Teddy détestait ça, et qu’on le force à y assister était encore plus énervant. Il aurait bien voulu se laisser aller à ce qu’il avait envie et leur aurait bien fracassé leurs petites tasses blanches en pleines figures ou leur aurait bien enfoncé un crayon dans le crâne, en criant « Tada ! » comme un certain type aux cheveux verts, mais il était trop intelligent pour ça. Il savait que ça ne mènerait à rien, et que ça ne ferait que lui retirer sa petite carte de liberté, qu’il n’avait obtenue que très récemment. Grâce à Jill. Oh, cette pauvre Jill. Déjà qu’elle était détraquée, il fallait maintenant qu’un autre en profite, et profite d’elle et de tout ce qu’elle était par la même occasion. Elle était un outil, un objet… Et Dieu sait quoi d’autre aux yeux du rouquin malveillant.
Mais peu importe ! On s’en fout d’elle ! se hurlait Teddy dans la tête, riant d’un air maniaque, le sourire fendu entre les lèvres en fixant son reflet. Il fallait qu’il s’efforce de toujours avoir l’air crédible, d’avoir l’air amoureux. D’avoir l’air humain. Et quand on le connaissait c’était très loin d’être une tâche facile. Il était un prisme de déviance, et tout ce que l’humain s’efforçait de cacher et de garder enfoui en lui, Teddy le portait avec fierté et amusement, son rire livide et lugubre en prime. Mais puisqu’on le forçait à assister à une autre de ces thérapies de groupes, pour parler de ses émotions et de ce qu’il se passait dans nos vies, Teddy n’avait pas d’autres choix que d’y aller, parce qu’il savait très bien que s’il ne le faisait pas ce ne serait plus lui qui irait vers eux, mais bien les psys et la police qui viendraient eux-mêmes le chercher. Et aussi crédible et convaincant qu’il était dans ses mensonges, tout ce qu’il dirait n’aurait plus aucune valeur puisqu’il aurait manqué à la seule chose qu’ils espéraient vraiment de lui, qu’il se montre. Traînant les pieds malgré tout, il avait oublié Jill et la laissa se débrouiller toute seule. Même s’il n’avait rien eu à faire il serait vite parti. Il détestait devoir la supporter, elle était trop collante, trop amoureuse, trop cinglée. Même pour lui.
Et puis, comme il était parti plusieurs heures avant que le chauffeur aux allures de médecin sans sa blouse n’arrive, Teddy passa un long moment à tourner en rond devant l’immeuble en se noyant les poumons de tabac et de fumer, comme s’il avait besoin de trouver un courage ou de vaincre une peur qu’il savait totalement absente parce qu’il ne l’avait jamais ressentie et était toujours aussi froid et absent de sensations que d’habitude. Évitant et ignorant un énième appel de sa mère sur son téléphone, pour lequel il se sentirait mal plus tard, Teddy redressa la tête en écrasant sa cigarette sur le sol quand le type familier l’approcha et lui serra la main avant de l’inviter à s’asseoir à l’arrière, puisque le siège passager était occupé par un type, un policier.
« C’est nouveau ça, j’ai été vilaine monsieur l’agent ? » demanda Teddy en s’asseyant après que le policier soit sorti pour le fouiller, Teddy passa tout le long du trajet à le fixer sans s’arrêter, juste pour le faire se sentir terriblement mal à l’aise, de son regard lugubre et à glacer le sang tant il avait l’air prêt à sauter à la gorge de ce pauvre homme à tout moment. On lui avait répondu sèchement que c’était nécessaire parce qu’il n’avait pas pu faire autrement que d’intervertir l’une de ses thérapies avec un groupe de gens un peu plus détraqués que l’habituel. L’idée déplût très fortement au rouquin, qui détestait qu’on chamboule les choses supposées être fixées. Il s’était mis à rire en voyant le policier l’escorter jusqu’à la grande pièce dans laquelle la thérapie allait avoir lieu et ne se priva pas de le coller d’un peu trop près, profitant de ne pas mériter les menottes pour passer un bras sous le sien alors qu’il s’efforçait de garder un air sérieux et neutre, même s’il crevait d’envie de lui casser la gueule à ce putain de
nutjob.Suivant le type jusqu’en face de la porte, Teddy laissa échapper un soupir quand l’agent de police le poussa finalement pour le faire entrer dans la pièce, comme s’il ne valait rien, comme s’il n’était qu’un vulgaire criminel, ce que Teddy était sûr de ne pas être. Alors forcément, les sourcils froncés et la mâchoire serré il avait fini par aller s’asseoir en roulant des yeux au commentaire du type en blouse qui menait la thérapie. Un foutu
« Et voilà le retardataire. » Il s’était avachi dans sa chaise et avait croisé une jambe par-dessus l’autre, comme un gamin qui s’était décidé de bouder et croisa les bras en posant son regard noir sur le médecin dans sa blouse, sans s’en retirer, jusqu’à ce qu’il lui adresse la parole.
« Puisque tu es enfin là, Theo— il s’arrêta net, coupé dans sa phrase par le regard encore plus insistant du rouquin contre lui.
Pardon, Teddy, comment ça se passe depuis ta sortie ? Toi et Jill ? » Teddy haussa les épaules avant de tourner la tête vers les gens dans le fond de la pièce qui le regardaient, puis sur les gens assis autour de lui et reposa les yeux sur le type en blouse pour lui répondre, d’abord sur un ton détaché et l’air désintéressé
« J’en sais rien. il redressa la tête en le voyant prendre quelques notes et se dépêcha de se redresser rapidement sur son siège pour reprendre un air plus vivant, plus heureux, plus souriant. L’air de quelqu’un qui était sain d’esprit.
« C’est… Difficile à expliquer. C’est bien, c’est génial même ! Je- j’aime tellement Jill que pouvoir vivre libre avec elle fait de moi le mec le plus heureux du monde ! » Il n’en pensait pas un mot, mais il était assez suffisamment crédible qu’on aurait vraiment pu croire qu’il disait vrai, qu’il l’aimait vraiment et qu’il ressentait de bien nombreuses choses, alors qu’en vérité, il était vide. Vide de tout. Et, lui voyait ça comme un avantage. Et finalement, il tourna la tête pour regarder un peu ses camarades détraqués, posant son regard sur le type bizarre qui se rasseyait d’un air hébété.
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'tentiooooon t'as pas fait 500 mots dans ton post