder fébrilement son environnement et les passants. A chaque chevelure flamboyante, il avait l’impression de voir un fantôme et sentait son cœur se mettre à battre dangereusement vite. Allait elle venir ? Parfois il pensait que oui, parce qu’il savait qu’aucune personne ne la comprenait aussi que lui. Parfois, il se rabattait sur un non. Parce que personne ne l’avait jetée comme lui l’avait fait. Parce que personne n’avait jamais du lui faire quelque chose d’aussi méchant que lui l’avait fait. Dans ces moments là il se sentait minable. Réellement minable.
Enfin, une tête rousse et connue émergea dans la foule. Il eut l’impression que son palpitant avait décidé de faire du pogo dans sa cage thoracique et qu’il n’allait pas y survivre. Sa température corporelle avait du, selon lui, augmenter de plusieurs degrés car il avait l’impression d’étouffer. Il était tout pâle et n’osait même aller au devant d’elle, comme il l’aurait fait en temps normal. Il attendait, se sentant terriblement bête. Une fois qu’elle était en face d lui, il essaya de parler et se contenta de bredouiller.
« Hécate… Je suis content que tu sois venue… »
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La cohabitation avec Bonnie se passait mieux que Hécate ne l'aurait pensé. L'appartement, en plus d'être bien situé dans le quartier, était aussi spacieux qu'il était possible pour un appartement à ce prix. A croire qu'il était plus grand à l’intérieur qu'à l'extérieur. Un peu comme le T.A.R.D.I.S. Time and relative dimension in space,  machine a remonter dans le temps et voyager dans l'espace d'un célèbre tv show britannique que la rousse adorait. Mais là n'était pas le sujet. En plus d'être immensément grand, Bonnie lui avait préparé une chambre rien que pour elle et c'est d'ailleurs là que la rousse avait passé le plus clair de son temps depuis son arrivée à Los Angeles. Il était hors de question pour elle de mettre le pied dehors avec cette chaleur. C'était un total dépaysement, c'était le moins qu'on puisse dire. Ça la changeait tellement d'Amsterdam ! Elle trouvait les filles d'ici tellement superficielles, sans parler des hommes deux fois plus vieux qu'elle qui se retournaient sur son passage. Enfin ça, ce n'était pas nouveau. Il n'empêche qu'elle préférait rester cloitrée dans sa chambre bien au frais. Au moins, elle n'avait pas a supporter les regards de ces vieux pervers. Et puis elle n'avait pas l'impression d'être complétement ridicule à cause de son teint porcelaine au milieu de toutes ces personnes toutes plus bronzées les unes que les autres. Sans parler des coups de soleil qu'elle évitait. Certes, il faudrait bien qu'elle sorte un jour ou l'autre mais le plus tard serait le mieux. La rousse était donc là, affalée sur son lit sans la moindre envie de se lever. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, elle était complétement déréglée avec le décalage horaire.  La rousse, sur le point de s'endormir, sentit son portable vibrer. Elle arqua un sourcil, se demandant bien qui cela pouvait être.


Intérieurement, elle remercia le jeune homme d'avoir précisé que c'était lui parce que cela faisait bien longtemps qu'elle avait supprimé son numéro. A quoi bon le garder, il ne lui était plus utile. Ensuite, elle réalisa vraiment ce qu'il venait de se produire. Persès venait de faire le premier pas. Jeu set et match. Seul soucis, c'est qu'elle ne savait pas si elle s'y rendrait ou non. Et quand bien même elle le ferait, qu'allait-elle bien pouvoir se mettre... Pendant de longues minutes, elle pesa le pour et le contre. Pour, elle reverrait enfin son meilleur ami et pourrait peut-être recommencer de zéro avec lui. Contre, il était quasiment certain qu'elle n'allait pas y aller de main morte avec lui et il s'en prendrait certainement une. Ce à quoi il pourrait éventuellement mal réagir. Lassée de réfléchir, Hécate se leva d'un bond et se dirigea discrètement vers la chambre de Bonnie, certaine de trouver quelque chose qui lui irait. Elle jeta un rapide coup d'oeil dans le dressing de la blonde mais visiblement elles n'avaient pas du tout les mêmes goûts. Dépitée, elle jeta son dévolu sur une simple robe qui trainait encore dans sa valise. Au bout de vingt minutes, elle jugea qu'elle était plus ou moins potable pour voir Persès. Après tout, il avait toujours préféré Ariadna alors elle pouvait se mettre un sac poubelle qu'il n'y verrait pas grande différence. Hécate quitta l'appartement sur la pointe des pieds, sans même dire à Bonnie où elle allait. Dans le pire des cas, elle lui enverrait un sms pour lui dire. Après de longues minutes de taxi dans lequel la rousse mourait de chaud, elle arriva enfin devant le Frolic Room. Malgré l'heure, la température n'avait pas chuté au grand dam d'Hécate. Elle remercia le chauffeur et se dirigea vers la porte d'entrée. C'était quoi cet endroit encore ?

Une fois à l'intérieur, elle scruta la foule cherchant le brun. Angoissée par ce rendez-vous des plus inattendu, elle avança toutefois d'un pas assuré jusqu'à la table ou se trouvait le jeune homme. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour le repérer. Il n'avait pas changé. Cependant, il lui semblait tellement étranger. En revanche, Hécate nota qu'il n'avait pas perdu ses mauvaises habitudes et qu'il fumait toujours autant. Si Bonnie le voyait... « Hécate… Je suis content que tu sois venue… » bredouilla-t'-il une fois qu'elle fut à sa hauteur. Elle réprima une réplique cinglante du genre qu'elle n'avait pas eu trop le choix et s'installa face à lui, son regard planté dans le sien. Elle le regardait avec une telle intensité qu'on aurait pu croire qu'elle scrutait son âme. Toutes ces informations qui lui parvenait en même temps allait la faire disjoncter. Il était bel et bien là, sous ses yeux, aussi beau que dans ses souvenirs. Ce qu'elle ressentait était inexplicable et son regard reflétait bien qu'elle était complétement perplexe de se retrouver face à  lui. Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits puis sans la moindre gêne, bu une gorgée du verre de son interlocuteur avant de lui répondre. « Si tu es content, c'est le principal. » Elle respirait la joie de vivre, ça se voyait vraiment sur l'expression de son visage. Si elle avait pu faire sans le revoir, ça l'aurait bien arrangée. Elle se trouvait bien idiote, là, devant lui. Après tout ce temps, que pouvait-elle bien lui dire ? Elle ne pouvait pas faire semblant de rien, effacer tout ce que Persès lui avait fait. Il en était hors de question. Et son sourire n'y changerait rien. Hécate ne devait pas lui pardonner aussi facilement. « Écoutes Persès, je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai accepté de venir. Ce qui est fait est fait et venir ici n'y changera pas grand chose.»  Elle marqua une pause, son regard pénétrant celui du brun. Voyant qu'il s’apprêtait à prendre la parole, elle le coupa. « Non, je n'ai pas encore terminé. Tu as préféré Ariadna alors que j'étais sur le court, blessée physiquement et moralement. Tu as préféré te taper cette pétasse .. » . Comprenant bien qu'elle avait quelque peu haussé le ton, elle regarda autour d'elle et croisa le regard d'une femme qui semblait offusquée par de tels propos. Hécate lui adressa un regard noir avant de reprendre. « Tu as préféré te taper cette pétasse alors que j'étais au plus bas. Où étais-tu quand je n'avais personne ? OU ÉTAIS-TU PERSES ? » N'ayant rien d'autre à ajouter, elle lui adressa un dernier regard remplit de dégoût avant de se lever. C'est alors qu'elle senti la main de Persès la retenir. « Dis-moi que tu regrettes. S'il te plait.  » conclu la rousse, la gorge serrée.

Soulagé. C’était réellement le mot qui décrivait le mieux Persès à cet instant. Il était persuadué qu’elle ne viendrait pas, parce qu’elle ne voulait vraiment plus le voir. Bon il ne savait pas exactement à quoi il s’exposait mais si elle se mettait à lui hurler dessus ou à le taper, il l’aurait bien mérité.
Lorsqu’il la vit arriver dans sa direction, il la trouva inchangée. C’était toujours la Hécate qu’il avait lâchement abandonnée peu de temps avant. Le regard empli de colère et de dégoût en revanche. Elle semblait aussi avoir grandi, non pas physiquement mais de part ça façon de se tenir, de regarder autour d’elle et d’avancer. Persès avait mis quelques secondes à mettre le doigt sur ce qu’il trouvait différent et c’était l’assurance. La jeune rousse semblait beaucoup plus sûre d’elle. Il se sentit encor plus mal lorsqu’il réalisa que c’était peut être la blessure qui l’avait faite évoluer de cette façon..
La gorge serrée par toutes ces pensées, il lui bredouilla péniblement quelque chose qui ressemblait à je suis content que tu sois venue. Il se serait baffé. Elle était venue pour le voir et lui n’était pas fichu de faire la conversation. Cela étant dit, il avait bien vite compris que ce n’était pas lui qui allait la mener, cette conversation.. Lorsqu’elle lui répondit que c’était tant mieux si il était content, il se radossa à sa chaise, sentant le nuage très très orageux arriver et sachant d’ores et déjà qu’il allait en prendre plein les dents..
Le regard qu’elle lui adressait le mettait clairement mal à l’aise. Elle le fixait d’une façon étrange, il avait l’impression qu’elle essayait de sonder ses pensées ou de prendre le contrôle de sa tête. Persès se tortillait sur sa chaise, très mal à l’aise. Il avait toujours eu les conflits en horreur, et particulièrement avec les sœurs Vermeer car il savait de quoi elles étaient capables.. Ces filles étaient des psychopathes.
Alors, comme un condamné à mort il attendant la suite, sachant que la colère de son ex meilleure amie était complètement justifiée. Il l’avait laissé tomber au moment où elle aurait eu besoin de lui. Enfin elle se remit à parler, lui expliquant qu’elle ne savait absolument pas pourquoi elle avait accepté de venir. Il s’apprêtait à dire qulque chose lorsqu’elle le coupa, lui expliquant bien qu’elle n’avait pas encore fini. C’est à ce moment là qu’il sut que le pire était à venir..
En effet, elle enchaina sur Ariadna en utilisant les mots « se taper » et « pétasse » qui ne plurent pas du tout au jeune homme mais qui se garda bien de faire une éventuelle réclamation sur le moment, puisque la table d’à coté entamait leur repas et qu’il y avait des couteaux pointus sur leur table. Ce qu’il pensait être le bouquet final arriva vite lorsqu’elle lui demanda où il était. Encore plus ma à l’aise depuis qu’elle s’était mise à crier, il ne répondit pas mais eut le réflexe de la retenir lorsqu’elle voulut partir.
Persès avait délicatement saisi son poignet et les mots qu’elle prononça lui serrèrent la gorge. Il se força à la regarder dans les yeux et à être franc.

« Hécate.. Je regrette. Je suis désolé. Je suis tellement, tellement con.. Reste je t’en prie ! »

Le jeune expert en art mit le paquet, persuadé qu’elle allait partir d’une minute à l’autre. Il savait que c’était à présent son temps de parole et qu’il allait devoir être convainquant. Genre oral de soutenance sauf que le jury est particulièrement ardu. Il l’attira jusqu’à la chaise de laquelle elle s’était levée puis lui fit de s’asseoir. Il se rassit à son tour et soupira avant de fixer son regard et de ne plus le lâcher le temps qu’il lui parle.

« Laisse moi m’excuser, reste au moins pour ça… Je suis désolé Hécate. Je n’ai pas d’excuses je n’aurais jamais du partir comme ça au moment où tu avais le plus besoin de moi.. »

Pour se donner du courage, il s’alluma une cigarette puis repris.
« Mais essaie de comprendre pour Ariadna. Tu le sais, étant donné que j’ai t’ai toujours tout dit que je ne suis pas du genre à courir après les filles et là elle était là… Juste là.. Essaie de comprendre. Et ne lui donne pas l’affreux surnom de pétasse, silteplait. D’ailleurs, elle m’a largué il y a quelques mois donc tu ne me verras plus avec elle. »
Mensonge Persès, mensonge. Los Angeles l’avait aussi attiré parce qu’il savait qu’il aurait l’occasion de la revoir. Encore un petit mensonge pour le « bien de tous » qui ne tarderait pas à participer à un nouveau feu d’artifice. En essayant de se sortir de la panade, le jeune homme faisait pire que moi et c’est en réalité en creusant sa tombe qu’il prononça ses dernières phrases.
« Pardonne moi Hécate. Tu m’as manqué et tu me manques

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Face à lui, Hécate fulminait intérieurement et elle le faisait bien sentir. La rousse devait se retenir de lui balancer son verre à la figure et le laisser, avec pour seuls compagnons de route ses regrets. Elle espérait par dessus tout que le jeune homme regrette autant qu'elle regrettait le fait de s'être cachée derrière cette amitié factice pendant si longtemps. Pourtant, absolument tout le monde ne voyait chez eux qu'une amitié sincère. Et Hécate jubilait de cacher si bien son jeu aux yeux de tous. Mais dans le fond, elle se doutait bien qu'elle ne trompait pas Persès. Elle ne l'avait jamais regardé comme les autres filles et il l'avait sans doute remarqué. Il n'avait sans doute jamais abordé le sujet par peur de tout gâcher. Et pourtant le résultat tant redouté était là. Pas à cause d'Hécate. Non, tout était de sa faute à lui et rien qu'à lui. Enfin, c'est ce que la jeune fille s'obstinait à croire et à se répéter. Elle se confortait dans cette idée et cela lui allait parfaitement. Mais  aujourd'hui, elle comprenait en observant son interlocuteur qu'il fallait arrêter de rejeter la faute sur lui. Si elle lui avait avoué plus tôt que leur amitié n'avait été que façade, jamais il n'aurait été question d'Ariadna et tout aurait été tellement plus simple. Là, c'était digne d'une pièce de Shakespeare. Manquerait plus qu'ils meurent à la fin pour que le rideau tombe. Cette histoire était tellement tordue qu'Hécate avait envie de tout plaquer et partir à l'autre bout du monde pour élever des lémuriens. Encore faudrait-il qu'elle en trouve assez...  
La pauvre, elle divaguait totalement. Entre le fait d'être confrontée à ses fantômes du passé et le fait de ne plus rien comprendre lorsqu'elle pensait soudainement à Ariadna, il y avait de quoi craquer. Et puis depuis quand elle s'intéressait aux filles ? Encore quelque chose pour lui compliquer la vie... Le regard dans le vide, elle attendait désespérément une aide divine, un signe ou encore une inspiration soudaine pour qu'enfin le silence soit brisé. Mais visiblement, à part se tortiller sur sa chaise, Persès ne savait pas faire grand chose. Alors, bien décidée à faire avancer la discussion et prise d'un soudain élan de courage mêlé à une pointe d'agacement, la demoiselle venait de reprendre la conversation en main. Si on peut parler d'une conversation... Étant donné qu'elle ne laissait pas son interlocuteur en placer une, dire que c'était un monologue serait plus approprié. Les paroles qu'elle employait étaient loin d'être choisies avec précaution et elle pensait absolument tout ce qu'elle disait. Et si Persès avait l'audace, l'inconscience même, de la reprendre... il maudirait le jour de sa naissance. Jamais auparavant elle n'avait jamais était aussi crue dans ses paroles avec lui. Avec les autres, elle se fichait royalement de les froisser mais avec Persès, elle y allait toujours en douceur. Maintenant, là aussi elle s'en fichait de le froisser. Elle lui exprimait le fond de sa pensée quant à sa relation avec Ariadna ce qui la soulageait presque. Toutes ces heures durant à rêver de ce moment et enfin il arrivait. Persès venait de lui servir sa tête sur un plateau d'argent en lui proposant ce rendez-vous et Hécate se délectait presque de lui cracher son venin en plein visage. Il allait voir ce que c'était une Vermeer. Bonnie à côté, ce n'était vraiment pas grand chose. « Hécate.. Je regrette. Je suis désolé. Je suis tellement, tellement con.. Reste je t’en prie ! » l'avait-il supplié alors qu'elle venait de se lever. D'un geste brusque, la rousse se dégagea de l'emprise du jeune homme. Le contact de sa peau sur la sienne avait provoqué comme une mini décharge électrique et en une seconde, son corps venait d'être parcouru de frissons. Ce qu'elle détestait l'emprise qu'il avait sur elle. « Je ne te le fais pas dire... » marmonna-t'-elle tout en le toisant. Elle le méprisait presque.
« Laisse moi m’excuser, reste au moins pour ça… Je suis désolé Hécate. Je n’ai pas d’excuses je n’aurais jamais du partir comme ça au moment où tu avais le plus besoin de moi.. » ajouta Persès ensuite, tout en allumant une énième cigarette. La jeune fille réprima l'envie de lui arracher des mains et lui écraser sur la joue. Mais la violence ne résolvait rien et il serait bien dommage d'abimer un si beau visage. « Mais essaie de comprendre pour Ariadna. Tu le sais, étant donné que j’ai t’ai toujours tout dit que je ne suis pas du genre à courir après les filles et là elle était là… Juste là.. Essaie de comprendre. Et ne lui donne pas l’affreux surnom de pétasse, silteplait. D’ailleurs, elle m’a largué il y a quelques mois donc tu ne me verras plus avec elle. Pardonne moi Hécate. Tu m’as manqué et tu me manques. » A ces mots, Hécate manqua de s'étouffer. Non mais il se prenait pour qui ? Elle employait le mot qu'elle voulait pour désigner cette pétasse qui lui pourrissait l'existence depuis toujours. Elle était toujours présente, là, dans un petit coin de sa tête. Mais entre nous, ce qui agaçait le plus Hécate était que la serbe ait occupé une place dans le lit de son meilleur ami. « Ce n'était pas la seule à être juste là. » Réalisant ce qu'elle venait de dire, Hécate se précipita tout en espérant que le brun n'ait pas réalisé le sens de sa phrase ô combien subtile. «Je veux dire, tu avais une tonne de filles à tes pieds Persès. Tu as juste préféré Ariadna pour m'emmerder et tu sais quoi ? Bien joué, tu as réussis d'une main de maître.» Il fallait vraiment qu'elle trouve quelque chose pour se calmer... Elle attrapa le paquet de cigarettes posé sur la table et sorti la première qui lui tomba sous la main puis l'alluma. Elle ne fumait pas mais visiblement ça détendait pas mal de gens alors pourquoi pas elle ? Elle tira dessus plusieurs fois avant de l'écraser sur la table sans le moindre scrupule. « Tu crois que j'en ai encore à faire quelque chose de tes histoires de nanas Persès ? Je m'en tamponne le derrière. » Au moins, elle avait le mérite d'être claire. . « Et bien ça ne crevait pas les yeux que je te manquais. Tu ne prenais même pas de mes nouvelles, tu n'as même pas demandé si j'avais repris le tennis. Je suppose que le seul mot que tu avais à la bouche tout ce temps c'était son prénom. Et ne me dis pas que je suis jalouse ! Je te vois venir. »  

Persès commençait à regretter d’avoir envoyé ce message à Hécate. Il savait qu’elle risquait d’être très énervée et qu’elle allait lui en mettre plein les dents mais il pensait mieux maitriser que ça. Naïvement, il, pensait que quelques excuses suffiraient pour qu’elle laisse tranquille ou tut du moins qu’elle soit moins véhémente avec lui. Il avait tout faux.. Déjà au bout d’à peine quelques minutes, elle commençait à fuir. Impulsivement, le brun avait essayé de la retenir, prenant son poignet au vol mais elle le lui avait repris très vivement. Il s’était d’ailleurs demandé si il ne lui avait pas filé un coup de jus ou si il ne sentait pas mauvais. Il s’était pourtant douché avant de venir alors il ne comprenait pas…
Cependant, il n’avait pas eu trop le temps de réfléchir à tout cela car il avait enfin obtenu un créneau de parole et que c’était là à lui de jouer. Il s’était excusé, essayant de tout faire pour obtenir de nouveau les faveurs (amicales bien sûr) de la jeune femme. Il attendait sa réponse, impatient de savoir si elle allait lui trancher la tête oun si elle allait lui laisser la vie sauve, pour cette fois. Il enchainait les cigarettes, tentant de maîtriser le tremblement de ses mains dû à la nervosité et à l’excitation.
Les paroles d’Hécate le laissèrent plutôt perplexe. En effet, il avait la ferme impression qu’elle ne l’engueulait plus pour l’avoir laissée tomber alors qu’elle venait de se blesser et en pleine finale d’un tournoi crucial mais plutôt pour son histoire avec Ariadna. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait dit déjà que la serbe n’était pas la seule dans le coin. Heu.. Si. Les autres étaient toutes affreusement laides ou prétentieuses de toute façon. Dans sa naïveté a plus extrème, Persès ne comprenait pas que la rousse était en train de se trahir et qu’elle était en train de donner des indices sur les sentiments qu’elle éprouvait pour lui.
Il paniqua à moitié en la voyant allumer une cigarette et allait la lui retirer des mains lorsqu’elle l’écrasa sur la table. Il se rassit dans sa chaise, soupirant de soulagement. Pas pour longtemps car il venait de penser qu’il était possible que Bonnie soit en planque dans le coin et que vu que sa petite sœur venait de fumer une de SES cigarettes, il était responsable. Il se voyait déjà écartelé sur la place publique si tel était le cas..
Hécate lui dit ensuite qu’elle se foutait des ses histoires de nanas ce qui n’avait clairement pas l’air d’être le cas. Lors qu’elle poursuivit en disant que cela ne se voyait pas qu’elle lui manquait, il baissa la tête jusqu’à ce qu’elle ajoute qu’elle ne devait avoir que le nom d’Ariadna à la bouche et qu’elle n’était absolument pas jalouse. Ces derniers mots firent un peu sortir Persès de sa placidité habituelle. Il se redressa et parla d’une voix basse mais ferme :

« Hécate, de quoi on parle au juste là ? Je suis venu m’excuser de ne pas avoir été pour te soutenir, je ne suis pas venu m’excuser d’être sorti avec Ariadna ! C’est quoi ton problème ? »

Persès s’énervait très rarement, très très très rarement même. Il préférait rester placide et attendre que l’orage passe. Mais là il avait été réellement vexé que sa meilleure amie se permette de lui dire avec qui il devait sortir et ce qu’il devait faire ou ne pas faire. Il sentait qu’il y avait quelque chose d’étrange là-dessus, quelque chose sur lequel il n’arrivait pas à mettre le doigt pour le moment.
Il reprit la parole, les sourcils froncés, agacé et énervé mais aussi vexé.

« Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves comme ça sur moi. Oui je suis sorti avec Ariadna et alors ? Elle m’a largué comme une merde, elle ne veut plus de moi et voilà. Normalement tu devrais te rejouir, enfin c’est ce que tout le monde ferait à ta place Hécate ! Les gens sont contents que les uns et les autres expérimentent des choses dans leur vie sentimentale.. »

Le serveur passa dans le coin et Persès en profita pour commander une bière, ayant besoin d’un peu d’alcool. Il laissa Hécate passer sa commande et alluma une cigarette avant de reprendre.

« Très honnêtement, je ne comprends pas ce qui se passe dans ta tête là. Si je ne te connaissais pas aussi bien, j’aurais immédiatement pensé que tu étais juste jalouse d’Ariadna et que tu aurais aimé être à sa place. Ne me frappe pas, j’ai bien précisé que c’était si je ne te connaissais pas, je sais donc que c’est impossible et qu’il y a autre chose, mais quoi ? »

Le jeune expert en art tira quelques lattes sur sa cigarette, regardant la foule avant de reprendre.

« En revanche, je sais que je n’aurais pas dû te laisser seule et que j’aurais du être là pour toi, et je regrette vraiment d’avoir fui même si je te l’ai déjà dit. »

    Assise en face du jeune homme, Hécate commençait vraiment à se dire que venir ici était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée même. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? C'était complètement idiot. Durant un cours instant elle avait pensé que ce serait sa seule occasion de lui avouer ses sentiments. Mais pour cela, elle devait trouver le courage de le faire. Jamais de sa vie elle n'avait fait ça. Pendant plus de dix ans elle n'avait aimé qu'un seul et unique type et il se trouvait devant elle. De ce fait, elle n'avait jamais dû avouer ses sentiments à qui que ce soit. Bien sur, elle avait déjà eu un petit ami, plusieurs même, mais aucune de ses précédentes relations n'avaient nécessité qu'elle fasse le premier pas. C'était la chose qu'elle détestait par dessus tout. Et puis on ne savait pas ce que la personne en face de nous allait dire ni comment elle allait réagir. Sauf que là, elle n'avait pas trop le choix. Elle devait le dire à Persès pour leur permettre de repartir sur de nouvelles bases, sans faux semblant ni aucun artifice. Non, Hécate ne voulait pas être en couple avec Persès ni avec qui que soit d'autre. Pas pour le moment toujours. Elle tenait trop à sa liberté pour cela. Elle voulait simplement lui dire ce qu'elle avait sur le cœur depuis tant d'années. C'était peut-être idiot mais ce qu'elle voulait. Alors elle devait faire comprendre subtilement à son interlocuteur qu'elle l'aimait mais qu'elle ne voulait pas pour autant s'engager dans une relation. Et puis peut-être que Persès ne partageait pas la même chose pour elle. Après tout, si ça avait été le cas, il se serait intéressé à Hécate depuis bien longtemps.

   Quoiqu'il en soit, la rousse venait de se trahir et même si elle ne voulait plus rien lui dire, elle y était désormais obligée. Elle nota également que le jeune expert en art s'était sorti d'affaire avec une facilité déconcertante et qu'il avait su faire dévier le sujet sur tout autre chose. Mais Hécate n'était pas dupe et n'allait pas se faire avoir aussi facilement.  Maintenant, elle ne lui reprochait plus de l'avoir lâchement abandonnée mais plutôt d'avoir vécu cette idylle avec la serbe. Mais que ce soit elle ou une autre, la rousse lui aurait reproché. C'était égoïste de sa part de vouloir Persès rien que pour elle et elle en avait parfaitement conscience. Cependant, elle aussi avait eu d'autres personnes que lui dans sa vie. À la différence que c'était uniquement pour que Persès ne se doute de rien et peut-être aussi pour le rendre jaloux. Juste un peu. Chose complètement inutile soit dit-en passant. Jamais il n'avait montré ne serait-ce qu'une once de jalousie lorsqu'elle lui parlait de son nouveau petit ami tellement parfait. Enfin parfait, c'était vite dit. Elle tombait toujours sur des crétins fini et visiblement Persès n'échappait pas à la règle. Il était idiot, ce n'était pas possible autrement. Hécate venait en quelque sorte de lui avouer qu'il l'avait toujours intéressée mais il n'avait rien compris. Comme toujours. C'était bien les hommes ça. Ils ne comprenaient jamais rien et ce serait la même chose jusqu'à la fin des temps. Pourtant ce n'était pas si compliqué.

   Au bord de la crise de nerfs, Hécate venait d'allumer une cigarette alors qu'elle ne savait même pas fumer et qu'elle avait horreur de cette odeur. Et après réflexion, elle écrasa la cigarette alors qu'elle avait à peine tiré dessus. Et puis si Bonnie apprenait que sa sœur avait fumé, ce serait la troisième guerre mondiale. Et Hécate voyait déjà hurler au scandale sa mère si la blonde lui disait.
« Hécate, de quoi on parle au juste là ? Je suis venu m’excuser de ne pas avoir été pour te soutenir, je ne suis pas venu m’excuser d’être sorti avec Ariadna ! C’est quoi ton problème ? » s'emporta Persès. Devant la réaction du jeune homme, Hécate arqua un sourcil. C'est lui qui avait un problème là, et certainement pas elle. Il n'était pas là pour s'excuser d'avoir pactisé avec l'ennemi, bien. Mais il aurait dû le faire. Jamais ô grand jamais la jolie rousse n'aurait été voir un type que Persès ne pouvait pas voir en peinture. C'était une règle de base. Ne connaissait-il pas le vieux proverbe qui disait les ennemis de tes amis sont tes ennemis ? « Mais c'est elle mon problème ! Tu ne comprends vraiment rien. » Que pouvait-elle ajouter de plus à cela ? « Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves comme ça sur moi. Oui je suis sorti avec Ariadna et alors ? Elle m’a largué comme une merde, elle ne veut plus de moi et voilà. Normalement tu devrais te rejouir, enfin c’est ce que tout le monde ferait à ta place Hécate ! Les gens sont contents que les uns et les autres expérimentent des choses dans leur vie sentimentale.. » Elle aurait dû se réjouir pour lui ? Et puis quoi encore ? Cette nouvelle lui était tombée dessus au pire moment et elle aurait dû être heureuse ? Elle avait plutôt eu envie de vomir, oui. Il lui avait brisé le cœur mais elle se passerait bien de le lui dire. « Je me réjouis plus du fait que ce soit terminé entre vous pour tout te dire. Faut se rendre à l'évidence, votre couple était complètement ridicule. Et puis de toute façon, vous n'alliez pas ensemble... » Tout en disant cela, elle afficha un sourire narquois. Si elle continuait sur cette voie, elle finirait par le mettre hors de lui. C'est alors qu'un serveur vint les interrompre. Persès commanda une bière et Hécate, un simple verre d'eau. Ça pouvait toujours servir. « Très honnêtement, je ne comprends pas ce qui se passe dans ta tête là. Si je ne te connaissais pas aussi bien, j’aurais immédiatement pensé que tu étais juste jalouse d’Ariadna et que tu aurais aimé être à sa place. Ne me frappe pas, j’ai bien précisé que c’était si je ne te connaissais pas, je sais donc que c’est impossible et qu’il y a autre chose, mais quoi ?  En revanche, je sais que je n’aurais pas dû te laisser seule et que j’aurais du être là pour toi, et je regrette vraiment d’avoir fui même si je te l’ai déjà dit. »
La rousse le fusilla du regard avant de lui répondre. « Tu ne me connais pas aussi bien que ça Persès. Tu ne te doutes pas un peu pourquoi j'ai cette réaction ? » Dit Hécate avant de boire une gorgée dans le verre du jeune homme pour se donner du courage. « Écoutes et tu n'as pas intérêt de m'interrompre. Je me suis assez cachée derrière notre amitié Persès et il est grand temps d'arrêter là. » La jolie rousse marqua une pause, se demandant vraiment si elle devait continuer ou non. « Pendant longtemps j'ai été amoureuse de toi et crois-moi que ce n'était pas une partie de plaisir. Je t'en ai voulu pendant longtemps. Mais tu as sans doute été plus heureux avec Ariadna que tu ne l'aurais jamais été avec moi.»

 

    Fondamentalement Hécate n'était vraiment pas douée avec les relations humaines. Elle foirait inévitablement et même avec toute la volonté du monde, la rousse disait ou faisait quelque chose de travers qui pouvait ruiner des années et des années d'amitié. Et tel était le cas avec Persès, son ami de toujours. Elle avait toujours tout partagé avec le brun et ce depuis une bonne dizaine d'années. Mais peut-être qu'elle n'aurait jamais dû partager le fond de sa pensée sur sa relation avec Ariadna. Après tout, Persès n'avait jamais rien dit sur tel ou tel petit-ami que la jeune fille lui présentait ou dont elle lui parlait. Il s'était toujours montré très heureux pour elle et n'y avait jamais vu le moindre inconvénient que sa meilleure amie partage le lit d'une autre personne que lui. Bien qu'en dépit de ce qu'elle pouvait lui raconter, elle n'avait toujours pas franchi le cap. Elle lui avait juste raconté ce mensonge dans le but de le rendre jaloux et ça n'avait jamais eu le moindre effet. Simplement, quand il s'agissait de Persès, Hécate avait toujours eu la mauvaise habitude d’exagérer les choses pensant qu'il la trouverait plus intéressante si elle avait de l'expérience dans ce domaine. A croire que Persès s'en foutait royalement et que sa meilleure amie pouvait s'envoyer en l'air avec le premier venu. En tout cas, c'était le ressenti de la rousse. En revanche Hécate avait toujours été d'une jalousie maladive lorsque Persès s'intéressait à une autre fille qu'elle et ne s'était jamais gênée pour le lui faire comprendre. Sauf que Persès n'avait jamais rien comprit. Pourtant, c'était quelqu'un d'intelligent mais ça, il n'y comprendrait jamais rien d'après Hécate. Il était beaucoup trop naif pour voir que la rousse n'avait d'yeux que pour lui et que cela était la raison pour laquelle elle avait toujours détesté celles qui s'approchaient un peu trop du brun.

Et bien sûr Ariadna n'avait pas échappée à cette règle. Les premiers temps, Hécate s'était rassurée en se disant que leur couple ne tiendrait jamais et que Persès n'avait pas assez d'expérience avec la gente féminine pour gérer quelqu'un comme la serbe. Puis, au grand desespoir de la jolie rousse, leur couple avait tenu. Longtemps, trop longtemps et Hécate avait lâché l'affaire noyant son désespoir dans des relations sans lendemain avec des hommes plus vieux qu'elle et surtout dans l'alcool. Et ça avait été la chute libre. Hécate n'avait pas mis bien longtemps avant de toucher le fond et elle peinait aujourd'hui à remonter la pente. Puis elle avait appris que la serbe et le brun s'était quitté. D'un commun accord, ça elle n'en savait rien et s'en fichait clairement. Mais elle ne souhaitait plus avoir Persès rien que pour elle. Partager sa vie avec lui ne l'attirait plus et elle souhaitait plus être libre que d'être en couple avec lui. Il pouvait bien lui présenter n'importe quelle fille. Tant que ce n'était pas Ariadna, elle y consentirait. En dépit de tout cela, Hécate avait toutefois besoin de lui dire explicitement qu'elle l'avait un jour aimé mais que ce temps là était révolu. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. La rousse n'était pas certaine de cela. De toute façon, la seule chose dont elle était certaine c'est qu'elle aimait les lemon cakes. Rien d'autre. Et la réaction de Persès ne tarda pas à arriver. Réaction qui eut le don de faire fulminer la jeune fille. « Sinon, tu es bien installée à Los Angeles ? » lui avait-il répondu le plus naturellement possible. Honnêtement, là n'était pas le sujet et Hécate avait bien l'envie de lui répondre que savoir cela était tout aussi intéressant que de savoir si Persès s'essuyait le derrière avec qu'une ou deux feuilles de papier toilette. Agacée, elle prit toutefois la peine de lui répondre. « Bonnie est la meilleure soeur qu'on puisse avoir alors évidemment que ça s'est bien passé. Mais ce n'est clairement pas le sujet Aalbersberg. » L'appeler par son nom de famille n'était vraiment pas bon signe et Persès devrait certainement le remarquer. Mais le fait qu'il détourne le sujet n'étonnait pas le moins du monde la rousse. Il avait toujours eu cette fâcheuse habitude qui rendait fou absolument tout le monde.

« Je te raccompagne ? Je ne supporte plus cette chaleur personnellement, et je ne sais pas comment je vais réussir à m’y faire. » avait-il dit, se levant, avant de réaliser qu'il n'avait pas payé l'addition. Hécate l'aurait pourtant fait. Elle n'était pas du genre à laisser payer l'homme. C'était une chose qu'elle trouvait purement ridicule. Après tout, les femmes étaient indépendantes et avait l'accès à l'emploi. Elles pouvaient donc régler l'addition autant que les hommes. Mais elle savait que ce n'était pas le moment d'entrer dans un débat de féministe et qu'elle ferait mieux de suivre Persès à l'extérieur. Il marquait un point en disant que la chaleur ici était insoutenable. Il lui prit alors le bras et ce nouveau contact lui fit l'effet d'une mini décharge électrique dans chaque parcelle de son corps. Le temps était à l'orage et Hécate commençait à regretter d'être sortie. Tandis qu'ils avançaient bras dessus bras dessous, une goutte vint terminer sa course sur le bras de la rousse. Soit, ce n'était pas cette petite pluie qui allait l'empêcher de régler ses comptes avec le brun. « A propos de ce que tu as dis.. Je suis désolé. Je t’assure que je ne m’en doutais pas une seule seconde. » Après de longues minutes de silence, Hécate s'arrêta net ce qui eut pour effet qu'il lui lâche le bras et lui adressa un regard noir. Que pouvait-elle répondre à cela ? Il se fichait du monde. Puis une pluie torrentielle vint s'abattre sur Los Angeles. Il fallait bien le dire, le temps reflétait à la perfection l'humeur de la tenniswoman. Elle lui attrapa la main pour l'attirer vers l'abri le plus proche. A savoir la devanture d'un fleuriste. « Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Ce n'est tout de même pas de ma faute si tu n'as jamais remarqué quelque chose qui crevait les yeux à ce point. » conclu-t'-elle les yeux rivés dans ceux de son interlocuteur.